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CHAPITRE 5

Relations - Rose

1 semaine plus tard...


Aujourd'hui, on est samedi. Enfin, samedi soir, pour être exact. Aaron est à mes côtés, il remet son caleçon avant de se diriger vers la porte-fenêtre de ma chambre qui mène à un balcon. J'enfile un peignoir en soie blanc par-dessus des sous-vêtements en dentelle noire, puis m'avance vers mon copain. Il me tend le pétard qu'il s'est préparé et je tire quelques taffes avant de le lui rendre.


Il fait nuit noire, seules les étoiles et la Lune éclairent le paysage. La forêt paraît encore plus sombre à cette heure-ci, mais je me sens apaisée. Malgré la campagne et la richesse apparente des lieux, je sais que le système de sécurité de mon père est suffisamment sûr pour que je ne me fasse aucun souci.


La drogue met quelque temps avant de faire effet. Plus le temps passe, moins ça fonctionne. Peut-être faudrait-il que je prenne une drogue plus forte ? Que je me fasse piquer ?


- Je vais y aller, dit soudainement Aaron, brisant le silence de la nuit.

- Ouais, je vais te faire sortir.


Je le vois finir de s'habiller et, quand il a fini, je suis la première à partir, sans regarder derrière moi pour savoir s'il me suit ou non. Une fois arrivés à l'entrée, je désactive l'alarme et ouvre la porte.


- C'était sympa, chuchoté-je en guise d'au revoir, comme je le fais chaque fois qu'il passe faire son affaire ici.

- Comme toujours, répond-t-il avec habitude.


Ses mains glissent autour de ma taille et il se penche pour m'embrasser. Nos lèvres ont à peine le temps de se toucher que la lumière s'allume et la voix de ma mère se fait entendre à des kilomètres à la ronde.


- Je peux savoir ce que cet empoté fait chez moi ?


Elle a les poings contre les hanches et le visage fermé. De toute façon, elle a tout le temps cette expression, qui la suit comme son ombre. Mais malgré cela, c'est une belle femme. En la voyant dans des magazines, Aaron s'amuse parfois à me dire qu'il ne serait pas contre un plan à trois avec ma mère, et même s'il en rit, je sais que, au fond, il ne dirait pas non.


- Bonsoir, madame Wills. Comment vous allez ?


Parfois, je me demande ce qu'il a dans le crâne. Il l'a sûrement dans les muscles !


- Mère.


Je suis froide, hostile, mais je ne peux faire autrement lorsqu'il s'agit d'elle, ou de mon père.


- Répond à ma question ! Qu'est-ce qu'il fait là ? demande-t-elle, ignorant totalement la présence de mon petit-ami.

- Il était passé me voir. Tu sais, il y a des gens qui trouvent ma compagnie agréable. Alors je sais que ça doit te faire bizarre, mais je t'assure que c'est possible.

- Tu me parles autrement, jeune fille ! Je te rappelle que tu vis sous mon toit.

- Le toit de papa, tu veux dire, non ?


Pendant quelques instants, je pense avoir gagné ; elle ne peut rien ajouter à cela parce qu'elle sait que j'ai raison. Papa est le seul propriétaire de cette villa et de toutes les autres, d'ailleurs. Etant un riche héritier princier en plus d'être avocat, il a plus d'argent qu'il n'en dépensera jamais. Mais ma mère trouve toujours à redire pour avoir le dernier mot, et je devrais le savoir mieux que personne.


- Ton père et moi ne faisons qu'un, et tous ses biens sont également les miens, donc je te prierais d'avoir un peu plus de respect envers ta mère.

- Vous ne faites qu'un ? hurlé-je. Alors où est père ? Pourquoi n'est-il pas là pour faire front avec toi ? Tu crois encore qu'il est en voyage d'affaires ?


Je sens que je tremble de toute part, la colère montant sans que je ne la contrôle, ne la maîtrise. Elle me dirige et je déteste la fille que je suis quand elle prend le dessus.


Ma mère se décompose pendant une seconde, mais reprend vite contenance car elle sait que nous ne sommes pas seules.


- Laisse-nous, lance-t-elle alors.


Elle me regarde, mais je sais qu'elle ne s'adresse pas à moi. Aaron n'est pas mal-à-l'aise ; il sait que la relation que j'entretiens avec ma mère n'est pas des plus cordiales.


