Читать книгу Dictionnaire de la langue verte - Alfred Delvau - Страница 8
ОглавлениеBIBELOT, s. m. Havresac, porte-manteau,—dans l'argot des soldats.
BIBELOTTER, v. a. Vendre ses bibelots, et, par extension, ses habits, ses meubles, etc. Argot des filles et des bohèmes.
Par extension aussi: Bibelotter une affaire dans le sens de Brasser.
BIBELOTTER (Se), v. réfl. S'arranger pour le mieux, se mijoter. Argot des faubouriens.
BIBERON, s. m. Ivrogne,—dans l'argot du peuple, qui cependant ne doit pas connaître le jeu de mots (Biberius) fait sur le nom de Tibère, impérial buveur.
BIBI, s. m. Petit nom d'amitié,—dans l'argot des faubouriens; petit nom d'amour,—dans l'argot des petites dames.
BIBINE, s. m. Cabaret de barrière,—dans l'argot des chiffonniers.
BIBON, s. m. Vieillard qu'on ne respecte pas, parce qu'il ne se respecte pas lui-même.
C'est une corruption péjorative du mot barbon.
BICHE, s. f. Demoiselle de petite vertu, comme l'encre de Guyot; variété de fille entretenue.
Le mot a été créé en 1857 par Nestor Roqueplan.
BICHETTE, s. f. Petit nom d'amitié ou d'amour,—dans l'argot des petites dames et de leurs Arthurs.
BICHON, s. m. Petit jeune homme qui joue le rôle de Théodore Calvi auprès de n'importe quels Vautrin.
BICHONNER, v. a. Arranger avec coquetterie: friser comme un bichon. Argot des bourgeois.
Se bichonner. S'adoniser.
BIDET, s. m. «Moyen très ingénieux, dit Vidocq, qui sert aux prisonniers à correspondre entre eux de toutes les parties du bâtiment dans lequel ils sont enfermés; une corde passée à travers les barreaux de leur fenêtre, et qu'ils font filer suivant le besoin en avant ou en arrière, porte une lettre et rapporte la réponse.»
BIDOCHE, s. f. Viande,—dans l'argot des faubouriens.
Portion de bidoche. Morceau de bœuf bouilli.
Bidonner à la cambuse, v. n. Boire au cabaret,—dans l'argot des marins.
BIEN, s. m. Mari ou femme,—dans l'argot du peuple, qui a tout dit quand il a dit Mon bien. C'est plus énergique que ma moitié.
BIEN, adj. et s. Distingué,—dans l'argot des petites dames.
BIEN MIS, s. m. Bourgeois,—dans l'argot du peuple.
BIENSÉANT, s. m. Le derrière de l'homme et de la femme,—dans l'argot des bourgeoises.
BIER, v. n. Aller,—dans l'argot des voleurs.
BIFIN, s. m. Chiffonnier,—dont le crochet sert à deux fins, à travailler et à se défendre.
BIGARD, s. m. Trou,—dans l'argot des voleurs.
D'où Bigardée pour Trouée, Percée.
BIGE, s. m. Ignorant,—dans le même argot.
BIGEOIS ou Bigois, s. m. Imbécile, homme bige.
BIGORNE, s. m. L'argot des voleurs,—monstre bicorniger en effet, corne littéraire d'un côté, corne philosophique de l'autre, qui voit rouge et qui écrit noir, qui épouvante la conscience humaine et réjouit la science philologique.
BIGORNEAU, s. m. Sergent de ville,—dans l'argot du peuple.
BIGOTTER, v. a. Prier Dieu,—dans l'argot des faubouriens.
BIGREMENT, adv. Extrêmement,—dans l'argot des bourgeois qui n'osent pas employer un superlatif plus énergique.
BIJOU, s. m. Ornement particulier,—dans l'argot des francs-maçons.
Bijou de loge. Celui qui se porte au côté gauche.
Bijou de l'ordre. L'équerre attachée au cordon du Vénérable, le niveau attaché au cordon du premier surveillant, et la perpendiculaire attachée au cordon du second surveillant.
BIJOUTERIE, s. f. Frais avancés, argent déboursé. Argot des ouvriers et des patrons.
BIJOUTIER, ÈRE, s. Marchand, marchande d'arlequins,—dans l'argot des faubouriens, à qui ces détritus culinaires «reluisent dans le ventre».
