Читать книгу Traité clinique et physiologique de l'encéphalite ou Inflammation du cerveau et de ses suites ... par M. J. Bouillaud - Jean Bouillaud - Страница 3
PRÉFACE.
Оглавление1. ÉCLAIRÉ par les lumières que les siècles passés lui ont communiquées, plus éclairé peut-être par ses propres lumières, le siècle qui commence semble destiné à consommer cette grande restauration scientifique dont l’illustre chancelle Bacon avait, depuis tant d’années, signalé l’impérieuse nécessité. N’espérez pas, disait ce grand homme, imprimer aux sciences un grand accroissement, en superposant et en greffant pour ainsi dire les connaissances nouvelles sur les anciennes: il faut reconstruire l’édifice scientifique jusque dans ses plus profonds fondemens: «Frustra magnum expectatur augmentum
» in scientiis ex superinductione
» et insitione novorum super vetera: sed
» instauratio facienda est ab imis
» fundamentis.»
2. Gloire et reconnaissance éternelles aux hommes distingués qui se sont en quelque sorte mis à la tête de ces grandes et heureuses révolutions scientifiques. Trop long-temps immobile au milieu du mouvement général de perfectionnement qui entraînait les autres sciences physiques la Médecine vient, pour ainsi dire, de se mettre en marche, et, grâce à la puissante impulsion que quelques hommes de génie lui ont communiquée, elle s’est élevée à la hauteur des autres, et menace même de les dépasser. Osons le dire, l’Histoire des Phlegmasies chroniques fut à la fois le signal et le premier mobile de l’importante révolution que M. Broussais vient de faire éprouver à la Médecine. Ne disputons point à ce célèbre observateur la gloire orageuse d’une si remarquable révolution, et ne cherchons pas à lui arracher un laurier qui lui coûte si cher.
3. Fière de ses rapides progrès, la Médecine peut les poursuivre avec éclat, en restant fidèle à la méthode expérimentale dont le flambeau, allumé par l’immortel Galilée, éclaire de son inépuisable lumière toutes les sciences physiques, et en adoptant, avec une sage critique, les vérités qu’a fait éclore l’alliance heureuse et féconde de la physiologie et de la pathologie. Mais malheur à la Médecine si elle repoussait jamais cette étroite union, et si elle répudiait cc principe, savoir, qu’il n’existe point de maladie sans lésion d’organe! Un anatomiste célèbre, dont la Médecine ne saurait trop déplorer la perte prématurée, M. Béclard, l’a dit avec raison:
«Il n’y a pas plus de phénomènes morbides
» ou de symptômes sans organes altérés, que
» de fonctions sans organes réguliers, que
» de phénomènes sans corps, que de
» mouvement sans matière.» (Élémens d’Anatomie
» général, page 121.)
4. Quoi qu’il en soit, toutes les parties de la science de l’homme n’ont pas été éclairées d’une lumière égale, et il semble que chacune d’elles se perfectionne à son tour. Parmi celles qui sont restées dans une obscurité plus ou moins profonde, il faut placer, je crois, en première ligne, l’histoire de l’anatomie, et surtout de la physiologie et de la pathologie du cerveau et de ses dépendances. Dans tous les temps néanmoins, les anatomistes, les physiologistes, les médecins, et même les philosophes, se sont occupés sérieusement de l’étude du système nerveux, de ce système qui semble gouverner tous les autres, et qui constitue en quelque sorte l’âme physiologique de l’économie vivante. De nos jours, cette étude est devenue l’occupation favorite des observateurs; on s’y livre avec une sorte de fureur; de toutes parts on s’empresse de déchirer quelques-uns des innombrables replis du voile que la nature a jeté autour de ce noble appareil.
5. Les travaux importans de MM. Gall et Spurzheim, l’ouvrage récent de M, Tiédemann , les Recherches de M. le docteur Georget sur la Physiologie et la Pathologie du système nerveux, les Lettres du professeur Lallemand sur l’Encéphale et ses dépendances, le livre de M. Rostan sur le Ramollissement du Cerveau, les belles expériences des physiologistes modernes, et particulièrement celles de M. Magendie, le plus illustre d’entre eux; les travaux de MM. Serres, Foville, Pinel-Grandchamp, etc., ont enrichi d’un grand nombre de précieuses découvertes l’anatomie, la physiologie et la pathologie du système nerveux. Néanmoins, il reste beaucoup à faire encore sur un sujet à la fois si vaste et si difficile.
