Читать книгу La petite bible des jeunes époux - Charles Thomas-Caraman - Страница 3
ОглавлениеPRÉFACE
DANS ma carrière médicale, j’ai eu lieu de faire bien souvent d’amères réflexions sur le bonheur conjugal. Comme tout médecin digne de ce nom, j’ai été, quoique jeune encore, le dépositaire de petits secrets, de ces mille riens en apparence qui ont souvent, pour l’avenir d’un ménage, des conséquences importantes. C’est le fruit de mes pensées reposant sur l’ensemble de connaissances pratiques que je me propose d’offrir au lecteur.
Il est logique, avant d’exposer in extenso une loi dont l’application peut contribuer à maintenir l’harmonie dans de nombreuses familles, et, pour ces motifs, resserrer les liens des époux, il est logique, dis-je, d’appeler l’attention des futurs maris et de ceux qui ont acquis cette dignité sur| certaines considérations propres à assurer leur bonheur.
Il est sérieusement à désirer que certaines notions exactes sur l’œuvre de chair soient connues du candidat à l’hymen bien avant qu’il accomplisse l’acte solennel.
La plupart du temps, il n’apporte à la couche nuptiale que l’ivresse de ses désirs avec la volonté de leur donner satisfaction pleine et entière.
Il ne connaît généralement des plaisirs de l’amour que ceux que procurent les Phrynés de l’asphalte et des maisons de tolérance.
Eh quoi! celui qui est appelé à servir de tuteur et de guide à un jeune être frêle et délicat, plein d’ignorance et de passion inconsciente, celui qui va ouvrir et parcourir avec cette jeune fille le livre de l’amour, opérer dans son être une métamorphose radicale dont le souvenir la suivra jusqu’au tombeau, cet homme qui bientôt déchirera en elle le voile de l’inconnu, la fera naître à une vie nouvelle, ne saura pas trouver dans son cœur, dans ses regards, dans ses paroles, dans son maintien et la délicatesse de ses procédés rien qui puisse adoucir l’amertume de cette courte, mais pénible et douloureuse période de transition!
Ne doit-ce pas être cependant le rôle du jeune époux, ordinairement plus âgé, plus expérimenté, qui le plus souvent a perdu la fleur de son innocence dans le commerce de ces femmes qui ont l’habitude de recevoir les premiers effluves de notre cœur et de nos sens!
Et quel plus beau rôle!
Mais, me dira-t-on, quel sera le professeur du futur mari? Qu’il reçoive au collège les notions les plus essentielles de l’hygiène, rien de mieux. Il en tirera grand profit et pourra, s’il les observe, s’éviter quelquefois de graves maladies.
Autre chose cependant est d’enseigner au lycéen la physiologie du mariage.
Certes, on peut affirmer qu’un pareil cours aurait un grand succès dans tous les établissements d’instruction. Il viendrait, à point nommé, rompre la monotonie des études classiques dont on ne sait que plus tard, malheureusement, apprécier tous les avantages.
A ces sages objections je répondrai: Un bon petit livre suffira.
Donc, il est nécessaire, à tous les points de vue, que par la lecture d’un livre honnête, explicite et court, un futur mari possède les premiers éléments de cette branche de la physiologie et de la psychologie appliquées.
J’ai lu tous les livres dans lesquels on a essayé d’aborder ces questions. Les uns sont trop scientifiques, les autres (qu’on me passe le mot) trop orduriers. Ces derniers semblent avoir été composés dans le seul but de piquer la curiosité malsaine de lecteurs blasés ou ignorants, lesquels se font un malin plaisir de colporter chez eux ou chez leurs amis les récits excentriques, pleins de luxure, qui seuls ont frappé leur débile imagination.
Je ne connais guère qu’un livre où l’auteur ait traité le sujet avec toute la dignité, l’attachement, voire même la saine passion qu’il comporte. Mais si, dans l’œuvre en question, la prose revêt la forme d’une poésie enchanteresse, il n’en est pas moins vrai que le côté sérieux et pratique disparaît dans les fioritures et les arabesques d’un style trop imagé.
C’est ce côté pratique que je vais essayer de mettre en relief, en faisant tous mes efforts pour conserver dans l’examen de ces délicates questions la décence de style qui convient.
Toutefois, il est facile de comprendre qu’il me sera souvent impossible, si je veux atteindre le but annoncé, de ne pas appeler un peu les choses par leur nom. La science, comme l’art proprement dit, ne saurait s’accommoder des artifices de langage. La contemplation d’une statue dans toute la splendeur de sa nudité excite, d’un avis unanime, beaucoup moins les sens, que la vue d’une beauté savamment drapée et habillée qui montre, de ses appas, juste ce qu’il faut pour enflammer l’imagination. Au surplus, écrivant sur les rapports conjugaux de l’homme et de la femme, ce serait le comble de la folie et le meilleur moyen de faire fausse route que de vouloir traiter un tel sujet en employant les mêmes finesses de style que s’il s’agissait de confectionner un long et assommant ouvrage sur l’infaillibilité du pape.
A l’inverse de mes prédécesseurs, je commencerai cette étude au moment où les deux époux vont pour la première fois se trouver réunis dans l’intimité la plus complète.
Je parlerai ensuite de la conception, de la fécondation. Dans un chapitre suivant, je traiterai de l’hygiène morale et physique de la grossesse au point de vue exclusif des rapports sexuels. De même pour l’avortement.
J’aborderai ensuite, toujours dans le même ordre d’idées, la période consécutive à l’accouchement.
Dans un autre chapitre, je relaterai les accidents (folie érotique) qui peuvent précéder, accompagner ou suivre la ménopause (âge critique, cessation, pour la femme, de la vie de reproduction ).
Enfin, je terminerai par un court aperçu sur l’onanisme conjugal, et les rapports sexuels des époux arrivés à un certain âge, etc.