Читать книгу Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène - Diverse Auteurs - Страница 12
ОглавлениеQUARANTE-CINQ MILLIONS.
On a vu, dans la nomenclature de mon projet, que la première pièce des tableaux statistiques concerne les souscriptions et leur produit pendant vingt ans. Ce calcul a amené le chiffre de quarante-cinq millions.
On a remarqué aussi que le travail préparatoire fut remis à l’Empereur par Son Altesse le prince Jérôme, le 24 octobre 1858. On n’a pas oublié que le projet définitif fut reçu par Son Exc. le duc de Bassano, chargé, à cet effet, par Sa Majesté, le 20 mars 1859, conséquemment précédant le décret du 18 juin, même année, relatif à la souscription d’Italie.
les 45 millions, dont j’avais fait le calcul successif pendant vingt ans, laissaient véritablement l’espoir d’apporter des consolations fécondes à toutes les glorieuses misères du premier Empire. Afin de mieux faire saisir que cette somme n’était pas le résultat d’un caprice de l’esprit, j’ai présenté l’échelle descendante des souscriptions jusqués, et y compris, la vingtième année: j’ai déterminé aussi la somme pour laquelle le département de la Seine concourrait à cet acte de libéralité, et ce concours a toujours été d’un quart du produit total.
Dans ce calcul je ne comprenais pas l’Algérie, qui n’avait figuré que pour 900 francs environ dans la souscription des inondations, et cette mention était faite en tête du tableau statistique.
45,000,000 présentent un de ces mirages attrayants devant lesquels on se plaît, qui séduisent et où l’on s’arrête, même malgré soi... je m’y suis donc arrêté ! Mais, pour produire cette somme éblouissante, il fallait les moyens que j’établissais dans mon projet, et qu’on verra développés dans le titre «Mémoire à l’Empereur.»
Sans les moyens que j’avais présentés, je considérais une souscription permanente comme une illusion, excepté à son ouverture, et, dans mes idées, je la comparais, dans le premier élan, à la fleur hâtive se desséchant et mourant aussi vite qu’elle s’était épanouie.
Dans ce premier tableau statistique, ai-je vu juste? Ce n’est pas un raisonnement qui va servir de réponse, mais un fait qui met à néant toute objection.
Le chiffre posé pour la première année donne, d’après mes calculs, 7,000,000. Voyons maintenant ce qu’a produit la souscription d’Italie, à partir du 18 juin 1859 au 31 décembre même année, époque fixée pour sa clôture. Cette somme est de 5,680,000 francs dans l’espace de six mois et quelques jours.
«D’après ce fait il est facile de juger que la différence entre 5,680,000 fr. et les 7,000,000 annoncés par mon tableau, eût été facilement comblée... et plus, dans l’espace de temps restant à courir, pour parfaire l’année, — cette différence n’étant que de 1,320,000 francs.
Mais pour parfaire cette somme, il était nécessaire que la souscription, au lieu d’être arrêtée au mois de décembre, ne fût clôturée qu’en juin suivant, afin de la laisser, pendant l’année, sous l’impression d’un premier élan. Une fois la clôture prononcée, le zèle s’est refroidi malgré le décret du 18 juin 1860, et la preuve, c’est que du 31 décembre 1859 au 25 mai 1861, la souscription n’a produit que la faible somme de 431,003 francs 73 centimes.
Lorsque j’ai avancé que le département de la Seine entrait pour un quart dans le produit des souscriptions, en voici encore la preuve.
Dans le rapport fait, le 25 mai 1861, par le sous-comité chargé de la liquidation de la souscription pour l’armée d’Italie, et qui donna lieu au décret du 5 juin suivant, dans ce rapport, dis-je, figurent les chiffres, ainsi qu’il suit:
L’Algérie, que je n’avais pas comptée, parce que son concours avait été nul dans la souscription des inondations, ne peut donc figurer ici, puisqu’elle n’est entrée d’aucune manière dans mes appréciations.
Examinons maintenant si le département de la Seine a produit le quart que j’annonçais.
Le quart de 4,389,569 francs 92 centimes est de 1,097,392 francs 48 centimes; le département figurant pour 1,178,451 francs 81 centimes a donc fourni en plus du quart 81,059 fr. 33 centimes.
Si je fais connaître ces détails, c’est afin de pénétrer le lecteur que mon projet a été étudié, mûri et élaboré avec un soin judicieux, et qu’il n’est pas une de ces mille et une conceptions pétries d’idées illusoires, bâties sur des riens et élevées sur la pyramide de la présomption.
Lorsque la souscription d’Italie a été décrétée, je dois le confesser, j’ai cru, avant de mettre à exécution mon projet concernant les médaillés de Sainte-Hélène, que le gouvernement voulait s’assurer, préalablement, si cette œuvre aurait un résultat dans le cas de répondre aux besoins, afin que le chef de l’État ne s’engageât pas dans une chose qui ne devait pas avoir de suites et être éphémère.
Jusqu’au 19 décembre 1859 cette pensée était attelée au char de mes espérances, et elle caressait encore mon cœur: mais du moment où j’eus connaissance, par le Moniteur, des dispositions dont je vais rendre compte dans le paragraphe suivant, tout a changé de face et j’ai commencé à porter le deuil d’un travail qui m’avait coûté près de deux années de pas et démarches inouïes.
Je dois le dire, il fallait que la mission que je m’étais imposée fût bien belle, pour ne pas avoir senti dans mes veines et mes articulations l’énervement et le découragement.
Ce qui m’a seul soutenu, c’est ma confiance dans l’Empereur, et sa haute sollicitude pour tous les membres qui constituent la grande et illustre famille militaire.