Читать книгу Histoire de l'abbaye de Saint-Maixent et sur ses abbés - Hilaire Ravan - Страница 11
640-681.
ОглавлениеSur la liste des abbés de Saint-Maixent, ne trouvant, dans aucun document authentique que nous ayons pu consulter, de renseignements sur les religieux qui ont dû administrer le monastère de 515 à 640, nous dirons que saint Léger, né en 616, noble Frank, d’une maison très-illustre, fut envoyé fort jeune par ses parents à la cour de Clotaire II, roi de France. Ce prince le mit sous la conduite de l’évêque de Poitiers qui l’ordonna diacre à 20 ans, puis grand archidiacre de son église. Saint-Léger fut ensuite élu abbé de Saint-Maixent en 640, et 6 ans après il fut appelé par la reine Bathilde qui gouvernait alors l’Etat comme régente, pendant la minorité de Clotaire III, fils de Clovis II, pour l’aider de ses conseils dans l’administration des affaires publiques. Il s’acquit une si grande estime à la cour qu’il fut bientôt promu à l’évêché d’Autun et invité à donner des soins au gouvernement de l’Etat. Pendant qu’il s’attirait l’estime et l’admiration de ses diocésains, le roi Clotaire mourut. A l’occasion de cet événement si inattendu, les grands du royaume s’assemblèrent, afin de placer Childéric II sur le trône, bien qu’Ebroïn, maire du palais, employât tous les moyens en son pouvoir pour faire donner la couronne à Thierry, frère puîné de Childéric. Saint Léger se trouva à cette assemblée et obtint qu’Ebroïn fut seulement relégué dans l’abbaye de Luxeuil, au comté de Bourgogne. Childéric retint saint Léger à sa cour.
Ceux à qui la probité de ce prélat ne pouvait plaire, le calomnièrent injustement auprès du roi qui, ayant ajouté foi à ces fausses imputations, le condamna à être renfermé dans le monastère de Luxeuil où était Ebroïn. Le meurtre de ce prince, arrivé en 673, changea bientôt la face des affaires. Ebroïn se rétablit dans son poste sous le règne de Thierry, et saint Léger revint dans son diocèse. Ce fut alors que le maire du palais résolut de se venger de ce saint prélat, qu’il accusa d’avoir autrefois contribué à sa disgrâce; en conséquence, il envoya à Autun Didon et Weimar avec des troupes pour se saisir de sa personne. Le vénérable évêque, n’ayant fait aucune résistance, ils lui crevèrent les yeux et l’enfermèrent dans un monastère.
Deux ans après, Ebroïn le fait venir à la cour et l’accuse devant le roi d’avoir trempé dans le meurtre de Childéric II, qui venait de tomber sous le fer du seigneur Bodillon, accusation qu’il repoussa et dont il n’eut pas de peine à se justifier; mais l’implacable Ebroïn, auteur de tous les troubles qui agitèrent la France en 680, le fit décapiter; son corps, trouvé dans une forêt, au diocèse d’Arras, fut enterré dans le village de Sarfingue.
En 681, Ebroïn fut tué lui-même en Neustrie, par un seigneur nommé Hermanfroi, qu’il avait dépouillé de ses biens, fin très méritée par un homme dont le génie turbulent mettait tout en combustion autour de lui et semait partout la discorde.