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IV. HABITATION DES HELMINTHES; MAUX CAUSÉS PAR EUX.

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Table des matières

Les helminthes se trouvent pour la plupart dans l’intestin même des divers animaux; mais il en est beaucoup qui se trouvent aussi dans les autres cavités naturelles du corps ou même dans le tissu des divers organes: c’est ce qu’on avait voulu exprimer d’une manière plus générale encore en nommant les helminthes Entozoa; cependant, il en est encore d’autres qui habitent seulement à la surface ou sur les branchies des poissons, comme les Octobothrium, Diplozoon, Tristoma, etc.; on les a voulu nommer par opposition Ectozoa, et enfin il en est qui sont toujours libres dans les eaux, dans la terre humide, ou même dans le vinaigre, et dans la colle, comme les Rhabditis.

Quant aux helminthes de l’intestin, ils ont quelquefois une habitation limitée, dans l’œsophage, dans l’estomac, on dans les diverses portions de l’intestin, ou plus particulièrement dans le cœcum. Ils y sont ordinairement libres, mais quelques-uns se développent dans des tubercules ou des canaux squirrheux du tissu même de l’intestin, comme les spiroplères du chien et du cheval, et, comme le Distoma ferox de la cigogne. Presque tous les Dispharagus des oiseaux se trouvent emprisonnés sous la tunique interne du gésier; notre Hystrikis tricolor habite des tubes squirrheux dans l’épaisseur du proventricule du canard.

Les helminthes du foie sont ordinairement logés dans les canaux biliaires ou dans la vésicule du fiel: on connaît ainsi les Distoma hepaticum et lanceolatum chez les mammifères, les Distoma attenuatum et crassiusculum chez les oiseaux, et le Distoma capitellatum chez un poisson; les anthocéphales et les cysticerques se développent dans le tissu du foie. Le trichosome ou calodium splénique se développe ou du moins achève son développement dans des tubercules de la rate chez la musaraigne.

Le strongle des reins et le Distoma acutum se trouvent exclusivement dans les reins des mammifères. Plusieurs trichosomes se développent aussi dans la vessie urinaire de ces animaux, et, d’autre part, chez les oiseaux on trouve le Distoma ovatum et l’Holostomum platycephalum dans la bourse de Fabricius; et chez la grenouille le Polystoma integerrimum dans la vessie.

Le poumon chez divers animaux contient des distomes ou des liorhynques, ou des ascarides, ou des strongles, ou des pentastomes; la trachée-artère du renard contient le trichosome ou Eucoleus aerophilus, et celle de divers oiseaux contient le Syngamus trachealis. La vessie natatoire de la truite contient un dispharage ou spiroptère.

Les sinus frontaux du chien sont le gîte du Pentastoma tænioïdes; les divers sinus de la face contiennent aussi un distome chez le putois, et un spiroptère chez la martre. Les sinus ou les cellules infra-oculaires des oiseaux palmipèdes contiennent le Monostoma mutabile.

Le cœur même et les vaisseaux sanguins sont habités par des helminthes. Chez le cheval, c’est le Sclerostoma armatum qui détermine des anévrismes de l’artère mésentérique. Chez le marsouin, ce sont les strongles ou Stenurus inflexus qui abondent dans les sinus veineux de la fosse temporale.

L’œil est quelquefois habité par des filaires, mais chez certains poissons il contient une foule de petits trématodes dont on a fait le genre diplostome.

Le cerveau du mouton est le gîte du Cœnurus cerebralis; la cavité rachidienne des grenouilles contient aussi un diplostome. Dans le tissu cellulaire se forment les kystes variés qui contiennent des helminthes de toutes les sous-classes; dans tous les viscères et les tissus des mammifères se produisent aussi des cysticerques et des échinocoques, ou chez les grenouilles, l’Amphistoma urnigerum; et enfin, dans le péritoine et le mésentère de tous les vertébrés, il se forme des kystes contenant divers helminthes.

Quant aux rapports des helminthes avec les animaux qu’ils habitent, nous dirons seulement que tous les cystiques paraissent appartenir aux mammifères, et se développent exclusivement dans l’épaisseur des tissus; tous les trichocéphales vivent dans l’intestin ou le cœcum des mammifères; les Cucullanus et les Dacnitis, dans l’intestin des tortues et des poissons; les Octobothrium, Axine, Diplozoon et Tristoma, sur les branchies des poissons; les Anthocephalus, Tetrarhynchus et Gymnorhynchus, dans des kystes ou dans les tissus des poissons, etc.

