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OBSERVATION IVe.

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22 ans. Contusion violente du front, perte de connaissance, état comateux, contorsions des muscles de la face, agitation générale; mort le 13e jour. — Inflammation superficielle du lobe antérieur du cerveau, avec injection, rougeur sablée, infiltration sanguine: suppuration des méninges.

Bidaux (François), âgé de vingt - deux ans, d’une forte constitution, reçut un violent coup de pied de cheval à la tête, et perdit subitement connaissance. Une saignée lui fut pratiquée, et on le transporta à l’Hôtel-Dieu, trente heures après l’accident. Il existait une plaie d’environ trois pouces sur le côté droit du coronal. Déjà une assez grande quantité de sang s’était écoulée et de très-petits rameaux artériels en fournissaient encore; perte absolue des facultés intellectuelles, état comateux, diminution de la sensibilité : cependant, si l’on pince fortement la peau des membres, le malade les remue avec violence et pousse des gémissemens; si l’on tiraille les lèvres de la plaie, il grince les dents et se retourne en divers sens, comme pour se soustraire à cette cause de douleur: parfois même il porte la main à l’endroit de la blessure pour empêcher qu’on y touche. On ne put obtenir de lui aucune parole, malgré les questions qu’on lui adressa, et les tourmens qu’on lui fit éprouver en le pinçant. Les paupières sont fermées, les pupilles mobiles; la respiration est libre, le pouls plutôt lent que fréquent, un peu irrégulier: le malade n’a rendu d’excrémens ni d’urine depuis l’accident. M. Dupuytren ayant porté le doigt dans la plaie, sentit une portion d’os enfoncée, et la mit en évidence en écartant les bords de la plaie. L’opération du trépan était indiquée, et M. Dupuytren la pratiqua sur-le-champ. La portion d’os enfoncée ayant été enlevée, on ne procéda au pansement qu’après avoir laissé couler environ deux palettes de sang. Pendant l’opération, chaque fois que l’instrument tranchant fut porté sur le cuir chevelu, le malade faisait de violens efforts de tous ses membres et de sa tête. Lorsqu’elle fut terminée, l’insensibilité parut un peu moindre. (Petit-lait émétisé.)

