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V
LA PERQUISITION

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Table des matières

Depuis certain scandale où, à pareille occasion et dans le palais même, un des meilleurs comédiens de ce temps, un homme de cœur, à tout le moins, avait dû faire acte d’énergie, pour rappeler à la décence un personnage officiel, chargé de présider un souper d’acteurs, venus en représentation au château, ces repas nocturnes étaient soi– disant supprimés à Compiègne.

Cependant la licence n’y perdait rien. Plus ou moins à l’insu des patrons, on soupait clandestinement, dans quelques chambres privilégiées.

Louis Skébel, invité de différents côtés, se tira d’affaire en prétextant une migraine, et à trois heures du matin il se rendait à la gare, où un train devait le ramener à Paris.

Dans les salles de la gare, quelques acteurs et les employés du théâtre sommeillaient en attendant le départ.

Adrienne et sa mère étaient du nombre.

Quand on ouvrit les portes, ils passèrent ensemble sur le quai et montèrent dans le même compartiment.

Madame Baroit, fidèle à son mutisme de parti pris, se blottit dans un coin et ne tarda guère à s’endormir.

Les jeunes gens l’eurent belle, dès ce moment, de parler à cœur ouvert de ce qui les occupait tous deux.

Mais cette liberté même leur devint un embarras, et ni l’un ni l’autre ne se décidant à aborder le sujet délicat, la conversation roula sur la représentation.

Le train subit un retard assez long, par suite d’un léger accident survenu du côté de Villiers–le–Bel, et l’on n’arriva à Paris qu’après cinq heures et demie du matin.

Là encore, Louis dut s’occuper des deux femmes pour la recherche d’un fiacre qu’on ne trouvait pas.

A la fin, il en ramena un. Il voulait qu’elles le prissent à elles seules. Mais elles insistèrent pour qu’il y montât en leur compagnie.

Le véhicule ne contenait que deux places, il fallut se serrer, et les cahots aidant, il y eut entre Adrienne et Louis des frôlements inévitables, si petits qu’ils se fissent tous deux, quelque soin qu’ils apportassent à les éviter.

Ils en restaient au point de ne se rien dire, mais un fluide mystérieux les mettait en telle communication, qu’ils devinaient, chacun de son côté, l’état de leur âme.

Au moment de se séparer, Skébel avait tendu la main à la jeune fille.

–Je voudrais bien, lui dit–il, avoir un entretien avec vous, et le plus tôt possible; mais on ne joue pas ce soir et vous ne viendrez pas au théâtre.

–Eh bien, répondit–elle, à demain!

–C’est si long!…

–Y a–t–il donc urgence?

–Pour moi, oui. C’est que j’ai mille appréhensions. Il s’agit d’une chose très grave que vous ne pouvez comprendre; un grand événement possible dans ma vie; quelque chose qu’il dépend de vous de faire tourner à bien, et j’ai si peur que ça ne se puisse pas; si peur de me bercer d’illusions! La plus dure souffrance pour moi, c’est l’incertitude, l’attente. Voilà pourquoi ces trente–six heures me font l’effet d’un martyre.

–En ce cas, dit Adrienne, touchée de sa simplicité, venez quand même au théâtre ce soir. J’ai mes costumes à remettre en ordre, pour la représentation de demain; nous nous rencontrerons au foyer.

Ils se quittèrent là–dessus.

Les dames Baroit demeuraient quai de Gèvres, à deux pas du Théâtre–Lyrique, dans un petit appartement, au cinquième, avec fenêtres sur un balcon.

Au retour du proscrit, on avait songé à déménager. Mais lui, avec l’arrière–pensée d’avoir plus grande liberté d’agir sans inquiéter les deux femmes, liberté de recevoir, sans les compromettre, certains amis politiques, s’y était opposé et trouvant deux chambres vacantes, à l’étage supérieur, il s’en était arrangé.

A cela près, on vivait en commun. Quand Baroit avait besoin de quelque chose, il frappait au plancher, et on lui répondait en cognant au plafond.

