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CHAPITRE PREMIER

Table des matières

OU JE M’EMBARQUE MALGRÉ LA VOLONTÉ PATERNELLE.

J’achevais à peine ma seizième année, lorsque je partis en mer. J’avais cependant des parents indulgents et tendres, des frères et des sœurs qui me chérissaient et qui me pleurèrent longtemps; et il ne tenait qu’à moi de vivre heureux parmi les miens. Mais la mer m’avait toujours fasciné, non point tant la vie du marin que la libre existence des aventuriers qui courent le monde. Tous les efforts de mes chers parents pour me détourner de cette vocation irrésistible ne servaient, j’ai honte de l’avouer, qu’à ancrer plus avant dans mon esprit le désir de voyager sur l’océan.

Comment cette passion avait pris naissance en moi, je l’ignore. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je la retrouve en moi, cette folle passion du vagabondage. C’est au bord de la mer que je vins au monde; ce qui frappait mes regards d’enfant, c’étaient les voiles blanches et les mats élancés des beaux navires que je voyais de ma fenêtre. J’admirais leur grâce et leur force, je souhaitais avec ardeur de monter sur un de ces splendides vaisseaux, de m’en aller bien loin, derrière l’horizon bleu...

Puis je lus force livres décrivant les pays d’outremer, les rivages enchantés, les animaux bizarres, les hommes étranges, les végétations puissantes et singulières, palmiers, bananiers, gigantesques baobabs: tout un monde merveilleux qui m’attirait.

En outre, les récits d’un de mes oncles, ancien capitaine marchand, ne contribuaient pas peu à me tourner la cervelle. Pendant les longues soirées d’hiver, il se plaisait à raconter à ses neveux rassemblés autour de lui les aventures les plus extraordinaires, ouragans, naufrages, exploits, rencontres de pirates, combats avec les Indiens, les baleines, les lions, les crocodiles, que sais-je encore! Vous pensez si nous bayions d’admiration à toutes ces histoires!

Il n’est donc pas étrange que la maison paternelle me parût ensuite trop étroite et que l’existence quotidienne me lassât. Je ne songeais, je n’aspirais qu’à m’embarquer. Mes parents auraient pu me placer avantageusement, soit comme novice sur quelque grand navire en partance pour les Indes, soit comme aspirant dans la marine royale; mais, comme je l’ai dit, ils étaient restés constamment sourds à mes supplications.

C’est alors que je résolus de m’enfuir et de m’engager sur le premier navire qui voudrait de moi comme matelot. Plusieurs fois je m’offris aux capitaines du port voisin; mais les uns me refusaient parce qu’ils me trouvaient trop jeune; les autres parce qu’ils savaient ma famille opposée à mon départ. J’eus enfin la chance, — je devrais plutôt dire la malchance, — de tomber sur un homme beaucoup moins scrupuleux, qui ne fit aucune difficulté pour m’engager à son bord, tout en sachant que je fuyais la maison paternelle.

Au jour et à l’heure convenus, je montai sur son navire, qui leva l’ancre avant qu’on eût pu signaler ni même remarquer ma disparition. Je ne craignais plus désormais aucune poursuite.

Ma désobéissance à la volonté de mes parents devait me coûter bien des douleurs et bien des regrets, hélas! stériles.

Parti en mer : récit d'un mousse

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