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CONSIDÉRATIONS SUR LA NUTRITION

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Conditions physiologiques de la nutrition. — Des éléments anatomiques. — Mécanisme des échanges entre les éléments anatomiques et le sang. — Phénomènes intimes de la nutrition: Actes préparatoires, actes d’assimilation et de désassimilation proprement dits, actes complémentaires de désassimilation. — Agents modificateurs de la nutrition; agents physiques, aliments dits nerveux. — Action fondamentale des phénomènes de la nutrition sur l’organisme. — Aperçu de l’action modificatrice de la gymnastique sur les grands systèmes de l’économie.

Un fait capital régit la vie. Il consiste en une série d’échanges entre l’être organisé et le milieu ambiant. La succession de ces échanges est ininterrompue. L’ensemble des phénomènes qu’ils impliquent constitue la NUTRITION.

Chez l’animal, c’est entre le sang et les tissus que — soit directement, soit indirectement — ces échanges s’établissent.

Ils se font au prix d’un effort simultané de décomposition et de recomposition dont le fruit est la conservation de l’organisme.

Le sang est le milieu dans lequel vivent les éléments anatomiques des tissus.

Ce terme d’élément anatomique demande explication. Il s’applique à ces parties ultimes essentiellement moléculaires auxquelles, en dehors des actions chimiques, par la seule voie de l’analyse anatomique, les tissus organiques peuvent être réduits. Ils sont l’analogue des corps simples en chimie, c’est-à-dire des substances indécomposables ou tout au moins, avec les ressources actuelles de la science, impossibles à décomposer.

A ces éléments anatomiques, donc, le sang apporte les matériaux susceptibles d’assimilation. Il les débarrasse en même temps des substances devenues inutiles — nuisibles par conséquent — des déchets que la désassimilation a produites.

Longtemps on a pensé que les matières assimitables (albumine, sucre, graisse, etc.) étaient directement assimilées par les tissus.

Dans cette opinion, il n’y aurait d’assimilés que les composés organiques trouvés tout formés par l’animal dans ses aliments. Les meilleurs auteurs se sont ralliés à cette théorie. Les recherches contemporaines en ont dévoilé l’inanité.

Les choses, en effet, ne se passent pas aussi simplement. Entre le sang et les éléments anatomiques, les échanges sont complexes. Il y a plus à faire pour ces éléments, qu’à saisir en quelque sorte, au passage des matériaux tout préparés pour leur entretien que charrierait, à leur intention, le liquide sanguin. Leur rôle est moins passif et ils le remplissent grâce au contact immédiat dans lequel ils se trouvent avec la lymphe qui imprègne les mailles intersticielles des tissus. Ils le remplissent par des mécanismes variables appropriés aux besoins, subordonnés aux conditions physiologiques normales ou non, de l’organisme. L’organisme, ainsi que le fait remarquer Claude Bernard, jouit au point de vue du mécanisme des fonctions nutritives, d’une certaine élasticité, d’une certaine laxité qui lui permet les compensations. Il peut remplacer une substance par une autre, faire servir une même matière à bien des usages divers.

Quant aux mécanismes selon lesquels ces fonctions intimes de la vie s’accomplissent, en eux-mêmes, pour la plupart, ils échappent à nos moyens d’investigation. Nous ne sommes guère en mesure aujourd’hui que d’en constater les effets.

Les phases par lesquelles passe la NUTRITION se prêtent mieux à l’analyse.

Le docteur Mathias Duval classe en trois groupes les phénomènes qui s’y rattachent.

Les actes préparatoires de la nutrition proprement dite composent le premier. Dans le second, prennent place ceux qui, à la faveur des échanges dont nous venons de parler entre les éléments anatomiques et le milieu ambiant, ont pour résultat immédiat l’assimilation et la désassimilation, et pour objet définitif la NUTRITION proprement dite.

Le troisième groupe comprend les actes complémentaires de la désassimilation.

Adoptons cette classification et jetons un coup d’œil rapide sur les particularités.

ACTES PRÉPARATOIRES DE LA NUTRITION. — «Le sang, dit M. Mathias Duval reçoit du milieu extérieur et apporte aux tissus, d’une part les substances que ceux-ci s’assimileront, et d’autre part le gaz oxygène dont les combinaisons avec ces substances seront la source de toutes les activités nutritives et fonctionnelles. » En un mot, le sang apporte les matières combustibles; (albumine, sucres, acides organiques, graisses, etc.) et le gaz comburant: l’oxygène.

