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La recherche que nous allons poursuivre a déjà été tentée. Mais entreprise par les uns, sous l’empire d’idées a priori, sur la facilité qu’aurait l’homme de vivre et de se perpétuer sous tous les climats; par d’autres, avec un sens plus scientifique, mais n’ayant à leur disposition que des documents incomplets, la solution définitive n’a pas été encore formulée. Sans rappeler ni résumer les nombreux travaux parus sur la matière, nous insisterons sur ceux du docteur Bertillon, d’abord, parce qu’ils sont récents, et aussi parce que cet auteur, répudiant les préoccupations et les théories a priori, s’est scrupuleusement appliqué à suivre la méthode d’observation et d’expérience.

Avant d’interroger les faits contemporains, notre savant démographe a passé en revue les migrations des peuples, depuis l’expansion première du tronc Aryen ou indo-européen sur l’Europe et sur une partie de l’Asie, jusqu’à nos colonisations contemporaines. Il résulte de cette revue historique que les Romains ayant fait la conquête de l’Afrique carthaginoise, de presque tout le littoral et particulièrement de notre Algérie, n’ont épargné ni la peine ni la dépense pour y fonder une province romaine. Ils ont, sur notre sol, tracé des routes, élevé des villes et des monuments, envoyé des colons, et après une domination de sept siècles, il ne reste de cette puissance rien qui ait vie, mais seulement des ruines imposantes.

Après les Romains, les Vandales. Ces hommes d’origine gothique, sont des métis acclimatés en Espagne par le mélange des sangs. Grâce à l’infusion du sang espagnol, les Vandales se maintiennent en Espagne, tandis que le type Visigoth pur ne peut s’implanter ni en Espagne ni en Italie.

Et cependant, malgré ce premier acclimatement, quand les Vandales passent en Afrique, ils ne peuvent s’y maintenir; ils disparaissent en moins d’un siècle, sans autre extermination que celle du climat.

Il est vrai que quelques écrivains persistent à voir des descendants des Vandales dans certaines tribus de Kabyles à peau blanche, aux yeux bleus et à cheveux blonds.

Dernièrement encore, M. Mariai, dans le Courrier d’Oran, voulant répondre à une communication faite par M. Assezat à la Société d’anthropologie, au sujet de l’implantation en Algérie des Alsaciens-Lorrains, protestait dans les termes suivants, contre les doutes émis au sujet de leur acclimatement: «Le meilleur argument en

» faveur de la possibilité de l’acclimatation, disait M. Marial, c’est

» la persistance à travers les siècles, des hommes de race blonde

» aux yeux bleus, que l’on rencontre dans toute l’Afrique du Nord,

» et surtout parmi les Marocains. Cette race blonde, loin d’avoir

» disparu avec la domination des Vandales, s’est perpétuée, et se

» retrouve par voie d’atavisme, dans beaucoup de familles arabes.

» Que peuvent donc les théories des savants contre des faits aussi

» concluants?»

Malheureusement le fait n’est pas aussi concluant, ni aussi démontré que paraît l’admettre le rédacteur du Courrier d’Oran. Il n’est pas le moins du monde certain qu’on puisse faire remonter jusqu’aux Vandales l’origine des Kabyles blonds.

En effet, le docteur Pruner-Bey qui a vu ces Kabyles, ne leur reconnaît pas les caractères ethniques des races gothiques.

Et d’ailleurs, deux historiens originaux, Procope, et surtout Scylax (350 ans avant notre ère), témoignent qu’à côté des Vandales, il y avait des Numides blonds, et que huit siècles avant, ils occupaient déjà ces régions. (Bulletin de la Société d’anthropologie, — 1860. — t. Ier, p. 1138.)

Toutefois, il paraît démontré aujourd’hui, que les blonds, dont certaines tribus kabyles sont issues, venaient effectivement du Nord . M. le général Faidherbe leur reconnaît cette origine et pense que ces blonds du Nord «subjuguèrent les Lybiens indigènes ou s’allièrent à eux, adoptèrent leur langue et finirent par se fondre au milieu d’eux par croisement.» Mais on remarquera que ce fait ne fait pas évanouir les craintes exprimées par M. Assezat, au sujet de l’émigration alsacienne-lorraine. Car, si l’on voulait s’appuyer sur la persistance des hommes blonds par voie d’atavisme, comme l’avance M. Mariai, pour démontrer la possibilité d’acclimater les Alsaciens, tout au plus pourrait-on admettre cette possibilité à la condition que ceux-ci s’allieront avec les indigènes arabes ou berbères, comme autrefois les blonds avec les Lybiens. Or, si l’acclimatation des Alsaciens ne peut être obtenue qu’au prix d’un pareil croisement, il faut convenir que malgré tous nos désirs de la voir aboutir, elle n’est pas à la veille d’être réalisée.

Nous aurons à revenir sur cette question si intéressante de la colonisation au moyen de nos compatriotes de l’Alsace-Lorraine.

En résumé, les faits empruntés à l’histoire des migrations paraissent défavorables à l’acclimatement dans notre province africaine. Mais, ainsi que le fait judicieusement observer M. Bertillon, les documents de l’histoire sont trop imparfaits, et il est indispensable de contrôler jusqu’à quel point les faits des temps modernes viennent démentir ou confirmer les enseignements du passé.

Contribution à l'étude de l'acclimatement des Français en Algérie

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