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CHAPITRE II.

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Table des matières

DIVISIONS PRINCIPALES. — CONFIGURATION DU SOL, ETC.

La Corse peut être comparée à une feuille de chêne aux contours découpés d’un côté, unis du côté opposé ; feuille dont le cap Corse serait le pétiole et dont la nervure représenterait la chaîne centrale qui, dirigée du nord au sud, partage l’île en deux régions bien distinctes (orientale et occidentale) désignées vulgairement sous le nom de pays d’en deçà et pays d’au delà les monts.

Cette comparaison est frappante quand on jette les yeux sur une carte de la Corse renversée. Séparée à bon droit, en 1793, par la Convention nationale en deux départements et en six districts, la Corse ne forme plus aujourd’hui qu’un seul département et cinq arrondissements, savoir: Ajaccio, Bastia, Corte, Calvi et Sartene. Les arrondissements d’Ajaccio et de Sartene, qui embrassent presque tout l’occident et toute la partie méridionale de l’île, forment le delà des monts.

Quoique situé à l’ouest de la grande chaîne, l’arrondissement de Calvi est compris dans le pays d’en deçà des monts avec l’arrondissement de Corte, qui occupe le centre de l’île, et celui de Bastia, qui embrasse tout le nord-ouest et une partie de la côte orientale. Pendant son trajet du nord au midi, la grande chaîne centrale envoie, à droite et à gauche, une multitude de chaînons qui vont, les uns, par une succession de plateaux et de terrasses fort élevés, se perdre dans la mer qui baigne l’île au couchant; tandis que les autres s’inclinent vers la côte orientale, par des pentes plus graduées, ou vont rejoindre la chaîne secondaire qui, partant du cap Corse, vient se terminer à la vallée du Tavignano. Tout l’espace compris entre cette vallée et celle de la Solenzara et entre les pentes orientales de la grande chaîne centrale et la mer Tyrrhénienne, est occupé par la plaine d’Aleria. Comme aux plages romaines dont cette plaine forme le pendant, la mer baigne ici de longues maremmes insalubres que l’absence forcée de l’homme a livrées, depuis des siècles, à la fièvre et à une stérilité toute factice. La nature grasse et limoneuse du sol, venant se joindre au défaut de pente, convertit en marécages la plupart des cours d’eau qui traversent cette plaine, pendant que les montagnes, qui la dominent à l’ouest, neutralisent l’action des vents d’est et de sud-est, qui règnent dans ces parages et produisent des contre-courants qui laissent à peu près sur place les produits miasmatiques du sol, auxquels est due l’insalubrité notoire de cette contrée.

«Il n’y reste personne, et la plus affreuse solitude règne dans toute la plaine, en dépit de sa fécondité et du magnifique ciel bleu qui la couvre. Tous les soirs, au coucher du soleil, une vapeur épaisse et grisâtre s’élève du sein des marais couverts de joncs et de roseaux; elle plane lourdement sur l’horizon et recèle dans ses flancs le principe de ces fièvres intermittentes pernicieuses qui brisent les constitutions les plus robustes quand elles ne donnent pas la mort.

«L’ennemi, qu’on n’a point osé attaquer de front, a gagné du terrain, et la Corse s’est vu mettre au ban de l’Europe, par la négligence de tous les gouvernements à remplir envers elle le premier de tous les devoirs, celui d’assurer la sulubrité de son territoire .

La côte occidentale a aussi des marais situés la plupart aux environs de Saint-Florent, de l’Ile-Rousse, de Calvi, d’Ajaccio, et sur les plages malsaines de Propriano, de la Monacia et de Porto-Vecchio dans l’arrondissement de Sartene. Mais ces marais ne sont nullement comparables, comme étendue, à ceux de la plaine orientale. De plus, grâce à leur élévation et à leur disposition en pentes plus ou moins prononcées, les rivages de la côte occidentale, dentelés, coupés de rades et de golfes et balayés sans cessse par les vents d’ouest et du sud-ouest, jouissent en général d’un climat relativement très-salubre.

Le centre de l’île, qui comprend la plus grande partie de l’arrondissement de Corte, constitue une série de bassins très-resserrés, superposésles uns aux autres, et dont la pente et les ouvertures sont du côté du levant, suivant la direction des torrents qui vont se jeter dans la mer Tyrrhénienne (le Golo, le Tavignano, le Fiumorbo). Le plus vaste et le plus élevé de ces bassins est celui du Niolo, regardé à bon droit comme la citadelle de la Corse, et fermé, presque de tous côtés, par des montagnes inaccessibles, l’Artica, le Tafonato, la Pagliorba, le Capobianco, toute une armée de Titans dont le Monte Cinto est le suzerain .

La Corse et son recrutement : études historiques, statistiques et médicales

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