Читать книгу Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène - Diverse Auteurs - Страница 9

Оглавление

VI

Table des matières

LE PASSÉ N’EST PAS UNE LETTRE MORTE DEVANT L’ACTUALITÉ.

L’actualité n’est pas un Titan qui écrase tout:

«le présent, dit Leibnitz, est gros du passé qui

«enfante l’avenir.»

Quand, dans le monde, on trouve des gens qui voient avec indifférence le passé qu’ils ne regardent qu’avec des lunettes bleues pour éviter, sans doute, l’ophthalmie; quand d’autres enveloppent toutes leurs pensées dans le seul bien-être que le présent leur répartit — ces gens, non-seulement manquent de cœur el de jugement, mais ils font présumer qu’ils ont failli au passé ou que leur situation présente ne peut être mise en parallèle avec ce qu’ils veulent ou semblent oublier.

Dans le monde on trouve encore de ces personnes infatuées d’elles-mêmes et tirées à quatre épingles, qui font aussi, avec un excessif aplomb, bon marché des grandes choses, suivant elles, refroidies par le temps, pour ne voir, dans leur égoïsme, rien de beau et de grand que les faits opérés pour leur propre compte ét leur satisfaction personnelle. C’est une vanité déplorable, un sentiment terre-à-terre, enfin une espèce de décomposition de l’esprit qui annule la vie. On pourrait dire de cette classe d’hommes, afin de ne se donner qu’un demi-jour sur l’histoire et les choses, qu’ils ressemblent un peu au ver-luisant qui porte sa lanterne par derrière.

Il est bon, je crois, de rappeler ici à la jeunesse, que les succès, la victoire et la gloire n’ont pas attendu, pour paraître dans le monde, qu’un extrait de naissance constatât qu’elle fût née; que le génie, la poésie, l’éloquence, les actions éclatantes, le courage le plus inouï, le plus sublime dévouement, l’honneur du devoir, l’amour de la patrie et l’enthousiasme existaient avant elle. d’a

Il n’est pas superflu jouter, si le passé était une lettre morte pour ceux qui en furent les héros, que cette jeunesse vieillira aussi et, en suivant son raisonnement, que ses belles actions se refroidiraient à leur tour: on voit donc, qu’en admettant le débraillé de cette orgueilleuse pensée, cette même jeunesse manquerait non-seulement de prévoyance pour elle-même, mais qu’elle se suiciderait dans le moi de sa personnalité en face de la vie des plus vibrants souvenirs.

Si nous voulons entretenir dans nos cœurs les vivantes étincelles des nobles passions qui grandissent les nations, c’est de nous pénétrer que le génie et les héros font le jour sur la gloire des peuples vivants, comme ils font la splendeur sur leur mémoire.

Voilà ce que j’ai à dire à une certaine classe d’individus pris dans la vie privée et les rapports sociaux.

Le gouvernement, œuvre d’ordre, de justice, de sagesse et de manifestations souveraines, ne voit pas les choses de même œil que les hommes dont je viens de parler, parce qu’il est dans d’autres conditions et qu’au sommet tout change d’aspect.

L’actualité, pour le gouvernement de l’Empereur, c’est le progrès: au lieu d’écraser le passé, il est le plus puissant écho du règne napoléonien qui l’a précédé.

Pour l’Empereur, le présent est gros d’un passé de gloire qui ne ressemble pas aux Dieux olympiens qui vieillissaient, pour lui la gloire n’a pas d’âge, puisqu’elle est immortelle.

Le présent, gros du passé, doit enfanter l’avenir, et cet avenir, en effet, est digne du passé. Napoléon III, depuis son avénement au trône, ne fait le jour que pour être le génie initiateur de l’Europe, et établir la France comme l’école de la grandeur et le sanctuaire civilisateur de l’univers.

La campagne d’Italie, cette terre qui attendait un autre Napoléon pour être rendue à la liberté, reconquérir sa nationalité antique et s’ouvrir un immense avenir dans les grands horizons de ses souvenirs, — cette terre, aux pieux respects des générations, sur laquelle Napoléon III a épanché hautement sa sympathie, a été dégagée de l’oppression étrangère par des victoires qui retentiront dans les siècles, comme un des coups les plus hardis, mais bien plus encore par le plus sublime exemple qu’aient jamais donné les nations, même dans les temps les plus reculés, je veux parler du rétablissement de la nationalité d’un peuple.

