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LES AMIS DE PHILIPPE DE LOC-RONAN
ОглавлениеVers dix heures du soir, Marcof quitta la cabane de Mariic, et regagna la demeure de Boishardy. Lorsqu'il y pénétra, le chef des chouans se promenait avec agitation dans la petite pièce.
—Je vous attendais avec impatience, dit-il en voyant entrer le marin.
—Vous avez lu? répondit Marcof en désignant le manuscrit.
—Oui.
—Eh bien?
—Je savais, ou du moins je supposais depuis longtemps une partie de ces mystères.
—Comment cela?
—J'étais à Rennes jadis, lorsque Philippe épousa mademoiselle de Château-Giron, de laquelle j'ai l'honneur d'être un peu parent, et j'assistai à leur union en qualité de témoin. Je sus plus tard qu'elle s'était retirée dans un couvent, et j'avais d'abord attribué cette résolution à quelque chagrin de ménage, chagrin dont j'étais tout d'abord fort loin de supposer la cause épouvantable. Enfin, lorsqu'il y a deux ans passés, le soir même où vous nous apprîtes, à La Bourdonnaie et à moi, que le marquis n'était pas mort, j'entendis la femme que nous avions arrêtée se parer du titre de marquise de Loc-Ronan; une partie de la lumière se fit à mes yeux, bien que je ne pusse croire que cette aventurière dît vrai et eût droit au noble nom sous l'égide duquel elle se plaçait.
—Elle avait droit cependant à ce titre qu'elle prenait.
—Le croyez-vous?
—Philippe l'avait épousée!
—Sans doute; mais il y a là dedans quelque étrange mystère.
—Qui vous le fait penser?
—La conduite de cette femme.
—Vraiment?
—Oui: une femme de qualité, une demoiselle de Fougueray, aurait tenu autrement son rang.
—Comment cela? Je ne comprends pas.
—C'est fort simple. Vous savez que je l'avais fait diriger sur le château de La Guiomarais?
—Oui.
—Vous n'ignorez pas non plus que c'est dans ce château que La Rouairie vint mourir?
—Je le sais.
—Donc cette femme s'est trouvée forcément en rapport avec lui.
—Eh bien?
—Vous ne devinez pas? La Rouairie était aussi ardent auprès des belles que courageux au milieu du feu; aussi intrépide en amour qu'au combat. Notre malheureux ami vit cette demoiselle de Fougueray et la trouva charmante. Le fait est qu'elle était à cette époque véritablement fort jolie. Quoique n'étant plus de la première jeunesse, elle avait conservé cette grâce attrayante et luxuriante, ce je ne sais quoi enfin qui fait la puissance de la courtisane. Elle s'aperçut facilement de l'effet qu'elle avait produit, et elle en profita avec une habileté et une coquetterie infernales. J'étais alors en Vendée, La Rouairie était seul, et, comme toujours, il se laissa dominer par ses passions. Bref, vous le devinez, cette femme, cette marquise qui portait un nom illustre, séduisit complètement son gardien et devint sa maîtresse!
—La misérable! murmura Marcof.
—Attendez donc, mon cher; elle avait un plan tout tracé d'avance en agissant ainsi, et ce plan, elle le mettait à exécution. Il est probable qu'elle ne comptait plus depuis longtemps ses amants, et qu'un de plus ou de moins lui paraissait chose insignifiante. Donc, ainsi que je vous le disais, elle se donna à La Rouairie dans l'espoir de parvenir à s'évader en abusant de son empire sur le cœur de ce malheureux dont le corps était affaibli par les souffrances. Elle allait, par ma foi, y réussir, lorsque j'arrivai subitement à La Guiomarais. C'était quelques jours avant la mort de La Rouairie. Je vis promptement le manège de la dame; j'en parlai à notre ami; mais lui, aveuglé par la passion, me répondit que j'étais dans l'erreur, et que sa prisonnière était la plus belle et la meilleure des créatures de Dieu. J'insistai inutilement, il ne voulut rien entendre. J'offris des preuves, il ne voulut pas ouvrir les yeux. Alors j'avisai à employer un moyen violent. Le soir même, je fis enlever la marquise, et je la conduisis moi-même à La Roche-Bernard, où Cathelineau était établi. Celui-là, pensais-je, ne se laissera pas facilement séduire. Eh bien! savez-vous ce qu'elle fit? Elle séduisit un rustre, vrai paysan grossier qui la gardait à vue, et, grâce à cet homme, elle parvint à fuir.
—Horrible créature! s'écria Marcof; et elle prostitue ainsi le nom sans tache des Loc-Ronan!
—Écoutez donc encore! A peine libre, elle alla trouver un général républicain, lui révéla la cachette de La Rouairie, et lui promit de le conduire à La Guiomarais.
—Elle le fit?
