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«DE L'ONANISME EN PARTICULIER»

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«L'onanisme tire son nom d'Onam, second fils du patriarche Juda, qui après la mort de son frère Her, fut forcé, selon la coutume, d'épouser sa soeur Thamar pour donner une postérité à son frère. Mais, s'approchant de l'épouse de son frère, il répandait sa semence à terre pour que des enfants ne naquissent pas sous le nom de son frère. Aussi le Seigneur le frappa parce qu'il faisait une chose abominable (Genèse XXXVIII, 9 et 10).

«922.—L'onanisme volontaire est toujours un péché mortel en tant que contraire à la nature; aussi il ne peut jamais être permis aux époux, parce que:

1° Il est contraire à la fin principale du mariage et tend en principe à l'extinction de la société et par conséquent renverse l'ordre naturel;

2° Parce qu'il a été défendu strictement par le législateur suprême et créateur, comme il résulte du texte précité de la Genèse.»

L'INDE.—Dans l'Inde la morale se confond avec la religion, et la religion avec les Brahmes. Ce sont trois termes qu'on ne peut séparer dans un exposé. Nous nous étendrons donc quelque peu sur les Brahmes.

Les moeurs des Ariahs paraissent avoir été pures dans l'Aria-Varta, berceau commun des Ariahs asiatiques, et dans le Septa Sindou leur première conquête dans l'Inde, entre la vallée délicieuse de Caboul et la Serasvati.

L'épouse était une compagne aussi respectée que dévouée.

Le culte était privé, le père de famille pouvait, même sans le poète ou barde de la tribu, consommer le sacrifice; mais bientôt le poète imposa sa présence et il devint prêtre.

Dans le principe rien ne distinguait les prêtres du corps des Ariahs ou Vishas, pasteurs; ils étaient, comme les autres membres de la tribu, pasteurs, agriculteurs, guerriers, souvent les trois à la fois.

A la fin de la seconde période védique (la seconde série des hymnes), le sacerdoce s'établit avec le culte public.

On adore Indra soleil, qu'on agrandit pour en faire Vichnou soleil.

Des hymnes font de Roudra un dieu en deux personnes.

C'est le souffle impur lorsqu'il vient des marais sub-himmalayens, le dieu purificateur quand il chasse l'air empesté des bas-fonds et des jungles.

Quand la conquête embrasse tout le pays entre la Sérasvati et la Jumma, l'aristocratie guerrière se forme en même temps que la caste sacerdotale.

Les Ariahs ont à combattre les Daysous noirs habitants des montagnes et les Daysous jaunes (sans doute de la race mongole) qui occupent les plaines; ces derniers sont avancés dans la civilisation, combattent sur des chars, ont des villes avec enceintes. Quand ils sont assujettis, les Brahmes leur empruntent le culte des génies qui était leur religion.

Dans la vallée du Gange, les Ariahs se civilisent et se corrompent; les Brahmes favorisent l'établissement de petites monarchies pour tenir en bride les guerriers (Kchattrias) et parmi les compétiteurs ils appuient ceux qui les soutiennent.

Quelques-uns sont guerriers et rois.

Ils se font les gourous (directeurs de Conscience) et les pourohitas (officiants) des rajahs.

Pour acquérir un grand prestige, ils établissent le noviciat des jeunes

Brahmes et l'ascétisme des vieillards.

Jouissant de la paix par la protection des Radjas (princes guerriers), les Brahmes se divisent en deux camps; les uns n'admettent comme efficaces pour le salut que la foi et la prière (la backti), les autres proclament la souveraineté de la boddhi ([Grec: sorich] des Grecs, la connaissance).

A la période védique succède la période héroïque, l'Inde des Kchattrias, qui dure plusieurs siècles pendant lesquels les Ariahs s'emparent: d'abord du cours inférieur du Gange, puis du reste de la péninsule.

Pendant que les guerriers achèvent la conquête, les trois classes se distinguent et se séparent de plus en plus, les Brahmes s'emparent de tous les pouvoirs civils et judiciaires.

Les Brahmes et les Kchattrias se disputent le pouvoir; les premiers, pour flatter la foule, adoptent ses superstitions et ses dieux, ils font appel aux races non-aryennes et principalement aux peuplades guerrières à peine soumises; avec leur aide et celle de quelques rois qui se déclarent pour eux, ils exterminent les Kchattrias dans le sud et ne leur laissent ailleurs qu'un rôle subordonné.

