Читать книгу Documents sur les juifs à Paris au XVIIIe siècle : actes d'inhumation et scellés - Paul Hildenfinger - Страница 8
V.
ОглавлениеAu total, les actes publiés ici sont au nombre de 176. Ils portent, tant procès-verbaux que scellés, sur 171 décès, et se distribuent ainsi en un tableau, qu’on nous permettra d’autant plus de donner que ni l’Estat général des baptesmes, des mariages et de mortuaires de la ville et fauxbourgs de Paris, ni les Petites affiches ni le Journal de Paris , qui à partir de 1745 mentionnent les enterrements à la fin de chaque numéro, ne fournissent de renseignement analogue sur les Juifs.
Si l’on tient compte du lieu d’origine des défunts indiqué aux procès-verbaux, on trouve les éléments d’une autre statistique. On constate ainsi que sur 171 décédés, 5 sont des Alsaciens, 15 des Messins ou Lorrains et 29 des Méridionaux de Bordeaux , Bayonne ou Avignon. Quant aux étrangers, ils se repartissent ainsi: 14 Allemands, 2 Autrichiens ou Bohémiens, 12 Hollandais, 2 Anglais, 1 Danois, 7 Italiens, 1 Polonais et 1 Syrien. A ces chiffres il y aurait lieu d’ajouter celui des enfants, mais il serait délicat d’indiquer sans des recherches assez hypothétiques si tel enfant est né à l’étranger ou en France. Du moins peut-on affirmer que 35 de ces enfants étaient Parisiens .
Dans une lettre du 27 novembre 1783 adressée au secrétaire de Joly de Fleury, Jaladon, procureur au Parlement, chargé des affaires des Portugais, déclare qu’il y avait de quatre à cinq mille Juifs à Paris ; il faut donc sans doute lire de quatre à cinq cents: Coquebert de Montbret n’en comptait que 2.700 en 1808. Les états dressés parles inspecteurs de police comportent 25 noms en 1721, 109 en juin 1755 et 92 en juillet 1759. Au dire de l’avocat Godard, ils étaient environ 500 au début de la Révolution. Quel qu’ait été le chiffre exact de cette population juive — et bien qu’il faille tenir compte de ceux qui n’étaient à Paris que de passage, — il n’est que trop certain que notre liste est incomplète. Les papiers du commissaire Simonneau, chargé, on l’a vu, des inhumations israélites à partir de 1782, ne nous fournissent que 3 procès-verbaux , et à ce relevé manquent les actes mortuaires d’un Fonseca , d’un Calmer ou d’un Mardochée Venture . Sans doute eut-il été possible de l’enrichir sans la difficulté matérielle et morale d’une recherche qui, pour être définitive, devrait épuiser plus de 5.000 liasses . Tels quels ces documents constituent une source qu’on ne saurait négliger. Tandis que de l’Etat civil parisien il ne reste qu’une reconstitution souvent imparfaite , le régime d’exception auquel étaient soumis les Juifs a sauvé des textes d’une authenticité sinon légale, du moins historique bien supérieure . Et cet intérêt apparaît plus vif encore, quand on se souvient de la définition juridique de Denisart: «Un Juif n’a proprement point de domicile; il n’a point d’état dans le Royaume.»
Il me sera permis, en terminant ces quelques notes d’introduction, de dire — quelque incomplet que soit ce travail — ce qu’il doit à ceux dont il n’a pas dépendu qu’il ne fût moins imparfait. Je me sens particulièrement obligé envers MMes Aubron, Decloux et Vingtain qui m’ont libéralement ouvert leurs archives notariales, M. le comte de Ribes qui m’a fourni d’utiles renseignements, MM. Stein et Mirot qui m’ont con-fraternellement facilité les recherches aux Archives Nationales, M. M. Schwab qui m’a fait bénéficier de sa grande expérience des choses juives. Je dois également de vifs remerciements à M. M. Fagniez, Lacombe et Vidier, qui ont bien voulu se faire les parrains de cette publication devant la Société de l’Histoire de Paris. Mais ma gratitude va surtout à M. Vuaflart, qui, en appelant il y a cinq ans mon attention sur l’intérêt de ces actes mortuaires, et à M. Lucien Lazard, qui, en me prêtant un appui précieux dans une tâche souvent décourageante, m’ont permis de reconstituer ce morceau d’état-civil et d’élever ce modeste monument à d’obscurs habitants du vieux Paris.