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LE VIGNOBLE DES CHARENTES AUTREFOIS ET AUJOURD’HUI

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Table des matières

Le vignoble charentais s’étend principalement sur les anciennes provinces de l’Angoumois, de la Saintonge et de l’Aunis qui ont formé les départements de la Charente et de la Charente-Inférieure. La réputation de cette région tient surtout, au point de vue viticole, à la production du Cognac, eau-de-vie de grande qualité obtenue par la distillation des vins blancs récoltés dans les divers crus délimités.

Sans vouloir ici faire un historique complet de la culture de la vigne en honneur dans le pays dès l’antiquité, nous rappellerons certains faits ou événements dignes d’intérêt.

Dès le début du XIIIe siècle, les vins des Charentes étaient renommés et grâce à leurs qualités, leur tenue et leur faculté de conservation, donnaient lieu à un commerce d’exportation.

Jean sans Terre, roi d’Angleterre, accordait en 1205 aux Rochelais «plusieurs grandes et amples franchises pour le commerce et traficq de leurs vins» ; ceux-ci étaient consommés jusque dans le Nord de l’Europe ainsi qu’en témoigne le poème d’Henri d’Andely où le vin de la Rochelle s’exprime en ces termes: «Je repais toute l’Angleterre, les Bretons, Flamands, Normands, Ecossais, Irlandais, Norvégiens et Danois et de tous ces pays je rapporte de beaux esterlins» .

Des vins des Charentes allaient même jusqu’à figurer sur la table des rois: une lettre de Philippe III, roi de France, rappelle en 1280 à Édouard d’Angleterre un paiement à effectuer à un bourgeois de la Rochelle pour trente-deux tonneaux de vin jadis fournis à Henri III, roi d’Angleterre .

En 1629, Olivier de Serres plaçait les vins d’Aunis parmi les meilleurs vins blancs.

A cette époque un trafic assez important se faisait avec les Hollandais dont les vaisseaux remontaient la Charente jusqu’à Cognac: les vins des Borderies ne suffisant plus aux demandes, on étendit les plantations sur la rive gauche de la Charente; il s’en suivit une augmentation de la production qui devint assez considérable et c’est alors que pour conserver le vin on eut l’idée de le distiller. Ne dit-on pas ainsi qu’à l’origine le beurre et le fromage furent inventés pour conserver le lait? L’eau-de-vie mélangée à l’eau constituait un breuvage dont les qualités étaient comparables à celles du vin.

De ce qui précède, nous pouvons retirer l’indication que le sol charentais est susceptible de produire de grands vins de table avec des cépages, un mode de culture et une vinification appropriés.

En 1712, l’ingénieur Masse écrit que le moindre paysan un peu aisé fait «brûler» son vin; et il ajoute: «le vin récolté est plus propre en général pour l’eau-de-vie que pour boire». Sans doute en quatre-vingts ans avait-on modifié l’encépagement ainsi que certaines pratiques viticoles.

Mais déjà en 1643 s’était fondée à Cognac la première maison de commerce, suivie de près par diverses autres, et l’exportation des eaux-de-vie remplaçait vers les principaux pays d’Europe l’exportation du vin; en même temps que le trafic avec les diverses provinces de France présentait une grande importance.

En 1640 fut appliqué le premier impôt: c’était «un droit de barrage de 10 sols par muid».

La concurrence aux eaux-de-vie de Cognac commença à s’exercer, notamment avec les rhums et les tafias, et une déclaration royale supprimait en 1713 l’introduction de ces derniers.

Diverses régions françaises, le Languedoc, notamment, avaient été amenées à entreprendre la distillation surtout par suite de droits intérieurs de circulation très élevés sur les vins. Enfin l’Espagne, la Catalogne produisaient aussi des eaux-de-vie dont certaines venaient parfois à Cognac se mélanger aux eaux-de-vie du pays. A la suite de ces fraudes, un mécontentement s’étant manifesté parmi les vignerons, plusieurs négociants publièrent une déclaration par laquelle ils s’engageaient sur l’honneur à ne vendre que des produits recoltés dans la région.

Le vignoble s’étant considérablement accru était menacé d’une crise de surproduction, aussi le 5 juin 1731 un arrêt du roi interdisait de faire aucune nouvelle plantation de vignes sans l’autorisation des intendants du royaume.

Plus tard, pour faciliter le commerce, le roi exempta en 1784 le vin et les eaux-de-vie de droits de sortie, sauf un faible droit de «5 sols par muid d’eau-de-vie de 36 veltes».

Après la crise consécutive à la Révolution, le commerce se ranima peu à peu, libéré de nombreuses entraves fiscales; il traversa ensuite, avec des fortunes un peu diverse mais générale ment assez favorables, les périodes suivantes, et plus tard, l’exportation devint considérable, notamment vers l’Angle-terre libre-échangiste, et le traité de commerce avec ce pays marqua bientôt l’apogée de la prospérité de la région viticole charentaise.

C’est alors que le phylloxéra apparut.

La culture de la vigne dans les Charentes et la production du cognac

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