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AVANT PROPOS

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Lorsqu’au lendemain de la catastrophe dans laquelle périt Jean Coste, de jeunes amis vinrent me demander l’autorisation d’éditer ses notes d’alpinisme qu’ils n’ignoraient pas, j’étais loin de supposer qu’elles rencontreraient la faveur dont elles jouissent.

Jean Coste était un modeste, s’il avait formé le projet de publier, quelque jour, un ouvrage d’ensemble sur l’Ubaye, il n’avait pas rédigé Mes quatre premières années de Montagne dans ce but. Il l’avait fait simplement pour son plaisir, pour sa satisfaction personnelle.

Alors, n’était-ce pas présomption que d’accéder à cette demande?

Je n’ai cependant pas cru pouvoir la rejeter.

En m’honorant d’une préface, Monsieur Paul Helbronner m’en a donné son approbation. Elle me dispense de toute autre pour qu’il me soit permis de me féliciter d’avoir suivi, sans débat, une inspiration que dictait l’amitié.

Mais, voici qu’en dépit de la simplicité ou plutôt à cause de la simplicité avec laquelle Jean Coste raconte ses premières campagnes, beaucoup de ceux qui l’on lu me réclament la suite de son journal.

«Pourquoi vous être arrêté en chemin, m’écrit-on? S’il a pris soin, durant ses premières années de montagne, de consigner soigneusement tous les détails de ses ascensions, d’enregistrer fidèlement toutes les impressions qu’elles lui ont procurées, est-il possible qu’il ait brusquement cessé de le faire? Cherchez bien, vous trouverez certainement les relations de ses dernières courses dont l’intérêt, pour lui, devait grandir à mesure que grandissaient sa technique et sa forme. Et, les ayant trouvées, vous nous les ferez connaître. Vous rendrez ainsi à cette âme dont l’unique passion fut, suivant l’expression de Paul Helbronner, la poursuite des difficiles victoires, le seul hommage capable de la toucher.

Jean Coste ne désirait rien plus que de recruter des adeptes à la Montagne. Il s’était fait l’apôtre de la Montagne. Par lui nous fûmes convertis à Elle. Publiez ses notes, vous prolongerez dans le temps son apostolat qui fut celui de la force souveraine, de la volonté conquérante, de la beauté sublime.»

Devant cette insistance j’ai compris.

J’ai compris que, malgré tout, on ne meurt pas en vain pour son idéal; j’ai compris que la mort de Jean Coste avait un sens, qu’il s’en dégageait une idée et j’ai répondu oui.

Avec ceux qui furent ses confidents je me suis aussitôt mis à la tâche. Nous avons trouvé, complètement rédigées et déjà mises au net, sa campagne 1924 ainsi qu’une partie de celle de 1925. Au moyen de ses carnets de route, de ses notes, de ses publications, de sa correspondance, nous avons pu facilement reconstituer la fin de sa campagne 1925 et sa campagne 1926. Nous avons réuni dans un quatrième chapitre: La Meije, tout ce qu’il nous a laissé sur la tragique montagne. Et, de l’ensemble, nous avons composé la seconde partie de la vie alpine de ce grimpeur, un des plus audacieux, des plus ardents, des plus passionnés de notre époque.

«C’est quand l’homme et la Montagne se rencontrent que de grandes choses se passent» Les récits de Jean Coste justifient pleinement cette réflexion de Scheckleton; au surplus, il s’en dégage un tel amour de la Montagne, une telle foi qu’on ne saurait douter que l’alpinisme fût devenu à ses yeux une Religion dont il accomplissait les rites, parfois terribles, avec une conviction devant laquelle il n’est possible que de s’incliner.

Aussi bien ces pages sont-elles un hymne à la beauté rayonnante des cimes, l’âme qu’elles révélent n’étant autre que celle de la Montagne puisqu’on retrouve dans l’austérité, la noblesse, la force, le calme impassible de celle-là toutes les qualités qui synthétisent celle-ci.

Cet hymne méritait d’être publié.

Il le méritait pour glorifier la mémoire, pour exalter le sacrifice du jeune homme qui pensait: «On ne doit considérer la montagne difficile ni comme un danger à courir, ni comme une difficulté à vaincre, mais comme une beauté nouvelle à posséder.»

Il était bien celui-là un de «ces êtres mystiques et fervents» dont parlait, dans son Courrier de Paris du 14 Août 1926, le semainier de l’Illustration. Il en était, en vérité, et cela suffit pour qu’on ne laisse pas tomber dans l’oubli un journal de campagne tout au long merveilleuse leçon de volonté, d’énergie, de courage.

Ce nous était d’ailleurs un devoir: «Dans notre civilisation réaliste, le grimpeur est peut-être le dernier de nos mystiques. Il faut honorer les prêtres de cette religion mystérieuse.... qui nous donnent chaque année..... le spectacle de la plus haute manifestation humaine de l’élan vital.»

Dr J. COSTE.

Dernières campagnes. Notes et impressions d'alpinisme

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