BIJOUTIER SUR LE GENOU, s. m. Cordonnier.
On dit aussi: Bijoutier en cuir. Au XVIIe siècle, on disait: Orfèvre en cuir.
BILBOQUET, s. m. Femme grosse et courte,—dans l'argot du peuple.
BILBOQUET, s. m. Homme qui est le jouet des autres.
BILBOQUET, s. m. Menues impressions, telles que prospectus, couvertures, têtes de lettres, etc.,—dans l'argot des typographes.
BILLANCER, v. n. Faire son temps,—dans l'argot des voleurs.
BILLANCHER, v. a. et n. Payer, donner de la bille. Argot des faubouriens.
On dit aussi Biller.
BILLARD DE CAMPAGNE, s. m. Mauvais billard,—dans l'argot des bourgeois.
BBille, s. f. L'argent,—dans l'argot des voleurs qui n'ont pas l'air de se douter que nous avons eu autrefois de la monnaie de billon.
BILLE À CHÂTAIGNE, s. f. Figure grotesque,—dans l'argot des faubouriens.
BILLEMON, s. m. Billet,—dans l'argot des voleurs.
BILLET DE CINQ, s. m. Billet de cinq cents francs,—dans l'argot des bourgeois, qui savent aussi bien que les Anglais que time is money, et qui ne perdent pas le leur à prononcer des mots inutiles.
Ils disent de même: Billet de mille.
BINELLE, s. f. Faillite,—dans l'argot des voleurs.
Binelle-lof. Banqueroute.
BINELLIER, s. m. Banqueroutier.
BINETTE, s. f. Figure humaine,—dans l'argot des faubouriens, qui me font bien l'effet d'avoir inventé ce mot, tout moderne, sans songer un seul instant au perruquier Binet et à ses perruques, comme voudrait le faire croire M. Francisque Michel, en s'appuyant de l'autorité d'Edouard Fournier, qui s'appuie lui-même de celle de Salgues. Pourquoi tant courir après des étymologies, quand on a la ressource de la génération spontanée?
BINOMES, s. m. pl. Camarades de chambre à l'École d'application de Fontainebleau, et compagnons d'études à l'Ecole polytechnique; amis, copains, frères d'adoption qui ne se ressemblent et ne se valent souvent pas, mais qui n'en sont pas moins comme en algèbre, deux termes, unis par - ou par +, et qui n'en forment pas moins à eux deux une quantité.
BIQUE-ET-BOUC, s. m. et f. Créatures des deux genres,—dans l'argot du peuple, ordinairement plus brutal pour ces créatures-là.
BIRBADE, s. f. Vieille femme,—dans l'argot des faubouriens.
BIRBE, s. m. Vieillard.
Birbe dab. Grand'père.
BIRBETTE, s. m. Archi-vieillard,—dans l'argot des petites dames, qui ont dû connaître plus d'un birbante italien, anglais, russe ou suédois.
BIRLIBIBI, s. m. Jeu de dés et de coquilles de noix. Argot des voleurs.
BISARD, s. m. Soufflet de cheminée,—dans le même argot.
BISBILLE, s. f. Querelle, fâcherie,—dans l'argot des bourgeois, qui sans doute ne savaient pas que ce mot vient de l'italien bisbiglio (murmure).
Être en bisbille. Être brouillés.
BISCAYE, n. de l. Bicêtre,—dans l'argot des voleurs.
BISQUANT, adj. Ennuyeux, désagréable,—dans l'argot du peuple.
BISQUER, v. n. Enrager,—dans l'argot des écoliers.
BISSARD, s. m. Pain bis,—dans l'argot des voyous.
BITUMER, v. n. Raccrocher les passants,—dans l'argot des filles habituées du trottoir.
On dit mieux Faire le bitume.
BITURE, s. f. Réfection copieuse,—dans l'argot des faubouriens.
BITURER, v. n. Manger copieusement.
BLAGUE, s. f. Gasconnade essentiellement parisienne,—dans l'argot de tout le monde.
Les étymologistes se sont lancés tous avec ardeur à la poursuite de ce chastre,—MM. Marty-Laveaux, Albert Monnier, etc.,—et tous sont rentrés bredouille. Pourquoi remonter jusqu'à Ménage? Un gamin s'est avisé un jour de la ressemblance qu'il y avait entre certaines paroles sonores, entre certaines promesses hyperboliques, et les vessies gonflées de vent, et la blague fut!
