Читать книгу Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux - Félix Dujardin - Страница 6
I. SUR LES VERS EN GÉNÉRAL.
ОглавлениеDe tout temps, les vers, animaux mous et sans membres articulés, ont été distingués des autres animaux à squelette interne ou externe; Linné en fit une de ses six classes, et il comprenait, sous ce nom, les vers intestins, les mollusques nus et les mollusques testacés, les lithophytes et les zoophytes, ce qui lui donnait cinq ordres de vers. O.-F. Müller constitua un ordre distinct avec les infusoires, qu’avant ses travaux micrographiques on connaissait à peine; mais il réunit en un seul ordre, sous le nom de cellulaires, les lithophytes et les zoophytes de Linné. En 1789, dans l’Encyclopédie méthodique, Bruguière distingua sous le nom d’échinodermes, les oursins et les astéries, dont Blumenbach avait déjà songé à faire un ordre particulier en les nommant Crustacea. Bruguière admettait donc six ordres de vers: 1° les infusoires, 2° les intestins, 3° les mollusques, 4° les échinodermes, 5° les testacés, 6° les zoophytes. Il définissait les vers; «des animaux sans os, sans stigmates, n’ayant pas de pieds, ou n’ayant que des pieds non articulés; et qui sont sans métamorphoses, et ovipares.» Il comprenait la plupart des annélides parmi ses vers intestins qu’il caractérisait ainsi: «ils ont le corps long, articulé ; étant coupés en deux, ils ont la faculté de réparer l’extrémité tronquée; ils sont ovipares, etc.;» ce qui est en grande partie erroné.
Cuvier, en 1795, sépara des vers intestins les vers à sang rouge, que Lamarck nomma plus tard les annélides. Lamarck lui-même regardait comme autant de classes distinctes les vers ou helminthes, les annélides, les mollusques, les acéphales, les tuniciers, les radiaires, les polypes et les infusoires.
Cuvier, de son côté, ayant partagé le règne animal en quatre embranchements, plaça les mollusques, les acéphales et les tuniciers dans son second embranchement; les annélides dans le troisième, celui des articulés; et les helminthes ou intestinaux avec les échinodermes, les acalèphes, les polypes et les infusoires dans le quatrième embranchement, celui des rayonnés. Ainsi il supprima tout à fait la classe des vers, et fit même disparaître cette dénomination, tout en conservant une classe distincte des intestinaux.
M. de Blainville alla plus loin encore en divisant les helminthes, dont une partie forme sa seizième classe, celle des apodes, tandis que le surplus, comprenant les cestoïdes et les cystiques, est placé dans un groupe transitionnel, entre la dix-neuvième classe, celle des acéphaliens, et la vingtième, celle des cirrhodermaires ou échinodermes.
Cependant les zoologistes sentaient de plus en plus le besoin de multiplier le nombre des classes, d’après le nombre des types véritablement distincts; ainsi Lamarck (1816) avait fait huit classes de la seule classe des vers de Linné ; Cuvier (1817) en faisait onze ou douze, en y comprenant les cirrhipèdes, qui sont aujourd’hui des crustacés; M. de Blainville (1822) en faisait quinze, réduites plus tard (1841) à onze ou douze, en y comprenant les malacopodes (Zoologie classique de M. Pouchet). M. Ehrenberg (1836) (Akalephen der Rothen-meers) distinguait vingt et une classes, dont deux (annulata et somatotoma) correspondent aux annélides; les sept suivantes comprennent les mollusques et les tuniciers; la dixième est celle des Bryozoa; les onzième et douzième comprennent les polypes; les treizième et quatorzième les échinodermes; la quinzième les acalèphes; les quatre suivantes, répondant aux intestinaux de Cuvier, sont les nématoïdes, les turbellariées, les trématodes et les complanata ou cestoïdes. Enfin ses deux dernières classes sont les rotateurs et les polygastriques ou infusoires.
Dugès (1838) avait seulement divisé en quinze classes tous ces animaux; partageant en deux chacune des classes des acéphales, des polypes, des acalèphes et des intestinaux de Cuvier; et, d’ailleurs, donnant à chaque classe un nom formé d’après un système de nomenclature qui ne peut guère être adopté.
Dans toutes ces classifications, depuis Lamarck, le nom de vers avait disparu, comme désignant une classe; mais M. Milne Edwards, qui déjà dans la première édition de ses Éléments de Zoologie (1837) avait séparé, comme autant de cesses distinctes, les tuniciers, les rotateurs et les spongiaires, vient, dans sa seconde édition (1843), d’établir, dans son grand embranchement des annelés, un sous-embranchement des vers, qui comprend trois classes: 1° les annélides, 2° les rotateurs et 3° les helminthes, auxquels il réunit les planariées, ou partie des Turbellaria de M. Ehrenberg. Les rapports naturels nous semblent mieux conservés dans cette classification que dans aucune autre; cependant nous pensons qu’il y a beaucoup plus d’analogie entre les planariées et les dernières annélides plus ou moins revêtues de cils vibratiles, qu’entre les planariées et les nématoïdes, qui les suivent dans la classification de M. Milne Edwards, ou même avec les trématodes, qu’on leur a souvent associés. Nous approuverions donc entièrement l’établissement de la classe des Tarbellaria de M. Ehrenberg, si le savant professeur de Berlin n’y eût fait entrer les Gordius, qui sont plutôt des nématoïdes anomaux, et les naïdines, qui sont de véritables annélides. Nous pensons aussi, comme M. Ehrenberg, qu’on doit regarder comme des classes ou sous-classes distinctes les nématoïdes, les trématodes et les cestoïdes ou complanata, comprenant les cystiques.
Nous croyons même qu’il faut y ajouter aussi, comme classes particulières, les acanthothèques et les acanthocéphales. Alors le sous-embranchement des vers placé à la suite du sous-embranchement des articulés, se composera de huit types ou classes; les annélides, les systolides ou rotateurs, les planariées ou turbellariées, les nématoïdes, les acanthothèques, les trématodes, les acanthocéphales et les cestoïdes, dont chacune, parfaitement indépendante et distincte, se rattache cependant à plusieurs autres par des rapports différents. Ainsi, les annélides, par leur système nerveux, et leur mode de segmentation, et leurs appendices, se rapprochent des myriapodes, tandis que leur appareil circulatoire les rapproche de certains mollusques, et que les branchies externes de quelques-unes ressemblent aux branchies des bryozoaires. Les systolides, au contraire, se rapprochent beaucoup des crustacés, des entomostracés, et d’un autre côté, ils se rapprochent par leur appareil digestif des nématoïdes qui, par ce même appareil, ainsi que par la structure des organes génitaux, ont de grands rapports avec les articulés. Les acanthothèques tiennent peut-être davantage encore aux crustacés suceurs.
Les planariées, comme nous l’avons dit, ont des rapports avec les annélides; de même aussi, elles en ont, avec certains mollusques, beaucoup plus peut-être qu’avec les trématodes. Ceux-ci enfin, ainsi que les acanthocéphales et les cestoïdes, présentent, dans les dégradations diverses de leur type, des affinités de plus en plus éloignées, soit entre eux, soit avec les autres classes.
Il nous paraît donc convenable de grouper ensemble, comme on l’a fait généralement jusqu’ici, sous le nom d’helminthes, les cinq types ou sous-classes des nématoïdes, des acanthothèques, des trématodes, des acanthocéphales et des cestoïdes.