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CHAPITRE TROISIÈME.
ОглавлениеSOMMAIRE.
Nuages, brouillards et pluies. — Humidité constante à la surface; ses effets. — La terre reste sèche. — Observations astronomiques rendues difficiles par les nuages. — Des sources.
La position isolée de Sainte-Hélène au milieu de l’Océan et la hauteur de ses cimes attirent sans cesse les vapeurs qui s’élèvent de la mer et s’agglomèrent autour des principaux pitons. L’île se trouve ainsi presque continuellement couronnée de nuages que le vent roule et chasse devant lui pour les remplacer incessamment par d’autres. Ceux qui sont chassés se dissipent et s’évaporent le plus souvent aussitôt qu’ils ne sont plus au-dessus de terre; en sorte que c’est presque exclusivement au-dessus de Sainte-Hélène que le temps est couvert, lors même qu’au large l’horizon est bien dégagé. Il n’est pas rare, en outre, que ces nuages prennent un développement tel qu’ils englobent toute l’île, surtout la région exposée au vent, et deviennent un véritable brouillard épais jusqu’à ce qu’un nouveau coup de vent balaye tout à la fois, et permette au soleil de luire pendant quelques minutes. On a remarqué depuis longtemps que le soleil ne se montre sur l’île, en moyenne, qu’un jour sur trois, et encore il s’en faut de beaucoup ce jour-là que son apparition soit continue.
Sans parler de l’humidité inévitable entretenue ainsi dans l’atmosphère par la permanence des nuages et des brouillards, il faut encore faire entrer en ligne de compte les pluies qui accompagnent les uns et les autres.
Voici, d’après une notice de 1816, les quantités d’eau recueillies à James-Town et à Longwood pendant toute une année ( les nombres sont donnés en millimètres):
Mais l’année qui a fourni ces indications a dû être remarquablement sèche, si on en juge par les observations suivantes, qui embrassent une série de plusieurs années pendant lesquelles deux seulement ont atteint un chiffre inférieur à celui que nous venons de trouver pour Longwood. On a en effet obtenu à Longwood:
Pour l’année 1848, on a remarqué que le mois le plus sec a été le mois d’octobre, pendant lequel il n’est tombé que 0m003,1; on a eu en juin 0m181, en juillet 0m234,2.
Dans la période tout entière que l’on vient de considérer, octobre, novembre, décembre et janvier forment généralement la période la plus sèche de l’année; mais juin et juillet sont généralement les mois les plus humides. Il y a néanmoins des exceptions fréquentes qui ne peuvent surprendre dans un pays où la température varie elle-même si peu. Si un climat peut être réputé humide dès qu’il y tombe plus de 0m60 ou 0m65 dans l’année, on voit que Sainte-Hélène peut passer pour un climat humide au premier chef.
Il n’est pas rare de voir tomber pendant des heures entières une petite pluie fine et serrée. Cette pluie se condense presque au niveau du sol, au milieu même des bouffées de nuages que le vent balaye autour des crêtes de la montagne et qu’il précipite jusque dans les vallons. En même temps, on distingue tout autour de soi des vapeurs blanches qui s’élèvent de terre: c’est la pluie qui vient de tomber et qui se relève déjà en vapeurs, sous la double influence du vent et de la température tiède du sol.
Aucune observation hygrométrique n’a encore été faite qu’il soit possible de comparer avec celles faites dans d’autres climats humides; il est cependant naturel de penser que l’atmosphère doit être presque continuellement au plus haut point de saturation. Quelques remarques faites dans les ménages à Longwood viennent à l’appui de cette présomption; les étoffes de soie, les gants même placés dans des boîtes fermées, se piquent rapidement de taches rougeâtres ineffaçables; les cuirs se recouvrent en peu de jours d’une moisissure abondante.
Quoi qu’il en soit, la terre ne profite pas beaucoup de toute cette humidité ; les eaux pluviales sont entraînées de suite par la pente du sol ou reprises par l’évaporation, et à une profondeur de quelques centimètres on trouve habituellement un terrain tout à fait sec. Il en résulte que les récoltes demandent pour réussir des pluies presque torrentielles qui ont seules le temps de laisser quelque chose pénétrer à une certaine profondeur avant que l’évaporation ait tout repris.
Nous n’avons pas eu connaissance des registres d’observations astronomiques faites à Sainte-Hélène en 1676 par Halley et en 1761 par Maskelyne et Waddington; mais il est probable qu’elles ont dû bien souvent être contrariées par l’état nuageux du ciel, et tout particulièrement celles d’Halley, qui s’était installé sur un des points les plus élevés de toute l’île. En 1860, la comète qui a fait son apparition au mois de juin a été vue plus d’une fois de James-Town, dans le nord-ouest, par-dessous le chapeau de nuages qui coiffait l’île; mais il n’a pas été possible de la découvrir une seule fois de Longwood, à cause de l’accumulation des nuages.
Une statistique locale compte dans l’île deux cent douze sources donnant ensemble 8,000 mètres cubes par vingt-quatre heures. Il est difficile de contrôler ces chiffres, les sources se trouvant disséminées de tous côtés; d’ailleurs il y en a de bien plus abondantes les unes que les autres, et parmi les plus faibles il en est dont l’estimation doit être assez arbitraire, perdues comme elles le sont au milieu d’herbages, dans des terrains détrempés et piétinés par le bétail. Toutes les eaux sont potables, une seule exceptée, celle d’un puits creusé en 1830 dans le vallon de Rupert, à 25 mètres de profondeur; mais ce puits étant très-voisin de la mer, il est probable qu’il doit recevoir de là des infiltrations saumâtres.
La plus grande partie de ces sources sont trop faibles pour qu’on puisse songer à en tirer parti pour des irrigations; cependant il y en a encore un bon nombre qui pourraient être utilisées de cette manière, et qui coulent en pure perte à la mer.