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LIVRE PREMIER.

Table des matières

OBSERVATIONS PARTICULIÈRES SUR L’ENCÉPHALITE.

Considérations préliminaires.

CE serait se former une idée bien étroite de l’inflammation, et se montrer absolument étranger aux heureux et immenses progrès de la science, que de penser que la maladie dont je viens de parler ne laisse d’autres traces de son existence qu’une rougeur plus ou moins prononcée, une tuméfaction plus ou moins marquée des organes qu’elle affecte, avec production d’une certaine quantité de pus. Éclairés aujourd’hui par les importantes recherches de l’illustre auteur de l’Histoire des Phlegmasies chroniques, et par les travaux antérieurs du modeste Pujol , nous devons considérer l’inflammation sous un point de vue plus étendu. Il ne suffit pas, comme, on l’a fait trop long-temps, d’étudier les caractères qui spécifient ce grand phénomène pathologique dans ses nuances les plus tranchées, dans son degré le plus élevé ; il faut le suivre d’un œil attentif dans toutes ses périodes, dans toutes ses terminaisons; il faut rechercher les modifications qu’il éprouve suivant la nature des tissus où il siège, suivant qu’il affecte une marche aiguë ou chronique; il faut, en un mot, en analyser sévèrement tous les effets. Or, en procédant de cette manière, nous voyons que les premières modifications anatomiques qui caractérisent l’inflammation sont, la rougeur, l’injection vasculaire et la tuméfaction, que, plus tard, une sécrétion anormale, connue sous le nom de suppuration, se manifeste; que la partie enflammée perd de sa cohésion et se désorganise plus ou moins profondément. La suppuration est suivie de phénomènes très-différens, selon que la matière purulente peut être rejetée ou non au dehors. Dans le premier cas, au bout d’un certain temps, l’irritation inflammatoire se calme, la formation du pus diminue, cesse entièrement, et, s’il existe une ulcération, ses bords se rapprochent, et une cicatrice s’organise à sa surface. Dans le second cas, au contraire, la matière purulente, abandonnée désormais à l’empire des affinités organiques ou de la chimie vivante, éprouve une série de changemens qu’il est de la plus haute importance de connaître. Prenons pour exemple une phlegmasie de la plèvre: le pus pleurétique se partage bientôt en deux parties, l’une liquide dont l’absorption s’empare; l’autre concrète, destinée à subir un grand nombre de métamorphoses. En effet, cette partie, que l’on désigne sous le nom de fausse membrane, ne représente d’abord qu’une masse amorphe, inorganisée; plus tard apparaissent, au sein de cette production morbide, des points rouges dont le nombre augmente saus cesse, et qui, en se réunissant, forment des stries rouges ramifiées, rudimens de vaisseaux; puis on y distingue des vaisseaux sanguins; un véritable tissu cellulaire ou séreux s’organise ensuite, et dans certains cas, on voit se développer une membrane dense, fibreuse, fibro-cartilagineuse, cartilagineuse, ou même osseuse. Dans les organes parenchymateux, le pus éprouve des changemens analogues, mais non absolument les mêmes: il s’infiltre d’abord dans la substance parenchymateuse, se réunit ensuite en foyer, et bientôt s’enveloppe d’une membrane accidentelle ou d’un kyste qui l’isole des parties environnantes; d’autres fois sa partie concrescible se combine pour ainsi dire avec la substance de l’organe, se durcit, s’épaissit et donne naissance aux diverses productions décrites en anatomie pathologique sous les noms de tubercules, de squirrhe, de cancer, etc. Dans des cas plus heureux, la matière purulente rentre en entier dans le torrent circulatoire; les parois de l’abcès se rapprochent, s’agglutinent à la manière des bords d’une plaie, et une véritable cicatrice s’opère. Ainsi donc les diverses productions accidentelles peuvent être considérées comme autant de traces que l’inflammation laisse après elle. Ces tissus anormaux, ou d’origine pathologique, ont été trop long-temps regardés comme des maladies sui generis, et tout-à-fait indépendantes d’une phlegmasie. A M. Broussais appartient la gloire d’avoir signalé, le premier, le rôle que joue l’inflammation dans leur production, et la découverte de cette vérité fondamentale est un de ses plus beaux titres à la reconnaissance de la médecine. N’oublions jamais, d’ailleurs, que la première condition de toute formation de tissus accidentels, la condition sine qua non, consiste dans la sécrétion d’une quantité plus ou moins considérable de pus, et que la nature et l’aspect de celui-ci varient suivant la structure des organes enflammés; que, partant, il ne faut point s’étonner si les résultats, les produits, les accidens, les terminaisons de l’inflammation ne sont pas absolument semblables dans tous les tissus. Ainsi, par exemple, le tissu cellulaire et les organes parenchymateux sécrètent du pus proprement dit; ainsi les membranes séreuses sécrètent une matière en partie coagulable, et prompte à se transformer en lames cellulaires ou séreuses; ainsi le périoste fournit une autre matière qui se concrète, se durcit et s’ossifie; ainsi le tissu artériel, essentiellement composé d’une membrane fibreuse, exhale un liquide purulent habile à se métamorphoser en plaques terreuses, athéromateuses, fibreuses, fibro-cartilagineuses ou calcaires et comme plâtreuses .

Les diverses productions accidentelles indiquent, comme nous venons de voir, qu’il a existé autrefois une inflammation dans le tissu qu’elles occupent; mais elles n’annoncent point toujours, elles ne constituent point une inflammationi actuelle. Filles de l’inflammation, si j’ose m’exprimer ainsi, elles peuvent persister après qu’elle a disparu elle-même, et survivre en quelque sorte à leur mère: jouant alors le rôle de corps étrangers, elles déterminent les mêmes accidens, les mêmes effets que ceux-ci pourraient produire, et après avoir du leur naissance à une inflammation, il n’est pas rare que, a leur tour, elles deviennent la source d’une nouvelle phlegmasie.

Les réflexions rapides que nous venons de présenter sur la variété des altérations anatomiques que l’inflammation entraîne à sa suite, et sur la part qu’elle prend à la formation des productions accidentelles, nous conduisent à diviser en plusieurs sections les observations relatives à l’encéphalite, maladie qui fait l’objet de cet ouvrage. Dans la première section, nous placerons les observations d’encéphalite dans lesquelles la rougeur, l’injection et la tuméfaction sont les seules lésions que l’on rencontre. Dans la seconde section, nous rangerons les observations d’encéphalite avec ramollissement et suppuration, soit que le pus ne soit encore que disséminé dans la substance cérébrale, ou qu’il se soit déjà ramassé en foyer. La troisième section renfermera les observations d’encéphalite terminée par des abcès enkystés. La quatrième et dernière section contiendra toutes les observations d’encéphalite suivie du développement de diverses productions accidentelles.

Traité clinique et physiologique de l'encéphalite ou Inflammation du cerveau et de ses suites ... par M. J. Bouillaud

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