Ils composent alors une série d'ouvrages théologiques qui change la religion et qui leur donne la possession exclusive de tout ce qui touche au culte. Le couronnement de l'oeuvre est la loi de Manou qui consacre leur suprématie sur tous et en toute chose et achève l'abaissement physique et moral des classes serviles vouées, même à leurs propres yeux, par la doctrine de la métempsycose, à une déchéance irrémédiable.

C'est ainsi que les Pariahs se croient eux-mêmes inférieurs à beaucoup d'animaux. Par la peur, par la corruption, par le dogme de l'obéissance aveugle à la coutume immuable, l'institution de Manou a vécu plus qu'aucune autre et on ne saurait en prévoir la fin. Jamais et nulle part on n'a poussé aussi loin que les Brahmes l'habileté théocratique pour l'asservissement.

Ce qui était resté des Kchattrias et la caste entière des Vessiahs (Vishas) supportaient avec impatience l'arrogance et les privilèges exorbitants des Brahmes.

Les théosophes et les ascètes, en dehors de leur caste, les combattaient dans le champ de la spéculation.

Tous ces adversaires se réunirent dans le Bouddhisme; il eut une telle faveur que tout ce qui avait une certaine valeur morale entrait dans les couvents bouddhiques: les Brahmes délaissés et réduits à leurs propres ressources vécurent de leurs biens et des métiers que Manou leur permet en temps de détresse. Mais ils n'abandonnèrent point la partie. Tandis que le célibat bouddhique dévorait les hautes castes qui leur étaient opposées et ne laissait rien pour le recrutement du corps religieux, les brahmes se maintenaient par l'esprit de famille, et à force de persévérance, de talents, d'habileté et d'astuce, ils parvenaient à supprimer le bouddhisme.

Par une série de transformations, les Brahmes ont fait de la divinisation de la vie et de la génération, l'essence même de la religion. Aujourd'hui les Hindous se divisent en deux grandes sectes:—les adorateurs de Siva, autrefois Roudra, qui portent au bras gauche un anneau dans lequel est renfermé le lingam-yoni, sorte d'amulette figurant l'accouplement des organes des deux sexes, (verenda utriusque sexus in actu copulationis),—et ceux de Vishnou qui portent au front le Nahman. C'est une sorte de trident tracé à partir de l'origine du nez. La ligne verticale du milieu est rouge et représente le flux menstruel; les lignes droites latérales sont d'un gris cendré et figurent la semence virile.

En introduisant la sensualité dans tout ce qui touche à la religion, les

Brahmes avaient eu deux objectifs.

Arracher au Bouddhisme et captiver par des images de leur goût grossier les Hindous, surtout ceux de la caste servile incapables d'atteindre aux délicatesses du sentiment et de l'idéal. C'était avec la représentation sculpturale des scènes mythologiques qui avait un certain mérite, non de forme, mais de mouvement, le moyen le plus facile et peut-être unique de plaire aux yeux; c'était aussi une concession aux cultes locaux antérieurs à la conquête, qui purent ainsi se continuer dans le sein du Panthéisme.

Le second objectif des Brahmes, celui-là fondamental et non point seulement une arme et un expédient de circonstance, nous est indiqué par la prescription de Manou: «chacun doit acquitter la dette des ancêtres» (avoir au moins un fils pour lui fermer les yeux).

Le but était d'empêcher la diminution numérique et par suite l'effacement de la race des Ariahs, aujourd'hui représentée uniquement par les Brahmes, et aussi de développer la population servile dont le travail était la source principale de la richesse publique. Le législateur pensait sans doute qu'il fallait exciter les passions chez un peuple physiquement assez faible, d'un tempérament lymphatique, disposé à l'anémie par l'insuffisance d'une alimentation exclusivement végétale et par l'accablement du climat.

La religion naturaliste ou érotique de l'Inde a commencé par l'adoration de Siva, confondu d'abord avec le fétiche du membre viril, le linga. Le linga, qu'on rencontre partout dans l'Inde, sur les routes, aux carrefours et places-publiques, dans les champs n'est point ce qu'était dans l'antiquité payenne le phallus, une image obscène et quelquefois un objet d'art. Si on n'était point averti, on le prendrait pour une borne presque cylindrique, c'est-à-dire un peu plus large à la base qu'au sommet, laquelle se termine par une calotte sphérique fort aplatie et ne présentant aucune saillie sur le fût. Celui que j'ai rapporté de l'Inde avait une hauteur d'un mètre, un diamètre moyen de 0,25 à 0,30 m. et reposait sur une base également en granit d'un mètre et demi de côté, clans laquelle était creusée au pied du fût une sorte de rainure circulaire représentant le pli du yoni (partie sexuelle de la femme) figuré par la base, ainsi que cela a lieu généralement.