Pendant qu’Adrienne s’attardait à écouter Louis, madame Baroit montait lentement ses étages, et pénétrait chez elle où tout lui parut en ordre.

Adrienne l’ayant rejointe, elles ne se dirent qu’un mot: –«Bonsoir!...»

Puis, en hâte, elles se mirent au lit, accablées de fatigue, toutes deux.

La mère s’endormit immédiatement, avec la quiétude d’une âme qui a pleinement rempli sa journée.

Pour Adrienne elle lutta un peu contre le sommeil.

Elle éprouvait du regret de si vite cesser de penser aux choses aimables qui se dessinaient vaguement dans son imagination. Cependant la nature l’emporta, et bientôt ses yeux se fermèrent.

Vers midi, un bruit inusité réveilla la mère et la fille.

On eût dit que plusieurs personnes parlementaient, dans l’antichambre. Il y avait des répliques de voix inconnues, qui ressemblaient à des injonctions.

Brusquement, la bonne entra dans la chambre de madame Baroit. Elle avait le visage anxieux, consterné.

–Qu’y a–t–il? demanda sa maîtresse. Qui est là?

–Des hommes.

–Que veulent–ils?

–Parler à madame sur l’heure.

–Qu’ils reviennent.

–Ils ne veulent pas. Ils donnent cinq minutes à madame pour s’habiller, et disent avoir mission de tout visiter ici, au nom de la loi.

Madame Baroit eut un serrement de cœur; mais devinant ce dont il s’agissait, elle se trouva très calme.

Pour elle, ce qui arrivait–quoi que ce fût d’ailleurs!–elle l’avait prévu; elle n’avait cessé de s’y attendre chaque jour.

–Dites que je passe un peignoir, répondit–elle, et avertissez mademoiselle, le plus doucement possible.

Quelques instants après, elle entrait dans la salle à manger, où l’attendait un commissaire aux délégations judiciaires, accompagné d’agents en bourgeois.

De laide mine, d’une impassibilité grossière et presque menaçante, ces êtres déclassés, couverts de leurs chapeaux graisseux, lui jetèrent un regard suspect, et se levèrent pour procéder à leur méchante besogne.

–Un moment, fit madame Baroit. Je suis ici chez moi. Pour pénétrer dans mon domicile, il y a des formalités à remplir, êtes–vous en règle?

–Parbleu! fit le commissaire, en riant de pitié.

–Je parle poliment, reprit la mère d’Adrienne. Veuillez me dire qui vous êtes et en vertu de quels ordres vous agissez.

Le commissaire s’exécuta, avec brusquerie et précipitation.

–Bien! fit la femme du proscrit. Je vous répète à présent que je suis chez moi, et que je proteste contre la violation de mon domicile.

–Eh! protestez. Si vous croyez que nous allons nous amuser à y faire attention!

–Vous le consignerez du moins sur le procès–verbal.

–Pour quoi faire? dit le policier en haussant les épaules.

Enfin, ajouta–t–il en s’adressant au greffier, écrivez toujours. Puis, revenant à madame Baroit:

–Vos clefs?

–Non, monsieur; ce serait acquiescer, et je proteste.

–Qu’est–ce que vous y gagnerez? Des détériorations à vos meubles, voilà tout.

–Faites votre état, et épargnez–moi des observations dont je n’ai pas besoin pour savoir me conduire.

–Elle est stupide! marmotta le chef des agents, blessé de ce «faites votre état». Il faut aller chercher un serrurier maintenant; nous n’en finirons pas. Allons, vivement, qu’un de vous y aille!

Ce disant, il fit mine d’ouvrir une porte.

–Pour entrer là, vous attendrez que ma fille soit vêtue convenablement, fit la mère d’Adrienne en lui saisissant vigoureusement le poignet.

Mais la porte s’ouvrit, et la jeune fille parut.

Elle était livide.

–Où est mon père? demanda–t–elle.