6. La pathologie du cerveau, en particulier, réclame impérieusement de nouvelles recherches. Elle n’a point encore été suffisamment soumise au creuset de la doctrine physiologique, et aucun auteur, à l’exception de M. Lallemand, n’a su rattacher à la théorie de l’irritation, les diverses altérations dont le cerveau est susceptible. Que dis-je? malgré tous les efforts de cet ingénieux observateur pour prouver que le ramollissement du cerveau est une véritable phlegmasie, plusieurs médecins ne professent-ils pas une opinion contraire? Un auteur dont je respecte d’ailleurs l’autorité, n’a-t-il pas dit «qu’on
» a fait récemment, dans l’intérêt d’une nouvelle
» doctrine, bien plus que dans celui
» de la vérité, de longs travaux et de longs
» raisonnemens pour prouver que la nature
» du ramollissement était toujours
» inflammatoire?»
7. J’espère que cet ouvrage contribuera à éclairer la question dont il s’agit, et qu’il démontrera même que les longs travaux et les longs raisonnemens dont parle l’auteur précédent ont été faits dans l’intérêt de la vérité, bien plus que dans celui d’une nouvelle doctrine.
8. Personne plus que moi ne rend justice aux importantes recherches du professeur de Montpellier, recherches qui ont réellement changé la face de la pathologie cérébrale, et que ne désavouerait pas lui-même le célèbre et judicieux auteur du traité de Sedibus et Causis Morborum. Hommage soit rendu à cet heureux émule de Morgagni!
9. Toutefois, l’ouvrage de M. Lallemand, il faut bien l’avouer, ne saurait être regardé comme le dépôt de toutes les connaissances actuelles sur la matière dont il traite, et il n’est pas exempt de quelques erreurs, de quelques défauts, inhérens, pour la plupart, à la forme même que l’auteur a choisie pour publier ses travaux.
10. On peut reprocher à M. Lallemand d’avoir pris l’anatomie pathologique pour le fondement de la classification et de la nomenclature de son ouvrage. Ce n’est, en effet, ni dans les symptômes ni dans les altérations anatomiques, mais bien dans la nature intime, dans la physiologie des maladies, qu’il faut chercher les bases d’une classification et d’une nomenclature rationnelles. Il est vrai que ce système de nomenclature est impraticable dans les cas, encore trop nombreux, où la nature des maladies nous est inconnue. Mais ce qui est toujours possible, c’est de choisir une expression qui ne donne pas une idée incomplète ou fausse de la maladie, comme on le fait en désignant sous le nom de ramollissement l’inflammation du cerveau Cette dénomination n’indique en effet qu’une des circonstances anatomiques de la maladie: or, comme les caractères anatomiques d’une maladie varient suivant ses périodes et ses terminaisons, il s’ensuit que, pour la désigner d’après ces caractères, il faut lui affecter autant de noms différons qu’il y a de différences dans les altérations anatomiques, système de nomenclature infiniment vicieux. Nous verrons bientôt que l’inflammation du cerveau, considérée dans toutes ses périodes, dans toutes ses terminaisons, produit tantôt une simple injection avec rougeur, tuméfaction et légère induration de la substance cérébrale, tantôt un ramollissement plus ou moins prononcé de cette même substance, tantôt un abcès soit simple, soit enkysté, tantôt une induration albumineuse, caséeuse, stéatomateuse, squirrheuse, etc., du cerveau. Or, je ne vois pas de motif pour désigner la maladie sous le nom de ramollissement plutôt que sous ceux d’endurcissement, de congestion, d’abcès, etc. Aucune de ces expressions ne saurait être adoptée: autant vaudrait se servir de celles de convulsions, de paralysie, d’apoplexie, etc., ainsi que faisaient les anciens; car les altérations anatomiques ne sont pas plus fixes que les symptômes, c’est-à-dire les altérations fonctionnelles ou physiologiques. Quel est le seul caractère qui ne change pas au milieu des métamorphoses continuelles que subissent et les symptômes et les altérations anatomiques? C’est évidemment la nature phlegmasique de la maladie. C’est sur ce point fixe que doit reposer, comme sur sa base la plus solide, la dénomination de la maladie. Et puisque l’on appelle l’inflammation de l’estomac une gastrite, celle des intestins une entérite, etc., je ne vois pas pourquoi désormais tout le monde n’adopterait pas le nom d’encéphalite ou de cérébrite proposé par plusieurs médecins, et consacré par le Nouveau Dictionnaire de Médecine. On peut rattacher à cette dénomination toutes les formes diverses que revêt la maladie, soit sous le rapport anatomique, soit sous le rapport physiologique. Mais quelle étrange méthode que de désigner sous le nom de ramollissement du cerveau une maladie qui, dans sa première période, ne ramollit point la substance cérébrale, et qui, dans certaines terminaisons, entraîne un endurcissement notable de cette même substance!