Ainsi, même aujourd'hui, après trente siècles peut-être, le linga et l'yoni ne sont point des images qui parlent aux sens, ce sont des corps géométriques servant de symboles, des fétiches.

Comme il ne s'est trouvé aucune trace de fétichisme chez les Ariahs de l'époque védique, ni aucun autre fétiche dans le culte brahmanique postérieur, il faut penser que le linga est le fétiche probablement très ancien d'une race assujettie, peut-être les Daysous noirs, et que les Brahmes, pour s'attacher cette race, adoptèrent Siva et le linga, en confondant à dessein Siva avec Roudra, le dieu védique qui s'en rapprochait le plus par ses attributs: Siva était sans doute le dieu national d'une partie notable de l'Inde avant la conquête Aryenne; car, dès le commencement, il a reçu la qualification d'Issouara, l'être suprême.

Le linga n'avait point pénétré dans la religion védique, où il n'y a point de culte du phallus. Stevenson et Lassen lui attribuent, avec beaucoup de preuves à l'appui de leur opinion, une origine dravidienne (la langue dravinienne, aujourd'hui le tamoul, est en usage dans tout le sud de la péninsule).

Le linga apparaît dans la religion des Brahmes en même temps que le Sivaïsme, et celui-ci s'y montre immédiatement après la période des hymnes; quelques morceaux du yagur-véda (véda du cérémonial) supposent un état déjà avancé de la religion sivaïste.

Le temple d'Issouara (Siva, être suprême) à Benarès paraît avoir été très ancien; il était dans toute sa splendeur lors de la visite du pèlerin chinois Fa-Hien.

Encore aujourd'hui, c'est le sivaïsme qui domine à Benarès, la ville sainte et savante par excellence.

Plusieurs passages du Mahabarata ont trait au culte de Siva et du linga; les Épopées, bien que Vichnouistes, supposent une prépondérance antérieure du culte de Mahadèva (le grand dieu, Siva, l'être existant par lui-même).

Dans les premières légendes bouddhistes, le Lalita-Vistara, par exemple, Siva vient immédiatement après Brahma et Çakra (Indra). On sait qu'il y a toujours eu grande sympathie et nombreux rapprochements entre le bouddhisme et le sivaïsme, sans doute parce que ce dernier était très rationnaliste et presque monothéiste, tandis que le vishnouvisme représentait le panthéisme et l'idolâtrie. Le sivaïsme est resté longtemps la religion professionnelle des Brahmes lettrés.

Il y a maintenant dans le sud de l'Inde une secte spiritualiste qui prétend professer le sivaïsme primitif. Elle a eu pour interprète Senathi Radja dans son livre: «le sivaïsme dans l'Inde méridionale.»

Le sivaïsme, dit l'auteur, paraît être la plus ancienne des religions; l'ancienne littérature dravidienne est entièrement sivaïste. Agastia est le premier sage qui a enseigné le monothéisme sivaïste, bien avant les six systèmes de philosophie hindoue, en le fondant à la fois sur les Vedas et sur les Agamas, écrits qui n'ont jamais été traduits dans aucune langue européenne. Voici le résumé de la doctrine monothéiste:

«Tout est compris dans les trois termes: Dieu, l'âme, la matière.

Issouara ou Siva ou Dieu est la cause efficiente de l'univers, son créateur et sa providence.

Siva est immuable, omnipotent, omniscient et miséricordieux, il remplit l'univers et pourtant il en diffère.

Il est en union intime avec l'âme humaine immortelle, mais il se distingue des âmes individuelles qui sont inférieures d'un degré à son essence. Son union avec une âme devient manifeste quand celle-ci s'affranchit du joug des sens, ce qu'elle ne peut faire sans la grâce dont Siva est le dispensateur.

La matière est éternelle et passive, c'est Siva qui la meut; il est l'époux de la nature entière qu'il féconde par son action universelle.

Il n'y a qu'un dieu, ceux qui disent qu'il y a plusieurs dieux seront voués au feu infernal.

La révélation de Dieu est une, la destinée finale est une, la voie morale pour l'humanité tout entière est une.»

