Читать книгу Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau - Страница 7
ОглавлениеBALANCER LA TINETTE. Vider le baquet-latrine,—dans l'argot des troupiers.
BALANCER QUELQU'UN, v. a. Le faire aller, se moquer de lui. Argot des faubouriens.
BALANCER SA CANNE, v. a. De vagabond devenir voleur,—ce qui est une manière comme une autre de franchir le Rubicon qui sépare l'honneur du vice.
Signifie aussi Rompre son ban, s'évader.
BALANCER SA LARGUE, v. a. Se débarrasser de sa maîtresse,—dans l'argot des voleurs.
BALANCER SES ALÈNES, v. a. Quitter le métier de voleur pour celui d'honnête homme, à moins que ce ne soit pour celui d'assassin.
BALANCER SES CHASSES, v. a. Regarder çà et là, distraitement. Argot des voyous.
BALANÇOIRE, s. f. Charge de bon ou de mauvais goût,—dans l'argot des coulisses et du peuple.
Envoyer à la balançoire. Se débarrasser de quelqu'un qui ennuie ou qui gêne.
BALANÇON, s. m. Marteau de fer,—dans l'argot des voleurs.
BALANDRIN, s. m. Paquet recouvert d'une toile; petite balle portative, dans l'argot du peuple, qui se souvient du balandras que portaient ses pères.
BALAUDER, v. n. Mendier,—dans l'argot des prisons.
BALIVERNEUR, s. m. Diseur de riens, de balivernes. Argot du peuple.
BALLE. s. f. Secret,—dans l'argot des voleurs.
BALLE, s. f. Visage,—dans l'argot des voyous.
Balle d'amour. Physionomie agréable, faite pour inspirer des sentiments tendres.
Rude balle. Visage caractéristique.
BALLE, s. f. Pièce d'un franc,—dans l'argot des faubouriens.
BALLE, s. f. Occasion, affaire,—dans l'argot du peuple
C'était bien ma balle. C'était bien ce qui me convenait.
Manquer sa balle. Perdre une occasion favorable.
BALLE DE COTON, s. f. Coup de poing.
BALLERINE, s. f. Danseuse,—dans l'argot des gandins et des journalistes de première année. Habituée de bals publics,—dans l'argot des bourgeois.
BALLON, s. m. Partie du corps humain dont la forme sphérique a été le sujet de tant de plaisanteries depuis le commencement du monde—et de la bêtise. Argot des faubouriens.
Enlever le ballon à quelqu'un. Lui donner un coup de pied dans cette partie du corps sur laquelle on a l'habitude de s'asseoir.
BALOCHARD, s. m. Type d'un personnage de carnaval, fameux sous le règne de Louis-Philippe, et complètement oublié aujourd'hui. Il portait un bourgeron d'ouvrier, une ceinture rouge, un pantalon de cuirassier, et, sur la tête, un feutre défoncé. Tel le représente Gavarni.
BALOCHER, v. n. Fréquenter les bals publics; se trémousser. Argot des faubouriens.
BALOCHER, v. a. Tripoter, faire des affaires illicites. Argot des voyous.
BALOCHER, v. n. Remuer, pendre,—dans l'argot du peuple, qui dit cela à propos des choses.
BALOCHEUR, s. m. Ouvrier qui se dérange, qui déserte l'atelier pour le cabaret et le bastringue.
BALTHAZAR, s. m. Repas copieux,—dans l'argot des étudiants, qui se souviennent du festin biblique.
BALUCHON, s. m. Paquet, petit ballot. Argot des ouvriers.
BAMBINO, s. m. Enfant, gamin, bambin,—dans l'argot du peuple, qui parle italien sans le savoir, et seulement pour donner à ce mot une désinence caressante.
BAMBOCHADE, s. f. Tableau sans prétentions, représentant des scènes gaies,—dans l'argot des artistes, qui ont conservé le souvenir de Pierre de Laer.
BAMBOCHE, s. f. Petite débauche, de quelque nature qu'elle soit. Argot des faubouriens.