- On se voit demain, Rose, dit-il, mais, avant de partir, je le rattrape par le col et lui roule une grosse pelle, juste devant les yeux de ma génitrice.


Je sais qu'elle ne l'aime pas du tout et je prends vraiment du plaisir à l'irriter.


Aaron s'en va et je le regarde atteindre sa moto pour éviter le plus possible le contact avec ma mère. J'espère même qu'elle sera partie lorsque je me retournerai, mais, bien sûr, mon vœu n'a pas été exaucé.


- Je ne veux plus qu'il mette les pieds ici, me suis-je bien faite comprendre ?

- Tu sais très bien que je ne vais pas t'écouter, alors pourquoi tu t'obstines ?

- Je fais beaucoup d'efforts pour que tu ne manques de rien et j'aimerais que tu fasses preuve d'un minimum de maturité.

- Je me fiche de ton argent, ce n'est pas ce que je veux !

- Pourtant, tu n'es pas la dernière à le prendre quand il te tombe gratuitement dans les mains, s'exclame-t-elle, sur le point de se mettre à hurler.

- C'est tout ce que j'ai de mes parents, alors ouais, je ne vais pas cracher dessus !

- Cesse donc d'être capricieuse deux minutes ! Tu ne te rends pas compte de tout ce que l'on fait pour que tu vives correctement et toi… crie-t-elle en me regardant comme une moins que rien. Et toi, tu gâches tout ce que l'on a construit pour toi en traînant avec la basse société, en empestant le cannabis et en te fringuant comme une fille des trottoirs. Mais regarde-toi, ma fille, tu me fais honte !


Je n'ai rien à ajouter. C'est pourquoi je remonte dans ma chambre et ferme la porte à clé, juste au cas où l'idée de venir me pourrir la vie dans ma chambre lui viendrait à l'esprit.


- Tu es privée de sortie pendant deux semaines ! Je veux que tu rentres tous les soirs après les cours, sans exception.


J'entends sa voix jusqu'à mon sanctuaire car elle braille comme un âne. Et je comprends pourquoi père a acheté une villa perdue au milieu de nulle part. Il savait quel coffre avait ma mère !


La question est plutôt : comment pourra-t-elle vérifier que je me tiens à sa punition ? Elle est rarement là parce qu'il y a toujours des évènements comme des fashions weeks par-ci, des fashions weeks par-là.


J'ai absolument besoin de respirer, mais j'ai surtout besoin de me détendre. Pour ça, je prends un filtre dans ma table de nuit et me roule une clope.


Je fume sur le balcon, puis ferme les yeux en sentant l'air frais me frapper le visage. Je crache la fumée en imaginant que mes problèmes s'envolent avec la même facilité qu'elle. Pour elle, il lui suffit de compter sur la gravité, alors que moi, sur quoi puis-je compter ? Je ne suis pas sûre que je me suffise à moi-même. J'aimerais me sentir aussi légère qu'une plume, voler de mes propres ailes et découvrir qui je suis, ce que je veux vraiment faire. Pour moi. Seulement pour moi.


Il y a tellement de choses que j'ignore, tellement de choses qui sont enfouies, cachées, dissimulées au plus profond de mon être, que je ne suis pas sûre que l'image que je donne de ma personne soit la plus représentatrice de ce que j'ai à l'intérieur.


Je sais que je suis jeune et que je n'ai pas vraiment le droit de me plaindre de ne pas me connaître, car beaucoup font toujours ce travail-là à une trentaine d'années. Mais j'aimerais tellement que tout ça s'arrête. Que la vie ne ressemble plus à un fouillis que je ne comprends pas, qui m'impose de faire ce que je ne veux pas, de dire des choses que je ne désire pas, de respirer comme on me dit de le faire, d'être comme on me le demande. J'en ai marre de devoir être quelqu'un que je ne suis pas pour faire plaisir à ceux qui me regardent. Le monde est tellement grand… alors, pourquoi me regarder fauter ? Suis-je la seule à m'imaginer dans un endroit paisible, sans jugement et qui veut bien de moi ? De moi au naturel ? Puis-je vivre ma vie comme je l'entends, comme mon âme le souhaite ? Puis-je avoir la tranquillité d'esprit de me dire que je suis épanouie, heureuse ?


Et si je voulais traîner avec des sans-abris ? Et si je voulais m'habiller comme une pute ? Et si je voulais crier ? Et si je voulais emmerder le monde ? Et si je voulais…


Quand va-t-on me foutre la paix ?

Inhumain

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