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AVANT-PROPOS
ОглавлениеL’eau joue un rôle biologique trop général et trop important, ses relations avec certaines maladies infectieuses et avec l’hygiène publique et privée sont aujourd’hui trop connues pour que, malgré les imperfections de la technique, un Précis d’analyse microbiologique des eaux ne puisse prendre place à l’heure actuelle dans la bibliothèque des laboratoires de recherches.
L’analyse biologique est, je le montrerai, le complément indispensable de toute analyse chimique d’une eau destinée à l’alimentation, soit qu’on désire simplement savoir si ce liquide est suffisamment pur et bien filtré, soit qu’on veuille, au cours d’une épidémie, se rendre compte du rôle étiologique qui doit lui être attribué.
C’est par milliers que se comptent aujourd’hui ces sortes d’analyses, et tout bactériologue peut inopinément être appelé à en pratiquer une.
C’est en vue de le diriger, de lui éviter les tâtonnements et de lui permettre de se rendre assez facilement compte des difficultés qu’il rencontrera, chemin faisant, que j’ai écrit ce Précis qui est avant tout et surtout un livre de laboratoire.
Je me suis efforcé de le rendre aussi simple et aussi clair que possible, faisant peu de part à la théorie et laissant de côté les idées générales pour m’en tenir à la description des méthodes, des procédés et des espèces qui constituent la flore microbienne aquatique.
Les travaux récents effectués en France, en Allemagne et dans d’autres pays sur les questions si intéressantes et si pratiques de la filtration, de la vitalité des microbes dans l’eau, etc., étaient certes bien tentants et j’ai pensé, un moment, à leur consacrer un ou deux chapitres. J’ai cru qu’il était préférable de ne le point faire afin de conserver à ce manuel son caractère essentiellement technique.
L’ouvrage donc que je présente à l’appréciation bienveillante de mes confrères est une sorte d’Agenda de l’analyste microbiologiste. J’y expose sans parti pris les principales méthodes d’analyse françaises et étrangères.
La science française a assez fait pour la Microbie; elle est suffisamment riche de noms qui comme ceux de Pasteur, Chauveau, Toussaint, Arloing, Duclaux, Straus, Chante-messe, Cornil, Raulin, Roux, Chamberland, Bouchard, Charrin, etc., sont attachés aux premières ou aux plus importantes découvertes de la science nouvelle pour que nous nous montrions généreux et accueillions ce que d’autres à l’étranger ont pu découvrir.
L’analyse microbiologique des eaux, qui doit beaucoup, en France, aux longues et consciencieuses études de M. Miquel, constitue dans le domaine de l’hygiène publique et privée un incontestable progrès; elle a singulièrement éclairé certains obscurs problèmes d’épidémiologie et l’on sait quel rôle elle a joué dans la grande lutte ouverte entre les partisans de la Grundwassertheorie et ceux de la Trinkwassertheorie.
Combien de lumineuses découvertes nous promettent pour un avenir prochain les acquisitions de ces dernières années! On sent, on pressent ces futures révélations et on les prépare chaque jour.
L’édifice est encore bien informe et sans grand caractère; tel quel, il mérite d’être décrit dans ses moindres détails.
Ce qui nous montre bien que depuis trois ou quatre ans déjà nous sommes arrivés à une étape où force nous est de séjourner, c’est que depuis cette époque les procédés d’analyse biologique des eaux n’ont guère été modifiés, au moins dans leurs grandes lignes. Mais, de toutes parts, on cherche sans relâche des moyens de déceler avec certitude la présence dans les eaux potables des microbes pathogènes qui sont, sans contredit, ceux qui nous intéressent le plus vivement, et j’aurai, à propos du Bacille d’Eberth surtout, à faire connaître quelques-unes de ces tentatives. Il reste cependant à faire plus qu’il n’a été fait et les chercheurs ont la carrière ouverte.
M. le professeur J. Teissier a montré l’année dernière dans son si lumineux rapport de mission, sur les causes de l’influenza en Russie, le rôle qu’avaient paru jouer les grands cours d’eau dans la dissémination de la maladie, et il a pu retrouver dans les eaux de la Moscowa un microorganisme, pathogène pour les animaux, qui se rapproche singulièrement au double point de vue morphologique et biologique, d’un bacille qu’il a isolé cette année du sang et de l’urine des grippés. Ces recherches auxquelles nous avons collaboré, M. Pittion et moi, ne sont pas encore terminées et c’est pour cela que je n’ai pas voulu décrire, dans ce volume, le microbe que nous avons mis en évidence et cultivé.
Je les signale néanmoins comme un exemple des investigations absolument nouvelles et originales grâce auxquelles l’analyse microbiologique des eaux peut éclairer certains points obscurs de l’étiologie des maladies infectieuses ou épidémiques.
Il s’en faut que tout ait été dit à ce sujet et l’avenir nous réserve probablement d’importantes surprises.
Apprendre au débutant ce qui est, lui suggérer les idées nécessaires pour explorer les régions encore inconnues de la microbiologie dans ses rapports avec l’eau, tel a été mon but.
Je serais heureux si mon œuvre n’est pas jugée trop imparfaite et si je peux rendre quelques services à mes confrères.
En livrant à l’impression ces pages qui résument sept années de travaux bactériologiques dans les laboratoires de la Faculté de médecine à l’Hôtel-Dieu de Lyon, qu’il me soit permis d’adresser mes bien sincères remerciements aux maîtres qui m’ont constamment encouragé de leur affectueuse sympathie et de leurs précieux conseils.
Que MM. les professeurs Lortet, Lépine, Bondet, Gailleton, Arloing, Renaut et J. Teissier veuillent bien accepter le respectueux et reconnaissant hommage que je leur adresse en leur dédiant ce livre.
GABRIEL ROUX.
Champeix, le 1er Octobre 1891.