Puisse bientôt arriver l’heureuse époque où la Médecine sera, comme la chimie, assujettie à une langue fixe et uniforme! Condillac a dit quelque part que les sciences se réduisaient à une langue bien faite. On pourrait dire, avec autant de justesse, que les sciences ne peuvent avoir une langue bien faite qu’au moment où les principaux faits dont elles se composent sont bien connus. La Médecine touche à cette grande époque: voici le temps de réformer sa langue. Mais une entreprise si importante exige la réunion d’hommes doués d’une haute instruction, d’un jugement sévère, d’un esprit élevé , philosophique, et dégagé de toute prévention.
11. M. Lallemand a commis également une erreur en attribuant les mêmes symptômes à l’inflammation des diverses régions du cerveau. Nous verrons en effet que ces symptômes varient suivant le siège de l’affection cérébrale; que la paralysie musculaire, par exemple, varie de siége selon que l’altération du cerveau occupe les lobules antérieurs, moyens ou postérieurs de cet organe, et nous parviendrons par ce moyen à déterminer quelques-unes des fonctions dévolues aux diverses parties dont l’encéphale est composé. Sous ce dernier point de vue, l’un des résultats les plus intéressans auxquels l’observation clinique m’a conduit, c’est que la partie antérieure du cerveau est véritablement l’organe du langage articulé, ainsi que M. le docteur Gall l’avait annoncé.
12. Enfin, l’ouvrage de M. Lallemand, quelque excellent qu’il soit, aurait beaucoup gagnée à mon avis, s’il eût été publié en une seule fois, et s’il eût été rédigé dans la forme accoutumée des livres élémentaires: car, si la forme épistolaire prête beaucoup aux développemens et aux discussions, on ne saurait disconvenir qu’elle entraîne des longueurs et des répétitions presque inévitables, et qu’elle éloigne trop les unes des autres les diverses parties d’un même sujet, défaut grave dans une monographie, où toutes les parties doivent se tenir de près, se presser en quelque sorte les unes contre les autres, afin que l’esprit puisse saisir facilement les rapports qui les enchaînent, le nœud qui les rassemble, et que la mémoire puisse en conserver sans efforts le fidèle souvenir.
13. L’ouvrage que je publie aujourd’hui est divisé en deux livres.
Dans le premier, j’ai rapporté des histoires particulières d’encéphalite, sous toutes les formes qu’elle peut revêtir.
Le second livre est consacre à l’histoire générale de la maladie.
Cette méthode est la seule que l’on puisse suivre sans crainte de s’égarer: le simple bon sens en indique les avantages.
14. Il ne suffit pas d’avoir recueilli un grand nombre d’observations pour composer un ouvrage de médecine: il faut encore avoir rapproché ces observations, et en avoir analysé tous les élémens. On répète aujourd’ hui de toutes parts, et comme par écho, que les faits seuls constituent la science. Cette assertion banale exige cependant quelques explications. Suffit-il, en effet, d’avoir entassé des masses de faits pour avoir composé une science? non sans doute: de même que l’on n’a pas construit un édifice pour avoir rassemblé les matériaux qui doivent servir à sa construction. Les faits particuliers sont les matériaux qui doivent composer l’édifice de la Médecine; mais ce sont des élémens épars, bruts, si l’on peut ainsi dire, qui doivent être réunis et rassemblés suivant certaines lois.