De là vient sans doute le renseignement suivant, donné par l'abbé

Dubois: chaque Brahmane dirait à son fils au moment de l'initiation:

«Souviens-toi qu'il n'y a qu'un seul Dieu; mais c'est un dogme qu'il ne

faut point révéler parce qu'il ne serait point compris.»

Siva est le dieu de l'Inde qui a le plus de sanctuaires et le linga est le symbole le plus répandu. On le trouve à profusion au Cambodge où, tous les ans, à la fête du renouveau, on promène dans les rues en procession un immense linga creux dans lequel se tient un jeune garçon qui en forme la tête épanouie.

Chose curieuse! Le linga est la matière d'un ex-voto très commun pour les ascètes au Cambodge. Voici, un peu abrégée, la dédicace d'un linga par l'un d'eux (Journal de la Société asiatique).

Om, adoration à Siva.

1°.—2°.—3°.—Formules préliminaires d'adoration à Siva.

4°. Le linga érigé par l'ascète Djana-Priga dans le temps de l'ère Çaka exprimée par le chiffre 6, les nuages 7 et les ouvertures du corps 9, soit le nombre 976; respectez-le, habitants des cavernes (ermites ascètes) voués à la méditation de Siva qui a résidé en lui.

5°. Réfugié auprès de tous ceux qui ont pour occupation la science du maître des maîtres du monde (Siva), il l'a donné (le linga) à tous pour protéger le sattra (le soma offert en sacrifice comme symbole de la semence divine de Siva) de ces ascètes aux mérites excellents, l'ayant tiré des entrailles de son corps.

6°. C'est le Seigneur en personne (le linga est Siva lui-même), se disaient tous ceux qui ont des mérites excellents (les ascètes). Aussi vouèrent-ils une affection éternelle à ce yoghi aspirant à la délivrance (celui qui avait donné le linga).

7°. Pour lui, abattus par des haches telles que celles de Maïtri, et précipités dans cet océan qu'on appelle la qualité de bonté (la qualité de bonté embrassait tout ce qui est excellent et saint), les arbres qu'on appelle les six ennemis (les six sens) ne porteront plus aucun fruit.

8°. Sorti d'une race pure, il a accompli les oeuvres viriles qu'il avait à accomplir. Et maintenant, son âme purifiée a en partage la béatitude suprême (même avant la mort dans sa retraite, etc.).

9°. On voit par cette dédicace que le voeu ou la consécration d'un linga était un acte d'austérité et que le linga, comme Siva, avait un culte plutôt sévère qu'aimable.

Le culte de Priape, en Grèce, paraît avoir eu à peu près le même caractère. C'était une divinité rurale dont le délicieux roman de Daphnis et Chloé nous donne une idée respectable et sympathique, nullement licencieuse. Ce caractère paraît avoir changé à Rome par l'effet du progrès de l'érotisme dans toutes les religions de l'Inde. D'après Richard Payne, auteur du Culte de Priape, Priape y avait un temple, des prêtres, des oies sacrées. On lui amenait pour victimes de belles filles qui venaient de perdre leur virginité.

La haute antiquité du culte du linga dans l'Inde et la certitude aujourd'hui acquise d'une expansion ou éruption de l'hindouisme vers l'Occident, antérieur aux sept sages de la Grèce, rendent très probable l'opinion que c'est de l'Inde qu'est venu le culte phallique; d'abord associé sans doute à celui des divinités assyriennes et phéniciennes dont l'une a pu représenter Siva, il s'établit ensuite avec éclat dans l'île de Chypre qui lui fut consacrée tout entière. Il passa de là dans l'Asie Mineure, en Grèce et en Italie.

Rien de surprenant que, dans ces contrées où l'art était tout, le linga, encore fétiche à Paphos, se soit transformé en une image que les idées des anciens sur les nudités, absolument différentes des nôtres, ne faisaient point considérer comme obscène et que la sculpture s'efforçât de rendre aussi belle et aussi gracieuse qu'aucune autre partie du corps humain. C'est ce que l'on voit dans la statue de l'Hercule phallophore qui porte une corne d'abondance remplie de phallus, et dans un grand nombre de camées antiques. Sans doute on mit beaucoup de lingas ou priapes pour servir de délimitation ou de repère dans les champs et les jardins. De là l'origine du dieu champêtre Priape. C'est la prédominance primitive de l'énergie mâle qui se continua dans la Grèce, tandis que, peu à peu, dans l'Inde, l'énergie femelle prenait le dessus. Chez les poètes anciens jusqu'à Lucrèce, Vénus est la déesse de la beauté, de la volupté, des amours faciles, des jeux et des ris plutôt que de la fécondité. Junon avait pour les épouses ce dernier caractère plus peut-être que Vénus; et une autre déesse, Lucine, présidait aux accouchements. Ce fut probablement par l'effet de la pénétration des idées indiennes transformées, au sujet des énergies femelles, et peut-être aussi par un progrès naturel, que les poètes philosophes tels que Lucrèce célébrèrent Vénus comme la mère universelle: Venus omnium parens.

