Читать книгу Le cheval : extérieur, régions, pied, proportions, aplombs, allures, âge, aptitudes - Eugène Alix - Страница 14
a. — APPAREIL DE LA LOCOMOTION.
ОглавлениеL’appareil de la locomotion a pour but de déplacer le corps de l’animal en totalité (allures), ou de faire mouvoir ses diverses pièces les unes sur les autres (ruade, cabrer); il a pour agents les os, réunis par les articulation et les muscles. Nous allons dire un mot de chacun de ces agents.
1° Squelette (Pl. I, et fig. 1 du texte). — Le squelette, ou charpente intérieure du corps du cheval, est formé par l’ensemble des os considérés dans leurs rapports naturels. Son but est de protéger les organes intérieurs, de supporter la machine animale et de contribuer à ses mouvements.
Chacune des pièces osseuses composant le squelette a reçu un nom particulier tiré de sa forme (péroné), de sa ressemblance avec des objets connus (tibia), de sa situation (côtes), etc.
D’après la position qu’ils occupent relativement au plan médian du corps, les os sont encore divisés en pairs et impairs.
Enfin, ils sont dits longs, allongés, courts et plats, suivant leur forme.
Les os longs appartiennent exclusivement aux membres et sont seuls creusés d’un canal dit médullaire, dans lequel se trouve une substance molle, graisseuse, appelée moelle (fémur, humérus, etc.).
Les os allongés diffèrent des précédents en ce qu’ils n’ont pas de canal médullaire.
Les os larges ou plats se rencontrent dans la tête et la partie supérieure des membres (pariétal, omoplate).
Les os courts se trouvent partout où il faut des parties jouissant à la fois d’une grande solidité et d’une certaine mobilité (astragale, deuxième phalange).
La forme générale des os est modifiée par des éminences et des cavités.
Les éminences sont des saillies plus ou moins prononcées qu’on voit à la surface des os. On les a divisées en articulaires et non articulaires; les premières concourent à former lés articulations qui joignent les os entre eux; les secondes donnent attaches aux tendons et aux ligaments.
Les cavités sont également articulaires ou non articulaires; les premières répondent aux éminences de même nom dans les jointures osseuses; les secondes servent au passage des tendons, des vaisseaux, des nerfs, etc.
Les os sont formés d’un tissu propre, entouré à l’extérieur par une membrane particulière, le périoste, et pénétré à l’intérieur par la moelle, des vaisseaux et des nerfs.
Avant d’arriver à l’état où ils se présentent chez le cheval adulte, les os passent par diverses phases successives. D’abord mous, demi-transparents (état muqueux) dans l’embryon, ils s’imprègnent un peu plus tard de gélatine et deviennent plus résistants (état cartilagineux). Enfin, vers le deuxième mois de la vie intra-utérine, les os se chargent de sels calcaires et acquièrent insensiblement leurs caractères propres. Cette transformation osseuse ne devient toutefois complète que vers cinq ou six ans.
Chez les animaux âgés, les os éprouvent encore des changements importants: le canal médullaire des os longs s’agrandit et leurs parois s’amincissent; de même, les os larges diminuent d’épaisseur.
Fig. 1. — Squelette du cheval. (Chauveau et Arloing.)
I. — Tête.
1, crâne. Partie supérieure de la tête.
2. face. Beaucoup plus étendue que le crâne; chez le cheval, la face comprend les deux mâchoires. (Voy. IIIe partie, tête.)
II. — Corps ou tronc.
3, tronc. Le tronc est représenté, sur la ligne médiane, par le rachis ou colonne vertébrale, longue tige flexueuse de chaque côté de laquelle se détachent dix-huit arcs osseux, ou côtes, qui viennent s’appuyer directement ou indirectement, par leur extrémité inférieure, sur un os unique appelé sternum. (Voy. IIIe partie, cou et tronc proprement dit.)
III. — Membres.
4, membre antérieur.
5, membre postérieur. (Voy. IIIe partie, membres.)
A. — TÊTE.
1° Os du crâne.
6, occipital.
7, pariétal.
8, apophyse zygomatique du temporal.
9, hiatus auditif externe.
10, frontal.
11, cavité orbitaire.
2° Os de la face.
12, os unguis ou lacrymal.
13, os malaire ou zygomatique.
114, os sus-nasal.
15, maxillaire supérieur.
16, trou sous-orbitaire.
17, dents molaires.
18, dents incisives.
19, os inter-maxillaire ou petit sus-maxillaire.
20, maxillaire inférieur.
21, trou mentonnier.
B. — TRONC.
1° Colonne vertébrale.
22, région cervicale de la colonne vertébrale.
23, atlas ou première vertèbre cervicale.
24 axis ou seconde vertèbre cervicale.