Dans la nuit, le malade fut agité ; on lui cria fortement à l’oreille qu’on l’attacherait s’il continuait à remuer si violemment ses membres: vous seriez bien malins! répondit-il. Le lendemain, 29 mai, face animée, couverte de sueur, moiteur de la peau; état comateux dont on ne peut faire sortir le malade qu’en lui pinçant l’oreille ou le nez. Il ouvrait alors les paupières, et répondait plus ou moins distinctement; il s’efforçait d’échapper à ceux qui l’importunaient ainsi. Pendant qu’on le tenait éveillé, il regardait naturellement les personnes qui l’environnaient. Le laissait-on tranquille, il retombait aussitôt dans l’assoupissement. Pendant les contorsions du visage, on remarqua que la commissure gauche des lèvres se dirigeait en dehors, comme si les muscles du côté droit de la face eussent été paralysés. Du reste, même état du pouls et de la respiration. ( Huile de ricin, iij. ) Le jour se passe dans l’assoupissement; le malade s’agite parfois, et change déposition; il urine, mais ne va pas à la selle. En questionnant le malade et en le pinçant, l’interne de garde, M. Mancel, le force à lui répondre. Pendant la nuit, il s’agite beaucoup, parle seul et semble délirer; une fois, il demande à boire. Le lendemain, 4e jour, on trouva ses draps couverts de matières fécales liquides; la bouche ne paraît pas se porter à gauche pendant les grimaces. (Une saignée du pied, petit-lait émétisé.) La saignée calme la force des battemens du pouls; le malade semble plus excitable, moins assoupi; les urines et les matières fécales s’écoulent librement. — La nuit suivante, agitation; il sort parfois de son assoupissement, appelle le veilleur et demande à boire. — Le 31 mai, 5e jour, on l’éveille plus facilement encore; il entend mieux, mais il ne répond pas toujours juste, à moins qu’on ne fixe fortement son attention. La face est colorée, sudorale, la respiration libre; le pouls, moins irrégulier, offre 7° pulsations par minute; la déglutition s’opère facilement. — Le 1er juin, 6e jour, le malade reste plus long-temps éveillé , présente la physionomie d’un homme en santé et répond aisément; la transpiration est toujours abondante; la langue est bonne. (Diète, petit-lait émét. ) — Le 7e jour, même état d’amélioration. (Lavement purgatif, suivi d’une abondante évacuation ). — Le 8e jour, on lève l’appareil: la suppuration est bien établie. ( On distingue les mouvemens du cerveau produits par les battemens artériels. ) Les idées et les réponses deviennent de plus en plus justes et faciles; point de fièvre, moiteur de la peau. — Le 9e jour, point de changement. — Le 10e jour, à 7 heures du matin, on trouve le malade dépansé : depuis plusieurs heures, la plaie était à l’air; la dure-mère était couverte d’une couche épaisse de pus concret, formant une sorte de couenne albumineuse à travers de laquelle on n’apercevait plus les mouvemens du cerveau; du reste, point d’accident. Mais dans la journée, le malade est pris d’un violent accès de fièvre sans frisson; la face se colore, les yeux deviennent brillans, la peau chaude, le pouls fort et fréquent: le soir, un peu de calme. Cependant le malade dit qu’il n’est pas à son aise. ( 3o sangsues sur les côtés du cou.) — Le 11e jour, on apprend que le malade a été agité pendant la nuit et qu’il a déliré ; il conserve encore beaucoup de fièvre (120 pulsations par minute), la peau est chaude et sèche, la langue chargée et jaunâtre; l’état comateux est plus prononcé ; le malade, moins excitable, répond moins juste aux questions; il ne se plaint toutefois d’aucune douleur; sa respiration est accélérée, sa physionomie altérée. On panse la plaie, qui fournit une assez grande quantité de pus légèrement roussâtre et sanguinolent. Le soir, fièvre toujours très-vive. M. Dupuytren, soupçonnant qu’il a pu se former de la suppuration entre les méninges et le crâne, panse de nouveau la plaie, qui donne la même quantité de pus que le matin. Le 12e jour, le malade est plus assoupi; il répond plus difficilement, et évacue abondamment dans la journée. Les symptômes ont pris une nouvelle intensité le soir, et la fréquence du pouls et de la respiration est augmentée; une légère teinte ictérique a commencé à se manifester sur les membres abdominaux et sur le ventre. Le malade, moins excitable encore que le matin, témoigne cependant la douleur qu’il éprouve quand on le pince, par des contorsions du visage et quelques mouvemens des membres. La face est couverte de sueur, légèrement grippée. La nuit est très-mauvaise. Le 13e jour, la teinte ictérique a augmenté ; elle a gagné le visage, et est très-sensible aux sclérotiques; la respiration est courte, précipitée, laborieuse; le pouls faible et très-fréquent; il est impossible de faire parler le malade; ses facultés intellectuelles paraissent totalement abolies: il semble néanmoins sensible à un fort pincement. La plaie, dont la suppuration est presque tarie, offre un aspect grisâtre. M. Dupuytren ayant incisé la dure-mère, il s’écoule une assez grande quantité de sang liquide et comme séreux. Cet écoulement est abandonné à lui-même, et on applique quarante sangsues au périnée. En moins d’une heure, la teinte ictérique fait des progrès que l’on peut en quelque sorte suivre de l’œil. On s’occupait à poser les sangsues, lorsque l’agonie est rapidement survenue, suivie bientôt de la mort. — Les derniers momens de la vie ont été remarquables par la persistance des contractions du cœur après la cessation de la respiration, par la couleur noire qu’a pris le sang qui sortait par l’ouverture du crâne, et enfin par la teinte ictérique qui a augmenté de plus en plus, même après la mort.

Autopsie cadavérique, vingt-quatre heures après la mort. — Sur le côté droit de l’os frontal, se remarque la perte de substance, suite de la fracture et de l’application du trépan. En incisant la dure-mère, dans le point correspondant à la fracture, on voit qu’une portion de la surface du cerveau est ramollie, contuse et d’une couleur noire violacée: là, la substance cérébrale est comme sablée de points rouges-noirâtres; petits épanchemens sanguins d’autant plus rares qu’on s’éloigne plus de la surface de l’organe, et qui disparaissent à la profondeur d’un pouce, où le cerveau paraît sans altération. A la surface et aux environs de la portion du cerveau altérée, existe une matière puriforme jaune, ainsi que sur la dure-mère et l’arachnoïde correspondantes. La pie-mère est généralement injectée; une quantité notable de sérosité s’écoule au moment de la section des méninges et du cerveau. La membrane muqueuse de l’estomac et du duodénum offre de nombreuses plaques rouges et un engorgement sanguin très-prononcé. Le foie est vert et très-friable; sa surface présente de petits abcès remplis d’un pus homogène et assez épais . — Les autres organes sont sans lésion apparente.

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