Être bamboche. Être en état d'ivresse.
Faire des bamboches. Faire des sottises plus ou moins graves, qui mènent en police correctionnelle ou à l'hôpital.
BAMBOCHE, s. f. Plaisanterie; chose de peu de valeur.
Dire des bamboches. S'amuser à dire des contes bleus aux hommes et des contes roses aux femmes.
BAMBOCHEUR, s. m. Fainéant; ivrogne; débauché.
On dit aussi: Bambochineur.
BANBAN, s. des deux g. Boiteux, bancal,—dans l'argot des bourgeois, qui emploient principalement cette onomatopée à propos d'une femme.
BANC, s. m. Lit de camp,—dans l'argot des forçats.
BANCAL, adj. Qui a une jambe plus courte que l'autre. Argot du peuple.
BANCAL, s. m. Sabre de cavalerie,—dans l'argot des troupiers.
BANCO! Exclamation de l'argot des joueurs de lansquenet qui signifie: Je tiens!
Faire banco. Tenir les enjeux.
BANCROCHE, s. et adj. Qui a les jambes torses.
BANDE D'AIR, s. f. Frise peinte en bleu pour figurer le ciel. Argot des coulisses.
BANDER LA CAISSE, v. a. S'en aller, s'enfuir.
BANNETTE, s. f. Tablier,—dans l'argot des faubouriens, qui ont emprunté ce mot au patois lorrain.
BANNIÈRE (Être en). Être en chemise, dans le simple appareil d'une dame ou d'un monsieur qu'on arrache au sommeil.
BANQUE, s. f. Paye,—dans l'argot des typographes.
BANQUE, s. f. Escroquerie, ou seulement mensonge afin de tromper,—dans l'argot du peuple, qui connaît son Robert Macaire par cœur.
Faire une banque. Imaginer un expédient—d'une honnêteté douteuse—pour gagner de l'argent.
BANQUE, s. f. Tout le monde des saltimbanques, des banquistes.
TRUC DE BANQUE! Mot de passe et de ralliement qui sert d'entrée gratuite aux artistes forains dans les baraques de leurs confrères. On les dispense de donner à la quête faite par les banquistes d'une autre spécialité que la leur.
BANQUET, s. m. Dîner,—dans l'argot des francs-maçons.
BANQUETTE, s. f. Menton,—dans l'argot des voyous.
BANQUISTE, s. m. Charlatan; chevalier d'industrie; faiseur. Argot du peuple.
BAPTÊME, s. m. La tête,—dans l'argot des faubouriens, qui se souviennent de leur ondoiement.
BAPTISER LE VIN, v. a. Le noyer d'eau,—dans l'argot ironique des cabaretiers, qui renouvellent trop souvent, à notre préjudice, le miracle des Noces de Cana, en changeant l'eau en vin.
BAQUET, s. m. Blanchisseuse,—dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi: Baquet insolent, et l'on a raison,—car je ne connais pas de créatures plus «fortes en gueule» que les lavandières: il semble qu'il leur reste aux lèvres quelques éclaboussures des ordures humaines avec lesquelles elles sont en contact permanent.
BAQUET DE SCIENCE, s. m. Baquet où le cordonnier met sa poix et les autres ingrédients de son métier. Argot du peuple.
BARAGOUINAGE, s. m. Langage incohérent, confus, incompréhensible.—dans l'argot du peuple, qui dit cela surtout à propos des langues étrangères.
On dit aussi Baragouin.
BARAGOUINER, v. n. et a. Parler bas; murmurer; marmotter.
BARAQUE, s. f. Maison où les maîtres font attention au service,—dans l'argot des domestiques. Journal où l'on est sévère pour la copie,—dans l'argot des aspirants journalistes.
BARAQUES A CAVAIGNAC (Les). Le no 44, dans l'argot des joueurs de loto, dont l'allusion consacre ainsi le nombre des baraques construites en 1848 au Jardin du Luxembourg, sous la dictature du général Cavaignac.