25, région dorsale de la colonne vertébrale.
25’, apophyse épineuse de la première vertèbre dorsale.
26, apophyse épineuse du la dix-huitième et dernière vertèbre dorsale.
27, région lombaire de la colonne vertébrale.
28, sacrum ou vertèbres sacrées.
29, coccyx ou vertèbres de la queue.
2° Côtes et sternum.
30, côtes (la huitième ou dernière côte sternale
31, appendice xiphoïde du sternum.
C. — MEMBRES.
10 Membre antérieur.
32, omoplate.
33, fosse sus-épineuse.
34, fosse sous-épineuse.
35, tubérosité de l’épine.
36, apophyse coracoïde.
37, bord de la cavité glénoïde.
38, cartilage de prolongement.
39, humérus.
40, tête de l’humérus.
41, trochiter ou grosse tubérosité de l’humérus.
42, empreinte ou tubérosité deltoïdienne.
43, trochlées de l’extrémité infér. de l’humérus.
44, radius.
45, cubitus.
46, apophyse olécrâne.
Pied.
47, os du carpe.
48, premier os de la rangée supérieure du carpe, ou os sus-carpien.
49, métacarpien principal.
50, métacarpien rudimentaire externe.
Région digitée.
51, grands sésamoïdes.
52, première phalange.
53, deuxième phalange.
54, troisième phalange ou os du pied.
2° Membres postérieurs.
55, coxal (ilium, pubis, ischium).
56, angle interne de l’ilium ou angle de la croupe.
57, angle externe de l’ilium ou angle de la hanche.
58, tubérosité ischiatique ou angle postérieur externe de l’ischium (pointe de la fesse).
59, bord de la cavité glénoïde.
60, crête sus-cotyloïdienne.
61, fémur.
62, crête sous-trochantérienne.
63, fosse sus-condylienne.
64, tête du fémur.
65, grand trochanter.
66, condyle ext. du fémur.
67, trochlée.
68, rotule.
69, tibia.
70, crête du tibia.
71, péroné.
Pied.
72, os du tarse (astragale).
73, calcanéum.
74, rangée inférieure des os du tarse.
75, métatarsien principal.
76, métatarsien rudimentaire externe.
Région digitée.
77, grands sésamoïdes.
78, première phalange.
79, deuxième phalange.
80, troisième phalange ou os du pied.
Toutes ces particularités expliquent parfaitement pourquoi les jeunes chevaux sont plus sujets que les adultes aux tares osseuses (voy. IIe partie, Tares des membres), pourquoi, d’un autre côté, les os deviennent si fragiles chez les vieux animaux. Elles donnent également la raison de certaines maladies du tissu osseux, telles que le rachitisme, l’ostéomalacie, etc. Caractérisé par un développement incomplet du squelette, le rachitisme est, en effet, dû à ce que la cartilagéine de la vie fœtale ne se transforme pas en osséine. L’ostéomalacie ne diffère du rachitisme qu’en ce que la cause agit chez l’adulte et détruit la solidité déjà établie; tandis que, dans le rachitisme, le développement du squelette est empêché alors qu’il n’est pas encore terminé.
Le squelette a pour partie centrale, sur laquelle toutes les autres prennent directement ou indirectement leur appui, le rachis ou colonne vertébrale, dont la direction, verticale chez l’homme, est horizontale chez le cheval. Cette longue tige solide et flexible, articulée antérieurement avec la tête (1, 2), se termine postérieurement par les os de la queue ou coccyx (29), et est formée d’une suite d’os courts appelés vertèbres.
Les différences de configuration que ces os présentent dans les divers points du rachis ont permis de diviser celui-ci en cinq régions qui sont, en procédant d’avant en arrière: 1° la région cervicale (7 vertèbres, 2, 2); 2° la région dorsale (18 vertèbres, 25); 3° la région lombaire (6 vertèbres, 27); 4° la région sacrée ou du sacrum (5 vertèbres soudées, 28); 5° la région coccygienne (vertèbres en nombre variable, 29).
Les vertèbres sont articulées ensemble, de manière à pouvoir jouer plus ou moins facilement les unes sur les autres; celles de la région cervicale ou de l’encolure sont les plus mobiles.
Percées chacune d’un trou, d’avant en arrière, elles forment, par leur réunion, un long canal qui loge la moelle épinière, partie très importante des centres nerveux.
Chaque vertèbre est munie de trois éminences appelées apophyses: deux latérales (apophyses transverses), une supérieure, verticale (apophyse épineuse), surtout marquée dans les régions dorsale et lombaire.
Ces os présentent, en outre, deux extrémités: l’une antérieure, portant une surface arrondie en forme de tête plus ou moins détachée; l’autre postérieure, creusée d’une cavité destinée à recevoir la tête de la vertèbre suivante.
