Читать книгу L'Anglo-Arabe dans la région pyrénéenne - Pierre Bruneteau - Страница 10
Reproducteurs Anglo-Arabes
ОглавлениеCe n’est que vers 1880 que les résultats acquis décidèrent les éleveurs à utiliser pour leurs juments les étalons anglo-arabes. Il y en avait déjà un assez grand nombre à cette époque.
Pour favoriser à la production chevaline, cette voie qui paraissait être la bonne, l’administration des Haras abondonna son ancienne réglementation et décida qu’à l’avenir serait qualifié anglo-arabe tout cheval comptant au moins 25 0/0 de sang arabe. Ces dispositions permirent de faire un meilleur choix des reproducteurs, et contribuèrent à l’amélioration de la race.
Et, de plus en plus, c’est le reproducteur anglo-arabe qui prévaut davantage après avoir été longtemps méconnu.
Pendant ce temps de tâtonnements, l’Etat avait toujours entretenu dans les dépôts de Tarbes et de Pau et dans ses autres établissements du Sud-Ouest de très bons étalons qui contribuèrent à maintenir et même à élever le niveau de la race; c’étaient pour les arabes: Emir, Nashim, Dahabi, Meke, Edhen, Latif, Telmèze, gagnant du Grand Prix de Beyrouth et d’Alexandrie. Ces sujets avaient été importés de Syrie par les inspecteurs des Haras.
Les anglais étaient représentés par: Ceylon, gagnant du Grand Prix de Paris, Mandrak, Bay Archer, Ladislas par Hampton et Ragotsky gagnant aussi du Grand Prix.
Tous ces reproducteurs causèrent une très heureuse influence sur l’élevage et contribuèrent à fixer la race; le croisement alternatif donna quelques reproducteurs remarquables comme Belair, Uron, Encore, Birkbury. Il donna enfin le grand chef de race anglo-arabe: Prisme.
Voici quelques détails relatifs à ce cheval:
M. Pouey Nourret propriétaire de Prima avait décidé que celle-ci serait couverte par Vignemale, mais les cartes de cet étalon étaient épuisées, et M. de Lafargue alors directeur du haras de Tarbes accorda une carte supplémentaire. De cet accouplement, naquit Prisme.
L’année suivante, M. Descat, au cours de ses tournées dans la plaine de Tarbes, eut l’occasion de voir le fils de Prima et fut frappé par son cachet de race. Il fit l’acquisition de ce poulain à un prix relativement élevé, puis l’envoya dans le Gers où il le soumit au même régime que ses poulains de pur sang anglais.
Prisme courut sous les couleurs du baron de Nexon. Il se montra très brillant performer anglo-arabe et peu de sujets de cette race montrèrent par la suite plus de classe que lui. Seuls peut-être Jaconas et Nana Sahid lui furent supérieurs.
Après ses courses, Prisme fut acquis par les Haras nationaux pour la somme de 11.000 fr., et affecté au dépôt d’étalons de Pau.
Son pedigree est: (V. tableau page suivante).
Prisme appartenait à la famille 24 (Helmsley Turk mare) dont le plus grand titre de gloire est d’avoir produit The Baron et Camel (père de Touchstone). Elle est peu représentée en France où elle a cependant produit Frontin, Sornette la meilleure jument qu’il y ait peut-être eu en France, le Nord, le Nicham II.
La mère de Prisme, Prima était fille de Soror, jument de pur sang anglais qui ne donna que ce produit car elle fut immédiatement après vendue à la remonte. La grand’mère de Prima, Mlle Torchon était sœur de mère de Pilgrim qui courut avec succès pendant plusieurs années sous les couleurs de M. Smith et qui devint ensuite étalon national.
Le grand-père maternel de Prisme, Emir était un cadeau d’Abd-el-Kader à Napoléon III. En offrant Emir à l’empereur, Abd-el-Kader lui écrivait: «Je vous envoie un grand seigneur qui possède les plus hautes qualités. Il est habitué à chasser la gazelle trois fois par semaine, et si l’on veut tirer un bon parti de lui il faut lui donner beaucoup d’exercice». L’estime qu’inspirait Emir était parfaitement justifiée; aucun étalon oriental n’a jamais laissé, en France, des traces aussi durables de son passage. Plus de 200 étalons ayant du sang d’Emir ont fait ou font encore la monte dans le Midi.
Remonte à HÉROD par DOLLAR et WOODPECKER
Le père de Prisme, Vignemale, était un cheval de grande origine et de bonne classe. Malheureusement, ses membres ne lui permirent pas de résister longtemps sur l’hippodrome et, par suit, de donner toute la mesure de son mérite. Après avoir gagné des épreuves importantes au début de la saison, il dut être retiré de l’entraînement par M. Lupin alors qu’il donnait les plus belles espérances et fut vendu à l’administration des Haras. Le marquis de Castelbajac, qui en faisait grand cas, obtint l’affectation de cet étalon au haras de Tarbes. C’était un très beau cheval bai, très important, très étendu, très régulier, ample et fortement membré. Il manquait toutefois un peu d’accentuation générale et surtout sa membrure manquait de trempe.
Mais le grand nom à détacher du pedigree de Prisme est celui de Dollar, qui, après avoir été un cheval de course de premier ordre, s’est montré un des plus remarquables chefs de famille qu’il y ait eu en France. Il a créé une lignée d’une rare élégance de forme, d’un entraînement facile, qui a hérité de lui son courage, son action souple et légère et sa précieuse maniabilité. Sa descendance occupe aujourd’hui encore une place prépondérante dans l’élevage français.
Dans le pedigree de Prisme on remarque un inbreeding 4×4×5 sur Irish Birdcatcher et son propre frère Faugh a Ballagh, auxquels il ressemblait beaucoup paraît-il.
Prisme aura été un grand chef de race; on peut évaluer actuellement au tiers de la race les sujets anglo-arabes qui ont le sang-de Prisme dans leurs veines.
Prisme a donné à l’administration des Haras le chiffre surprenant de 58 étalons.
Parmi les plus remarquables se trouvent les demi-sang Sauteur, père lui-même de 32 étalons, Cyrus, Gladiator, et les pue sang Valérien, Mousquetaire, Fanfaron, M. de Pinguet, Cadi et enfin la mieux racé de tous Kef Nador.
C’est grâce à Prisme et à tant d’autres reproducteurs de son espèce que la race anglo-arabe a pu parvenir au degré de perfection qu’elle atteint aujourd’hui.