Le culte de Vénus dans l'île de Chypre réunit beaucoup de traits du culte naturaliste de l'Inde à la prostitution sacrée des religions assyriennes et phéniciennes, le tout relevé par l'arc grec.

Le temple de Paphos dessinait un rectangle (forme des temples indiens et grecs) de dix-huit mètres de longueur sur neuf mètres de largeur. Sous le péristyle, un phallus d'un mètre de hauteur, érigé sur un piédestal, annonçait l'objet du culte. Au milieu du temple se dressait un cône d'un mètre de hauteur (forme du linga), symbole de l'organe générateur.

Tout autour du cône étaient rangées de nombreuses déesses dans des poses appropriées au culte du temple (comme les gopies autour du dieu Krishna).

La statue de la déesse placée dans le sanctuaire a l'index de la main droite dirigé vers le pubis (Latchoumy, la déesse de la fécondité, figure dans les bas-reliefs des pagodes avec un doigt placé immédiatement au-dessous du pubis).

Le bras gauche s'arrondit à la hauteur de la poitrine et l'index de la main gauche est dirigé vers le mamelon du sein droit; on se demande si c'est un appel à la volupté ou l'indication de l'allaitement.

Cette statue, oeuvre admirable de Praxitèle, est surtout gracieuse et délicate; c'est la volupté idéalisée (voir à ce sujet le chapitre des amours de Lucien).

L'aphrodite phénicienne est au contraire un type réaliste; elle a les formes massives, les flancs larges et robustes, la poitrine rebondie, les hanches et le bassin largement développés; tout en elle respire la luxure.

A l'entrée de tous les temples naturalistes de Chypre, de la Phénicie, se dressent des colonnes de formes diverses, symboles de l'organe mâle. Il y avait toujours deux de ces symboles, colonnes ou obélisques, devant les temples construits par les Phéniciens, y compris celui de Jérusalem.

Des érudits attribuent cette origine, comme emprunt fait au temple de Jérusalem, aux deux tours ou flèches de nos cathédrales gothiques; l'auteur du Génie du christianisme ne s'en doutait guère! Et cependant les menhirs de la Basse-Bretagne, tout à fait semblables à ceux d'une grande région du Décan, paraissent avoir appartenu au même culte naturaliste[1].

Remarquons que les Sivaïstes et les Phéniciens, ceux-ci comme Sémites, avaient, outre les mêmes symboles, les mêmes croyances monothéistes.

Ce qu'on adorait à Paphos et dans les autres temples naturalistes, c'était la volupté souveraine par l'union des sexes, l'amour universel dans le monde, la force productrice chez les êtres animés.

[Note 1: Mgr Laouénan.—Les monuments celtiques sont très communs dans l'Inde; dans les plaines rocheuses qui s'étendent parmi les massifs des gates orientales jusqu'à la Nerbudda et aux monts Vindhyas, on rencontre à chaque pas pour ainsi dire des constructions identiques à celles qui existent au nord et à l'ouest de l'Europe. D'après la tradition locale ou l'opinion des habitants intelligents, les menhirs représentent le linga. Les étymologies appuient cette opinion.]

Dans les fêtes d'Adonis dont la légende est un mythe solaire, on célébrait le retour du soleil et de l'amour universel par des transports de joie, des chants et des danses orgiaques (comme dans le culte de Krishna, incarnation de Vishnou-Soleil).

Alors avaient lieu les prostitutions sacrées considérées comme des sacrifices (elles ont de l'analogie avec les Sakty pudja, sacrifices de la Sackty, que nous verrons plus loin s'établir dans le Sivaïsme).