Les guerres de conquête ont fait leur temps, et Napoléon III a ouvert une nouvelle ère en tirant l’épée, non pour dominer, mais pour affranchir.

Une pareille politique de justice, de sagesse, d’amour, est la création d’une période de gloire jusqu’alors inconnue aux souverains, c’est une phase qui se distingue des autres, et qui s’engendre d’un principe qui produit les mêmes désirs, les mêmes desseins, la même volonté, la même plénitude d’énergie, les mêmes fins décidées et arrêtées pour arriver au bonheur des peuples.

L’actualité, c’est-à-dire le présent, est gros du passé, et s’il m’en fallait une preuve incontestable, je la puiserais dans la proclamation de l’Empereur du 3 mai 1859: «Nous allons sur cette terre classique (en parlant de l’Italie) illustrée partant de victoires, retrouver les traces de nos pères Dieu fasse que nous soyons dignes d’eux!»

Le passé n’est donc pas une lettre morte pour ceux qui en ont été les auteurs et les héros. Voyez, médaillés de Sainte-Hélène, ce que dit l’Empereur: «Allons retrouver les traces de nos «pères, Dieu fasse que nous soyons dignes d’eux!» Non, vous n’êtes pas oubliés de Napoléon III: pour exciter le courage de son armée, il vous met, pour ainsi dire, à l’ordre du jour dans sa proclamation: je dirai plus... ce puissant monarque va au devant de vous; mais, pour mieux vous voir, il va sur les mêmes champs de bataille témoins de vos exploits et de vos triomphes, afin de jeter aux jeunes soldats, à vos fils, un éblouissement de votre gloire dans les yeux, comme pour leur dire: «Soyez ce qu’ils ont été...» et ils le furent!

Médaillés de Sainte-Hélène indigents, si le levain de la misère devait toujours fermenter autour de vous; si votre vieillesse n’était qu’une pâture laissée à toutes les afflictions, que pourrait donc espérer la jeune génération guerrière? N’est-ce pas l’honneur des pères qui grandit celui des enfants? N’est-ce pas la moisson des épis de la gloire laissés par les pères qui font la richesse de ceux appelés à leur succéder? Est-ce que les souvenirs de la grande époque nationale ne sont pas comme les fleurs qui donnent un parfum plus fort vers le soir? Les vieillards des Pyramides, ceux de Marengo à Waterloo, n’ont-ils pas été des Rolands au glaive nu et flamboyant, et non des Tancrèdes à l’épée de parade? Ne sont-ils pas les jalons lumineux d’une gloire immortelle, les porte-respect vivants de l’histoire? Est-ce qu’à leur ébranlement, les continents ne s’ébranlaient pas? Est-ce que dès le commencement du siècle, leur courage n’avait pas déjà fait la France le cœur et la vie des nations?

Médaillés de Sainte-Hélène, vous ne pouvez être oubliés, pour mieux dire, vous ne l’avez jamais été par l’Empereur: ce que je vais établir dans le chapitre suivant.

L’actualité des services rendus par notre courageuse armée de Crimée et d’Italie ne peut que faire revivre vos propres services jugés par l’histoire? Si cette jeune armée se lie plus à nos intérêts du moment, aux nécessités et aux besoins du jour, les succès obtenus, les hauts faits d’armes par lesquels elle s’est distinguée, ne sont véritablement que le dégagement d’une immense lumière de gloire qui vient se confondre avec la grande épopée de l’Empire.

Tous les soins dont l’armée est entourée, cette prévoyance d’avenir par la fondation de la caisse de dotation de l’armée, les lois et décrets qui améliorent le sort du soldat, l’intérêt que toutes les administrations départit aux militaires susceptibles d’occuper un emploi, — tous ces faits montrent, de la part de l’Empereur, une sollicitude paternelle, un cœur d’affection de famille incapable d’aimer ceux-ci et de rejeter ceux-là... Espérez!

Napoléon III et les médaillés de Sainte-Hélène

Подняться наверх