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L’invasion phylloxérique.

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Il existait vers 1875 dans les deux Charentes, d’après les statistiques du ministère de l’Agriculture, 266 000 hectares de vignes en production, surface plus que triple de celle d’aujourd’hui. La récolte, toujours assez variable comme partout, pouvait être évaluée en moyenne à 8 ou 9 millions d’hectolitres, ce qui indique une production d’environ 32 hectolitres à l’hectare qui n’est guère inférieure au rendement moyen qu’on obtient de nos jours. Si l’on ne disposait pas d’instruments de culture perfectionnés, si les engrais chimiques étaient inconnus, si les cépages les plus productifs actuellement étaient peu utilisés, on ignorait la plupart des maladies cryptogamiques ainsi que de nombreux insectes ampélophages dont les ravages ont été parfois considérables au cours des dernières années.

En outre, des indications d’une statistique commerciale, on peut conclure que la quantité d’eau-de-vie produite était environ quadruple de celle d’aujourd’hui.

On voit ainsi que l’importance de la production actuelle des Charentes est faible par rapport à ce qu’elle fut avant la période d’invasion phylloxérique, mais on ne doit pas manquer de souligner le fait que, suivant certaines évaluations, plus de la moitié du Cognac obtenu au cours des vingt années précédant le désastre serait restée emmagasinée dans les chais des récoltants ou des commerçants, et si la disparition du vignoble ne s’était pas produite, il aurait fallu trouver rapidement des débouchés nouveaux, sinon on serait allé au devant d’une crise terrible de surproduction et de mévente.

Après la grande année de 1875, des taches phylloxériques apparurent lors de l’été suivant et le vignoble dans les terrains calcaires commença à disparaître en 1877; le chiffre de la production tomba de 8 ou 9 millions d’hectolitres à 463 000 hectolitres dans les deux départements, après avoir été de 14 millions en 1875.

Ce fut la ruine dans le pays: voici d’ailleurs le tableau que traçait M. A. Verneuil, rapporteur du jury du Concours de la Prime d’Honneur de la Charente en 1893: «Le département traverse une crise particulièrement longue et cruelle. La trop rapide disparition des vignes qu’aucune autre culture vraiment rémunératrice ne saurait remplacer, a laissé tous ses habitants, ceux de la campagne et par contre-coup ceux des villes, dans une situation souvent voisine de la gêne.

«Il leur a fallu vivre sur les économies du passé, et cela s’épuise vite. Dans certaines communes le nombre des habitants, des travailleurs a notablement diminué ; ils ont dû aller chercher plus loin le travail que la terre sans vignes ne pouvait plus leur donner en Charente. Cette émigration a surtout été sensible dans les communes autrefois les plus riches, celles où la vigne avait absorbé le sol et ses habitants au point qu’on n’y connaissait pas les autres cultures.

«Devant la mort du vignoble cependant il fallait agir. Les terres étaient invendables, il eût fallu les donner pour trouver preneur. Quelques propriétaires ne pouvant tirer aucun parti de domaines où ils n’habitaient même pas et incapables de les cultiver eux-mêmes ou de les faire cultiver avec fruit, les ont abandonnés à l’inculture, attendant des temps meilleurs...

«Ce qu’il fallait, c’était refaire les anciens vignobles, c’était là le seul moyen de sortir de cette période de misère.»

La culture de la vigne dans les Charentes et la production du cognac

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