D’un côté et de l’autre de la tige rachidienne partent dix-huit grands arcs osseux appelés côtes (30), s’articulant supérieurement avec les vertèbres dorsales, inférieurement avec le sternum (31), et constituant une sorte de cage appelée thorax (3), ouverte en avant et en arrière.
Postérieurement, articulé avec le sacrum, se trouve un os pair, composé de plusieurs parties, le coxal (55), qui, accolé à celui du côté opposé, forme la cavité pelvienne ou du bassin.
Toutes ces pièces osseuses sont supportées par quatre colonnes appelées membres, dont deux antérieurs (4) et deux postérieurs (5), constitués chacun par un certain nombre d’os affectant généralement une direction oblique les uns par rapport aux autres.
Il est à remarquer que si cette disposition angulaire n’est pas aussi favorable à la solidité que la superposition verticale, elle a du moins l’avantage d’amortir les réactions du sol contre le corps. Il ne suffisait pas, en effet, que les colonnes des membres eussent la rigidité nécessaire pour supporter le poids de l’animal; il fallait encore que les secousses imprimées au corps, aux articulations, lors des allures rapides surtout, ne produisissent pas des ébranlements trop considérables. Sans cette brisure des rayons osseux, non seulement le cheval se fût usé rapidement, mais il eût été impossible de le monter.
Nous savons tous, par expérience personnelle, que lorsque nous faisons un saut, nous devons retomber sur la pointe des pieds sous peine d’un ébranlement douloureux et même d’accidents graves. Si ce sont, en effet, les talons qui portent les premiers, la réaction du sol est transmise intégralement au tronc par la ligne verticale des os de la jambe et de la cuisse superposés, et nous ressentons une secousse des plus pénibles. Cet exemple donne à lui seul la démonstration de l’utilité, de la nécessité même, des angles formés par les rayons des membres.
Les réactions ne sont pas les mêmes, d’ailleurs, dans les membres antérieurs et dans les membres postérieurs. Par suite de la disposition particulière des premiers, dont les rayons supérieurs ou scapulaires, non articulés avec le tronc, mais simplement réunis à cette région par des attaches musculaires solides, forment une espèce de soupente pour laçage thoracique, les réactions, chez eux, sont plus faibles que dans les membres postérieurs, articulés directement sur la partie postérieure du rachis par l’intermédiaire des os coxaux, qui en constituent anatomiquement les premiers rayons.
Cette dernière disposition était nécessaire pour que les membres postérieurs pussent intégralement transmettre l’impulsion à la colonne vertébrale et, par suite, aux membres antérieurs.
Chez le cheval adulte, on compte 189 os.
2° Articulations. — Les différentes pièces osseuses qui constituent la charpente solide du cheval sont unies entre elles de manière à pouvoir jouer les unes sur les autres. De cette réunion résultent les articulations ou jointures articulaires.
Toute articulation est donc essentiellement formée de deux surfaces osseuses opposées, moulées l’une sur l’autre. Celles-ci sont plus ou moins contiguës, plus ou moins mobiles, et les articulations qui en résultent ont reçu, par ce fait même, différentes dénominations. C’est ainsi qu’on distingue trois genres différents de jointures articulaires: les diarthroses ou articulations mobiles (Ex.: articulation coxo-fémorale); les synarthroses ou articulations immobiles (Ex.: articulation des os de la tête); les amphiarthroses ou articulations mixtes (Ex.: articulation des vertèbres entre elles).
Dans la plupart des articulations, les extrémités articulaires sont réunies par un certain nombre de ligaments, les uns funiculaires, les autres membraniformes ou capsulaires; ces derniers entourent souvent les articulations de toutes parts, à la manière d’un manchon. Leurs surfaces contiguës sont, en outre, revêtues de lames cartilagineuses dites cartilages d’encroûtement, dont la face libre se distingue par un brillant et un poli remarquables. La présence de ces cartilages dans les articulations mobiles est de la dernière nécessité ; ils favorisent, en effet, le jeu des pièces osseuses, s’opposent à leur usure, et amortissent les secousses violentes par leur élasticité.
Enfin, chaque articulation mobile est pourvue de capsules synoviales, membranes fort minces sécrétant la synovie, fluide visqueux dont le rôle, dans l’économie animale, est absolument identique à celui des corps gras employés pour graisser les rouages de nos machines.
Les mouvements dont les diarthroses peuvent être le siège sont: le glissement simple, la flexion, l’extension, l’adduction, l’abduction, la circumduction et la rotation.
Les articulations jouent un très grand rôle dans le fonctionnement général de la machine animale, surtout quand celle-ci est destinée au travail. Des jointures faibles ne permettraient ni l’étendue ni la puissance des mouvements qui déterminent l’effet utile chez le moteur en action. Aussi, le volume des articulations est-il toujours un indice de force.