Or, ces matériaux utilisables ne sont utilisés qu’au fur et à mesure des besoins. Ils s’emmagasinent dans tel ou tel département de l’organisme et y forment des réserves en vue des exigences fortuites de la nutrition.

La notion précise de ce fait si curieux manquait avant les remarquables recherches de Claude Bernard sur l’évolution poursuivie par le sucre dans l’économie animale. C’est lui qui a démontré que la majeure partie des matières sucrées, charriées par le sang et portées au foie par le système circulatoire spécialement affecté au fonctionnement de cet organe (le système de la veine-porte), y étaient retenues un temps plus ou moins long, pour y subir une série d’actions chimiques: la déshydratation, la transformation définitive en glycose, avant de contribuer aux actes de la nutrition. Et c’est cette importante découverte qui met en droit de considérer le foie «comme une sorte de grenier d’abondance où vient s’accumuler l’excès des matières sucrées fournies par l’alimentation». Une faible proportion, seulement, va directement servir aux combustions organiques.

Veut-on d’autres exemples de cet emmagasinement des matières utilisables pour la nutrition?

Il existe sous la peau, dans l’épaisseur des joues, autour des viscères et d’une manière générale, dans les interstices laissés par le tissu propre des organes, une trame composée de vésicules de forme arrondie ou polyédrique, visibles seulement au microscope, mesurant de six centièmes à huit centièmes de millimètres de diamètre, à parois minces et transparentes, agglomérées en petites masses d’aspect jaunâtre; c’est le tissu adipeux. Eh bien, ces vésicules ou cellules adipeuses servent de réceptacle aux matières graisseuses introduites dans l’économie par voie de digestion et destinées à la combustion respiratoire. La graisse s’aménage entre les parois de ces cellules, y demeure à titre de dépôt, et non-seulement y constitue une réserve prête à faire face aux exigences de la nutrition, mais y est soumise à une série de transformations chimiques analogues à celles que subissent les matières sucrées dans le foie, et qui les prédisposent pour l’assimilation.

Fig. 1. Vésicules adipeuses prenant la forme polyédrique en raison de leur pression réciproque (Grossissement: 300 diamètres).


Chez l’écrevisse, à l’époque de la mue, on trouve les parois stomacales incrustées, et même la cavité de l’estomac remplie de petites masses improprement désignées sous le nom d’yeux d’écrevisse, composées de carbonate et de phosphate de chaux, et destinées à fournir au crustacé les matériaux de sa nouvelle carapace.

Durant le sommeil, il y a accumulation d’oxygène dans l’organisme.

Bref, indépendamment des phénomènes de nutrition proprement dits, l’économie animale est le siège d’actions physiologiques tendant à amplifier et à multiplier ses ressources pour l’accomplissement régulier d’une de ses fonctions les plus fondamentales.

D’autre part, il peut se présenter des circonstances de nature à ralentir et à tronquer le mouvement nutritif.

Cette torpeur de la nutrition n’est pas la maladie encore; elle en est l’acheminement.

Goutte, rhumatisme, obésité, lithiase biliaire, gravelle, diabète sucré en sont, d’après le professeur Bouchard autant de conséquences directes. Il ne serait même pas, selon le même auteur, de maladie purement accidentelle, une bronchite aiguë, par exemple, qui ne reçoive, soit sous le rapport de la marche, soit sous celui de l’issue, le contre-coup de semblables perversions fonctionnelles.

Les matières nutritives (graisse, sucre, acides; albumine, etc.) introduites dans l’économie, y sont, avons-nous dit, emmagasinées à l’effet de subir, au contact des éléments anatomiques, des modifications successives sur la nature intime desquelles le dernier mot de la Science n’est pas dit. Ces modifications, ces métamorphoses ont pour objet d’amener à point les matières nutritives, en vue des phénomènes proprement dits de la nutrition.

Si l’accomplissement de ces actes préparatoires rencontre un obstacle inattendu et demeure incomplet, il en résulte une accumulation de matières nutritives et, par suite, une entrave pour l’accomplissement intégral des actes ultérieurs. Pour que la combustion de ces matières en excès puisse se produire, l’absorption d’une dose complémentaire d’oxygène devient un besoin.

D’un autre côté, l’accumulation l’embâcle, si l’on peut s’exprimer ainsi, portant, tantôt sur telle matière nutritive (la cholestérine par exemple), tantôt sur telle autre (la graisse), il s’établit dans l’organisme ces suppléances signalées par Claude Bernard; et grâce à elles l’équilibre des phénomènes essentiels de la nutrition peut n’être pas irrémédiablement rompu. Mais, dans un pareil état d’instabilité, quel caractère redoutable la plus légère infraction à l’hygiène, la moindre cause provocatrice de maladie pourra revêtir tout à coup; et, sous une acception encore plus générale, pour s’accommoder aux conditions plus ou moins irrégulières, incessamment troublées, de la vie sociale, de quelle insaisissable diversité, de quelle incomparable souplesse doit être douée la modalité de ces préliminaires de la nutrition!

