Читать книгу Histoire de l'abbaye de Saint-Maixent et sur ses abbés - Hilaire Ravan - Страница 9
500-515.
ОглавлениеAu digne abbé Agapit succéda, en 500, Adjutor. Cet homme éminent était de la ville d’Agde. Ses parents que la noblesse distinguait, le mirent sous la discipline d’un religieux nommé Sévère, qui était venu de Syrie se fixer à Agde. Adjutor fit bientôt sous cet habile directeur de grands progrès dans la science des Saints et dans la pratique des vertus évangéliques. Ses talents lui attirèrent d’un côté les applaudissements et le respect des gens de bien, et de l’autre l’envie et la persécution des méchants. Pensant qu’il n’y avait que la retraite et l’éloignement qui fussent capables de le délivrer des uns et des autres, il prit la résolution d’abandonner sa patrie et dirigea ses pas vers le Poitou, attiré dans cette contrée par la réputation justement méritée dont jouissait la mémoire du grand saint Hilaire; il se mit ensuite sous la conduite d’Agapit, auquel l’éclat de son enseignement et de sa réputation de haute vertu, attiraient d’illustres disciples de toute la France et de plusieurs pays de l’Europe. Pour demeurer inconnu et empêcher ses parents et ses amis de venir le troubler dans ses exercices de piété, il changea alors son nom d’Adjutor en celui de Maixent
Ce nouveau religieux si humble, si mortifié, si plein de charité et si éclairé dans les choses de Dieu, fut bientôt élu par la communauté, aux suffrages de laquelle l’éclat de ses vertus, la fermeté de son caractère, tempéré par une douce charité, le désignaient d’avance.
Dieu, voulant faire connaître combien la conduite d’un serviteur si affectionné lui était agréable, le favorisa du don des miracles. Grégoire de Tours, le père de notre histoire, nous a transmis à ce sujet le fait suivant:
«Il y avait déjà quelques années que Maixent gouvernait son
«monastère, lorsque Clovis, roi de France, déclara la guerre à
«Alaric, roi des Visigoths, lequel régnait dans une grande partie
«de l’Espagne et de l’Aquitaine. En ce temps-là, les moines voyant
«un détachement de soldats du camp s’approcher de leur monas-
«tère, prièrent leur supérieur de sortir de sa cellule, afin de les
«préserver de cette invasion. Comme il tardait à se rendre à cette
«prière et leur frayeur augmentant, ils l’obligèrent de sortir.
«Alors l’abbé se porta à la rencontre des militaires, comme aurait
«fait un médiateur qui aurait voulu traiter de la paix. L’un d’eux
«s’approche du vénérable Maixent; mais peu sensible aux repré-
«sentations qui lui sont faites, il tire aussitôt sa dague afin de
«trancher la tête du saint confesseur, mais la main de l’assaillant,
«levée pour frapper, demeure sans mouvement; saisi d’étonne-
«ment et de respect, le soldat se jette à ses genoux pour invoquer
«son pardon. Le bienheureux Maixent, pénétré de son repentir,
«s’empresse aussitôt de frotter le bras malade avec de l’huile
«bénite, et ayant fait le signe de la croix, la guérison fut opérée.»
Cet événement miraculeux sera, sans doute, regardé par certains détracteurs comme peu croyable; quant à nous, nous le considérons comme ayant été inspiré par la toute-puissance divine, au moment où la vie du saint abbé était menacée.
Saint Maixent ayant heureusement fourni la carrière où Dieu l’avait fait entrer, mourut dans son monastère le XXVI des calendes de juillet 515, âgé de 77 ans. Il fut inhumé dans l’église de Saint-Saturnin. Ses obsèques furent célébrées avec les honneurs, la pompe, la magnificence et les cérémonies religieuses qu’exigeaient son nom et sa naissance; sa dépouille mortelle était précédée par la communauté entière des moines. Ce cortège, silencieux dans sa marche, lugubre dans son appareil, déposa ses restes mortels dans le tombeau qui lui était destiné. Quelque temps après, ces mêmes restes en ayant été extraits, furent déposés dans la basilique du monastère; puis, dans la crainte des Normands dont on redoutait l’invasion, on les transféra dans divers lieux.
Pendant le gouvernement de ce pieux confesseur dont la perte était d’autant plus profonde qu’elle était plus sentie, et d’autant plus sincère qu’elle était générale, il avait nommé neuf officiers claustraux auxquels il confiait la gestion des affaires de l’abbaye; ces officiers étaient l’aumônier, le chantre, le sacristain, l’infirmier, le cellérier, le chambrier, le prévôt et le pitancier. Il avait aussi jeté les bases de l’établissement dont l’organisation avait été confiée à son zèle éclairé.