Avoir de la blague. Causer avec verve, avec esprit, comme Alexandre Dumas, Méry ou Nadar.
Avoir la blague du métier. Faire valoir ce qu'on sait; parler avec habileté de ce qu'on fait.
Ne faire que des blagues. Gaspiller son talent d'écrivain dans les petits journaux, sans songer à écrire le livre qui doit rester.
Pousser une blague. Raconter d'une façon plus ou moins amusante une chose qui n'est pas arrivée.
BLAGUE SOUS LES AISSELLES! Expression de l'argot des ouvriers, pour signifier qu'ils cessent de plaisanter, qu'ils vont parler sérieusement, et pour inviter les interlocuteurs à en faire autant.
On dit aussi: Blague dans le coin.
BLAGUER, v. n. Mentir d'une agréable manière, ou tout simplement parler.
Blaguer quelqu'un. Se moquer de lui.
BLAGUES A TABAC, s. f. pl. Seins plus dignes d'une sauvagesse de la Nouvelle-Calédonie que d'une femme civilisée. Argot des faubouriens.
«Si encore il y avait un peu de tabac dans tes blagues!» ai-je entendu dire un jour par un faubourien à une fille qui buvait au même saladier que lui.
BLAGUEUR, s. m. Gascon né sur les bords de la Seine, dont le type extrême est le baron de Worsmspire et le type adouci le Mistigris de Balzac.
BLAIREAU, s. m. Conscrit,—dans l'argot des vieux troupiers.
BLAIREAU, s. m. Jeune homme de famille qui se croit des aptitudes littéraires et qui, en attendant qu'il les manifeste, mange sa légitime en compagnie de bohèmes littéraires.
BLAIREAUTER, v. a. Peindre avec trop de minutie.—dans l'argot des artistes qui n'ont encore pu digérer Meissonnier.
BLANC, s. m. Légitimiste,—dans l'argot du peuple, par allusion au drapeau fleurdelisé de nos anciens rois.
BLANC, s. m. Vin blanc,—dans le même argot.
BLANCHISSEUR, s. m. Celui qui revise un manuscrit, qui le polit,—dans l'argot des gens de lettres, par allusion à l'action du menuisier, qui, à coups de rabot, fait d'une planche rugueuse une planche lisse.
Signifie aussi Avocat.
BLANCHISSEUSE DE TUYAUX DE PIPES, s. f. Fille ou femme de mauvaise vie,—dans l'argot du peuple.
BLANC-VILAIN, s. m. Distributeur de boulettes municipales destinées aux chiens errants,—dans l'argot des faubouriens, qui, d'un nom propre probablement, ont fait une qualification applicable à une profession.
BLANQUETTE, s. f. Argenterie,—dans l'argot des voleurs.
BLASÉ, ÉE, ad. Enflé, ée,—dans l'argot des voleurs, qui ont emprunté cette expression à l'allemand blasen (Souffler).
BLAVIN, s. m. Mouchoir,—dans le même argot.
BLAVINISTE, s. m. Pick-pocket qui a la spécialité des mouchoirs.
BLÉ BATTU, s. m. Argent,—dans l'argot des paysans de la banlieue de Paris, pour qui blé en grange représente en effet de l'argent.
Avoir du blé en poche. Avoir de l'argent dans sa bourse.
N'avoir pas de blé. N'avoir pas le sou.
BLEU, s. m. Bonapartiste,—dans l'argot du peuple, rendant ainsi à ses adversaires qui l'appellent rouge, la monnaie de leur couleur.
Les chouans appelaient Bleus les soldats de la République, qui les appelaient Blancs.
BLEU, s. m. Conscrit,—dans l'argot des troupiers; cavalier nouvellement arrivé,—dans l'argot des élèves de Saumur.
BLEU, s. m. Manteau,—dans l'argot des voyous, qui ont voulu consacrer à leur façon la mémoire de Champion.
BLEU, s. m. Vin de barrière,—dans l'argot du peuple, qui a remarqué que ce Bourgogne apocryphe tachait de bleu les nappes des cabarets.
On dit aussi Petit bleu.
BLEU, s. m. Marque d'un coup de poing sur la chair.