«Sous de légers berceaux de myrthe et de laurier, sous des tentes enguirlandées de fleurs, se tenaient les Hériodules, prêtresses de la déesse, jeunes et belles esclaves grecques ou syriennes; elles étaient couvertes de bijoux, vêtues de riches étoffes, coiffées d'une mitre enrichie de pierreries, de laquelle s'échappaient les longues tresses de leurs noires chevelures entremêlées de guirlandes de fleurs dans lesquelles se jouait une écharpe écarlate. Sur leurs poitrines aux seins fermes et arrondis, que protégeait une gaze légère, pendaient des colliers d'or, d'ambre et de perles ou de verre chatoyant, comme insignes de leur office religieux; elles tenaient à la main un rameau de myrthe et la colombe, l'oiseau de Vénus.»

Ainsi parées, elles attendaient souriantes et toujours prêtes à célébrer le doux sacrifice en l'honneur de la déesse avec tous ceux qui les en priaient.

Partout où domine le culte du Linga ou de ses équivalents, on est obligé de voir une émanation du Sivaïsme primitif, divinisation du pouvoir rénovateur, avec un rôle secondaire pour la déesse de la beauté (dans l'Inde, Parvati, la femme de Siva).

Dans cette période reculée, Siva est la cause efficiente qui, par son énergie ou sa sakti comme instrument, produit ou détruit le monde qui a pour matrice la prakrite ou la matière universelle (voir, pour la définition de la prakriti, le sankya commenté par M. Barthélemy de Saint-Hilaire). La sakty d'un dieu forme avec lui un seul être à double face. Peu à peu, par la prédominance de la sakty, le rôle de l'élément mâle diminua, puis s'effaça, mais ce fut assez tard. La prédominance de la sakty de Siva ne s'affirme que dans les derniers Pouranas et dans la littérature des Tantras qui commence au IVe siècle de notre ère.

Le culte des saktis, tel qu'il est décrit dans les Tantras, forme une religion à part, celle des Saktas, qui se divise en plusieurs branches et qui a sa mythologie spéciale. La divinité dominante est Mahadeva (Siva). Selon le Vayou Pourana, non-seulement Siva avait une double nature mâle et femelle, mais sa nature femelle se divisa en deux moitiés, l'une blanche et l'autre noire, cette dernière sans doute imaginée pour la satisfaction des castes des Soudras (noirs). A la nature blanche, ou qualité de bonté, on rattacha les Saktys ou déesses bienfaisantes, telles que Latchoumy, Seravasti, épouses de Vischnou et de Brahma; à la nature noire Dourga, Candi, Cananda, toutes les saktys ou déesses redoutées. Mahadévi ou la sakty de Siva, qu'on suppose une transformation de Maya, le principe féminin des Vedas, se développa dans une infinité de manifestations ou de personnifications de toutes les forces physiques, physiologiques, morales et intellectuelles, qui eurent chacune leurs dévots et leur culte. Comme plusieurs de ces déesses sont notoirement des divinités aborigènes, il est vraisemblable que l'ensemble fut constitué par le groupement des divinités femelles des cultes aborigènes pour former une sorte de polythéisme féminin que les Brahmes acceptèrent comme une religion populaire en y introduisant au dernier degré les femmes mortelles, depuis les Brahmines.

Pour creuser une séparation plus profonde entre le Bouddhisme et la religion populaire, les Brahmes avaient développé jusqu'à la fausser la Bakti, l'ancienne doctrine du salut par la foi et la dévotion ou la grâce, opposée à celle du salut par la boddhi (la connaissance), doctrine de l'ancienne thésophie, du sankia, du bouddhisme et de l'orthodoxie brahmanique moderne formulée par Cançara, le résurrecteur du Brahmanisme presque tué par le Bouddhisme. La backti s'adresse, dans chaque secte, à la manifestation du dieu la plus rapprochée, par exemple, chez les Vichnouvistes, non à Vishnou, mais à Krishna, le dieu fait homme; il y répond par sa grâce. La dévotion au dieu de la secte suppléait à tout, à la morale, aux oeuvres, à l'ascétisme, à la contemplation. Cette doctrine est pleinement développée dans le chant du Bien Heureux et systématisée par Sandilya dans ses Sutras de la Bakti, d'où Nagardjuna les a introduits dans le grand véhicule bouddhiste. Par elle la religion, jusque-là dérobée aux masses dans son essence, devient un fait de sentiment que le sensualisme hindou change bien vite en un fait de passion.

En resserrant la dévotion sectaire sur une divinité très précise, la bakti a poussé à l'idolâtrie; elle a confondu d'abord le dieu avec son image, puis distingué entre les sanctuaires d'un même dieu. De là une subdivision à l'infini des sectes et des cultes.