L’art de réunir méthodiquement les faits est bien autrement difficile que l’art de les recueillir. Celui-ci est l’ouvrage des sens; celui-là est l’ouvrage de l’esprit, du jugement, du génie.
Ainsi donc, les faits recueillis par l’observation doivent être travailles, pour ainsi dire, par l’esprit avant de constituer une véritable science. Il faut que le génie s’en empare, qu’il en pénètre les rapports, qu’il les rapproche, qu’il les analyse, qu’il les coordonne et les classe d’après leurs analogies et leurs affinités; il faut enfin qu’il en découvre les caractères communs et généraux. C’est par cette généralisation et par cette analyse que s’établissent toutes les théories.
15. Une théorie quelconque ne peut être bonne qu’autant qu’elle est l’expression même des faits particuliers: elle ne doit être autre chose, en effet, puisqu’elle consiste à décomposer les faits compliqués, à les analyser, à les réduire en principes: Une théorie exacte est la parfaite image des phénomènes sur lesquels elle roule; elle doit représenter fidèlement tous les faits en général, et chacun d’eux en particulier. Toute théorie qui se trouve en contradiction avec un fait bien observé est fausse. De même, tout fait qui est en contradiction avec une théorie rigoureusement démontrée a été mal observé : on n’est pas assez pénétré aujourd’hui de cette dernière vérité.
16. D’après ce que nous venons de dire, il est évident que les phénomènes composés ou compliqués sont seuls susceptibles de théorie ou d’explication; les faits simples constituent des faits principes; ils n’ont donc pas besoin d’être expliqués, ou, ce qui est la même chose, d’être réduits en principes. Il est également évident que les faits sont d’autant plus difficiles à expliquer qu’ils sont plus complexes, plus composés: voilà pourquoi, de toutes les explications, les plus difficiles sont les explications physiologiques et médicales.
17. Que penser maintenant de ces personnes qui repoussent, avec un superbe dédain, toutes les explications, toutes les théories, et qui s’efforcent de les flétrir du nom de systèmes, d’innovations? Que peuvent ces vains efforts contre le sublime instinct qui nous entraîne malgré nous, et presqu’à notre insu, à pénétrer le mécanisme des phénomènes de la nature? Que signifie ce combat insensé contre le génie inné des explications? Pourquoi vouloir nous interdire l’usage de la plus noble de nos facultés, et nous ravir en quelque sorte l’exercice de la plus précieuse de nos prérogatives?
18. Sans doute nous sommes encore bien loin de l’époque où l’on pourra expliquer tous les phénomènes de la nature vivante, soit dans l’état sain, soit dans l’état malade; mais il n’en est pas moins vrai que plusieurs de ces phénomènes ont été interprétés déjà de la manière la plus heureuse et la plus fidèle. Les autres le seront par la suite: il est doux de l’espérer, et ce sentiment fait honneur à l’esprit humain.
19. Ces réflexions me conduisent à dire quelques mots sur l’esprit qui m’a dirigé dans la composition de cet ouvrage. J’ai franchement adopté l’opinion de M. Broussais, qui regarde l’inflammation comme cause première de toutes les productions accidentelles. Je me suis appliqué à prouver que les tubercules, les productions stéatomateuses, squirrheuses, fibro-cartilagineuses, etc., qui se développent dans le cerveau, peuvent, ainsi que le pus, être rapportés, en première origine, à l’inflammation de cet organe. Que ceux qui ne partagent pas notre manière de voir à cet égard réfutent, par des faits mieux observés, les faits qui lui servent de base, et nous y renoncerons avec le même empressement que nous l’avons adoptée: car l’amour de la vérité est le seul qui nous anime.