–Je l’ignore, mon enfant, répondit madame Baroit.

–Monsieur, reprit Adrienne d’une voix suppliante, où est mon père! Est–ce qu’on va encore l’envoyer là–bas? Qu’a–t–il fait? Je vous en conjure, monsieur.

–Laisse, laisse, ma fille, dit doucement madame Baroit en attirant son enfant sur sa poitrine. Tu vois bien que ce sont des agents subalternes, qui n’ont rien à nous dire. Adrienne fondit en larmes.

La visite commença dès l’arrivée du serrurier.

On ouvrait tout. Le linge, les effets, les moindres objets étaient dépliés, examinés, puis jetés de côté; on fouillait tous les recoins.

Ne découvrant rien à leur usage, les agents y mettaient du dépit et se permettaient des appréciations blessantes.

Madame Baroit les suivait pas à pas, immobile auprès d’eux, muette et calme, soutenue par une espérance qu’elle s’efforçait de ne pas laisser percer.

Redoutant que son mari ne se fût compromis de nouveau et n’eût quelque part, chez lui, des papiers qu’il importait qu’on ne découvrît pas, elle s’appliquait à irriter les agents de façon à absorber leur attention sur elle seule, comptant que, faute de renseignements, la visite de l’appartement des deux femmes terminée, ils se retireraient sans continuer leurs investigations.

Alors, eux partis, elle se promettait de monter chez son mari et, à tous risques, d’enlever et de détruire jusqu’aux notes les plus insignifiantes.

Par malheur, au milieu de l’opération, un autre agent de police survint, suivi d’un commissionnaire. Après deux mots échangés avec le commissaire, il s’approcha de madame Baroit en lui présentant un papier.

Elle y jeta les yeux, reconnut l’écriture de Baroit et lut:

«On m’a arrêté hier à minuit. Je suis au secret. Remets du linge et des vêtements au porteur.

» Je vous embrasse de toute mon âme.

» AGÉNOR BAROIT.»

La pauvre femme sentit son cœur se fondre; sa suprême espérance s’envoler. Les effets de son mari étaient là–haut.

–Bien! fit–elle, pour gagner du temps. J’enverrai ce qu’on me demande.

–Ah! mais non! s’écria le commissaire, c’est tout de suite ou pas du tout.

–Je veux assister à toute la visite.

–Avez–vous peur qu’on ne vous vole?

–Je ne vous connais pas, après tout, et je veux voir ce que vous emporterez.

–Eh bien, fit l’agent, dites à votre fille de monter.

«Monter!…» on savait donc que Baroit avait un appartement séparé? Hélas! oui, et la malheureuse femme, dont l’énergie tomba d’un coup, s’affaissa sur un tabouret, en plongeant son visage dans ses mains.

Par opposition, Adrienne avait repris possession d’elle– même, et faisant signe à l’agent, elle monta chez son père.

Trois hommes veillaient à la porte. Après quelques pourparlers, ils livrèrent passage.

Madame Baroit pleurait; non que l’injustice la révoltât; elle ne doutait pas de la culpabilité nouvelle d’Agénor; elle n’admettait pas que le gouvernement pût commettre un acte arbitraire, en ceci; elle pleurait sur la sottise de son mari, sur sa folie, sur ce qui, pour elle, était une monomanie de conspiration.

Pendant ce temps, Adrienne faisait un paquet des objets demandés par son père.

Observée dans ses moindres mouvements par le commissaire, qui l’avait suivie, elle dominait ses indignations. Au surplus, elle n’avait plus envie de pleurer; il lui semblait qu’elle eût mieux à faire.

Du moins, elle appréciait si bien la situation, qu’elle ne demanda même pas la permission de joindre un mot d’écrit à l’envoi.

Elle pressentait qu’on le lui eût refusé.

Les objets remis au commissionnaire, et celui–ci parti, elle s’assit posément et sans parler, sans faiblir, elle suivit les agissements des agents.

