Читать книгу Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux - Félix Dujardin - Страница 4

PRÉFACE.

Оглавление

Table des matières

Si d’autres branches de l’histoire naturelle doivent plaire davantage par l’élégance des formes, par l’harmonie des couleurs, par les merveilles d’une organisation plus compliquée, et surtout par les manifestations de l’instinct ou de l’intelligence des animaux; l’étude des helminthes, quand on y a pénétré quelque peu, ne tarde pas à offrir un intérêt non moins grand, quoique d’un autre genre, et finit même par devenir véritablement attrayante.

Ici en effet on peut suivre plus sûrement la vie dans ses manifestations les plus simples et en apprécier toutes les conditions: ici, mieux que partout ailleurs, on peut espérer une réponse à la question de la génération spontanée: ici, enfin, on peut, par l’observation des métamorphoses et des transmigrations, constater l’influence du milieu ambiant sur le développement des êtres.

Ces considérations puissantes ont entraîné invinciblement les helminthologistes à travers les recherches les plus pénibles à la découverte d’une foule de faits qui semblaient devoir être pour toujours dérobés aux investigations de la science; ces considérations aussi les ont préservés du découragement dans leurs tentatives si souvent infructueuses. On pourra d’ailleurs se faire une idée du courage, de la persévérance qu’il a fallu porter dans ces recherches, quand on saura que, pour trouver moins de quatre cents espèces d’helminthes, on a disséqué, dans l’espace de quinze ans, au Muséum de Vienne, quarante-cinq mille animaux vertébrés, dont les deux tiers inutilement.

On conçoit d’après cela comment l’helminthologie a dû prendre naissance en Allemagne, et s’y développer rapidement, avec les idées générales et philosophiques qui tendent à changer la face des sciences naturelles. Là, Rudolphi, si riche de ses propres travaux et s’appuyant sur les immenses recherches de ses prédécesseurs et de son contemporain Bremser, a pu poser les bases de l’helminthologie. En Allemagne aussi, depuis lors, Nitzsch, Leuckart, Mehlis, Bojanus, MM. Nordmann, Baer, Diesing, Nathusius, etc., ont enrichi cette science d’une foule de faits nouveaux et importants; et, chaque année encore, MM. Creplin et Siebold ajoutent de nouvelles découvertes à celles, si précieuses, qu’on leur devait déjà.

Il semble donc qu’une histoire des helminthes eût dû être publiée dans ce pays même pour remplacer les ouvrages de Rudolphi, qui marquent seulement une première phase de l’helminthologie.

Mais on est loin encore de pouvoir tracer complétement et l’histoire et la classification de ces êtres: le champ a paru s’agrandir à mesure qu’on s’y est avancé, et l’on doit reconnaître aujourd’hui qu’il reste à faire au moins dix fois autant que ce qu’on a fait déjà. Car, il ne suffit pas de chercher les helminthes dans les divers animaux, il faut les y chercher aussi dans les diverses contrées, dans les diverses localités de chaque contrée, et dans les diverses saisons de l’année; et, en outre, il faut les y chercher jusqu’à ce qu’on les ait trouvés à leurs divers degrés de développement. On comprend qu’une telle étude doit demander encore bien des années, aussi n’avais-je songé d’abord qu’à publier simplement un catalogue raisonné des helminthes en l’accompagnant des observations nécessaires pour lui donner la forme d’un livre. Mais sur plusieurs points, mes idées ont été modifiées par les justes critiques et les contradictions précieuses d’un ami, dont j’estime autant la logique et la science réelle que le noble caractère. Toutefois, ses critiques n’ont pu parvenir à faire un ouvrage parfait de ce qui dans son principe était nécessairement incomplet, il en est même résulté quelques bigarrures qui n’échapperont pas à un œil exercé ; ainsi, à plusieurs reprises, au lieu de suivre uniformément l’ordre de la série zoologique pour énumérer les helminthes trouvés dans les divers animaux, je me suis hasardé à proposer des sous-genres qui tous, je le crains bien, ne recevront pas un accueil favorable. D’autre part, après avoir voulu, à l’exemple des helminthologistes allemands, changer en um les désinences des noms en a comme Distoma, Tristoma, etc., j’en suis revenu aux anciens noms par respect pour le droit de priorité, et pour les çritiques de mon ami.

