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La reconstitution.

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Table des matières

Après bien des tâtonnements, des essais de lutte par des produits insecticides, on entra dans la voie de l’utilisation des porte-greffes américains; mais les premiers cépages introduits mouraient dans les sols calcaires, là où l’importance du vignoble et la qualité des produits étaient les plus grandes. Dix années s’étaient écoulées depuis l’apparition de l’insecte que l’on ne disposait encore d’aucun porte-greffe à la fois résistant au phylloxéra et au calcaire. C’est en 1887 à la suite d’un vœu émis par le «Comité central d’études et de vigilance » de la Charente-Inférieure et dont M. A. Verneuil était l’auteur, vœu appuyé par les Conseils généraux des deux départements, que fut décidé par le ministère de l’Agriculture l’envoi en Amérique d’une mission dont fut chargé M. Pierre Viala «afin d’y rechercher les cépages pouvant végéter en terrain calcaire et marneux» .

Le résultat de cette mission a été la multiplication en Charente du Berlandieri dont les hybrides et notamment le Chasselas x Berlandieri 41 B. de Millardet et de Grasset ont servi à reconstituer une grande partie de la Champagne.

Ainsi, grâce aux efforts de savants éminents auxquels on ne saurait trop rendre hommage, de M. Viala, de M. Ravaz, alors directeur de la Station viticole de Cognac et qui eut pour successeur M. Guillon, inspecteur général de l’Agriculture, grâce à ceux de professeurs, d’hybrideurs... tels que MM. Couderc et Millardet qui établirent des champs d’expériences dans la région, et aussi à ceux des meilleurs viticulteurs charentais, on est arrivé à doter le pays de porte-greffes convenant aux diverses natures de sol, et la reconstitution commença assez activement: en 1900 la production s’élevait déjà à plus de 2 millions d’hectolitres.

Cette action a été encouragée et soutenue par certaines grandes maisons de commerce de Cognac dont c’était peut-être l’intérêt bien compris, mais qui ont apporté néanmoins une aide très efficace à la reconstitution.

Celle-ci, loin d’être aujourd’hui totale, comme nous l’avons dit, fut surtout importante dans la Grande Champagne de Cognac; mais en de nombreux points, et particulièrement dans les crus éloignés et dans la partie jurassique où les sols étaient souvent, d’ailleurs, les plus maigres, la culture de la vigne a été remplacée, dans une certaine mesure, par celle des céréales et des prairies artificielles, de la luzerne surtout. On a pu ainsi, grâce à ces prairies, entretenir un bétail assez nombreux, composé principalement de vaches laitières dont le lait est traité dans des laiteries-beurreries coopératives. De là pour l’agriculture est résulté, par le fumier produit, par l’enrichissement du sol en azote consécutif à la culture de la légumineuse, une amélioration des rendements des diverses récoltes; et avec l’emploi des engrais chimiques, on a pu arriver à obtenir des résultats satisfaisants dans des terres de valeur souvent médiocre.

Ainsi en diverses régions où la vigne dominait jadis, on fut amené à faire de la polyculture, mais il n’en reste pas moins vrai que souvent le vignoble, par les soins qu’il nécessite, l’importance du produit brut qu’il est susceptible de donner, absorbe la majeure partie de l’activité de l’agriculteur charentais.

En reconstituant leurs vignobles, les viticulteurs profitant des leçons du passé ont cherché plus qu’autrefois un double débouché pour les vins: la consommation de table et la distillation pour la production du Cognac: l’on a, dans ce but, modifié l’encépagement, restreint les plantations de «Folle Blanche », variété sensible à la pourriture grise et fournissant un vin trop souvent acide et l’on a, par contre, augmenté les surfaces consacrées au «Saint-Emilion» et au «Colombar» qui donnent un rendement plus élevé et un vin de meilleure qualité, surtout pour ce qui est du Colombar.

Fig. 2. — Un grand vignoble charentais.


Les viticulteurs charentais, ayant, si l’on peut dire, double corde à leur arc, semblent donc bien placés pour résister aux crises de mévente assez fréquentes dans l’histoire de la viticulture; si l’on songe surtout que le Cognac est un produit qui s’améliore en vieillissant, tout en augmentant de prix, facile à loger sous un faible volume et ne nécessitant qu’un minimum de surveillance pour sa conservation; c’est un capital qui ne «dort» pas, car il vient s’y ajouter régulièrement les intérêts, mais il faut évidemment pouvoir attendre et saisir le moment favorable pour la vente.

IMPORTANCE DE LA PRODUCTION VINICOLE DANS LES CHARENTES

Nous résumons dans les tableaux suivants des renseignements statistiques sur les récoltes vinicoles au cours des dix dernières années.

I. — DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE.

La surface du vignoble en production était avant 1914 approximativement de 24 000 hectares; on peut donc constater un accroissement de superficie en Charente de près de 4 000 hectares depuis cette époque.

Cette augmentation est d’ailleurs irrégulière: on remarque un maximum en 1924, année où les plantations faites vers 1919, lorsque les cours des vins s’étaient relevés, sont entrées en production; et depuis lors il y a eu sensiblement maintien des superficies, avec tendance actuelle à l’accroissement.

Toutefois, d’après la statistique agricole, on constate, surtout depuis 1924, que la surface des jeunes vignes non encore en production s’accroît, l’écart étant de 2 000 hectares environ entre les chiffres de 1924 et de 1927; cela devra se traduire par une augmentation des vignes en rapport; mais il faut aussi observer que de nombreux vignobles datant du début de la période de reconstitution doivent être arrachés et remplacés par des plantations nouvelles, opération qui est en cours d’exécution.

Les rendements, de 35 hectolitres à l’hectare en moyenne, ont oscillé au cours des dernières récoltes de 56hl,6 dans l’année exceptionnelle de 1922, où ils furent même supérieurs à ceux de 1875, à 20 hectolitres en 1926.


C’est donc presque dans la proportion de 1 à 3 que la moyenne de la récolte a varié dans la période considérée.

En 1910, année humide où le mildiou avait énormément sévi, le rendement n’avait pas dépassé pour l’ensemble du département 7 hectolitres à l’hectare.

II. — DÉPARTEMENT DE LA CHARENTE-INFÉRIEURE.

La surface du vignoble de la Charente-Inférieure s’est maintenue sensiblement constante et comparable à ce qu’elle était avant la guerre; avec une tendance à la diminution actuellement.

Les rendements, de 32hl, 4 en moyenne à l’hectare, ont été de 52 hectolitres en 1922 pour tomber à 19 hectolitres en 1926 pour l’ensemble du département; ils étaient en 1910 de 7 hectolitres à l’hectare et de 9 hectolitres en 1915; ils présentent assez peu de différences avec ceux de la Charente et ont varié dans les mêmes proportions. Le degré moyen est comparable.


En résumé, dans les Charentes, la moyenne des années de 1919 à 1928 indique une production annuelle de 2 550 700 hectolitres de vin, ce qui représente un rendement moyen de 33hl,4 à l’hectare.

Il est à observer que la Charente possède actuellement une surface en vignes égale à 37 p. 100 environ du vignoble des deux départements et qu’elle produit près de 39 p. 100 de la récolte totale.

La superficie actuelle de tout le vignoble charentais, étant de 76 500 hectares environ, représente 5 p. 100 de la surface totale du vignoble français évaluée à 1 524 750 hectares en 1926.

Les rendements charentais sont légèrement inférieurs au rendement moyen de la France.

La culture de la vigne dans les Charentes et la production du cognac

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