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VI

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LE JOCKEY

Il y a contraste habituel entre l’aspect de l’entraîneur et l’aspect du jockey. Imaginez Diggle en conversation avec Vatard, ou George Cunnington donnant des ordres à Béguiristain. Avantage incomparable d’être petit! Il vous ouvre la plus jolie des carrières, qui est celle de jockey.

Quelle plus belle existence? Vous n’êtes encore qu’un minuscule bonhomme, dont l’âge n’atteint pas quinze printemps, ni le poids 48 kilos, et déjà l’on vous confie les coursiers du plus grand luxe, et l’on estime vos services un prix beaucoup plus élevé que ceux d’un conseiller d’État. Toutes les puissances mondaines, l’armoriai, la finance, le commerce, l’industrie, vous traitent avec déférence ou avec une flatteuse camaraderie. Toutes les faveurs féminines vous sont acquises. Vos noms sont, chaque jour, dans les journaux, parfois même sur toutes les lèvres, car vous êtes le souci constant, la conversation préférée de la jeunesse et de l’âge mûr. Que de grands noms historiques n’ont pas dans nos mémoires la survivance des vôtres!

Ainsi, tandis que la plupart des existences piétinent sur place et se débattent dans la médiocrité, le jockey traverse la vie à toute vitesse et trouve la fortune sous les sabots d’un cheval. Tel le Mazeppa de la légende, il court, il vole, il gagne, et se révèle roi!

C’est une enviable destinée, à la portée de beaucoup de jeunes gens. Il suffit de n’être ni trop grand, ni trop lourd, d’être capable d’un peu de réflexion, et d’avoir une bonne main. Le reste n’est qu’une question de conduite, règle commune à tous les métiers. Le total des avantages est nettement supérieur à celui des inconvénients.

On n’aperçoit, en effet, que deux petites ombres au tableau: l’obligation de se lever longtemps de bonne heure, — aussi longtemps que l’on monte au travail, — et celle de ne pas prendre du poids.

De la première on peut faire bon marché, l’ennui de se lever de bonne heure devant être raisonnablement compensé par le plaisir de ne pas se coucher tard. La seconde est plus sérieuse.

Quand l’enfant est devenu homme, le rêve est presque toujours fini de pouvoir continuer à monter naturellement au-dessous de 51 ou 52 kilos. Un Donoghue, un Semblât, sont des exceptions que l’on cite avec envie. Dans la grande majorité des cas, à partir de dix-huit ans, le jockey de plat, qui ne veut pas dépasser un poids lui permettant de monter souvent, est soumis contre son développement normal à une lutte quasi inhumaine, une alternative impitoyable de jeûne et de Hammam. Régime, il faut le reconnaître, sans joie.

Plus heureux en cela que leurs collègues du sang-pur, les jockeys de trot ne sont pas astreints à cette ascétique discipline. Il doit arriver à Esling d’envier le destin de Souchon.

Si les chevaux pouvaient parler... ou quelques vérités sur les courses

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