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XXVII – Les marronniers

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J’aimais surtout à m’arrêter sous les marronniers immenses quand ils étaient jaunis par l’automne. Que d’heures j’ai passées dans ces grottes mystérieuses et verdâtres à regarder au-dessus de ma tête les murmurantes cascades d’or pâle qui y versaient la fraîcheur et l’obscurité! J’enviais les rouges-gorges et les écureuils d’habiter ces frêles et profonds pavillons de verdure dans les branches, ces antiques jardins suspendus que chaque printemps, depuis deux siècles, couvre de fleurs blanches et parfumées. Les branches, insensiblement courbées, descendaient noblement de l’arbre vers la terre, comme d’autres arbres qui auraient été plantés sur le tronc, la tête en bas. La pâleur des feuilles qui restaient faisait ressortir encore les branchages qui déjà paraissaient plus solides et plus noirs d’être dépouillés, et qui ainsi réunis au tronc semblaient retenir comme un peigne magnifique la douce chevelure blonde répandue.

Réveillon, octobre 1895

Les Oeuvres Complètes de Proust, Marcel

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