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DE L'ÉTABLISSEMENT DE LA NOUVELLE-FRANCE.

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Table des matières

Christophe Colomb avait accompli sa découverte, le 12 octobre 1492. Le bruit s'en répandit aussitôt en Europe et l'on comprend quelle émotion causa un si grand évènement. En attendant que les gouvernements prissent une décision, plusieurs contrées maritimes songèrent à explorer les régions nouvelles.

Les marins de la Bretagne et de la Normandie furent des premiers à les aborder; ils reconnurent d'abord le banc de Torre-Neuve, et les pays de chasse du Labrador.

Dès 1504 la pêche avait commencé; plusieurs capitaines entrèrent dans le pays et recherchèrent les fourrures.

En 1506, Denys, pilote de Honfleur, revint avec une carte du Saint-Laurent.

En 1508, on amenait en France des sauvages des côtes américaines.

En 1524, le gouvernement français envoyait un explorateur, Verazzani, qui visita les contrées que l'on appela depuis la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre.

En 1527, un navire anglais signalait la présence, près de Terre-Neuve, de dix bâtiments bretons et normands.

En 1534, le grand amiral de France, Philippe de Chabot, envoyait un marin expérimenté, Jacques Cartier, qui, en trois voyages consécutifs, explora le cours du Saint-Laurent et prit possession de ces nouveaux territoires au nom du roi de France. Il planta une croix surmontée d'un écusson aux armes royales, et il bâtit un fort près de Québec.1

Note 1: (retour) Bancroft Histoire de l'Amérique, tome 1er.—M. Garneau, Histoire du Canada,—M. Faillon. Histoire de la colonie française en Canada, tome 1er,—M. Ferland.

Les guerres qui survinrent en Europe arrêteront les missions royales, mais les marins venaient toujours pour la pèche, et, en 1578, on compta jusqu'à 150 bâtiments français sur le banc de Terre-Neuve.

En 1594, Henri IV fit reprendre les entreprises coloniales au Canada. Il nomma le marquis de La Roche lieutenant général des possessions américaines. De Monts lui succéda en 1596, puis M. du Pontgravé. Enfin, en 1601, les expéditions furent confiées a un officier habile, homme de science et d'expérience, Samuel de Champlain, qui a mérité le titre de père de la Nouvelle-France.

Champlain vint occuper les rives du Saint-Laurent, pendant que M. de Poutrincourt s'établissait en Acadie.

En 1609, Champlain fonda In ville de Québec, puis il explora le pays.

Il visita la rivière dite depuis de Richelieu, il reconnut au sud un grand lac qui porte maintenant son nom. Il signala la position d'Hochelaga (Montréal), remonta l'Ottawa et vint jusqu'au lac Nipissing, en 1616. Il explora, aux environs du lac Nipissing, un autre lac qui a aussi porté son nom. Enfin, il fit venir les religieux Récollets, qu'il établit en deux missions principales; à Québec et au lac Huron, Entre 1607 et 1635, Champlain avait fait quinze voyages. Il allait exciter le zèle des gouvernants, parlait des ressources du pays; mais en même temps, il faisait connaître les difficultés de l'établissement: le froid excessif décourageait les nouveaux arrivés; le monopole de certaines compagnies tuait le commerce; l'agriculture exigeait de grands sacrifices.

Après tant d'expéditions et de tentatives, Champlain ne voyait à Québec, en 1630, que quelques familles bien établies. Ému de ses représentations, le cardinal de Richelieu prend l'oeuvre en main et veut lu seconder de tout son pouvoir: il fonde la société de lu Nouvelle-France, qui comptait 110 membres choisis parmi les premiers personnages du royaume; il envoie des colons et des religieux. Mais en 1640, au bout de dix ans, tous ces efforts n'avaient réussi qu'à établir 200 personnes dans tout le pays, en comprenant même les prêtres, les religieux, les femmes et les enfants.2

Note 2: (retour) Histoire de la Nouvelle-France, tome Ier, page XX.—Dollier de Casson, Histoire de Montréal, 1640-1641.

Pour avoir un établissement, il fallait d'importants secours de la mère patrie, et il fallait que ces secours fussent désintéressés. De plus, les colons devaient être guidés par des vues de foi et de sacrifice; ils devaient être décidés à supporter le climat, les privations, et des dangers extrêmes, parce qu'il y avait à lutter contre des peuplades nombreuses, implacables, et fournies d'armes à feu par les établissements voisins de la Nouvelle-Angleterre et de la Nouvelle-Orange.

Or quand, après la mort de Champlain, tout semblait en détresse, le Seigneur vient en aide a la jeune colonie et lui procure miraculeusement des ressources inattendues, qui devaient assurer un succès jusque-là vainement poursuivi. Des hommes de foi et de dévouement se décidèrent à fournir les moyens d'une nouvelle entreprise, et en même temps des héros s'offrirent pour les seconder, et assurer l'établissement de la religion en ces contrées inhospitalières.

Champlain venait de mourir (25 octobre 1635), et quelques semaines après, le 2 février 1636, un pieux gentilhomme de la Flèche, M. de La Dauversière, étant en prière, reçoit l'avis de fonder un établissement à, une certaine distance de Québec pour couvrir les voies qui conduisaient au centre de ïa colonie française et, pour être plus au milieu des populations que l'on voulait convertir. L'endroit lui est montré de la manière la plus distincte. Cet avis fut répété plusieurs fois. Chose étonnante, il n'était pas le seul qui eût reçu cette indication, et en effet le même jour, 2 février 1636, un jeune ecclésiastique qu'il ne connaissait pas, M. Olier, alors âgé de vingt-six ans, et établi à Vaugirard avec quelques prêtres, est averti qu'il doit se consacrer à fonder un établissement, pour le bien de lu religion, à un endroit du Canada qui lui est montré aussi de la manière la plus distincte, et en même temps il lui est enjoint d'établir une compagnie de prêtres pour prendre soin des intérêts spirituels de l'entreprise.

Or, dans ces deux révélations arrivées le même jour, il s'agissait de la même oeuvre, et l'endroit indiqué était le même. C'est ce que reconnurent ces deux grands serviteurs de Dieu quand ils se rencontrèrent plusieurs années après, vers 1640. Ils ne se connaissaient pas, et furent secrètement avertis de la communauté de leur vocation et de leur mission.3

Note 3: (retour) Le P. Vimont, Lettres des rev. PP. Jésuites, tome 1er, page 15,—La mère de l'Incarnation, ses lettres de 1642,—M, Dollier de Casson, Histoire de Montréal.

Grâce à l'union de leurs efforts, l'oeuvre prit tous les développements désirables; de nobles seigneurs s'y associèrent. Enfin, au moment où la compagnie achetait l'île de Montréal, un gentilhomme, jeune encore, retiré du service, désirant se consacrer À une oeuvre de zèle, se présentait: c'était M. de Maisonneuve. C'est lui qui fut le fondateur de Montréal et qui devait en faire le boulevard de la colonie par vingt années d'un dévouement intrépide et de l'administration la plus nage.

Il fut aidé par des hommes de foi et de courage. Parmi ces auxiliaires, nous nous proposons de faire connaître la famille des Le Moyne, et la part qu'ils ont eue à l'établissement de la Nouvelle-France.

C'est ce que nous allons exposer dans les paragraphes suivants.


Histoire du Chevalier d'Iberville (1663-1706)

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