Читать книгу Un chapitre de l'histoire des enfants trouvés - Léon Lallemand - Страница 17
Revenus immobiliers.
ОглавлениеLa maison des enfants trouvés possédait enfin des revenus de propriétés foncières; une seule de ces propriétés mérite notre attention; elle provenait de la confrairie de la Passion et est indiquée dans l’arrêt du 14 avril 1676, sous le titre de «place et masure de l’hôtel de Bourgogne » ; on y représentaient les mystères dès l’année 1548.
En 1716 la troupe italienne rétablie par ordonnance du roi (18 mai) sous le nom de «nouvelle troupe des comédiens italiens de Monseigneur le duc d’Orléans », loua cette maison par bail passé devant Me Dutartre notaire le 9 août 1717, moyennant le prix annuel de 30001. pour une durée de 9 ans de jouissance à compter du 1er juin 1716 . Dix ans plus tard, les comédiens s’étant acquittés assez inexactement de leurs loyers, les administrateurs décident de commencer des poursuites contre eux . Le receveur est chargé de les voir «dans la huitaine pour savoir s’ils s’arrangent pour le payement, et en cas qu’ils ne donnent pas de paroles positives pour donner de l’argent sera passé outre à l’exécution.» Le 21 février les comédiens comparaissent au bureau ; il est constaté que le total de la dette s’élève au 31 décembre 1727 à la somme totale de 34,750 1. sur laquelle il a été payé 30,250 1. «sur quoy ils promettent payer 15001. à la clôture de la dite comédie qui arrivera le dimanche de la Passion, ensemble les frais du bail et commandement fait en conséquence, et les autres 30001. dans le courant de l’année.» Le bureau se tient pour satisfait et le 3 avril suivant il agite la question de savoir s’il est opportun de convoquer à nouveau les comédiens italiens pour leur demander de passer un nouveau bail; mais un membre fait observer qu’ils pourraient demander des réductions «et qu’il seroit plus avantageux de les laisser jouir par tacite reconduction .»
Au mois de septembre 1751 ces locataires sollicitent l’autorisation de percer une porte dans le mur mitoyen, vu que, pour faciliter leurs représentations, ils ont loué une petite maison contiguë appartenant à M. Parent, conseiller au Parlement. Passée cette époque, les procès-verbaux ne parlent plus de cette location; ils ne contiennent pas non plus un état des propriétés appartenant à l’établissement des enfants trouvés , qui, toujours à bout de ressources, en cherchait une dans la faible rétribution allouée aux enfants conduits aux enterrements.
Il était d’usage alors de faire accompagner les convois par des orphelins appartenant à diverses œuvres, et les trois maisons de la Couche, du faubourg Saint-Antoine et des Enfants-Rouges fournissaient un large contingent sous ce rapport. On demandait en 1690 cinq sols par enfant et vers la fin du XVIIe siècle ce droit rapportait environ 40 livres par semaine .
C’était évidemment une pensée pieuse mêlée d’un peu de vanité qui avait donné naissance à cet usage; des parents désiraient entourer celui qui venait de mourir d’âmes innocentes pouvant prier pour lui; d’autres y voyaient une pompe nouvelle au cortège funèbre; quoi qu’il en soit, cette coutume ne pouvait être que déplorable pour les enfants; aussi en 1754 un administrateur, M. Ravault, obtint-il la suppression de l’envoi des Enfants-Rouges; les raisons excellentes qu’il donne à l’appui de sa proposition font regretter que la pénurie de la maison de la Couche ne permît pas de prendre à cet égard une mesure générale. «Nonobstant les soins et les attentions des maîtres, dit-il, les enfans n’apprennent que très imparfaitement à lire et à écrire, vu qu’yls sont continuellement dissipés soit par les convoys soit par les récréations.»
De plus les enfants étaient exposés à gagner des maladies par la fatigue et la chaleur, en revenant des convois, surtout des paroisses très éloignées, et pendant les mauvais temps .
Telles étaient d’une manière générale les ressources de l’œuvre des enfants trouvés à Paris. On pourrait les croire suffisantes au premier abord; mais, ainsi que nous le verrons, le chiffre des enfants admis grossissant d’année en année les dépenses dépassaient toujours les recettes, et cette situation dura jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les provinces environnantes formant un réservoir inépuisable de pauvres petits êtres que l’on amenait dans la capitale pour les mettre à la charge de la charité parisienne.
Il fallait donc constamment que l’hôpital général vint avec ses propres revenus combler le déficit, en prenant les enfants au retour des placements ou en fournissant directement les sommes dues pour mois de nourrice. Dans la séance du 3 mai. 1712 les administrateurs de l’hôpital général constatent qu’ils avaient déjà fourni de ce chef 288,000 livres. Ces sacrifices étaient continuels en raison de cet envahissement d’enfants étrangers à Paris, et même à l’Ile-de-France