ACTES DE LA NUTRITION PROPREMENT DITE. — Un mouvement continu et simultané de combinaison et de décombinaison, de décomposition et de recomposition, d’incorporation et de rejet, l’assimilation, en un mot, et la désassimilation, tels sont les deux termes opposites du mode d’entretien des éléments anatomiques.

C’est ce double mouvement d’assimilation et de désassimilation que Cuvier appelait: tourbillon vital.

Le premier de ces deux actes, l’acte d’assimilation se constate sans qu’il s’explique. Quel en est le mécanisme intime? on l’ignore absolument. Les lois connues de la physique et de la chimie n’en donnent pas la clé.

Chaque élément anatomique semble choisir de lui-même les substances qu’il lui convient de s’incorporer.

L’oxygène du sang intervient alors et détermine la combustion des principes nutritifs que l’élément anatomique a accaparés. Mais, pour cela, il est nécessaire que l’élément anatomique s’empare de l’oxygène, car il ne lui arrive pas à l’état de liberté. Il lui arrive au contraire à l’état de combinaison chimique avec l’hématine: matière colorante du sang. Et il lui faut, avant tout, détruire cette combinaison, déoxyder l’hématine par une action analogue à celle des ferments.

En un mot, ainsi que l’expose Claude Bernard, chez l’homme et les animaux supérieurs, les éléments anatomiques se comportent comme les animalcules vibrioniens.

Quant à l’acte si complexe de désassimilation, «il représente, dans son ensemble le plus général, dit M. Mathias Duval , un phénomène chimique d’oxydation par lequel les substances faisant partie de l’élément anatomique sont transformées en produits qui doivent être rejetés.»

Production de chaleur, déperdition de substance propre pour l’élément anatomique, dégagement d’acide carbonique, nécessité d’assimilation nouvelle de substances réparatrices, tels sont les conséquences apparentes de ce phénomène d’oxydation dont le mécanisme intime n’a pas plus été pénétré jusqu’ici que le siège n’en a été reconnu avec précision.

ACTES COMPLÉMENTAIRES DE LA DÉSASSIMILATION. — Les travaux du professeur Brouardel, sur les fonctions du foie, ceux d’Armand Gautier, sur le mode de formation de l’urée dans l’économie, ceux encore de Prévost et Dumas, Claude Bernard et Barreswill, sur les fonctions rénales, autorisent cette affirmation, c’est que les produits de désassimilation résultant du contact entre les éléments anatomiques et les matériaux que leur apporte le sang, ne sont pas éliminés de l’économie sous une forme à ce point primitive. Ces déchets sont soumis à l’action d’organes particuliers qui leur font subir les transformations auxquelles ils doivent leur caractère définitivement excrémentitiel.

Il s’ensuit que le jeu de ces derniers organes intéresse au plus haut degré la régularité de la nutrition. Suivant qu’il est normal ou irrégulier, l’influence qu’il exerce est auxiliaire ou perturbatrice.

AGENTS MODIFICATEURS DE LA NUTRITION. — Les notions sommaires qui précèdent étaient indispensables.

Il suffit d’en tenir compte pour pressentir de quelle multiplicité de circonstances est tributaire l’évolution du mouvement nutritif. Nous n’avons pas à en entreprendre l’énumération complète. Signalons seulement celles qui l’emportent en fréquence et se distinguent par leur intensité d’action.

Les agents de ces circonstances modificatrices de la nutrition ont pour intermédiaire le système nerveux.

Les uns, comme la chaleur, la lumière, l’électricité, sont d’ordre purement physique. Les autres, tels. que l’alcool, le café, le thé, les composés arsénicaux ou phosphores appartiennent à la série des aliments dits nerveux en raison des phénomènes spéciaux sur l’innervation que leur ingestion suscite.

L’influence de la chaleur sur la nutrition est réelle, mais trop indirecte pour que nous ne nous bornions pas à la mentionner.

Il n’en est de même ni de la lumière, ni surtout de l’électricité.

Si l’on pratique l’ablation des yeux chez un animal, et qu’on le laisse vivre en pleine lumière; si l’on respecte, chez un autre animal de même espèce le sens de la vue, mais qu’on le contraigne à vivre dans l’obscurité, on ne tarde pas à observer chez l’un et chez l’autre des modifications analogues du mouvement nutritif. C’est donc bien par l’intermédiaire du système nerveux que l’action de la lumière s’exerce.