Les helminthes ne sont pas tous également communs; quelques-uns ne se rencontrent qu’à de rares intervalles ou dans des localités très-restreintes; d’autres se trouvent, au contraire, presque constamment: tels sont certains helminthes du cheval, du chien, des grenouilles, du brochet; mais, en somme, on peut établir que, terme moyen, sur mille animaux vertébrés de différentes classes, il y en a bien la moitié qui contiennent des helminthes. Au musée de Vienne, on n’en a trouvé que dans trente-six sur cent environ, parce qu’on ne soupçonnait pas encore l’existence de beaucoup de petits helminthes découverts depuis; j’en ai trouvé dans cinquante-trois sur cent; quoique pour la moitié des animaux, je n’aie visité que l’intestin, et, que pour beaucoup d’autres, j’aie omis de visiter le poumon, ou la vessie, ou les yeux, etc.

Quelquefois, dans un animal, on ne trouve qu’un ou plusieurs helminthes d’une seule espèce, mais souvent aussi on en trouve concurremment de diverses espèces; car le hérisson, le chien, la souris, le mouton, le bœuf, le cheval, le coq, etc., en peuvent contenir chacun douze espèces différentes; les corbeaux et les canards n’en contiennent pas moins de quinze espèces, etc.

On peut citer les exemples suivants d’une abondance extrême d’helminthes dans des animaux qui parurent n’en avoir pas été incommodés. Au mois de mai 1836, M. Nathusius trouva dans une cigogne noire ( Ciconia nigra) vingt-quatre Filaria labiata dans le poumon, seize Syngamus trachealis dans la trachée-artère, plus de cent Spiroptera alata entre les membranes de l’estomac, plusieurs centaines de Holostomum excavatum dans l’intestin grêle, environ cent Distoma ferox dans le gros intestin, vingt-deux Distoma hians dans l’œsophage, cinq Distoma hians (?) entre les membranes de l’estomac, et enfin un Distoma echinatum dans l’intestin grêle ( Wiegmann’s Archiv., 1837).

Suivant Krause, de Belgrade, cité dans les Archives de Wiegmann (1840, t. II, p. 196), un cheval de deux ans et demi contenait plus de cinq cent dix-neuf Ascaris megalocephala, cent quatre-vingt-dix Oxyuris curvula, deux cent quatorze Strongylus armalus, plusieurs milliers de Strongylus tetracanthus, soixante-neuf Tænia perfoliata, deux cent quatre-vingt-sept Filaria papillosa et six Cysticercus fistularis.

D’après cela, on peut se demander si les helminthes sont véritablement nuisibles aux animaux dans lesquels ils habitent? je suis pour la négative, tant j’ai vu d’exemples d’animaux bien portants qui contenaient plus d’helminthes que d’autres individus de chétive apparence: les helminthes se développent dans un site qui leur convient, sans nuire plus que les lichens sur l’écorce d’un arbre vigoureux. Ils ne peuvent devenir nuisibles, généralement, que par suite d’une multiplication excessive, laquelle semble alors être une des conséquences d’un affaiblissement provenant d’une tout autre cause, d’une mauvaise alimentation, du séjour dans un lieu froid et humide, etc.; sans cela, les helminthes naissent et meurent dans le corps de leurs hôtes, et peuvent paraître et disparaître alternativement sans inconvénients.

Quand on ne peut juger des helminthes que d’après des figures très-amplifiées, on se fait une idée vraiment effrayante des crochets dont sont armés les ténias et les échinorhynques; mais, en réalité, ces crochets sont tellement petits, qu’ils échappent à la vue; ils suffisent, sans doute, pour fixer le ver dans l’intestin, mais ils ne peuvent causer sur cet organe qu’une impression comparable à celle des mille petits fragments de végétaux souvent très-durs, entraînés avec les aliments. Aussi ne puis-je croire à l’efficacité des moyens mécaniques, tels que la limaille d’étain, employés pour expulser les helminthes de l’homme. C’est par des médicaments purgatifs, par des amers ou des astringents, qu’on peut espérer seulement d’expulser ceux qui habitent l’intestin; quant à ceux qui, chez l’homme ou chez les animaux, se sont produits dans d’autres cavités du corps, ou dans l’épaisseur des organes, c’est par le régime seulement qu’on peut arrêter leur multiplication. C’est ainsi que des moutons qui, dans des pâturages humides, seraient compromis par la multiplication des douves ou distomes hépatiques, pourront recouvrer la santé dans des pâturages secs. On a supposé faussement que des ascarides peuvent perforer l’intestin; on a attribué, surtout au ténia et au bothriocéphale de l’homme, les accidents les plus graves; mais comme Bremser le dit lui-même, le meilleur remède a été le plus souvent de guérir l’imagination des malades qui, depuis longtemps, n’avaient plus ces helminthes, ou qui n’en avaient jamais eu.

Il est pourtant des helminthes qui peuvent causer un mal bien réel: tels sont le cœnure cérébral qui, en gênant et comprimant le cerveau des moutons, cause à ces animaux la maladie nommée le tournis; tel est le Cysticercus cellalosœ, qui cause aux cochons la maladie nommée la ladrerie; mais ici encore il est permis de penser que le mal eût pu être arrêté par un changement de régime.

Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux

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