—Sans doute. Malheureusement pour elle, La Rouairie était mort; mais on découvrit son cadavre, mais on fouilla le château, et l'on trouva un bocal dans lequel étaient enfermés les doubles de nos plans et le nom de tous les chefs royalistes. Grâce à cette misérable, notre cause fut à deux doigts de sa perte.
—Et qu'est-elle devenue?
—Je l'ignore.
—Elle vit sans doute à Paris au milieu des saturnales révolutionnaires?
—Je ne crois pas, car dernièrement Cormatin m'a envoyé le signalement d'une femme qui lui ressemblait d'une façon miraculeuse.
—Et cette femme?
—Cette femme venait de traverser Rennes dans la voiture de Carrier.
—Si cela est, nous la verrons à Nantes.
—Prenons garde surtout qu'elle ne nous voie, répondit Boishardy en souriant.
Puis changeant de ton:
—Maintenant, continua-t-il, maintenant que je vous ai dit ce que je savais, apprenez-moi à votre tour ce que Philippe est devenu pendant ces deux années que nous venons de parcourir.
—Mon récit sera court; moi-même je n'ai pas revu le marquis depuis qu'il s'est fait passer pour mort.
—Alors, comment avez-vous su qu'il était prisonnier à Nantes?
—Par mademoiselle de Château-Giron.
—Sa seconde femme?
—Oui.
—Un ange de bonté, dit-on.
—Et l'on a raison de le dire.
—Où est-elle?
—A bord de mon lougre.
—Depuis longtemps?
—Depuis six semaines.
—Racontez vite, mon cher Marcof; tout cela m'intéresse au dernier point.
—Philippe, vous le savez, commença Marcof, séjourna quelque temps en Angleterre, et de là passa en Allemagne. Il demeura dix-huit mois enfermé dans un petit village sur les bords de la Moselle, à trois lieues de Coblentz, espérant toujours que la cause du roi étoufferait la Révolution. Il n'en fut point ainsi, malheureusement. Chaque jour les nouvelles arrivaient plus sinistres. Chaque jour on parlait des guerres qui désolaient la Vendée et la Bretagne. Enfin, la mort du roi vint jeter la consternation parmi les véritables amis du trône. Dès lors, Philippe ne fut plus en proie qu'à une idée fixe: c'était qu'en demeurant inactif il manquait à ses devoirs de gentilhomme, à la foi jurée, au sang de ses ancêtres. Ses amis se battaient ici, et lui était en Allemagne; son inaction lui semblait criminelle. Le pauvre ami ne pensait plus qu'à nous. Il avait pris, vous le savez encore, un nom supposé. Ne voulant pas voir se renouveler les tortures qui l'avaient si cruellement assailli naguère, il renonçait à son titre même, espérant être ainsi à l'abri des poursuites des deux misérables qui s'étaient attachés sans pitié à lui. Il attribuait la tranquillité morale dont il était enfin parvenu à jouir au pseudonyme qu'il s'était donné en quittant la France. Philippe alors était, ou du moins aurait pu être heureux. Vivant entre mademoiselle de Château-Giron, la femme que son cœur adorait, et le vieux Jocelyn, un ami véritable, il voyait ses jours s'écouler dans une douce quiétude. Mais, je vous l'ai dit, l'amour de ses devoirs, la conscience de son inactivité, le danger que couraient ses amis, tout l'appelait en France, au sein même de la guerre. En dépit des prières de sa femme, il s'embarqua. Elle, courageuse et digne de lui, voulut l'accompagner. Jocelyn naturellement était près d'eux. Ils avaient résolu d'aborder sur les côtes de la Cornouaille; une bourrasque les contraignit à atteindre Saint-Nazaire. Il y a deux mois et demi de cela. A peine débarqués, ils tombèrent dans un parti de soldats bleus qui venaient de s'emparer nouvellement du pays. Arrêtés et interrogés, ils furent dirigés sur Nantes. A quelque distance de la ville, leur escorte, qui servait à plusieurs centaines d'autres malheureux prisonniers, leur escorte, dis-je, fut attaquée par les nôtres.
—Commandés par qui? demanda Boishardy.
—Par moi.
—Par vous?
—Oui, et c'est le ciel qui m'avait conduit là.
—Mais comment y étiez-vous? Je vous croyais arrivé depuis quinze jours seulement sur nos côtes.
—Vous vous êtes trompé; mon lougre a jeté l'ancre dans le chenal d'Anjoubert le 28 septembre dernier, et nous sommes aujourd'hui en décembre.
—Comment ne l'ai-je pas su alors?