Ils ramassaient, au hasard, tous les papiers; fouillant jusque sous les meubles, éventrant un matelas, sondant les murs et le parquet.

Quand ce fut fini, ils lui déclarèrent qu’elle ne pouvait rester là; on allait poser les scellés sur les deux portes de la petite antichambre.

Elle se leva silencieuse, ferma celle du carré, quand ils eurent achevé, puis elle redescendit.

Déjà, au–dessous, le désordre était réparé en partie, et la bonne dressait le couvert.

Adrienne passa dans la chambre de sa mère.

Elle aperçut celle–ci à genoux devant une chaise où elle avait placé un crucifix. Elle priait.

Ce spectacle produisit dans l’âme de la jeune fille une impression inattendue, inexplicable pour elle–même, mais spontanée et irrésistible.

Sa mère lui parut misérable.

Quoi! voilà tout ce qu’elle trouvait à faire pour conjurer un si effroyable malheur? Prier, attendre un secours occulte, venu par miracle! Il lui semblait que s’en fier là– dessus équivalait à un abandon.

Sa fermeté de caractère s’en indignait presque, en dépit du respect filial.

Alors, se renfermant dans le silence, se reprenant, se concentrant en elle seule, elle se retira dans sa chambre, et tombant sur un siège, elle se dit:

–Il faut que, moi, je le délivre. Comment?

Deux choses s’imposaient:

Savoir quelle était la gravité du crime politique reproché à son père; et le soustraire au martyre de la déportation.

Mais encore une fois: comment?

A tout examiner, la jeune fille se voyait réduite à elle– même, à elle seule.

En effet, qu’attendre de cette épouse, qui croyait sincèrement s’employer, en importunant les cieux? Rien!

Dès ce moment, Adrienne mit sa mère de côté.

Restait une difficulté aussi.

Sauver son père, n’était pas tout. Elle connaissait son caractère; il l’eût reniée, maudite, plutôt que d’accepter la liberté à des conditions que son orgueil d’adversaire eût blâmées. Il avait profité d’une loi d’amnistie; il eût refusé une grâce.

A une autre, le problème eût semblé insoluble. Mais Adrienne tenait de son père, et sans rien approfondir, elle se résuma résolument d’un mot:

–Il le faut!

A quel prix? qu’importe!

C’était une vie à sacrifier, la sienne? Soit! On mourra à la peine? Tant pis! C’est un éternel sacrifice de joies légitimes de toutes sortes? Qu’y faire? Allons!…

Elle avait bien, une première fois, fait acte de renoncement intentionnel, quitte à se réfugier dans l’art. Allait–elle marchander quand il s’agissait d’arracher son père aux tortures, que ne pouvaient manquer de lui prodiguer ses ennemis triomphants? Allons donc!

Depuis son retour, Agénor avait conté à sa fille ce qu’il avait enduré pendant la première transportation.

Elle le revoyait couvert de haillons, rongé de vermine, martyrisé dans ses chairs, par la température excessive, la brutalité, le bâton de la chiourme, épuisé, grelottant la fièvre, souffrant la faim et la soif, meurtri, sale et insulté.

Et elle eût hésité à se dévouer, à faire abnégation totale de ses aspirations personnelles? Non!

Jeunesse, amour, maternité, bien–être, gloire, que tout fût à jamais ruiné; mais que ce malheureux père fût soustrait à ces infamies.

Cela, elle le voulait, à tous risques, à tout prix.

Le soir, elle se rendit au théâtre, non pour retrouver Louis, elle l’avait oublié; mais dans l’espoir d’apprendre quelque nouvelle relative à son père.

Son attente fut trompée. Le théâtre était morne; le foyer vide.

Seul, le jeune compositeur s’y trouvait, assis devant la cheminée, comptant les minutes aux battements de son cœur.

En apercevant Adrienne, il se leva et vint à elle avec empressement.

Il avait de la joie plein les yeux: une joie honnête et franche, qui traduisait ingénument un espoir profond.

