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CHAPITRE QUATRIÈME.

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Table des matières

SOMMAIRE.

Déboisements. — Productions de l’île. — Stérilité des bords. — Effets de l’abolition de l’esclavage. — Effets du vent. — Végétation dans la partie centrale. — Obstacles à la culture. — Légumes et céréales. — Bétail. — Animaux domestiques et sauvages.

L’île de Sainte-Hélène est actuellement, sur la plus grande partie de sa surface, dépouillée d’arbres et même de toute espèce de verdure. Lors de sa découverte, au contraire, en 1502, elle était couverte d’arbres jusque sur le bord de la mer; les espèces principales étaient les gommiers, qui se trouvaient surtout près des côtes; les ébéniers et du bois rouge, qui occupaient les pentes; sur les hauteurs on trouvait le cabbage tree (arbre-chou). Les hommes, et les chèvres introduites peu après dans l’île, ont rapidement fait disparaître toute cette végétation. Ce n’est qu’à une époque peu reculée que remontent les premiers travaux de reboisement partiel, devenus dans l’intervalle impossibles sur bien des points, par suite du départ de la couche de terre végétale. On trouvera dans l’Appendice placé à la suite de cet ouvrage l’énumération des plantes les plus répandues dans l’île. Il est facile de voir, à la seule inspection de cette liste, quelque incomplète qu’elle puisse être, que les productions de Sainte-Hélène sont plutôt celles de la zone tempérée que de la région des tropiques. C’est une conséquence naturelle des conditions thermométriques et météorologiques dans lesquelles l’île se trouve placée. Si l’on remarque en outre que la couche de terre végétale manque absolument sur une grande partie de la surface du sol, que là même où elle existe elle n’offre que peu d’épaisseur, on ne sera pas étonné d’apprendre que les produits de Sainte-Hélène sont inférieurs en quantité et en qualité à ceux de la plupart des pays tempérés.

VUE DE LONGWOOD OLD-HOUSE


En dehors d’un cercle de 2,000 à 2,500 mètres de rayon, dont le centre serait placé précisément au milieu de l’île, la végétation est presque nulle; les arbres, même isolés, sont une exception. Il y a seulement çà et là, dans le fond de quelques ravins un peu garantis du vent, quelques coins de terre à peine cultivés, et dans chacun d’eux on découvre aisément des traces de cultures abandonnées. Depuis l’abolition de l’esclavage, en 1832, les nègres, devenus libres de choisir le lieu de leur travail, se sont portés vers la ville, et les terres qu’ils cultivaient restent stériles faute de bras. Sur les pentes de ces ravins, et sur les crêtes qui les séparent, on ne trouve que quelques herbes rares et maigres, quelques plantes grasses rampant à la recherche d’un meilleur sol et quelques ajoncs rabougris.

En dedans de la limite que nous indiquions à l’instant, et qui est plutôt trop large que trop exclusive, on trouve tout ce que l’île offre de vivant et de productif; on rencontre quelques petits bois de sapins, de chênes ou de saules du port Jackson; on voit quelques pâturages et quelques terres labourées. C’est dans cet espace que se trouvent, à fort peu d’exceptions près, toutes les habitations rurales occupées maintenant; et il faut encore trouver place au milieu de tout cela pour des espaces entiers couverts d’ajoncs, de géraniums ou de cactus, et pour les cimes de l’île où dominent les fuchsias, les mûriers sauvages et les arbres à chou.

Sous l’influence du vent régnant, les arbres qui y sont exposés sont de bonne heure couchés sans pouvoir jamais se relever; les branches qui réussissent à percer contre le vent sont de suite rabattues à droite ou à gauche, et bien des arbres ne peuvent dépasser une certaine hauteur, leur cime étant repliée et couchée par les mêmes causes. Les habitations et les plantations qui se trouvent à l’abri de cette funeste influence ont par conséquent un immense avantage. L’œil les signale et les distingue de suite, et leur petit nombre en fait mieux encore ressortir la valeur.

La végétation n’est jamais complètement suspendue; les chênes sont presque les seuls arbres qui perdent leurs feuilles en juin, juillet et août; plus d’une espèce de plantes a toute l’année des fleurs et des fruits. Un des plus grands obstacles à vaincre est le grand nombre d’insectes de tout genre, qui n’ont jamais d’hiver rigoureux à subir. Des semis entiers sont dévorés par des larves que l’on rencontre par centaines en remuant le sol; l’échenillage est inconnu dans l’île, et les récoltes s’en ressentent. Les arbres fruitiers ne sont pas greffés, et leurs fruits restent petits, durs et sans saveur.

La culture des légumes est à peu près aussi en retard que celle des arbres fruitiers, malgré le placement facile et à peu près illimité que les produits pourraient trouver sur les navires de passage, sans parler même des besoins de la consommation locale.

La culture des céréales est également peu développée. Bien que la roideur des pentes rende les labours impraticables en beaucoup d’endroits, on est loin cependant d’avoir utilisé toutes les parties de terrain qui eussent pu se prêter à ce genre d’exploitation. Cela tient en partie au manque de bras, qui s’accroît encore de temps à autre par quelques émigrations pour les Antilles, et aussi aux bénéfices qu’un certain nombre de journaliers réalisent sans peine sur le quai avec les navires et les voyageurs de passage.

Le major général Beatson, qui fut gouverneur de l’île de 1808 à 1813, a essayé d’établir le rendement de quelques céréales; mais les résultats qu’il a trouvés présentent des maxima et des minima si éloignés les uns des autres, qu’on ne peut en tirer aucune induction sur la fertilité probable du sol.

Sainte-Hélène est forcée, par suite de ce que nous venons d’exposer, de demander périodiquement, soit au cap de Bonne-Espérance, soit à l’Amérique du Nord, des chargements de farine. L’insuffisance des pâturages oblige aussi les habitants à faire venir très-fréquemment du bétail du Cap. On voit les bœufs et les moutons errer sur le flanc des montagnes pour y chercher une pâture rare et insuffisante; aussi n’obtient-on que des individus maigres et efflanqués, et la viande de boucherie est souvent coriace.

Les animaux sauvages se bornent à peu près à quelques chèvres, des lapins, des rats et des souris. Quant aux oiseaux, les espèces principales sont des faisans, des perdrix rouges, des ramiers, des tourterelles, des serins, des mouettes, des goëlands, et deux ou trois espèces d’oiseaux des tropiques, dont une au moins est originaire de Java.

On n’a pas dans l’île de poissons d’eau douce, et les poissons de mer sont peu variés: les maquereaux, les rougets, les congres et les langoustes, sont les espèces les plus abondantes.

Les animaux domestiques sont les mêmes que ceux de l’Europe et ne méritent aucune mention spéciale.

Sainte-Hélène

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