Читать книгу La culture de la vigne dans les Charentes et la production du cognac - Henri Prioton - Страница 3
INTRODUCTION
ОглавлениеIl nous manquait une Encyclopédie viticole d’un caractère à la fois technique, scientifique et pratique, susceptible de s’adapter à tous les milieux agricoles, de les pénétrer tous, et de propager, pour leur plus grand profit, les méthodes, les procédés de culture de la vigne qu’au lendemain de la crise phylloxérique, — ou lui faisant cortège, — l’expérience a définitivement consacrés. Cette lacune va être comblée.
Une telle œuvre, embrassant l’ensemble des connaissances utiles à quiconque s’intéresse aux choses de la viticulture, exige des vues larges et claires, un sens très net des possibilités de l’heure présente: on conçoit qu’elle ait tenté un réalisateur comme est M. Baillière, toujours attentif à accroître le domaine des publications agricoles et à l’enrichir par de nouvelles acquisitions.
Voici, en effet, que, grâce à lui, paraît sous la direction d’un ingénieur agronome des plus distingués, M. Massignon, le premier volume de l’Encyclopédie viticole; les autres suivront de près. On ne peut qu’applaudir à l’esprit qui, après l’avoir inspirée, préside à son exécution.
Président du Syndicat des Viticulteurs de l’Anjou, praticien émérite, M. Massignon appartient à cette lignée de viticulteurs angevins, chez qui l’amour de la vigne et du vin est comme la plus noble et la plus précieuse des traditions ancestrales. C’est cet amour passionné de la vigne et du vin, cette attirance innée vers la viticulture, partagés à un égal degré par la population tout entière, qui rend si attachante, si prenante, la visite du vignoble de l’Anjou. J’en ai, pour ma part, gardé une impression ineffaçable, confirmée plus profondément encore par chacune de mes excursions dans ce pays. Quelle bonne fortune, il est vrai, fut la mienne que d’y avoir, dès le début en 1895, pour guide et pour magister, un homme dont la mémoire est demeurée vivante chez tous ceux qui l’ont approché et connu, «le père Bouchard».
Délicieusement épicurien, rabelaisien de «haulte graisse et de gaî sçavoir», conteur intarissable, d’une érudition très vaste et très sûre, le Dr Bouchard était le mieux fait pour faire sentir et comprendre les beautés de l’Anjou; il était le plus charmant compagnon de route qui se pût imaginer. Parcourir avec lui les coteaux du Layon ou les côtes de la Loire, en déguster les produits étaient un véritable régal en même temps qu’une admirable leçon de choses. Je l’avais à mes côtés, lors de ma première conférence à Saumur, où il dirigeait avec un soin jaloux les magnifiques collections ampélographiques de cette ville. Il fut l’apôtre de la vigne américaine et, avec Daignière, l’infatigable pionnier de la reconstitution.
Élevé à semblable école, nourri de tels exemples, de tels enseignements dont les résultats parlaient si haut, M. Massignon, en vérité, a de qui tenir. Enfant, lui aussi, de cette terre d’Anjou, si harmonieuse et si douce qu’il est impossible de la connaître sans l’aimer, il possède à un haut degré les qualités nécessaires pour mener à bonne fin la tâche qui lui a été confiée. Les collaborateurs dont il a su s’entourer sont de ceux dont le passé, la situation, les écrits ont déjà marqué aux yeux de tous la grande compétence et la valeur professionnelle, tels notamment, — pour ne citer que ceux-là entre beaucoup d’autres, — les Paul Marsais, les Raymond Brunet, les Hommel, les Lebrun, les Moreau et Vinet. De tels noms parlent d’eux-mêmes assez haut pour qu’il soit aisé de prévoir et de prédire ce que sera — dans sa pleine lumière — cette Encyclopédie viticole à laquelle M. Massignon aura attaché son nom. Nul doute que le succès ne réponde à son attente.
Nous allons, ainsi, voir défiler une fois encore, et sous une forme nouvelle, le tableau de nos diverses régions viticoles: Bourgogne, Bordelais, Champagne, Anjou, Touraine, Midi, etc., incomparables joyaux de notre couronne viticole, source de notre universelle renommée, — depuis le vignoble d’Alsace, abrité et comme blotti sous la ligne bleue des Vosges, jusqu’au vignoble de l’Algérie, épanoui comme par miracle sur cette terre d’Afrique où la France, héritière du génie de Rome, a ressuscité et fait revivre les bienfaits de la civilisation latine. Réjouissons-nous de cette perspective, et remercions ceux qui ont voulu nous en ménager le bénéfice: en forgeant cette Encyclopédie viticole, dont je suis heureux de saluer la naissance, MM. Massignon et Baillière se sont montrés des ouvriers diligents, de bons serviteurs de la viticulture française, puisqu’ils vont permettre à tous de la mieux connaître, et, en étendant son rayonnement, de propager les progrès de tous ordres que, depuis plus d’un demi-siècle, elle n’a cessé de réaliser.
PROSPER GERVAIS,
de l’Académie d’Agriculture.
Fig. 1. — Carte des crus de Cognac.