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LE LEVER

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Assez dormir, ma belle!

Ta cavale isabelle

Hennit sous tes balcons.

Vois tes piqueurs alertes,

Et sur leurs manches vertes

Les pieds noirs des faucons.

Vois écuyers et pages,

En galants équipages,

Sans rochet ni pourpoint,

Têtes chaperonnées,

Traîner les haquenées,

Leur arbalète au poing.

Vois bondir dans les herbes

Les lévriers superbes,

Les chiens trapus crier.

En chasse, et chasse heureuse!

Allons, mon amoureuse,

Le pied dans l’étrier!

Et d’abord, sous la moire,

Avec ce bras d’ivoire

Enfermons ce beau sein,

Dont la forme divine,

Pour que l’œil la devine,

Reste aux plis du coussin.

Oh! sur ton front qui penche,

J’aime à voir ta main blanche

Peigner tes cheveux noirs;

Beaux cheveux qu’on rassemble

Les matins, et qu’ensemble

Nous défaisons les soirs!

Allons, mon intrépide,

Ta cavale rapide

Frappe du pied le sol,

Et ton bouffon balance,

Comme un soldat sa lance,

Son joyeux parasol!

Mets ton écharpe blonde

Sur ton épaule ronde,

Sur ton corsage d’or,

Et je vais, ma charmante,

T’emporter dans ta mante,

Comme un enfant qui dort!

Premières poésies, 1828-1833.

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