BARBE, s. f. Ivresse,—dans l'argot des typographes.
Avoir sa barbe. Être ivre.
On dit aussi Prendre une barbe. Se griser.
BARBEAU, s. m. Souteneur de filles, homme-poisson qui sait nager entre deux eaux, l'eau du vice et celle du vol.
BARBEAUDIER, s. m. Concierge,—dans l'argot des voleurs.
Barbeaudier de castu. Gardien d'hôpital.
BARBEROT, s. m. Barbier,—dans l'argot des forçats.
BARBICHON, s. m. Capucin,—dans l'argot des voyous.
BARBILLE, s. m. Souteneur de filles,—apprenti barbeau.
BARBILLON, s. m. Jeune souteneur de filles.
BARBILLONS DE BEAUCE, s. m. pl. Légumes,—dans l'argot du peuple.
BARBILLONS DE VARENNE, s. m. pl. Navets,—dans l'argot des voleurs, qui savent que ce légume pousse, volontiers, dans les terres sablonneuses.
Le dictionnaire d'Olivier Chéreau donne: Babillons de varane.
BARBISTE, s. m. Élève du collège Sainte-Barbe.
BARBOT, s. m. Canard,—dans l'argot des voyous.
BARBOTE, s. f. Visite minutieuse du prisonnier à son entrée en prison.
On dit aussi BARBOT, s. m.
BARBOTER, v. a. Fouiller; voler. Argot des voleurs.
BARBOTEUR DE CAMPAGNE, s. m. Voleur de nuit.
BARBOTIER, s. m. Guichetier chargé de la visite des prisonniers à leur entrée.
BARBUE, s. f. Plume à écrire,—dans l'argot des voleurs.
BARON DE LA CRASSE, s. m. Homme gauche et ridicule en des habits qu'il n'a pas l'habitude de porter,—dans l'argot du peuple, qui se souvient de la comédie de Poisson.
BARONIFIER, v. a. Créer quelqu'un baron,—dans l'argot du peuple, qui a vu mousser de près la Savonnette Impériale.
BARRE, s. f. Aiguille,—dans l'argot des voleurs.
BARRÉ, adj. et s. Simple d'esprit, et même niais,—dans l'argot du peuple, qui, sans doute, veut faire allusion à une sorte de barrage intellectuel qui rend impropre à la conception.
BARRER, v. n. Abandonner son travail,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
Se barrer. S'en aller.
Barrer, v. a. Réprimander,—dans l'argot du peuple.
Barrique, s. f. Bouteille ou carafe,—dans l'argot des francs-maçons.
Ils disaient autrefois Gomorrhe,—du nom d'une mesure juive qui indiquait la quantité de manne à récolter.
BASANE, s. f. Peau du corps humain,—dans l'argot des faubouriens.
Tanner la basane. Battre quelqu'un.
BASANE, s. f. Amadou,—dans l'argot des voleurs.
BAS-BLEU, s. m. Femme de lettres,—dans l'argot des hommes de lettres, qui ont emprunté ce mot (blue stocking) à nos voisins d'outre-Manche.
Alphonse Esquiros (Revue des Deux Mondes, avril 1860) donne comme origine à cette expression le club littéraire de lady Montague, où venait assidûment un certain M. Stillingfleet, remarquable par ses bas bleus. D'un autre côté, M. Barbey d'Aurevilly (Nain Jaune du 6 février 1886) en attribue la paternité à Addison. Or, le club de lady Montague ne date que de 1780, et Addison était mort en 1719. Auquel entendre?
BAS-BLEUISME, s. m. Maladie littéraire spéciale aux femmes qui ont aimé et qui veulent le faire savoir à tout le monde.
Le mot a été créé récemment par M. Barbey d'Aurevilly.
BASCULE, s. f. Guillotine,—dans l'argot des faubouriens.
BASCULER, v. a. Guillotiner.
Être basculé. Être exécuté.
BAS DE BUFFET, s. m. Homme ou chose de peu d'importance. Argot du peuple.
