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VII

Table des matières

LE JOUR SE FERA PUISQU’IL EST COMMENCÉ.

Il y a des œuvres que les instincts généreux suscitent, en face de régimes qui ont faussé les conditions d’existence d’une partie de la société, et qu’il est utile de redresser pour rendre l’équilibre à la justice, dont le balancier ne peut être ni allongé ni raccourci à volonté, et en voici la preuve.

Le gouvernement n’a pas dit aux médaillés de Sainte-Hélène: «Je ne vous connais pas!» Un de ses premiers actes, un de ses premiers bienfaits a été pour eux, et, sous ce rapport, ce n’est pas, ainsi que nous l’avons vu sous plusieurs règnes, un faux mirage d’optique.

Quand, de nouveau, le soleil de l’Empire s’est levé, son disque s’est porté aussitôt sur les vétérans indigents de nos anciennes armées, et sa lumière, frappant l’universalité de la France, n’en a pas moins jeté particulièrement ses rayons dans les réduits de misère de ces hommes glorieux, dont les conditions d’existence avaient été faussées et dont le redressement était utile à l’équilibre de la Justice.

Un gouvernement étant la partie culminante d’une nation, est semblable aux montagnes qui se mesurent à leurs sommets.

Il ne s’agit pas de juger les faits au point de vue personnel; il faut les juger au rayonnement de la chose publique et dans l’unité gouvernementale.

Si je reprends la comparaison que je viens d’établir plus haut, je dirai: «Que le soleil de l’Empire, qui s’est levé de nouveau, devant répandre uniformément les bienfaits de sa lumière et satisfaire à tous les besoins, ne pouvait infiltrer tous ses rayons d’un côté et laisser d’autres parties dans l’ombre.»

Quand on ne voit l’horizon que de la plaine, il est facilement borné ; peu de choses se détachent du panorama de la nature, lorsque le regard est arrêté dans un cercle étroit; mais allons sur une élévation, tout change, s’agrandit, se régularise et s’harmonise, tel est le gouvernement.

Les médaillés de Sainte-Hélène, que les munificences de l’État n’atteignent pas encore, par suite du grand nombre tombé dans l’indigence n’en doivent pas moins de reconnaissance à l’Empereur, dans cette pensée qu’une multitude d’autres médaillés reçoivent ses bienfaits, suivant les ressources dont il est permis au gouvernement de disposer en leur faveur.

Le jour de la réparation a commencé pour les médaillés de Sainte-Hélène, dès le décret du 14 décembre 1851, qui alloue au grand-chancelier de la Légion d’honneur une somme de 2,700,000 francs pour venir en aide aux anciens soldats de la République et de l’Empire.

Quelque soit l’adoucissement que cette somme budgétaire apporte à l’existence des parties prenantes, elle n’en laisse pas moins derrière elle de grandes souffrances à soulager et des nécessités absolues à satisfaire.

. Il ne faut pas oublier que les gouvernements sont comme les particuliers; ils ont à pourvoir aux dépenses des services publics, comme chaque famille à la dépense de la maison.

Les gouvernements, comme les particuliers, qui veulent l’ordre dans leurs affaires, établissent un compte qui est le doit et avoir, sans que l’un puisse dépasser l’autre.

Fort de cette pensée et pénétré que le gouvernement, malgré ses charges, avait départi avec la plus vive sollicitude, aux anciens débris de nos armées, tout ce que les ressources disponibles de l’État permettaient, c’est donc sous cette impression qu’en face de cent cinquante mille médaillés indigents (mais réduits à quatre-vingts ou cent mille) que je m’occupai d’un travail dont le but était de les soulever tous de la misère.

A partir du 1er janvier 1852 jusqu’au 31 décembre 1858, le nombre des anciens soldats de la République et de l’Empire secourus, s’élevait à trente et un mille cent cinq. Pendant l’année 1858, les titulaires décédés formaient le chiffre de deux mille deux cent quarante-cinq, ce qui a permis d’accorder de nouveaux secours viagers à trois mille trois cent douze vieux soldats compris dans les trente et un mille cent cinq.