La Bakti embrasse tout le vichnouvisme et une partie seulement du sivaïsme.

Les bakta ou sectateurs de la Bakti se divisèrent en: main droite, qui s'en tient aux Pouranas et à la dévotion pour leurs dieux et déesses mythologiques (les Pouranas sont la mythologie populaire recueillie officiellement par les Brahmes), et main gauche, qui fait du Kaulo Upanishad et des Tantras une sorte de veda particulier, adressant de préférence sa dévotion aux énergies et divinités femelles et principalement à l'union des sexes et aux pouvoirs magiques. Les Tantras sont des livres d'érotisme et de magie.

Les rites de la main gauche unissent les deux sexes en supprimant toute distinction de caste. Dans des réunions qui ne sont point publiques, les affiliés, gorgés de viandes et de spiritueux, adorent la sakti sous la forme d'une femme, le plus souvent celle de l'un d'eux; elle est placée toute nue sur une sorte de piédestal et un initié consomme le sacrifice par l'acte charnel. La cérémonie se termine par l'accouplement général de tous, chaque couple représentant Siva et sa Sakty et devenant identique avec eux. C'est absorbé dans la pensée de la divinité et sans chercher la satisfaction des sens que le fidèle doit accomplir ces actes. Les catéchismes qui enseignent ces pratiques sont remplis de hautes théories morales et même d'ascétisme, mais en réalité, les membres de ces réunions ne sont que des libertins hypocrites. On prétend que beaucoup de brahmes en font secrètement partie bien que publiquement ils affectent de les blâmer, parce que toutes ces pratiques sont contraires aux règles sur les castes et les souillures.

Ce fait n'est qu'une application particulière de la politique générale des Brahmes qui partout ont flatté les passions et semé la corruption, pour détacher du bouddhisme les populations qu'il avait d'abord conquises.

C'est dans cette même pensée qu'ils ont constitué la grande secte essentiellement panthéiste de Vichnou, et principalement le culte de Krichna. Bien mieux encore que le Sivaïsme, le Vischnouvisme, par sa théorie des incarnations et de l'action continue de Vischnou pour la conversion du monde et par la divination de la vie dans toutes ses manifestations, se prêtait à l'adoption de toutes les divinités, de tous les cultes, de toutes les superstitions aborigènes. Actuellement l'Inde compte plus de 20,000 dieux, la plupart anciennes divinités locales qui sont adorées par les vishnouvistes, en même temps que Vichnou dans ses principales incarnations de Rama et de Krischna et dans ses attributs essentiels de dieu soleil, tel que le conçoivent une grande partie des Hindous, surtout les plus instruits.

Krishna fut un prince, ou chef indigène (le mot krishna veut dire noir), guerrier habile et heureux, qui rendit aux Brahmes des services signalés dans le cours de leurs luttes contre les Kchattrias, et dont les premiers, en récompense, firent une incarnation de Vichnou. Son culte et ses légendes, notamment celles de ses amours avec Radha, furent, dès l'origine, très licencieux, et Krishna fut sans doute tout d'abord le dieu du plaisir. Le Lalita-Vistara (vie poétique de Bouddha) confond Krishna avec Marah, le tentateur, le dieu de la concupiscence. Pour les besoins de leur lutte contre le bouddhisme, les Brahmes relevèrent le culte de Krishna, fort goûté du sensualisme hindou; ils lui laissèrent probablement toute la licence de ses pratiques pour le bas peuple, mais en même temps ils s'efforcèrent de l'entourer aux yeux des classes élevées d'une auréole de mysticisme. Krishna s'élève à une grande hauteur de philosophie religieuse dans le chant du Bien Heureux; soit rencontre fortuite, soit emprunt du philosophe grec, la théorie des divinités secondaires, ministres du dieu principal, est la même dans Platon et dans le poète hindou. On a commenté les amours de Krishna avec Rhada, comme une allégorie figurant le commerce de l'âme avec Dieu. Mais, de même que nous l'avons vu tout à l'heure pour les Tantras et les catéchismes de la Sakty, il faut penser que ce prétendu amour divin n'existait que pour des ascètes, et que, au fond, c'était pour les Brahmes une manière de couvrir d'une apparence de piété l'érotisme du culte.