Vieux bas de buffet. Vieille femme, vieille coquette ridicule qui a encore des prétentions à l'attention galante des hommes.
BAS DE PLAFOND, s. m. Homme d'une taille ridiculement exiguë.
On dit aussi Bas du cul.
BASOURDIR, v. a. Étourdir, et, par extension naturelle, Tuer,—dans l'argot des voleurs, qui ont dédaigné abasourdir comme trop long.
Basourdir ses gaux picantis, ou seulement ses gaux. Chercher ses poux—et les tuer.
BAS PERCÉ, s. et adj. Homme pauvre ou ruiné. Argot du peuple.
BASSE, s. m. La terre par opposition au ciel. Argot des voleurs.
BASSIN, s. m. Homme ennuyeux,—dans l'argot des filles et des faubouriens, qui n'aiment pas à être ennuyés, les premières surtout.
On dit aussi Bassinoire.
BASSINANT, adj. Ennuyeux, importun, bavard.
BASSINER, v. a. Importuner.
BASSINOIRE, s. f. Grosse montre,—dans l'argot des bourgeois.
BASTIMAGE, s. m. Travail,—dans l'argot des voleurs.
BASTRINGUE, s. m. Guinguette de barrière, où le populaire va boire et danser les dimanches et les lundis.
BASTRINGUE, s. m. Bruit, vacarme,—comme on en fait dans les cabarets et dans les bals des barrières.
BASTRINGUE, s. m. Scie à scier les fers,—dans l'argot des prisons, où l'on joue volontiers du violon sur les barreaux.
BASTRINGUEUSE, s. f. Habituée de bals publics.
BATACLAN, s. m. Mobilier; outils,—dans l'argot des ouvriers.
Signifie aussi bruit, vacarme.
BATAILLE DE JÉSUITES, s. f. Habitude vicieuse que prennent les écoliers et que gardent souvent les hommes,—dans l'argot du peuple, qui a lu le livre de Tissot.
On ajoute souvent après Faire la bataille de Jésuites, cette phrase: Se mettre cinq contre un.
BATEAUX, s. m. pl. Souliers qui prennent l'eau. Argot des faubouriens.
BATELÉE, s. f. Une certaine quantité de gens réunis, quoique inconnus. Argot du peuple.
BBatelier, s. m. Battoir de blanchisseuse,—dans l'argot des voleurs.
BATH, s. m. Remarquablement beau, ou bon ou agréable,—dans l'argot de Breda-Street.
Bath aux pommes. Superlatif du précédent superlatif.
Il me semble qu'on devrait écrire Bat, ce mot venant évidemment de Batif. Le papier Bath n'est pour rien là dedans.
BATIAU, s. m. Préparation au Salé,—dans l'argot des typographes.
Aligner son batiau. S'arranger pour avoir une banque satisfaisante.
BATIF, adj. Neuf, joli,—dans l'argot des voyous.
Le féminin est batifone où bative.
BATON CREUX, s. m. Fusil,—dans l'argot des voleurs.
BATON DE CIRE, s. m. Jambe,—dans le même argot.
BATON DE TREMPLIN, s. m. Jambe,—dans l'argot des saltimbanques.
BATOUSE, s. f. Toile,—dans l'argot des voleurs.
Batouse toute battante. Toile neuve.
BATOUSIER, s. m. Tisserand.
BATTAGE, s. m. Tromperie; mensonge; menée astucieuse. Argot des ouvriers.
Signifie aussi Accident arrivé à une chose, accroc à une robe, brisure à un meuble, etc.
BATTANT, s. m. Le cœur,—dans l'argot des voleurs.
BATTERIE, s. f. Menterie,—dans le même argot.
Batterie douce. Plaisanterie aimable.
BATTERIE, s. f. Coups échangés,—dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Batture.
BATTERIE DE CUISINE, s. f. Les dents, la langue, le palais, le gosier. Argot des faubouriens.
BATTEUR, s. m. Menteur; fourbe.