Les expériences de Milne-Edwards, Moleschott, J. Béclard montrent que les œufs de grenouille se développent mal dans l’obscurité. La lumière violette et bleue est celle qui favorise le plus le développement des œufs de mouche.

Pour l’électricité, elle agit sur la nutrition en général, soit en impressionnant les nerfs vaso-moteurs et en modifiant, par suite, la circulation, soit en impressionnant directement les nerfs qui animent les éléments anatomiques.

Considérations d’un ordre différent: en premier lieu, les recherches de Becquerel ont démontré que deux dissolutions de nature distincte, séparées par une membrane, constituent un couple électro-chimique. En second lieu, les expériences de Nobili, de Matteucci et autres, ont établi que dans tout tissu organique, il se produit des courants électriques. Donc, tout tissu serait formé d’un nombre incalculable de couples électro-chimiques donnant pendant la vie des courants électriques qui se combinent entre eux dès leur formation. En troisième lieu, un courant extérieur d’une forte tension passant dans une pile augmente ou diminue les actions chimiques selon sa direction. (Onimus).

Il serait donc possible (Mathias Duval) que le courant agisse de même, en traversant les innombrables petites piles organiques qui composent nos tissus.

Ce courant électrique extérieur pourait donc influer (A. Arnold) sur les phénomènes chimiques de ces piles et par conséquent sur la nutrition.

L’application pratique de ces vues se fera jour. En donnant l’étiage des connaissances contemporaines elles offrent par elles-mêmes un incontestable intérêt.

Au premier rang des aliments nerveux, il faut placer l’alcool.

L’alcool est-il brûlé dans l’économie et contribue-t-il de la sorte à l’entretien de la chaleur animale?

Liebig, Hipp, Hirtz se déclarent pour l’affirmative. Lallemand et Perrin contestent le fait. Pour ces derniers auteurs, l’alcool ne ferait que traverser l’économie, et n’agirait que par sa présence en rendant plus utiles encore les combustions.

Il en serait de même du principe actif du thé.

Quant au café, Payen lui attribue, en raison de la forte proportion d’azote qu’il contient, un véritable pouvoir nutritif. Rabuteau, Baker, Lehman, Gasparin émettent une opinion adverse et, il faut bien le dire, s’appuient, pour cela, sur des faits d’observation.

Pris à très faible dose, l’arsenic a pour premier effet de surexciter l’activité musculaire. Son action physiologique présente vraiment un caractère bien singulier. Au rapport de Tschudi — rapport confirmé par nombre d’observateurs — les paysans de la Styrie et ceux de la Basse-Autriche font usage de l’arsenic comme d’un stimulant spécial destiné : 1° à leur procurer: la fraîcheur et l’embonpoint; 2° à les rendre plus légers à la course en facilitant la respiration pendant la marche ascendante. D’après le récit de quelques voyageurs, il paraîtrait que l’usage de l’arsenic serait également fréquent en Chine et qu’il y serait fumé mêlé au tabac. Chez les chevaux, mêlé aux fourrages, il donne de l’embonpoint, un poil soyeux, lisse et brillant. Quel est le genre de modification apporté sur la nutrition par cet agent? Les théories ne manquent pas; aucune n’est satisfaisante. La réalité du fait seule est à constater.

Remarques analogues à l’égard des doses infinitésimales de phosphore ingérées dans l’économie. Les matières phosphorées ont été employées avec avantage — ceci, à la vérité, plus ou moins empiriquement — à titre de reconstituant des centres nerveux profondément épuisés. D’un autre côté, comment se fait-il qu’à la suite de l’empoisonnement par le phosphore, on voie se développer une véritable dégénérescence graisseuse des tissus? Le problème, jusqu’ici, a singulièrement exercé la sagacité des physiologistes .

Ces brèves considérations mettent en évidence quelques-unes des influences sans nombre qui peuvent activer, ralentir, modifier le mécanisme en soi si complexe de la nutrition.

Elle rendent ostensibles les indécisions dans lesquelles reste encore la Science sur la manière dont s’accomplissent les phénomènes intimes de divers ordres que le mouvement nutritif implique.

Elles donnent à pressentir l’importance de toute manœuvre de nature à favoriser, entre ces phénomènes intimes, l’harmonie de laquelle dépend la validité de la fonction.

Elles nous mènent à l’étude de la Gymnastique, plus impérieusement qu’il ne paraît.