A mesure que la Bakti s'accentue dans le vichnouvisme et que les mérites de la dévotion sont de plus en plus considérés comme dispensant de tous les autres, la religion de Krishna plonge de plus en plus dans l'érotisme et fait parler davantage à l'amour divin le langage de la passion. Cette tendance se montre avec un éclat incomparable dans le Baghavata pourana et avec plus d'intensité encore dans les remaniements populaires de cet ouvrage répandus dans toute l'Inde, notamment dans le Premsagar Indi (l'Océan d'amour).

Le Baghavata Pourana donne des descriptions très lascives des amours de

Krishna avec les gopies (bergères).

Le poëme lyrique de Gita Govinda (le Chant du pâtre, Krishna) rappelle le Cantique des Cantiques et Lassen ne l'a traduit qu'en latin. Il n'a été dépassé en verve érotique que par l'ode à Priape de Piron. L'érotisme a infecté tous le vichnouvisme; M. Théodore Pavie a vu à Ceylan des scènes répugnantes jusqu'au dégoût. Dans la province de Bombay et au Bengale, les dévots de Krishna, surtout dans les campagnes, ont des réunions de nuit où, en imitation des jeux de Krishna et des Gopies, ils s'exaltent en commun jusqu'à un paroxysme frénétique et une licence sans bornes.

Krishna est le véritable dieu de l'amour pour les Hindous. Quant au dieu Kama, le Cupidon indien, c'est évidemment un emprunt fait aux Grecs. Le mot Kama signifie le plaisir charnel et il est employé dans ce sens par les plus anciens auteurs, en même temps que le Darma (devoir religieux) et I'Artha (la science de la richesse). Ces trois mots forment la trilogie hindoue des mobiles de nos actions. Comme les Hindous sont fort imitateurs, ils ont adopté le Cupidon des Grecs, après l'établissement de ceux-ci dans une partie du Punjab, et lui ont donné le nom déjà bien ancien de Kama. Il figure seulement dans une légende sans doute relativement récente des Pouranas[2].

[Note 2: Le baron d'Ekstein dit: «Les Ariabs ont emprunté aux Cephenès, leurs prédécesseurs dans l'Inde, le dieu Kama, pareil à l'Eros des Grecs; ils l'ont embelli, _bien qu'il n'appartienne pas dans son principe à leur pensée cosmologique et ils l'ont postérieurement reproduit dans le Véda comme il est décrit par Hosunt.]

Les bayadères ne sont pas, comme on pourrait le croire, consacrées au dieu Kama; elles sont les épouses de Soubramaniar, le dieu de la guerre.

Après avoir reçu du paganisme Cupidon, sous le nom de Kama, l'Inde, à son tour, semble lui avoir donné, comme imitation ou importation de ses pratiques de plus en plus corrompues, surtout de celles des saktis de la main gauche, le culte de plus en plus corrompu de Priape, dont le chevalier Richard Payne nous a donné une histoire. En voici quelques traits essentiels.

Avant la célébration d'un mariage, on plaçait la fiancée sur la statue du dieu, le phallus, pour qu'elle fût rendue féconde par le principe divin. Dans un poème ancien sur Priape (Priapi Carmen) on voit une dame présentant au dieu les peintures d'Éléphantis et lui demandant gravement de jouir des plaisirs auxquels il préside, dans toutes les attitudes décrites par ce traité.

Lorsqu'une femme avait rempli le rôle de victime dans le sacrifice à Priape, elle exprimait sa gratitude par des présents déposés sur l'autel, des phallus en nombre égal à celui des officiants du sacrifice. Quelquefois ce nombre était grand et prouvait que la victime n'avait pas été négligée.

Ces sacrifices se faisaient dans des fêtes de nuit, aussi bien que tous ceux offerts aux divinités qui présidaient à la génération. Les dévots à ces divinités s'enfermaient dans les temples et y vivaient dans la promiscuité. Il y avait aussi des initiées dont Pétrone a peint les moeurs dans quelques pages que nous avons résumées.

A Corinthe et à Ereix, ville de Sicile, il y avait des temples consacrés à la prostitution.

Selon l'érudit Larcher, Vénus était la déesse qui possédait le plus grand nombre de temples dans les deux Grèces; on en comptait une centaine. Plusieurs villes de la Grèce, mais surtout Athènes et Corinthe, célébraient ses fêtes avec un nombre de belles femmes qu'on ne pourrait réunir aujourd'hui. Elle était encore plus en honneur à Rome dont elle était considérée comme la mère. Jamais peuple ne porta la sensualité plus loin que les Romains; hommes et femmes de toute condition et de tout rang se livraient avec fureur à tous les débordements.

Théologie hindoue: Le Kama soutra

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