L’inflammation des jointures articulaires, ou arthrite, est très grave. Elle peut être le résultat d’une irritation directe (coup de pied, chute, etc.) ou survenir comme complication d’une maladie viscérale grave (pneumonie, pleurésie, etc.). Enfin, on la voit souvent apparaître d’emblée chez les jeunes animaux.
3° Muscles. — Les muscles sont des organes fibreux jouissant de la propriété de se contracter sous l’action d’un stimulant. Chargés de mouvoir les leviers osseux et de faciliter la contraction des organes internes, ils donnent aussi au corps de l’animal sa forme générale, en remplissant les vides et en effaçant les parties trop saillantes du squelette. Enfin, établis dans certains cas en larges couches, ils forment aux cavités des parois actives (Ex.: muscle grand oblique ou oblique externe de l’abdomen).
On distingue des muscles lisses, intérieurs, ou muscles de la vie organique, et des muscles striés, extérieurs, ou muscles de la vie animale. Les premiers appartiennent aux organes de la vie végétative (plans musculaires de l’estomac, de l’intestin, etc.), et sont soustraits à l’influence de la volonté. Les seconds diffèrent des premiers en ce sens que leur pouvoir contractile — le tissu charnu du cœur excepté — est immédiatement placé sous l’influence de la volonté ; aussi, la section du nerf moteur qui se rend à un muscle strié, ou toute autre cause susceptible d’enrayer l’action de ce muscle, frappe-t-elle de paralysie la région musculaire ainsi soustraite à l’influence nerveuse.
Ce sont les muscles striés surtout qu’il importe pour nous de connaître, en ce sens qu’ils forment la plus grande partie de la masse du corps.
Muscles striés ou extérieurs (fig. 2 du texte). — Ces muscles, au nombre de 463 chez le cheval, d’après Rigot, ont reçu, comme les os, des noms particuliers rappelant, ou leurs usages, ou leur position, ou leur forme.
On les a, en outre, divisés en larges, longs et courts; en droits, obliques, transverses et circulaires; en pairs et impairs; suivant leur forme, leur direction, et leur situation par rapport au plan médian du corps.
Fig. 2. — Vue générale des muscles superficiels.
Chaque muscle a une attache fixe ou d’origine et une attache mobile; la première répond au point du muscle qui reste le plus habituellement fixe pendant les contractions; la seconde, au levier déplacé par celles-ci.
Ces attaches ont généralement lieu par l’intermédiaire de tendons ou d’aponévroses.
Les tendons sont des cordons fibreux d’un blanc nacré, arrondis ou aplatis, très résistants, fixés sur les extrémités des muscles longs.
Les aponévroses, au contraire, appartiennent aux muscles larges et sont plus larges, moins épaisses que les tendons.
Il entre dans la structure des muscles du tissu musculaire proprement dit, du tissu conjonctif sous la forme de lamelles délicates, d’aponévroses ou de tendons; enfin, des vaisseaux et des nerfs.
Contraction musculaire. — Les muscles, avons-nous dit, mettent en jeu la machine animale sous l’influence du système nerveux, qui les fait entrer en contraction. Il nous reste maintenant à analyser les phénomènes physiques qui accompagnent l’action musculaire.
Quand un muscle se contracte, il se raccourcit. Ses deux extrémités se rapprochent si elles sont libres, ou l’une d’elles seulement va à la rencontre de l’autre, si celle-ci est fixe; mais, dans tous les cas, il y a production d’un mouvement.
La contraction musculaire ne peut s’exécuter en permanence. Un muscle doit forcément avoir des intermittences de repos, sous peine d’être bien vite hors d’état de remplir ses fonctions. C’est pourquoi, d’ailleurs, dans les régions où l’action des muscles est incessante, la nature a placé des ligaments élastiques qui leur viennent en aide (ligament cervical, tunique abdominale, ligament suspenseur du boulet).
Les muscles, en somme, jouissent tous de la faculté de se contracter; mais la force et l’étendue de leurs contractions varient suivant qu’ils sont entièrement libres ou qu’ils ont une résistance à vaincre, suivant la longueur des fibres musculaires, etc. — «On fixe la limite moyenne de l’étendue du raccourcissement d’un muscle au quart environ de ses fibres musculaires, disent MM. Chauveau et Arloing(). D’après cela, on conçoit que le mouvement engendré par la contraction d’un muscle sera d’autant plus grand que ses fibres seront plus longues. Du reste, dans cette appréciation, il faut tenir compte de la densité et de l’énergie de la fibre, ainsi que de l’intensité du stimulant de la contractilité.»
Fig. 3. — Vue générale des appareils de la digestion et de la sécrétion urinaire.