—Je vais vous le dire, mon cher Boishardy. Lorsque je touchai terre, j'appris par les paysans que l'armée royaliste avait échoué devant Nantes et que Cathelineau était mort. On me dit que beaucoup de gens s'étaient débandés et erraient sans chef dans le pays, tombant chaque jour entre les mains des bleus. Je résolus de rallier ces hommes, et de les conduire sur l'autre rive de la Loire que je savais être en votre puissance. En conséquence, j'envoyai mon lougre à La Roche-Bernard, et prenant avec moi dix de mes plus solides matelots, je me mis à battre le pays de Beauvoir à Pornic, en me dirigeant vers la Loire. J'étais, vous le voyez, en plein pays ennemi; mais je n'en avançais pas moins.
—Cela ne m'étonne pas, dit Boishardy en souriant.
—En peu de jours, je réunis deux cents hommes autour de moi; en une semaine, ce nombre était doublé. Alors je songeai à suivre les côtes, et à me rendre à Paimbœuf où, m'avait-on dit, Cormatin et Chantereau tenaient encore. Rampant donc au milieu des postes républicains, traversant les genêts, enfonçant dans les marais, nous gagnâmes la ville. Elle était au pouvoir des bleus, qui nous assaillirent rudement. Mes hommes firent bonne contenance, et tantôt attaquant, tantôt repoussant l'ennemi, nous atteignîmes Corsept au milieu de la nuit, et nous traversâmes la Loire sur des radeaux que je fis fabriquer à la hâte avec tout ce qui se trouvait de planches et de troncs d'arbres sur ce point de la rive. Nous nous dirigeâmes alors vers Savenay que j'atteignis sans coup férir. Là, j'appris qu'un convoi de prisonniers royalistes était dirigé de Saint-Nazaire sur Nantes. Je résolus de l'attaquer. Effectivement, nous nous embusquâmes dans les genêts et nous attendîmes. C'était entre Bouée et Lavau. On ne m'avait pas trompé. Les bleus arrivèrent, ils étaient deux mille environ, escortant une énorme bande de pauvres victimes, qu'ils traînaient au milieu d'eux. L'affaire s'engagea, et chaudement, je vous l'affirme. Ma troupe était divisée en deux corps. L'un, conduit par Bervic, tenant le haut de la rivière; moi, je devais couper la retraite avec l'autre. Des genêts protégeaient notre attaque. Néanmoins les bleus se défendirent vaillamment; ils avaient l'avantage du nombre. Mes gars attaquèrent avec une frénésie qui tenait de l'invraisemblable. Chacun d'eux espérait retrouver parmi les prisonniers un père, un frère, une femme, un enfant, un ami, un parent.
—Après? fit vivement Boishardy en voyant Marcof s'arrêter pour reprendre haleine.
Le marin continua:
—J'avais déjà entamé la queue de la colonne, j'avais arraché près de la moitié des prisonniers, lorsqu'un renfort arriva de Saint-Étienne, d'où l'on avait entendu le bruit de la fusillade. Bervic commença à faiblir, il était écrasé et pris entre deux feux. Voyant l'impossibilité de tenir contre les républicains, je donnai l'ordre de s'égailler dans les genêts. Les bleus voulurent nous poursuivre; mais ils ne jugèrent pas prudent de s'aventurer trop loin, car mes gens tiraillaient de tous côtés et leurs balles arrivaient à coup sûr. Je commandais l'arrière-garde. Bref, la nuit vint, les bleus se remirent en marche et nous avions remporté une demi-victoire. Soixante-deux prisonniers avaient été repris par nous. C'étaient les femmes et les enfants que la fatigue avait fait laisser en arrière et que les bleus avaient abandonnés comme de moindre importance. Dès que nous fûmes en sûreté, je visitai ces malheureux. Plusieurs de mes gars venaient de retrouver leurs femmes, leurs filles ou leurs mères. Les autres apprenaient d'elles des nouvelles de leurs parents. Cinq religieuses de la Miséricorde étaient parmi les prisonniers. Les pauvres filles, terrifiées par leur arrestation, ne pouvaient croire à leur délivrance. Elles demandèrent comme grâce de les envoyer à un de nos placis pour y soigner les blessés. Je le leur promis, lorsque Bervic, venant me rendre compte de l'exécution de différents ordres que je lui avais donnés, prononça mon nom devant elles. En m'entendant nommer, l'une des religieuses fit un brusque mouvement vers moi en joignant les mains comme pour m'adresser une prière.
«—Vous vous appelez Marcof? me dit-elle d'une voix tremblante.
«—Oui, répondis-je assez étonné de cette demande.
«—Vous êtes marin?
«—Oui, ma sœur.
«—Comment se nomme le bâtiment que vous montiez?
«—Le Jean-Louis.»
Elle ne me répondit pas; mais, se laissant tomber à genoux, elle me sembla murmurer de vives actions de grâces.
«—Qu'avez-donc, ma sœur? lui demandai-je de plus en plus surpris.
«—Il faut que je vous parle! me dit-elle.
«—Quand cela?
«—Sur l'heure; sans perdre un instant.»