Pour toutes les mesures j’ai employé des nombres décimaux, dans lesquels un nombre de millimètres, ou le zéro qui les remplace, est séparé par une virgule des chiffres qui expriment successivement, de gauche à droite, les dixièmes, centièmes, millièmes, etc., de millimètres; ces nombres ont l’avantage d’être immédiatement comparables, mais ils sont incommodes en ce que le signe mm met un intervalle trop considérable entre la partie entière et la partie décimale. Au reste, on ne devra pas s’effrayer d’y voir figurer des dix millièmes de millimètre, car ce sont alors des mesures prises comparativement.

J’ai emprunté à la botanique plusieurs termes comme: toruleux (c’est-à-dire qui présente des renflements successifs ), lancéolé, obové, marginé, acuminé, mucroné, etc. Quant à la nomenclature, j’ai cru devoir adopter autant que possible les noms les plus anciens, et si j’ai dû en créer de nouveaux, j’ai tâché surtout de les faire courts, significatifs et d’une prononciation facile.

Je dois expliquer aussi pourquoi la synonymie qui fait une partie considérable de certains ouvrages se trouve si réduite dans celui-ci, c’est que je ne la crois utile que dans trois cas: 1° si elle fait connaître des recherches spéciales, des descriptions ou des figures originales; 2° si elle indique la réunion en une seule de plusieurs espèces nominales; 3° enfin, si elle met en regard les dénominations diverses données à une même espèce par des naturalistes célèbres.

Je n’ai pas besoin de dire pourquoi j’ai renoncé à l’emploi des phrases linnéennes, si brèves, si claires en apparence, par lesquelles on a coutume de caractériser les espèces: on comprendra que de telles phrases sont parfaitement insignifiantes quand les caractères d’un helminthe doivent être pris non de sa forme si variable, mais de son organisation, de sa structure, qui ne peut s’exprimer ainsi par quelques mots.

Il y a plus de vingt ans que j’ai commencé à recueillir et à observer des helminthes, mais je ne me suis mis sérieusement à leur étude qu’en 1835. Depuis lors, j’ai disséqué ou visité plus ou moins complétement, pour la recherche de ces vers, deux mille quatre cents animaux vertébrés de deux cents espèces environ, et trois cents invertébrés; j’ai recueilli et étudié vivants plus de deux cent cinquante espèces d’helminthes; Rudolphi en avait vu ou trouvé trois cent cinquante; et, au musée de Vienne, on en avait trouvé trois cent soixante-huit dans quatre cent soixante-seize espèces de vertébrés. Toutefois la plupart de ces helminthes avaient été à peine étudiés précédemment, et je pouvais me croire assez riche de faits et d’observations nouvelles pour faire cette publication. Mais, à mon arrivée à Paris, au mois de juillet, et, lorsque déjà mon livre était sous presse, M. le professeur Valenciennes a bien voulu, avec l’empressement le plus honorable, me confier tous les objets de la collection helminthologique du Muséum, comprenant deux envois faits par le Muséum de Vienne en 1816 et 1841. Or, M. Valenciennes avait lui-même commencé sur les helminthes des travaux importants qu’il doit publier, et que nous avons l’occasion de citer; je ne saurais donc le remercier assez de ce procédé généreux pour lequel je lui offre publiquement l’expression de ma profonde gratitude. J’ai pu ainsi comparer et rectifier beaucoup de déterminations spécifiques, en étudiant deux ou trois cents espèces conservées dans l’alcool; et, pour les nématoïdes surtout, j’ai rendu mon travail beaucoup plus complet, mais il en résulte que, si dans les détails et dans les descriptions, on doit trouver plus d’exactitude, on verra bien çà et là quelque désaccord dans l’ensemble.

Toutefois, cet ouvrage, comme je l’offre au public, ne représente pas moins que sept à huit mille heures de travail assidu, c’est cette portion de ma vie que je résume ici. Peut-être pensera-t-on que j’eusse pu scientifiquement en tirer un meilleur parti? je le crois aussi; je crois que j’eusse fait mieux encore, si, au lieu de persécutions au milieu de mes travaux, j’eusse trouvé les secours dus à un professeur; si je n’eusse été réduit à mes seules ressources, et forcé de consacrer moi-même à des dissections, à des recherches pénibles, un temps dérobé cruellement à la science.

FÉLIX DUJARDIN,

Professeur à la Faculté des sciences de Rennes.

Paris, le 15 octobre 1844.

Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux

Подняться наверх