C'est plus spécialement le tiers qui bat comtois pour lever le pante.
BATTEUR D'ANTIF, s. m. Indicateur d'affaires, voleur qui ne travaille que de la langue. Argot des prisons.
BATTOIR, s. m. Main,—dans l'argot du peuple, qui s'en sert souvent pour applaudir, et plus souvent pour battre.
BATTRE COMTOIS, v. n. Faire l'imbécile, le provincial,—dans l'argot des voleurs, pour qui, à ce qu'il paraît, les habitants de la Franche-Comté sont des gens simples et naïfs, faciles à tromper par conséquent.
BATTRE ENTIFLE, v. n. Faire le niais. Même argot.
BATTRE JOB, v. n. Dissimuler, tromper. Même argot.
BATTRE LA CAISSE, v. n. Aller chercher de l'argent. Argot des tambours de la garde nationale.
BATTRE LA COUVERTE, v. a. Dormir,—dans l'argot des soldats.
BATTRE L'ANTIF, v. n. Marcher,—dans l'argot des voleurs modernes.
C'est le: Battre l'estrade des voleurs d'autrefois.
Signifie aussi Espionner.
BATTRE LE BRIQUET, v. a. Cogner les jambes l'une contre l'autre en marchant. Argot du peuple.
BATTRE LA SEMELLE, v. a. Vagabonder,—dans l'argot du peuple, qui a peut-être lu l'Aventurier Buscon.
BATTRE L'œIL (S'en). Se moquer d'une chose,—dans l'argot des faubouriens.
L'expression a une centaine d'années, ce qui étonnera certainement beaucoup de gens, à commencer par ceux qui l'emploient.
On dit aussi, dans le même argot, S'en battre les fesses,—une expression contemporaine de la précédente.
BATTRE MORASSE, v. n. Crier au voleur, pour empêcher le volé d'en faire autant. Argot des prisons.
BATTRE SA FLÈME, v. n. Flâner,—dans l'argot des voyous.
BATTRE SON QUART, v. n. Raccrocher les passants, le soir à la porte des maisons mal famées,—dans l'argot des filles et de leurs souteneurs.
BAUCE ou Bausse, s. m. Patron,—dans l'argot des revendeuses du Temple. C'est le baes flamand.
Bauceresse. Patronne.
Bauce fondu. Ouvrier qui s'est établi, a fait de mauvaises affaires et est redevenu ouvrier.
BAUCHER (Se), v. réfl. Se moquer, dans l'argot des voleurs.
BAUDE, s. f. Mal de Naples,—dans l'argot des voleurs parisiens.
BAUDROUILLER, v. n. Filer,—dans le même argot.
Se dit aussi pour Fouet, s. m.
BAUGE, s. f. Coffre,—dans l'argot des voleurs, qui ne craignent pas d'emprunter des termes aux habitudes des sangliers, qui sont aussi les leurs.
BAUGE, s. f. Ventre,—dans le même argot.
BAUME D'ACIER, s. m. Les outils du chirurgien et du dentiste,—dans l'argot du peuple, qui ne se doute pas que l'ancienne pharmacopée a eu, sous ce nom-là, un remède composé de limaille d'acier et d'acide nitrique.
BAVARD, s. m. Avocat.
BAVARD, s. f. La bouche.—dans l'argot des voleurs.
BAVER, v. n. Parler,—dans l'argot des faubouriens.
BAYAFER, v. a. Fusiller,—dans l'argot des voleurs parisiens, qui ont emprunté cette expression aux voleurs du Midi, lesquels appellent un pistolet un bayafe ou baillaf, comme l'écrit M. Francisque Michel.
BAZAR, s. m. Maison où les maîtres sont exigeants,—dans l'argot des domestiques paresseux; maison quelconque,—dans l'argot des faubouriens; maison de filles,—dans l'argot des troupiers.
BAZAR, s. m. Ensemble d'effets mobiliers,—dans l'argot de Breda-Street.
BAZARDER, v. a. Vendre, trafiquer.
