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V. — «ENFONCÉ LAFAYETTE!... ATTRAPE MON VIEUX!»(1834)

Table des matières

(H. et D., 309)

Le 31 juillet 1830 au balcon de l’Hôtel de Ville, Lafayette avait donné l’accolade à Louis Philippe et, par ce geste, il avait fait accepter aux vainqueurs des Trois Glorieuses, une royauté qui promettait de devenir «la meilleure des Républiques». Depuis lors les espérances avaient été trahies; mais la popularité de Lafayette n’en était pas entamée, dupe et non complice, il était aux yeux des républicains, un reproche vivant our Louis-Philippe.

Il mourut le 20 mai 1834, «mal à propos». L’opposition traquée depuis le procès d’avril était désorganisée. Ses obsèques furent un deuil national mais le monde officiel y présida seul.

L’estampe de Daumier fut publiée en juillet 1834 et Philipon la présenta aux lecteurs de la Caricature en ces termes curieux: «Un croque-mort se frotte les mains d’un air de jubilation, tandis que défile dans le fond du tableau un convoi escorté par une multitude innombrable. Ce convoi, à en juger par le titre de la lithographie, est celui du grand citoyen dont la France déplore la perte depuis quelques mois. Le croque-mort me paraît être le Système personnifié, laissant éclater sa joie d’un évènement qui le débarrasse de son plus redoutable ennemi.»

La mimique de Louis-Philippe garde pour nous sa valeur comique, mais nous admirons surtout cette composition savante et saisissante qui évoque, comme en contre-partie, le souvenir du Hamlet au cimetière, de Delacroix, la notation expressive de la foule en deuil, le paysage si largement, si librement résumé, avec son horizon indéfini et la colline funèbre.

Comparé aux dessins précédents, le métier a pris une assurance plus grasse; le jeu des lumières, des blancs, des gris et des noirs profonds donne la joie d’un beau morceau de peinture.

Quelque temps après, Daumier publiait le Ventre législatif dont nous demanderons à Champfleury d’évoquer le souvenir: «Dans un banc circulaire se tiennent les ministres, M. Guizot et M. Thiers, M. de Broglie, M. d’Argout, M. de Rigny, etc... Au milieu de l’enceinte, accoudé familièrement sur le pupitre des ministres, le Maire de Lyon, M. Prunelle, les cheveux emmêlés, les habits fatigués, montre sa familiarité avec les hommes politiques. Derrière les ministres s’étagent en amphithéâtre les gras, étalant leurs ventres dans l’intervalle des bancs.

Qu’on s’imagine une assemblée photographiée, mais une photographie interprétée par une âme ardente! Ce ne sont plus des portraits sur une feuille de papier. Tous ces hommes crient, remuent, écoutent, regardent comme dans la vie. Le cadre disparaît. C’est un coin de la Chambre avec ses ombres, ses lumières, ses demi-jours, ses transparences.»

v. — ENFONCÉ LAFAYETTE... ATTRAPE, MON VIEUX!

(ASSOCIATION LITHOGRAPHIQUE MENSUELLE, 1834 )

PHOT LEMARE


Daumier

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