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CHAPITRE III

Table des matières

Source de l’Orbe

Un rocher demi-circulaire, élevé au moins de deux cents pieds, composé de grandes assises horizontales, taillées à pic et entrecoupées par des lignes de sapins, qui croissent sur les corniches que forment leurs parties saillantes, ferme, du côté du couchant, la vallée de Valorbe. Des montagnes plus élevées encore et couvertes de forêts forment autour de ce rocher une enceinte qui ne s’ouvre que pour le cours de l’Orbe, dont la source est au pied de ce même rocher. Ses eaux, d’une limpidité parfaite, coulent d’abord avec une tranquillité majestueuse sur un lit tapissé d’une belle mousse verte, (fontinalis antipyretica); mais bientôt entraînées par une pente rapide, le fil du courant se brise en écume contre des rochers qui occupent le milieu de son lit; tandis que les bords moins agités, coulant toujours sur un fond vert, font ressortir la blancheur du milieu de la rivière; et ainsi elle se dérobe à la vue, en suivant le cours d’une vallée profonde, couverte de sapins, dont la noirceur est rendue plus frappante par la brillante verdure des hêtres qui croissent au milieu d’eux.

On comprend, en voyant cette source, comment les poètes ont pu déifier les fontaines, ou en faire le séjour de leurs divinités. La pureté de ses eaux, les beaux ombrages qui l’entourent, les rochers escarpés et les épaisses forêts qui en défendent l’approche; ce mélange de beautés tout à la fois douces et imposantes, cause un saisissement difficile à exprimer, et semble annoncer la secrète présence d’un être supérieur à l’humanité.

Ah! si Pétrarque avait vu cette source, et qu’il y eût trouvé sa Laure, combien ne l’aurait-il pas préférée à celle de Vaucluse, plus abondante peut-être et plus rapide mais dont les rochers stériles n’ont ni la grandeur, ni la riche parure qui embellit la nôtre?

L'Ascension du Mont-Blanc

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