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LE COMPLOT

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— Il y a six mois, dit-il, que toi et moi, Georges, nous arrivàmes dans ce château, et, tu te le rappelles, mon premier mot, fut: Il y a quelque chose à faire ici.

— Oui, dit Georges, mais le moyen: une armée de valets, tous vrais serviteurs, c’est-à-dire, alertes et dévoués.

— Tout vient à qui sait attendre, interrompit Paolo; ce fut la réponse que je fis à cette observation que tu m’adressas alors. Grâce à la pénétration dont le ciel a doué les gens de mon pays et à cette devise qui m’a toujours guidé dans toutes les situations de ma vie, nous voici aujourd’hui au but de nos désirs. Tu reviens de Cette; tout est-il prêt pour notre embarquement?

— Tout, répondit Georges. Le patron du navire qui doit nous transporter à Boston ne mettra à la voile que dans huit jours; notre passage est arrêté, nous sommes à ses yeux deux jeunes gens de famille qui fuyons des tuteurs tyrans, cruels et avares; ainsi l’argent ou les bijoux qu’il nous verra ne l’étonneront nullement... Songe, Paolo, qu’ici à côté la présidente a un coffre plein de pierreries; j’ai entendu le vieux seigneur dire un jour qu’il y en avait pour plus d’un million, sans compter l’autre coffret, qui est rempli d’or.

— Eh bien, avisons au moyen de nous les procurer, interrompit Paolo.

— Voilà le difficile, dit Georges.

— Voilà le facile, répondit Paolo. Écoute: le président emmène avec lui tout ce qu’il y a d’hommes forts et jeunes dans ce château; il ne reste que des vieillards et des femmes dont nous aurons aisément raison. Pour un observateur comme moi, aucune circonstance n’est indifférente ni négligée, les actions les plus simples en apparence deviennent des circonstances graves. Ainsi les gens de la maison ont tous l’habitude de laisser, en se couchant, la clef en dehors de leur porte; le vieux Pibrac a le même système: un tour de clef, et les voilà tous prisonniers. La présidente, Parisienne de naissance, a conservé de son pays l’habitude de se coucher tard; elle ne garde près d’elle que la vieille Cadette. Une fois tout le monde sous clef, nous entrons dans la chambre de la susdite vieille, qui, sans méfiance aucune, laisse aussi la clef en dehors; nous la traversons pour nous rendre ici, et cette immense armoire, ajouta Paolo en allant ouvrir l’armoire en bois de noyer dans l’intérieur de laquelle étaient suspendues les robes de soies et de cour de la présidente..... et cette immense armoire nous recélera jusqu’au moment où le sommeil nous laissera la présidente sans défense.

— Oui, dit Georges, qui avait écouté ce plan avec la plus grande attention. — Mais si elle se réveille, si elle crie, si elle sonne...

— Tu m’y fais penser; attends-moi.

Cela dit, Paolo se dirigea vers la chambre de la présidente, y entra, et revint un moment ensuite, tenant à la main un riche cordon de sonnette dont il fit une boule, qu’il jeta sous le lit à côté de Jacques.

— Quant aux cris... je m’en moque! ajouta-t-il avec un accent qui fit frissonner Jacques dans sa cachette et lui donna comme une rage d’en sortir, de sauter au cou de ces infâmes pèlerins et de les étrangler. Mais la réflexion vint à cet enfant assez à temps pour lui faire voir qu’il n’était pas le plus fort, que la ruse était ici nécessaire, qu’il fallait l’opposer à la duplicité de ces monstres. Le pauvre Jacques, suant à grosses gouttes, se mit donc à chercher dans sa tête les moyens de déjouer cet affreux complot.

Un moment après, et sans que Jacques, si troublé, entendit sortir les pèlerins, il se trouva seul; ces hommes avaient disparu.

Les petits savants: Contes historiques dédiés à la jeunesse

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