La jeune fille lui prit la main, l’entraîna dans une embrasure, et, l’interrompant, au moment où il allait faire sa profession de foi:

–Je sais, fit–elle doucement, et avec un sourire attendri, je sais ce que vous vous proposiez de me dire: «Vous m’aimez, vous voulez m’offrir votre main, une part de l’avenir heureux qui vous attend; que vous méritez.» C’est cela n’est–ce pas?

–Oui, fit Skébel: ce n’est que cela!

–Croyez–le, monsieur, reprit la jeune fille, il n’y a rien au monde qui pût me toucher davantage. Ce matin, en vous quittant j’étais résolue à m’en remettre à vous de mon existence. Sûre de mon cœur, je me sentais digne de votre attachement, car mon affection répond à la vôtre. Cependant, il faut renoncer à ce projet.

Louis pâlit subitement.

–Pourquoi? demanda–t–il d’une voix étranglée.

–Pourquoi? répéta Adrienne. Parce que ma vie est peut– être perdue à jamais; parce que j’ai le triste devoir de me refuser au bonheur facile, qui est le patrimoine des autres femmes; parce que.

Ses yeux s’étaient voilés de larmes.

–Tenez, fit–elle, en voyant venir, montez avec moi dans ma loge; ce que j’ai à vous apprendre ne peut être entendu de personne.

Louis la suivit, l’âme brisée.

Une fois là, seule en face de ce garçon qui l’aimait, qui ne pouvait rester indifférent à son chagrin, elle cessa de se contraindre, et les pleurs inondèrent son visage.

Les cœurs timides et naïfs ont des élans d’audace inconsciente. Louis saisit les mains de la jeune fille, et pleurant lui–même, il l’attira sur sa poitrine, l’entourant d’un bras, lui essuyant les yeux de son mouchoir, la cajolant, comme il eût fait d’un enfant.

Elle le laissait agir, ne se rendant peut–être pas compte de la familiarité, mais pleine de confiance et d’abandon, touchée de la bonté qu’il montrait.

Puis, après un moment, elle le fit asseoir à ses côtés, et lui dit tout.

Deux heures après, Skébel sortait du théâtre, ne voyant pas ceux qui le saluaient au passage.

Adrienne lui avait déclaré ses intentions d’abnégation et de renoncement absolues.

Avant de songer à elle, il fallait qu’elle eût accompli une tâche, qui peut–être, hélas! était simplement l’impossible. Louis l’avait écoutée sans l’interrompre.

Quand elle eût terminé:

–Je comprends, lui dit–il; mais il n’appartient pas à des causes de ce genre de modifier mes sentiments pour vous; tout ce que je puis, c’est ne pas vous importuner. Tels ils sont, tels ils subsisteront en moi tant que je vivrai. Sachez qu’ils sont là, comme une épargne, un dépôt, que vous auriez confiés. Je vous aime et n’aimerai jamais que vous; c’est la première et la dernière fois que je me permets de vous le dire. Le jour où, votre tâche accomplie, vous vous croirez la liberté de songer à vous–même, dites– moi simplement: «J’ai fini.»

Maintenant, reprit–il, je ne crois pas que vous puissiez avoir scrupule d’user de mon dévouement; je vous l’offre, Adrienne; je vous l’offre tel qu’il vous le faut: aveugle, constant et discret.

Pour le reste, je n’en parlerai plus et… j’attendrai. Adrienne lui tendit de nouveau la main.

–Je ne sais rien de ce que je ferai, lui dit–elle; mais je me sens déjà plus forte, puisque vous restez mon ami.

Louis ne répondit rien, crainte d’en trop dire.

Alors, comme il allait s’éloigner, elle le retint, et, avec un sourire de ses beaux yeux noyés de mélancolie, elle le contempla un moment:

–Embrassez–moi, lui dit–elle, en approchant son front par un mouvement d’exquise chasteté, embrassez–moi comme vous embrasseriez une sœur affligée.

La diva

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