Du 1er janvier 1859 jusqu’en juin 1861, le nombre total d’hommes secourus, au lieu de trente et un mille cent cinq depuis l’origine, a été de quarante et un mille vingt et un.

Ainsi, en deux ans et cinq mois, un tiers de ces anciens soldats a disparu, puisque les secours viagers accordés par le grand-chancelier de la Légion d’honneur n’ont lieu qu’au fur et à mesure des extinctions.

Je reviens au travail que j’avais pris à tâche d’élaborer, afin de confesser que j’avais besoin d’une encourageante sollicitude pour lui donner quelque réalité de vie, et comme les faibles ont besoin encore de souffle et d’appui, j’eus l’honneur de soumettre ce même travail à l’examen de S. Exc. le maréchal Magnan, dont voici la réponse:

«Paris, le 24 juillet 1858.

«Monsieur,

«Le maréchal Magnan me charge d’avoir

«l’honneur de vous renvoyer le travail que vous

«avez soumis à son examen.

«Son Excellence en a pris connaissance avec

«un véritable intérêt; elle me charge seulemen

«de vous faire observer que l’Empereur, ayant

«fondé lui-même la Société des débris des an-

«ciennes armées impériales, c’est encore à Sa

«Majesté qu’il appartient de prendre l’initiative,

«lorsqu’il s’agit d’une mesure qui n’est que la

«suite et le complément de la première,

«Le maréchal regrette de ne pas avoir qualité

«pour appeler, sur celle affaire si intéres-,

«sante la bienveillance de l’Empereur.

«Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

«Le capitaine aide de camp,

«Signé : Comte DE CLERMONT-TONNERRE.»

On verra plus loin que l’examen de mes propositions ne se borna pas au maréchal; mais Son Excellence, en voulant bien m’indiquer que c’était à Sa Majesté à prendre l’initiative, je m’occupai alors des moyens pour parvenir jusqu’à Sa Majesté.

Je pris la respectueuse liberté de m’adresser à S. A. I. le prince Jérôme, qui eut l’extrême bonté de présenter à l’Empereur, le 24 octobre 1858, mon travail préparatoire tendant à la fondation d’une Caisse nationale de secours, d’habillement et chaussures, en faveur des médaillés de Sainte-Hélène indigents.

Mes vues ayant été accueillies avec bienveillance, je me mis sans relâche à établir un projet définitif d’organisation, c’est-à-dire un projet libellé dans toutes les parties constitutives et administratives.

NOMENCLATURE DU PROJET DÉFINITIF.

1° Rapport à l’Empereur.

2° Décret constitutif.

3° Règlement.

4° Note relative à l’encaissement et la centralisation des fonds.

PIÈCES PAR TABLEAUX STATISTIQUES.

5° Calcul approximatif des souscriptions pendant vingt ans.

6° Statistique des nécessiteux.

7° Secours viagers, leur nombre et leur quotité.

8° Habillement et chaussures.

9° Table quinquennale de la mortalité des nécessiteux.

10° Table générale de la mortalité.

11° Résumé des recettes et dépenses.

12° Administration, division des bureaux et du travail.

BASES DU PROJET.

1° Décret constitutif.

2° Souscription nationale, volontaire et permanente.

3° Autorisation de recevoir les legs et donations.

4° Institution décrétée d’utilité publique.

5° Perpétuité et retour aux armées de terre et de mer.

Tout le travail étant prêt, je sollicitai une audience de l’Empereur, qui, le 20 mars 1859, chargea S. Exc. le duc de Bassano, grand-chambellan, de recevoir mes communications.

La guerre d’Italie survenant bientôt, les choses restèrent dans cette condition.

Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène

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