Bazarder son mobilier. S'endéfaire, l'échanger contre un autre.
BEAU, s. m. Le gandin du premier Empire, avec cette différence que, s'il portait un corset, au moins avait-il quelque courage dessous.
Ex-beau. Elégant en ruines, d'âge et de fortune.
BEAU BLOND, s. m. Le soleil,—dans l'argot des voleurs, qui ne se doutent pas qu'ils font là de la mythologie grecque.
BÉBÉ, s. m. Costume d'enfant (baby), que les habituées des bals publics ont adopté depuis quelques années.
BÉBÉ (Mon). Petit terme de tendresse employé depuis quelques années par les petites dames envers leurs amants, qui en sont tout fiers,—comme s'il y avait de quoi!
BÉBÈTE, s. f. Bête quelconque,—dans l'argot des enfants.
BEC, s. m. Bouche,—dans l'argot des petites dames.
BÉCASSE, s. f. Femme ridicule,—dans le même argot.
BÉCHER, v. a. Médire et même calomnier, dans l'argot des faubouriens, qui ne craignent pas de donner des coups de bec à la réputation du prochain.
BÉCHEUR, s. m. Le Ministère public, l'Avocat général. Argot des voleurs.
BÉCOT, s. m. Bouche,—dans l'argot des mères et des amoureux.
Signifie aussi Baiser.
BÉCOTER, v. a. Donner des baisers.
Se bécoter. S'embrasser à chaque instant.
BEDON, s. m. Ventre,—dans l'argot du peuple qui sait son Rabelais par cœur sans l'avoir lu.
BÉDOUIN, s. m. Homme dur, brutal,—dans le même argot.
BEDOUIN, s. m. Garde national de la banlieue autrefois,—dans l'argot des voyous irrespectueux.
Ils disaient aussi Gadouan, Malficelé, Museau, Offarmé, Sauvage.
BEEFSTEAK DE LA CHAMAREUSE, s. m. Saucisse plate,—dans l'argot des faubouriens, qui savent de quelles charcuteries insuffisantes se compose souvent le déjeuner des ouvrières.
BÈGUE, s. f Avoine,—dans l'argot des voleurs, qui savent à ce qu'il paraît l'italien (bavia, biada).
Ils disent aussi Grenuche.
BÉGUIN, s. m. Tête,—dans l'argot des faubouriens.
BÉGUIN, s. m. Caprice, chose dont on se coiffe volontiers l'esprit. Argot de Breda-Street.
Avoir un béguin pour une femme. En être très amoureux.
Avoir un béguin pour un homme. Le souhaiter pour amant quand on est femme—légère.
On disait autrefois S'embéguiner.
BEIGNE, s. f. Soufflet ou coup de poing,—dans l'argot du peuple, qui emploie ce mot depuis des siècles.
On dit aussi Beugne.
BÈLANT, s. m. Mouton,—dans l'argot des voleurs, qui ne se sont pas mis en frais d'imagination pour ce mot.
BÉLIER, s. m. Cocu,—dans l'argot des voyous, pour qui les infortunes domestiques n'ont rien de sacré.
BELLE, s. f. Dernière partie,—dans l'argot des joueurs.
BELLE, s. f. Occasion favorable; revanche. Argot du peuple.
Attendre sa belle. Guetter une occasion.
Être servi de belle. Être arrêté à faux.
Cette dernière expression est plus spécialement de l'argot des voleurs.
BELLE À LA CHANDELLE, s. m. Femme laide, qui n'a d'éclat qu'aux lumières. Argot du peuple.
BELLE DE NUIT, s. f. Fille qui hante les brasseries et les bals. Même argot.
BÉNEF, s. m. Apocope de Bénéfice,—dans l'argot des bohèmes et du peuple.
BENI-MOUFFETARD, s. m Habitant du faubourg Saint-Marceau,—dans l'argot des ouvriers qui ont été troupiers en Algérie.
