Читать книгу Momus à la caserne - A. Jacquemart - Страница 13
ОглавлениеLA CRUCHE.
Air: Un homme, pour faire un tableau
JE cherchais un noble sujet
Pour rimer une chansonnette,
Quand je vis près de mon buffet
Le meuble d’un pauvre poète.
Puisque l’on chante de nos jours
Jusqu’à la moindre fanfreluche,
O Phœbus! viens à mon secours!
Daigne m’inspirer.... sur la cruche. (bis.)
De la ridicule Chloris
On vante partout l’innocence:
De telles vertus dans Paris
Se rencontrent en abondance.
Loin de donner dans le panneau,
Moi je dis à cette guenuche:
Quand on va si souvent... à l’eau,
Comment ne pas casser sa cruche.
La nuit le pâle Maigrinet,
Grelottant sous une mansarde,
Le front penché sur Richelet
Invoque sa muse bâtarde.
Ce misérable original,
En allongeant son cou d’au truche,
Cherche d’un air sentimental
L’Hippocrène dans une cruche.
Qu’un ignare soit opulent,
Chacun le fête, le revère;
Quand le mérite, le talent
Sont oubliés dans leur chaumière.
La cruche, qui gît sous les toits,
Souvent dans un salon se huche:
Que de gens ont ôté de fois
Leur chapeau devant une cruche.
Mais qui le croira? parmi nous
Mainte cruche fut révérée,
Et l’on vit des sots à genoux
Autour d’une cruche dorée;
Leurs esprits étaient si troublés
Qu’ils brisaient les utiles ruches,
Et les malheureux aveuglés
S’occupaient à remplir des cruches!
Ah! sur la cruche c’en est trop,
Car près de moi j’entends redire:
Que je suis bête comme un pot
Depuis que la cruche m’inspire;
Je ne puis repousser les traits
Du rude censeur qui m’épluche,
Et n’ose espérer le succès
Qui couronna plus d’une cruche.
LE PAUVRE TROUBADOUR.
Air: Patrie, honneur, pour qui j’arme mon bras.
CONTENT du lot que m’ont donné les dieux,
Point ne m’échappe une plainte importune.
Le riche pleure et moi je suis joyeux:
Et je ferais des vœux pour la fortune,
Moi qui récus de la divinité (bis.)
Peu de richesse et beaucoup de gaîté ! (bis.)
Que l’opulence, en un brillant wiski,
Fasse traîner son grave personnage;
Lorsque je tiens le bras d’un bon ami
Puis-je envier son brillant équipage,
Moi qui reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaité?
N’ai jamais lu le noir fatras des lois;
De ce dédale avec soin je m’écarte.
Point de chagrin, aime, ris, chante et bois,
Sont les seuls mots qui composent ma charte,
Moi qui reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Mondor, qui croit inspirer de l’amour,
Doit à ses biens sa vénale maîtresse;
Qu’un gai tendron vienne à m’aimer un jour,
Je serai seul l’objet de sa tendresse:
Car je reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Lorsque viendra fille au gentil maintien
Sous l’humble toit du pauvre et gai trouvère,
Je lui dirai: Partagez tout mon bien;
Je n’ai ma foi qu’un cœur, qu’un lit, qu’un verre;
Mais je reçus de la divinité
Peu de richesses et beaucoup de gaîté.
Mon luth se brise et je manque de vin!
Je suis muet! Adieu, joyeux délire!
Mais un ami me verse un gai refrain,
Un autre met une corde à ma lyre;
Car je reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaîté.
Je dis à Dieu: Mon père pardonnez
Les gais élans de ma philosophie.
Je dis aux rois: Soyez plus fortunés,
Mais plus joyeux; oh! je vous en délie,
Moi qui reçus de la divinité
Peu Je richesse et beaucoup de gatté.
Tel d’une table on s’éloigne gaiement,
Tel de la vie un luron se retire:
Oui les témoins de mon dernier moment
Seront témoins de mon dernier sourire,
Car je reçus de la divinité
Peu de richesse et beaucoup de gaité?
LES SOLDATS FRANÇAIS
AUX LIBELLISTES.
(Décembre1819.)
Air: De Boileau à Auteuil,
CHŒUR.
DÉTROMPEZ-VOUS, sujets rebelles,
Vos efforts seront sans succès:
Avant d’écouter vos libelles
Nous cesserons d’être Français, (ter.)
Air: Ce magistrat irréprochable.
Quand la douce paix, la concorde
Nous procurent des jours plus beaux,
Quoi! vous voulez de la discorde
Hallumer les pâles flambeaux? (bis.)
En Louis quand chacun espère,
Vous voulez, indignes sujets,
Armer le fils contre son père ! (bis.)
Voilà vos coupables projets. (bis.)
Détrompez-vous, etc.
Pour tâcher d’émouvoir nos âmes
Vous nous parlez de liberté;
La plus odieuse des trames
Paraît sous ce voile emprunté.
Libres; soumis à votre rage,
Hommes perfides et pervers,
Si nous écoutions ce langage
Nous serions bientôt dans les fers.
Détrompez-vous, etc.
Le soldat qu’un saint zèle anime
Méprise vos lâches complots;
Il sait que trahir est un crime,
Qu’un traître n’est point un héros.
Vos principes d’indépendance
Sont bien mal fondés, croyez-moi:
Car celui qui chérit la France,
Sans doute doit chérir le roi.
Détrompez-vous, etc.
Voyez ces éclatans panaches
Que nous sommes fiers de porter?
Voyez ces étendards sans taches,
Gardez-vous de les insulter!
Nous jurâmes de les défendre,
Et de ne les quitter jamais:
Insensés, faut-il vous apprendre
La force d’un serment français?
Détrompez-vous, etc.
Le corps criblé par la mitraille,
Écoutez nos vieux grenadiers
Nous citer plus d’une bataille
Où leur front fut ceint de lauriers.
Tous rassemblés à la cantine
On les entoure avec émoi
Et chaque récit se termine
Par les cris de vive le roi!
Détrompez-vous, etc.
N’espérez pas qu’un militaire
Se laisse entraîner sur vos pas.
Gardez votre honteux salaire:
L’honneur français ne se vend pas!
Après un repas bien modeste,
Que nous trouvons de bon aloi,
Nous sommes riches, s’il nous reste
Pour boire à la santé du roi!
Détrompez-vous, etc.
Que demain l’honneur nous rappelle
Aux lieux de nos premiers exploits,
Chacun de nous, brave et fidèle,
Défendra le meilleur des rois;
Par de nouveaux traits de vaillance,
S’illustreront tous nos guerriers,
Et l’on verra fleurir en France
Les lis à l’ombre des lauriers.
Détrompez-vous, sujets rebelles,
Vos efforts seront sans succès.
Avant d’écouter vos libelles
Nous cesserons d’être Français.
LA VENGEANCE RÉCIPROQUE.
PLUS d’un époux, bon chrétien,
Envoie à Lucifer le bel ange qu’il aime:
Mais madame s’en venge bien
En faisant le diable elle-même.