20. Au reste, nous pensons que les productions accidentelles, suites de l’inflammation, consistent souvent autant dans l’altération des liquides que dans celle des solides de la partie où elles se développent. Je dis plus: de même qu’il est impossible de concevoir la vie et l’organisation sans le concours de parties solides et liquides, ainsi toute maladie suppose une altération simultanée des solides et des liquides: car qu’est-ce qu’une maladie, sinon une altération générale ou locale de la vie et de l’organisation?
21. Quelques médecins affectent de reprocher à M. Lallemand d’avoir rendu trop clair le diagnostic des maladies cérébrales. J’avoue que je n’ai rien négligé pour me rendre digne de cet étrange et honorable reproche. Aurai-je été assez heureux pour le mériter réellement?
22. Que si la Médecine chercherait en vain à pénétrer le mécanisme de la plupart des maladies, du moins elle a droit de prétendre à la connaissance de leur siège. Le moment est venu où elle peut se proposer le problême suivant: des symptômes étant donnés, déterminer le siége de la maladie, et réciproquement. C’est ici surtout que l’on reconnaît l’utilité de l’application de la physiologie à la pathologie. Car il est évident que, connaissant les fonctions d’un organe, la lésion de ces fonctions indiquera nécessairement l’altération de l’organe qui les exécute.
23. Mais si, d’un côté, la physiologie est le véritable flambeau de la pathologie, il est également certain que la pathologie est pour la physiologie une source intarissable de lumières. Elle nous conduit à la connaissance des fonctions des organes de la manière la plus directe; et remarquez que c’est précisément le moyen dont se servent les physiologistes pour découvrir les fonctions encore inconnues d’un organe donné. Les expériences sur les animaux, les vivisections enfin, ne sont-elles pas, pour ainsi dire, des maladies artificielles? La physiologie expérimentale n’est-elle pas une sorte de pathologie artificielle? Vous concevez maintenant comment l’étude des maladies peut servir à dévoiler les plus profonds mystères de la physiologie. En effet, les maladies peuvent être considérées comme des expériences, des sortes de vivisections faites sur l’homme par la nature elle-même: or, nous venons de voir que c’est par des vivisections que les physiologistes cherchaient à pénétrer le mécanisme obscur et compliqué des fonctions de la vie.
Il suit même de ce rapprochement que les maladies sont propres à répandre sur la physiologie de l’homme plus de lumière que les expériences faites sur les animaux, car les résultats fournis par ces dernières ne sont pas toujours applicables à l’homme. C’est pourquoi le judicieux auteur des Recherches anatomico-pathologiques sur l’Encéphale a eu raison de dire, dans son excellente dissertation inaugurale, que les affections cérébrales répandront sur les fonctions du cerveau une clarté non moins vive que toutes les vivisections qui ont été faites, ou qui le seront par la suite, sur le même sujet.
24. A la vérité, l’observation des maladies cérébrales est hérissée d’innombrables difficultés. Si le cerveau n’était qu’un seul organe, ou bien si chacun des organes secondaires dont il est composé était affecté isolément, rien ne serait plus aisé que de déterminer les rapports entre les symptômes et les lésions organiques: on aurait, pour ainsi dire, un problême à une seule inconnue, et partant, d’une solution aussi simple que possible. Mais puisque le cerveau est composé de plusieurs organes , dont chacun joue un rôle particulier; puisque plusieurs de ces organes peuvent être affectés à la fois et différemment, et que les phénomènes varient suivant le siège, l’étendue, la nature, les complications de la maladie cérébrale, vous voyez que l’opération devient singulièrement compliquée, et que la difficulté de la solution du problême augmente avec le nombre des inconnues.
25. Toutefois un zèle infatigable, une attention soutenue pourront nous, faire vaincre tous ces obstacles: labor omnia vincit improbus. N’oublions pas d’ailleurs que, filles du temps et de l’observation, les sciences marchent à pas lents et mesurés, qu’il n’est pas donné à un seul homme de tout découvrir, surtout en médecine, et que la seule gloire que nous puissions raisonnablement ambitionner, c’est d’ajouter quelques vérités nouvelles à celles que nous ont léguées nos devanciers, bien convaincus que nos neveux, héritiers de nos propres découvertes, en augmenteront à leur tour le précieux dépôt,