BÉNIR BAS, v. a. Donner un ou des coups de pied au derrière de quelqu'un,—comme ferait par exemple un père brutal à qui son fils aurait précédemment demandé, avec sa bénédiction, quelques billets de mille francs pour courir le monde.
BÉNIR SES PIEDS, v. a. Être pendu,—dans l'argot impitoyable du peuple, qui fait allusion aux derniers gigottements d'un homme accroché volontairement à un arbre ou involontairement à une potence.
BÉNISSEUR, s. m. Père noble, dans l'argot des coulisses, où «le vertueux Moëssard» passe pour l'acteur qui savait le mieux bénir.
BENOITON, s. m. Jeune homme du monde qui parle argot comme on fait dans La famille Benoiton, pièce de M. Sardou.
BENOITON (Mme). Se dit d'une femme sans cesse absente de sa maison.
BENOITONNE, s. f. Jeune fille bien élevée qui parle la langue des filles.
BEQ, s. m. Ouvrage,—dans l'argot des graveurs sur bois, qui se partagent souvent à quatre ou cinq un dessin fait sur quatre ou cinq morceaux de bois assemblés.
BÉQUET, s. m. Petite pièce de cuir mise à un soulier,—dans l'argot des cordonniers; petit morceau de bois à graver,—dans l'argot des graveurs; petit ajouté de copie,—dans l'argot des typographes.
BÉQUETER, v. a. et n. Manger,—dans l'argot du peuple, qui n'oublie jamais son bec.
BÉQUILLARD. s. m. Vieillard,—dans l'argot des faubouriens, qui n'ont pas précisément pour la vieillesse le même respect que les Grecs.
BÉQUILLE, s. f. Potence,—dans l'argot des voleurs, dont les pères ont eu l'occasion de remarquer de près l'analogie qui existe entre ces deux choses.
BÉQUILLER, v. a. et n. Manger,—dans l'argot des faubouriens.
BÉQUILLEUR, s. m. Bourreau,—probablement parce qu'il est le représentant de la Mort, qui va pede claudo comme la Justice.
BERBIS, s. f. Brebis,—dans l'argot du peuple, fidèle à l'étymologie (vervex, vervecis) et à la tradition:
«Ne remist buef ne vac, ne chapuns, ne geline,
Cheval, porc, ne berbiz, ne de ble plaine mine,»
dit un poème du XIIIe siècle.
Berceau, s. m. Entourage de tombe,—dans l'argot des marbriers de cimetière, qui croient que les morts ont besoin d'être abrités du soleil.
BERDOUILLE, s. f. Ventre,—dans l'argot des faubouriens.
BERGE, s. f. Année,—dans l'argot des voleurs.
BERGÈRE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des troupiers.
BERLAUDER, v. n. Flâner, aller de cabaret en cabaret. Argot des faubouriens.
Cette expression est certainement le résultat d'une métathèse: on a dit, on dit encore, berlan pour brelan, berlandier pour brelandier,—et berlauder pour brelander.
BERLINE DE COMMERCE, s. f. Commis marchand,—dans l'argot des voleurs.
BERLU, s. m. Aveugle, homme qui a naturellement la berlue. Même argot.
BERLUE, s. f. Couverture,—dans le même argot.
BERNIQUE-SANSONNET! C'est fini; il n'y a plus rien ni personne. Littré dit «Berniquet pour Sansonnet: tu n'en auras pas.» C'est une variante dans l'argot populaire.
BERRI, s. m. Hotte,—dans l'argot des chiffonniers.
BERRIBONO, s. m. Homme facile à duper,—dans l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Béricain.
Berry, s. m. Capote d'études, —dans l'argot des polytechniciens.
BERTELO s. m. Pièce d'un franc,—dans l'argot des voleurs.
BERTRAND, s. m. Compère de filou ou de faiseur,—dans l'argot du peuple, qui a gardé les souvenir de la légende de Robert-Macaire.
BESOUILLE, s. f. Ceinture,—dans l'argot des voleurs, qui y serrent leurs bezzi, nom italien des deniers.
BESSONS, s. m. pl. Les deux seins,—des jumeaux en effet. Argot du peuple.
