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III. — GUIZOT (1833)

Table des matières

(H. et D., 97)

La série où figure Lameth est ingénieuse, mais l’intérêt en est obtenu par des déformations systématiques. Le portrait de Guizot et ceux qui l’accompagnent ont une valeur d’art tout autre. L’artiste ne poursuit pas l’application plus ou moins heureuse d’une formule, il s’affirme par l’originalité de l’observation et la verve du dessin.

Nous sommes en présence de personnages illustres, puissants, importants. Daumier les aborde familièrement, les dépouille du respect dont ils vivent entourés et dégage le côté comique qu’ils présentent à leur insu. Parfois il exagère une particularité ; parfois, au contraire, et c’est alors le triomphe de son art, il semble reproduire avec exactitude, avec naïveté, l’original; celui-ci prête à rire, par lui-même, sans que l’artiste lui ait, en apparence, rien ajouté ni retranché. Désormais on ne le regardera plus sans ironie.

Affaissé sur son banc ministériel comme sur un banc de douleur, Guizot semble se résigner à sa gloire d’écrivain, de professeur et d’homme d’état, à son portefeuille, et aux mesures de répression qu’il dirige ou qu’il réclame contre les libéraux. Le pauvre homme! La figure froide et digne du doctrinaire respire l’accablement. Ajoutons, en toute équité, que dans le moment même où Guizot justifie la haine de Daumier par la dureté de sa politique, il vient, par la loi de 1833, d’organiser en France l’enseignement primaire.

Dans la même suite, voici Vieux-Niais, Viennet, sublime et sombre, absorbé dans son génie, le général Sébastiani, solennel et médiocre, Royer-Collard, pauvre grand homme, empêtré dans son habit, l’amiral de Rigny, le vainqueur de Navarin, alerte et affairé. Puis ce sont les grands bourgeois, solides et épais: Pot-de-Naz, Podenas, ample, retors, content de lui; Fulchiron, décharné et austère, Arlépaire, Harlé père, correct et cacochyme, Odieux, Odier, solennel comme un appariteur, Dudessert, Delessert, pataud et informe, Prunelle, hirsute et négligé ; les personnages qui portent beau: l’agent de change Baillot, le brillant Jollivet et Kératry, sémillant, obséquieux, le sourire fait homme. D’Argout, abrité derrière son nez immense, pose pour la galerie et Etienne incarne la béatitude timorée du Constitutionnel.

Le dessin traduit avec fidélité les intentions de l’artiste. Le trait est gros, le modelé vigoureux. L’effet, toutefois, paraît un peu gris, un peu menu, par comparaison avec les œuvres qui vont suivre. Daumier, à cette époque, s’inspire peut-être du dessin de Decamps, il en poursuit les noirs intenses, les reliefs vigoureux; il sait se défendre contre ce qu’il y a d’artificiel, de cuisiné dans le crayon de son aîné.

III. — GUIZOT

(LA CARICATURE, 1833)

PHOT. LEMARE


Daumier

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