Je la suivis à l'écart. Elle me prit les mains et examina attentivement mes traits avec une curiosité qu'elle ne cherchait point à dissimuler. J'attendais qu'il lui plût de m'adresser la parole. Enfin elle se décida.
«—Vous ne me connaissez pas, me dit-elle, et moi je vous connais. J'ai souvent entendu parler de vous.
«—Par qui donc?
«—Par ceux qu'il vous faut sauver.
«—Leurs noms? demandai-je vivement en obéissant à un pressentiment qui me serrait le cœur.
«—Philippe de Loc-Ronan et Jocelyn.
«—Philippe, m'écriai-je. Mais qui donc êtes-vous?
«—Je suis mademoiselle de Château-Giron, marquise de Loc-Ronan.»
Je poussai un cri de joie qui se changea bientôt en une expression douloureuse, lorsqu'elle me raconta ce qui s'était passé, et ce que je vous ai dit précédemment. Elle ajouta qu'à peine débarqués, ils avaient été pris par les républicains et jetés en prison: puis, comme ni Philippe, ni elle, ni Jocelyn, n'avaient aucun papier pouvant servir à leur faire rendre la liberté, ils devaient être jugés à Nantes par le tribunal révolutionnaire, et tous trois se trouvaient dans la colonne que je venais d'attaquer, et à la quelle je n'avais pu arracher que les femmes et les enfants. Or, un jugement du tribunal révolutionnaire équivaut à une condamnation. En apprenant que Philippe et Jocelyn étaient demeurés parmi les prisonniers que Bervic n'avait pu délivrer, je me sentis devenir la proie d'un désespoir jusqu'alors inconnu à mon âme. Cependant mon énergie naturelle reprit le dessus. Je laissai Bervic prendre le commandement de la bande, et je lui ordonnai de regagner Savenay, où Stofflet devait arriver deux jours après. Avec mademoiselle de Château-Giron, je me dirigeai vers La Roche-Bernard. J'avais pris une résolution. J'installai la pauvre femme à bord du Jean-Louis, et je la laissai sous la garde de mes matelots, puis je partis pour Nantes, résolu à tout tenter. J'y entrai le jour même où Carrier était reçu par les autorités de la ville. Tout ce que je pus obtenir, après un séjour de deux semaines, fut de savoir que Philippe et Jocelyn avaient été enfermés au château d'Aux. J'espérais pouvoir parvenir jusqu'à eux; mais il me fallait pour réussir l'aide de bras vigoureux. Ce fut alors que je vins vous trouver.
—Il y a quinze jours, interrompit Boishardy.
—Oui.
—Vous ne m'avez cependant parlé de rien.
—Parce qu'en arrivant je reçus la nouvelle que le château d'Aux avait été évacué, et que les prisonniers qu'il renfermait avaient été incarcérés dans les prisons de la ville. Il me fallait retourner à Nantes et je le fis. Cette fois je fus plus malheureux encore, car je ne rapportai aucun renseignement positif.
—Vous ne savez pas ce qu'est devenu Philippe alors?
—Je sais qu'il existe encore, voilà tout.
—En êtes-vous certain?
—Oui. J'ai pu voir les listes des accusés et la date de leurs jugements. Philippe passera devant le tribunal le 26 décembre. Or, vous savez que l'exécution suit de près la condamnation.
—Donc, il faut le sauver avant cette époque, interrompit Boishardy. Eh bien! mon cher, nous ferons humainement ce que trois hommes peuvent faire, et si Dieu est pour nous, nous réussirons.
A trois heures du matin, au moment où l'on venait de relever les sentinelles, trois hommes sortaient de l'humble demeure de Boishardy. D'eux d'entre eux étaient enveloppés dans de vastes manteaux, précaution que justifiait la neige abondante qui tombait et la rigueur de la saison. Celui qui marchait en avant de ceux-ci, bravant le froid de la nuit, était Keinec, Marcof et Boishardy le suivaient.
Pour que leur absence fût complètement ignorée des paysans du placis, le chef royaliste avait donné le mot de passe à Keinec, qui éclairait la route et avertissait les sentinelles nombreuses veillant autour du campement; de sorte que Boishardy n'avait pas besoin de se nommer ni de se faire reconnaître.
Après avoir franchi la dernière ligne, les trois hommes atteignirent un carrefour au milieu duquel Fleur-de-Chêne avait conduit trois chevaux sellés et bridés. Les trois royalistes s'élancèrent d'un même mouvement. Boishardy se pencha vers Fleur-de-Chêne, lui donna ses dernières instructions et piqua sa monture.
—En avant! murmura Marcof.
Presque aussitôt les cavaliers disparurent dans les ténèbres de la nuit, que les branches noueuses des chênes, entrelacées au-dessus de leurs têtes, faisaient plus épaisses encore.