Читать книгу La gymnastique : notions physiologiques et pédagogiques, applications hygiéniques et médicales - Alfred Collineau - Страница 3
AVANT-PROPOS
ОглавлениеEn France, actuellement, les exercices du corps sont en honneur. On en saisit l’importance. On sent l’urgence de préparer, pour l’avenir, des générations d’hommes forts.
C’est un bien.
La solidarité entre les déterminations organiques et les manifestations psychiques est trop étroite pour que l’évolution de celles-ci puisse progresser, s’il se produit un arrêt dans l’évolution de celles-là.
Le complet développement des forces que la personnalité humaine recèle est à une condition: la culture intégrale et harmonique de ces forces. Entre elles, toute présomption d’antagonisme réel est funeste. C’est d’affinité intime, de contingence effective, qu’au contraire, il faut parler.
Il y a plus: la mise en valeur des aptitudes corporelles est le vrai moyen de parvenir à celle des aptitudes de l’entendement. L’équilibre de l’être est à ce prix.
Voilà la vérité ; et — augure favorable — à cet égard la conviction, désormais, est faite dans tout esprit réfléchi. Aussi, en ces derniers temps, les écrits sur la Gymnastique se sont-ils multipliés dans des proportions singulières.
Variés à l’infini, sont les aspects du problème.
Unique, semble avoir été la préoccupation dominante des auteurs.
Jaloux d’apporter dans leurs déductions une rigueur de précision irréprochable, ils ont, de propos délibéré, concentré leur attention sur l’un ou sur l’autre de ces aspects; et se sont abstenus, pour la plupart, d’en embrasser l’ensemble.
Tel, se plaçant au point de vue strictement pédagogique, a eu pour principal objectif de formuler avec la plus extrême concision les règles, de donner avec la sécheresse de forme qui est le propre des manuels, la théorie des exercices.
Tel autre, porté par ses études antérieures sur le terrain de la physiologie, s’est évertué à remonter aux principes qui régissent le Mouvement et à discerner les conséquences du Mouvement sur les différents systèmes organiques.
D’autres encore, ayant plus particulièrement en vue l’hygiène, ont cherché à fixer la juste mesure de l’influence exercée sur la constitution par des pratiques gymnastiques rationnelles.
Il en est, enfin, qui confinant ce puissant agent modificateur dans le champ de la thérapeutique, ont eu à cœur d’en tirer parti pour la curation des maladies et d’en indiquer, avec netteté, les applications médicales.
De là, des productions remplies d’intérêt; des monographies riches d’informations positives.
De là, une base solide pour les institutions d’ordre divers qui, de toutes parts, se fondent, et dont l’instruction physique de la jeunesse est le but.
On n’assiste pas avec froideur à un semblable essor.
Pour notre part, nous avons cru l’heure propice pour rassembler et relier en corps de doctrine les instructifs et curieux documents acquis à la Science sur le sujet. Envisager la question dans son ensemble; parcourir, en tous sens, le vaste domaine de la Gymnastique; grouper les considérations si variées, qui de près ou de loin sont afférentes à l’Art de fortifier le corps nous a paru œuvre utile.
Les efforts accomplis ont été laborieux. — N’est-ce pas leur donner une consécration légitime?
Il reste encore en litige plus d’un point. — N’est-ce pas solliciter de nouvelles et fécondes investigations?
Et puis, un coup d’œil général sur un horizon n’est-il pas indispensable à qui entend en apprécier, avec quelque justesse, l’étendue et la profondeur?
La culture des forces du corps a eu ses péripéties. Son histoire nous a, en première ligne, captivé. Nous nous sommes appliqué à scruter l’impulsion imprimée par cette importante partie de l’Enseignement aux mœurs et coutumes des peuples et à la prospérité des États.
L’exposé des considérations anatomiques et physiologiques qui ont trait à la pratique des exercices nous a permis de déterminer la base rationnelle sur laquelle l’enseignement de la Gymnastique doit reposer.
L’étude des profondes modifications que l’application. de ses procédés apporte dans la constitution de l’individu et, aussi bien, dans celle de la race nous a conduit à regarder la Gymnastique non seulement, au lit du malade, comme un agent curatif puissant; non seulement, dans le mécanisme pédagogique, comme un rouage indispensable; mais, dans les conflits sans cesse renaissants de la politique, comme une sauvegarde pour la sécurité des nations.
Nous nous sommes inspiré de l’expérience de nos devanciers. Nous avons mis les auteurs contemporains à large contribution. Nous n’avons visé qu’à une chose: à la clarté.
Jamais, comme aux temps héroïques de la Révolution française, il n’a été fait preuve d’ardente sollicitude pour l’éducation physique. Ce fut le perpétuel souci des grands esprits du XVIIIe siècle, des hommes de l’Assemblée Constituante, de l’Assemblée Législative, de la Convention. Pour faire à la culture des forces du corps la place dont elle est digne, dans les programmes de l’instruction nationale, il n’est pas d’opiniâtres efforts qu’ils n’aient tenté.
Traduire de telles aspirations en actes, est renouer une de nos plus patriotiques, une de nos plus démocratiques traditions.