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APPENDICE A LA PREMIÈRE SECTION DU CHAPITRE I
ОглавлениеComplétons par des emprunts aux poètes les indications trop sommaires de
Vatsyayana.
N° 1.—Barthriari a décrit l'amour selon les saisons (trad. Regnaud).
(St. 39).—Bouquets odorants, couronnes dont l'aspect réjouit le coeur, zéphir qu'agité l'éventail, rayon de la lune, parfum des fleurs, lac frais, poudre de sandal, vin clair, terrasse bien blanche, vêtements très légers, femmes aux yeux de lotus, tels sont les agréments que les heureux ont ici en partage, l'été.
En hiver, les heureux reposent voluptueusement dans une chambre, couverts de vêlements rouges, enlaçant dans leurs bras leurs bien-aimées aux seins opulents, mâchant à pleine bouche des feuilles et des noix de béthel.
(St. 44).—Les éclairs serpentent dans le Ciel pareils à des lianes, le tonnerre éclate au sein des nuages amoncelés; on entend les cris confus des paons qui se livrent à leurs jeux; les averses tombent comme des torrents; la belle, aux yeux allongés, qui tremble d'effroi, se serre étroitement dans les bras du bien-aimé dont elle ne peut quitter la maison; puis s'élèvent des vents chargés de pluie glaciale qui renouvellent la vigueur des amants.
(St. 49 et 50.)—Ils embrassent les fossettes de leurs joues; ils font entrechoquer bruyamment leurs lèvres en jouant dans les boucles qui encadrent leur visage; ils mettent en désordre leur chevelure et leur font cligner les yeux; ils chiffonnent avec violence leurs vêtements, arrachent de leur poitrine leur corset et bouleversent leurs seins; ils font grelotter leurs cuisses et détachent le pagne qui ceint leurs larges hanches.
On connaît le distique de Catulle:
«Quam juvat immites ventos audire cubantem
Et dominant tenero delinuisse sinu»
Quel plaisir d'entendre, de sa couche, rugir la tempête, en pressant sa maîtresse sur son sein.
N° 2.—Visite de Corine à Ovide.
Il est intéressant de rapprocher la visite d'une maîtresse indienne à son amant de celle de Corine à Ovide (Les Amours, liv. 1er, élégie 5).
«Vers midi, lorsque j'étais sur mon lit pour me reposer dans un demi-jour mystérieux, Corine entra dans ma chambre, la tunique relevée, les cheveux tombant sur sa gorge nue, plus blanche que la neige, semblable à la charmante Laïs quand elle recevait ses amants.
«Je lui ôtai d'abord sa tunique dont le tissu transparent était à peine un obstacle. Elle faisait quelque résistance à paraître nue; mais on voyait bien qu'elle ne voulait pas vaincre.
«Quand elle fut devant moi sans vêtement, je ne vis pas une tache sur tout son corps. O quelles épaules, ô quels bras j'eus le plaisir de voir et de toucher! Que sa gorge était faite à souhait! Quelle peau douce et unie! Quelle taille superbe et quelles cuisses fermes!
«Mais pourquoi entrer dans ces détails? Je n'ai vu que des choses parfaites, et il n'y avait point de voile entre ce beau corps et le mien!
«Le reste est facile à deviner. Enfin, après une fatigue mutuelle, nous reposâmes tous deux.»
Ce petit morceau nous charme autant, mais d'une autre manière que les poètes Hindous.
Ce qu'Ovide laisse à deviner, Properce le dit dans l'Élégie v du livre
II.
Une nuit de Cynthée donnée à Properce.
«O nuit fortunée! Que de mots échangés à la clarté de la lampe! Et la lumière éteinte, quels ébats!
«Tantôt elle lutte contre moi, le sein découvert; tantôt à mon ardeur elle opposait sa tunique. Puis, quand le soleil eut vaincu mes paupières, c'est elle qui me réveilla en les pressant de ses lèvres.
«Est-ce donc ainsi, me dit-elle, que tu dors nonchalamment?
«Comme nos bras s'enlaçaient en mille noeuds divers!
«Mais l'obscurité nuit aux jeux de l'amour.
«Les yeux sont les guides de nos transports.
«Endymion, par sa nudité, charme la chaste Diane qui vient, nue, reposer près d'un mortel.
«Cesse de voiler tes attraits sur ta couche ou bien je déchirerai ce lin odieux; et même, si la colère m'emporte, ta mère en verra les traces sur tes bras.
«Livre-moi ces globes charmants qui se soutiennent d'eux-mêmes; que mes yeux se rassasient tandis que les destins le permettent. Vivant ou mort, c'est à toi que j'appartiens pour toujours.
«Si tu m'accordes encore de semblables nuits, une année sera pour moi plus qu'une vie.
«Prodigue-les-moi, ces nuits, et je deviens immortel dans tes bras.
«Une seule nuit de toi peut, du dernier des hommes, faire un dieu.»