De tout ce qui précède, ce qu’il faut, par-dessus tout retenir, le voici: Par suite des incessants échanges établis entre l’être organisé et le milieu ambiant, les substances différentes de celle des corps vivants deviennent semblables à celle-ci, en font partie intégrante; et, simultanément, les principes organiques qui faisaient partie de la substance des mêmes corps vivants, cessent d’être semblables à celle-ci, s’en séparent pour acquérir une nature distincte des corps organisés.

Le premier de ces deux actes constitue l’assimilation; le second, la désassimilation; et leur ensemble, la NUTRITION de l’organisme.

Tout mouvement naturel a pour effet d’activer ces échanges de principes utilisables ou utilisés dans l’économie: échanges dont le maintien de la vie est le résultat.

Tout mouvement artificiel, d’autre part, — TOUT EXERCICE GYMNASTIQUE — a pour but d’accroître l’activité naturelle de la nutrition, en mettant systématiquement en jeu les fonctions desquelles cette suractivité dépend.

En d’autres termes, la Gymnastique tend à augmenter l’intensité même des conditions de la vie.

Les fonctions organiques sur l’activité desquelles l’effet des exercices gymnastiques se fait spécialement sentir sont:

En première ligne, les fonctions locomotrices;

En seconde ligne, les fonctions respiratoires et circulatoires;

En troisième, celles de la peau;

En quatrième, mais d’une manière moins directe, les fonctions des centres nerveux.

L’étude de ces différents points sera l’objet d’autant de chapitres.

Pour procéder avec méthode, nous aurons à porter tour à tour notre attention sur la constitution anatomique et le fonctionnement physiologique de chacun des grands systèmes organiques que nous nous proposons d’observer ensuite en action.

Tout à l’heure, en passant en revue les phénomènes si complexes, si subtils de la nutrition, nous côtoyions la limite du connu. Notre enquête anatomique et physiologique se fera, désormais, sur un terrain plus frayé.

Scientifiquement, il nous semble rationnel de faire précéder par un exposé de la conformation et des aptitudes fonctionnelles de l’organe, l’exposé des conséquences que peuvent avoir, tant sur l’ampleur de son fonctionnement que sur les proportions de sa forme, des manœuvres artificielles, méthodiquement instituées en vue, précisément, de modifier dans une certaine mesure, et la forme et la fonction.

Comment s’expliquer ce résultat d’une activité bien entendue des organes locomoteurs, savoir; la formation de fibres musculaires nouvelles; que saisir aux rapports entre le travail musculaire et le développement du muscle; sur quelles données apprécier la capacité au travail dont dispose un membre, si l’on ne possède, au préalable, des notions arrêtées sur la constitution intime du muscle, le mécanisme de son fonctionnement, ses conditions d’impressionnabilité, les phénomènes d’ordre dynamique, physique et chimique dont il est le siège?

A un égal degré, il est indispensable de posséder des documents précis sur l’anatomie et la physiologie des organes respiratoires et circulatoires, pour se rendre compte des modifications profondes et salutaires qui s’y manifestent à la faveur d’exercices gymnastiques méthodiquement dirigés. On s’expliquera alors pourquoi, en dépit de la chute de la pression du sang dans les artères, de l’accroissement de l’amplitude du pouls, de la dilatation des parois artérielles par relâchement de leurs fibres musculaires, de la rougeur et de la tuméfaction hyperhemique des tissus, de la turgescence des veines, de l’accélération des battements du cœur, l’entraînement par la Gymnastique retardera, tempérera, tout au moins, d’une manière sensible, un mal inséparable des exercices de force: l’essoufflement.

Un coup d’œil sommaire sur la peau et ses fonctions ne sera pas moins utile pour l’interprétation des phénomènes en vertu desquels l’équilibre s’établit entre la température centrale et la température périphérique. Le rôle que joue la sueur, d’une part dans la régularisation thermique, et d’autre part celui de l’exhalation aqueuse par le poumon, acquèreront pour l’esprit leur importance respective. La sagesse des prescriptions hygiéniques qui doivent être mises en pratique, à la suite des exercices violents, apparaîtra dans toute sa clarté.

Il en sera de même, enfin, du système nerveux, et des fonctions du cerveau. Grâce à quelques notions anatomiques et physiologiques, on ramènera, sans peine, à leur juste valeur, certains troubles passagers, et l’on aura la clé de l’ardeur des combustions, comme de la suractivité qu’acquièrent, par la Gymnastique, les actes propres de la nutrition.

La gymnastique : notions physiologiques et pédagogiques, applications hygiéniques et médicales

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