BESTIASSE, s. m. Imbécile, plus que bête,—dans l'argot du peuple.
BESTIOLE, s. f. Petite bête, au propre et au figuré,—dans l'argot du peuple, qui a parfois des qualificatifs caressants.
BÊTA, s. et adj. Innocent et même niais,—dans l'argot du peuple.
BÊTE, s. f. Filou chargé de jouer le troisième rôle dans la partie de billard proposée au provincial par l'emporteur.
BÊTE-A-CORNES, s. f. Fourchette,—dans l'argot des voyous.
BÊTE-A-PAIN, s. f. L'homme,—dans l'argot du peuple.
BÊTE COMME SES PIEDS. Se dit,—dans l'argot populaire,—de tout individu extrêmement bête.
BÊTE COMME UN CHOU. Extrêmement bête,—dans l'argot des bourgeois qui calomnient cette crucifère.
BÊTE ÉPAULÉE, s. f. Fille qui, le jour de ses noces, n'a pas le droit de porter le bouquet de fleurs d'oranger,—dans l'argot du peuple, cruel quand il n'est pas grossier.
BÊTE NOIRE, s. f. Chose ou personne qui déplaît, que l'on craint ou que l'on méprise. Argot des bourgeois.
Être la bête noire de quelqu'un. Être pour quelqu'un un objet d'ennui ou d'effroi.
BÊTISES, s. f. pl. Grivoiseries,—dans l'argot des bourgeoises, qui trouvent très spirituels les gens mal élevés qui en disent devant elles.
BETTANDER, v. n. Mendier,—dans l'argot des filous.
BETTERAVE, s. f. Nez d'ivrogne,—dans l'argot des faubouriens, par allusion à la ressemblance de forme et de couleur qu'il a avec la beta vulgaris.
BEUGLANT (Le). Café-concert.
BEUGLER, v. n. Pleurer,—dans l'argot du peuple.
BEURRE, s. m. Argent monnayé; profit plus ou moins licite. Argot des faubouriens.
Faire son beurre. Gagner beaucoup d'argent, retirer beaucoup de profit dans une affaire quelconque.
Y aller de son beurre. Ne pas craindre de faire des frais, des avances, dans une entreprise.
BEURRE (C'est un). C'est excellent, en parlant des choses, quelles qu'elles soient. Même argot.
BEURRE DEMI-SEL, s. m. Fille ou femme qui n'est plus honnête, mais qui n'est pas encore complètement perdu. Argot du peuple.
BEURRIER, s. m. Banquier,—dans l'argot des voleurs.
BÉZEF, adv. Beaucoup,—dans l'argot des faubouriens qui ont servi en Afrique et en ont rapporté quelques mots de la langue sabir.
BIARD, s. m. Côté,—dans l'argot des voleurs, qui voient les choses de biais.
BIBARD, s. m. Vieil ivrogne, ou vieux débauché,—dans l'argot du peuple, qui cependant ne sait pas que boire vient de bibere.
BIBARDER, v. n. Vieillir dans la fange, dans la misère.
BIBASSE, s. f. Vieille femme.
BIBASSERIE, s. f. Vieillesse. On dit aussi Bibarderie.
BIBASSIER, s. m. Vieil homme.
Signifie aussi Ivrogne,—le vin étant le lait des vieillards.
BIBELOT, s. m. Objet de fantaisie, qu'il est de mode, depuis une vingtaine d'années, de placer en évidence sur une étagère. Les porcelaines de Saxe, de Chine, du Japon, de Sèvres, les écailles, les laques, les poignards, les bijoux voyants, sont autant de bibelots.
Par extension: Objet de peu de valeur.
Ce mot est une corruption de Bimbelot, qui signifiait à l'origine jouet d'enfants, et formait un commerce important, celui de la bimbeloterie. Aujourd'hui qu'il n'y a plus d'enfants, ce commerce est mort; ce sont les marchands de curiosités qui ont succédé aux bimbelotiers.