Читать книгу Daumier - Léon Rosenthal - Страница 11

Оглавление

II. — CHARLES DE LAMETH (1832)

Table des matières

(H. et D., 111)

Dès 1832, le véritable Daumier se révèle. Désormais sa pensée est à lui et, en quelques bonds, elle va s’élever jusqu’au génie. Son dessin commence à se constituer. L’artiste observe avec intensité, il traduit avec insistance. Bonne ou mauvaise, car il est et demeurera terriblement inégal, l’image s’affirme toujours impérieuse.

Entré à la Caricature en 1832, il se signale d’abord par un dessin où il avait groupé des portraits politiques: les Masques de 1831. Philipon qui conduisait la Caricature avec une verve et un acharnement extraordinaires et qui excellait à entraîner ses collaborateurs, devine, chez Daumier, des aptitudes de portraitiste, et il l’invite à dessiner une suite de portraits-charge qui seront accompagnés d’armes parlantes et de devises. Philipon compose, lui-même, les armoiries avec une ingénieuse méchanceté. Daumier, de la tribune des journalistes ou du prétoire, étudie d’abord ses victimes. Rentré dans son atelier, avant de prendre ses crayons, il modèle en terre glaise, les physionomies qu’il a examinées. Ces maquettes conservées dans la famille Philipon ont été, pour la plupart, reproduites dans l’Art et les Artistes, en 1905, pour illustrer un article de M. Geffroy. Ce sont de remarquables et expressives ébauches. Elles constituent à l’artiste un arsenal pour la série présente et pour l’avenir.

C’est par Lameth que débute la galerie des bustes, dans le numéro 78 de la Caricature, le 26 avril 1832. «Charles de Lameth, nous dit Champfleury, avait fait en 1789 une rude guerre à la royauté et à la noblesse, qu’il confondait sous la dénomination d’attirail aristocratique.

Lameth, en 1832, est un ennemi acharné des institutions républicaines qui hurlent de se trouver accouplées au mot royauté. Il défend avec emportement les prérogatives monarchiques, attaque la liberté de la presse et se constitue le champion des dotation des pairs.» Chez ce vieillard versatile, Daumier a vu surtout un visage déformé d’où l’intelligence paraît s’être retirée: «Le pouce du dessinateur est entré dans les chairs comme dans une vieille pomme cuite. L’exagération de la laideur par un crayon brutal comme un coup de poing, fait penser aux croquis de Delacroix d’après les médailles antiques.»

Après Lameth, Daumier s’est attaqué à Persil, magistrat austère, au visage taillé par plans anguleux, au nez effilé, tranchant; il a représenté «Dupin, le crâne sinueux, les cheveux drus et ras, des lunettes rondes sur son nez qui s’aplatit pour laisser avancer une bouche simiesque» (Jules Claretie), le maréchal Soult, vieillard momifié, D’Argoût pointant son nez interminable et sa cravate empesée.

II. — CHARLES DE LAMETH

(LA CARICATURE, 1832; LITHOGRAPHIE )

PHOT. LEMARE


Daumier

Подняться наверх