Читать книгу Contribution à l'étude de l'acclimatement des Français en Algérie - René Ricoux - Страница 8
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ОглавлениеNous n’avons envisagé jusqu’ici le tableau que d’une façon générale. Nous allons maintenant en commencer l’étude analytique, en tenant compte des divisions: POPULATION. — NAISSANCES. — DÉCÈS.
Quelle marche a suivi la population et quelles ont été les sources de son accroissement?
Les recensements périodiques qui pourraient nous édifier sur ce point sont malheureusement peu nombreux, en revanche, ils sont très-incomplets .
Les deux derniers, datés de 1866 et de 1872, donnent seuls quelques renseignements dont on puisse tirer parti. Nous en reproduisons ci-contre les résumés récapitulatifs:
1866
1872
Nous l’appellerons que la différence, en apparence désavantageuse pour 1872, n’est pas réelle, et qu’elle provient de ce que la population de ce recensement est diminuée de celle de Stora, annexe constituée aujourd’hui en commune de plein exercice, ayant par conséquent fourni son recensement à part.
En étudiant comparativement les chiffres contenus dans ces deux tableaux, on constatera que, pris en bloc, abstraction faite de la nationalité de leurs parents, les enfants nés dans le pays sont plus nombreux aujourd’hui qu’en 1866.
Ils étaient: 3,442 en 1866, et 3,913 en 1872, soit un gain de 471, et cet accroissement tient nécessairement au bénéfice des naissances sur les décès.
Les enfants nés en Algérie, et de parents français, — c’est là le point qui nous intéresse, — jouissent personnellement du bénéfice général. En 1866, ils n’étaient que 1,669 (y compris Stora); ils sont aujourd’hui (non compris Stora) 1,883; bénéfice: 214, presque égal à celui des étrangers qui est de 257, ce qui témoignerait d’une vitalité pour les Français, à peu près égale à celle des autres nationalités européennes réunies.
Un autre résultat qui tendrait à établir la vitalité des enfants français, c’est que, en 1866, 38 seulement étaient mariés (en négligeant le nombre — il doit être fort restreint — de ceux qui sont veufs), et aujourd’hui le chiffre des mariés est de 155, avec un avantage de 117, tandis que les fils d’étrangers nés ici, dans la même période, n’ont pour avantage que la différence de 51 à 104, soit 53.
Et l’on sait cependant que les étrangers contractent mariage plus tôt que les Français.
Nous pourrions ajouter que l’année 1873, postérieure au dernier recensement, a fourni, comme on le verra plus loin, un nombre de mariages plus élevé que ceux des années précédentes, et que parmi les contractants, il y a eu un grand nombre d’enfants du pays.
Enfin, parmi les Français nés en Europe, il en est beaucoup, venus ici très-jeunes, qui ont résisté et atteint l’âge nubile. Ils témoignent bien, eux aussi, de l’amélioration et de la vitalité. Il n’est pas possible de faire ressortir leur nombre des recensements officiels, mais combien parmi nos camarades d’enfance sont dans ce cas.
En poursuivant l’étude comparative des deux derniers recensements, on constate en outre que les habitants français, nés hors d’Algérie, sont moins nombreux en 1872 qu’en 1866 (1,328 en moins), de même les étrangers nés hors d’Algérie ont diminué de 638.
De plus, en 1866, les habitants français et étrangers, nés hors d’Algérie, l’emportaient de 4,938 sur ceux nés en Algérie; mais en 1872, l’avantage n’est plus que de 2,501.
Que conclure? sinon que l’accroissement de la population n’est pas dû, comme aux premiers jours, à l’immigration, mais qu’elle tient, au contraire, à la vitalité des enfants du pays.