Faire des bleus. Donner des coups.
BLEU, adj. Surprenant, excessif, invraisemblable.
C'est bleu. C'est incroyable.
En être bleu. Être stupéfait d'une chose, n'en pas revenir, se congestionner en apprenant une nouvelle.
Être bleu. Être Étonnamment mauvais,—dans l'argot des coulisses.
On disait autrefois: C'est vert! Les couleurs changent, non les mœurs.
BLOC, s. m. La salle de police. Argot des soldats.
Être au bloc. Être consigné.
Signifie aussi Prison.
BLOCKHAUS, s. m. Garni,—dans l'argot des chiffonniers, qui parlent allemand sans le savoir.
BLONDE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des ouvriers.
BLOQUER, v. a. Mettre un soldat au bloc, à la salle de police,—ce qui est le boucler, vieille forme du verbe blouquet.
BLOQUER, v. a. Abandonner,—dans l'argot des voleurs.
BLOQUER, v. a. Jouer à la bloquette,—dans l'argot des enfants.
BLOQUETTE, s. f. Jeu de billes, auquel on bloque.
BLOQUIR, v. a. Vendre des objets volés, ordinairement en bloc. (V. Abloquer.)
BLOT, s. m. Prix d'une chose,—dans l'argot des faubouriens.
C'est mon blot! Cela me convient.
BLOUSE (La). Le peuple,—dans l'argot dédaigneux des gandins.
BLOUSER (Se), v. réfl. Faire un pas de clerc, une sottise; se tromper,—dans l'argot du peuple, qui a voulu faire une allusion à la blouse du billard.
BLOUSIER, s. m. Voyou, porteur de blouse,—dans l'argot des gens de lettres.
BOBÊCHON, s. m. La tête,—dans l'argot du peuple, par allusion à la bobêche qui surmonte le chandelier.
Se monter le bobêchon. S'illusionner sur quelqu'un ou sur quelque chose; se promettre monts et merveilles d'une affaire—qui accouche d'une souris.
BOBELINS, s. m. pl. Bottes,—dans l'argot des marchandes du Temple, qui ont l'air d'avoir lu Rabelais.
BOBINE, s. f. Tête, visage,—dans l'argot du peuple, qui a constaté fréquemment les bobes ou grimaces que les passions font faire à la figure humaine, d'ailleurs terminée cylindriquement.
BOBINO, s. m. Montre,—dans l'argot des voleurs.
Ils disent aussi Bobine.
BOBINO. Le théâtre du Luxembourg, qui a disparu. Argot des étudiants.
On disait aussi Bobinche et Bobinski.
BOBO, s. m. Mal,—dans l'argot des enfants.
Il n'y a pas de bobo. Il n'y a pas de mal,—dans l'argot des faubouriens, qui parlent ici au figuré.
BOBOSSE, s. m. Vieux galantin bossu,—dans l'argot du peuple.
BOBOSSE, s. f. Fille ou femme affligée d'une gibbosité. Argot des faubouriens.
BOCAL, s. m. Carreau de vitre,—dans l'argot des faubouriens.
BOCAL, s. m. Estomac.
Se garnir le bocal. Manger.
BOCAL, s. m. Logement.
BOCARD, s. m. Mauvais lieu habité par des femmes de mauvaise vie. Argot des soldats.
BOCHE, s. m. Mauvais sujet—dans l'argot des petites dames, qui le préfèrent au muche. (V. ce dernier mot.)
BOCOTTER, v. n. Murmurer, marmotter entre ses dents; rechigner,—dans l'argot du peuple.
BœUF, s. m. Second ouvrier, celui à qui l'on fait faire la besogne la plus pénible. Argot des cordonniers.
BœUF, adj. Enorme, extraordinaire,—dans l'argot des faubouriens.
Avoir un aplomb bœuf. Avoir beaucoup d'aplomb.
BOGUE, s. f. Montre,—dans l'argot des voleurs.
Bogue en jonc. Montre en or.
Bogue en plâtre. Montre en argent.
BOGUISTE, s. m. Horloger.
BOHÈME, s. f. Etat de chrysalide,—dans l'argot des artistes et des gens de lettres arrivés à l'état de papillons. Purgatoire pavé de créanciers, en attendant le Paradis de la Richesse et de la Députation; vestibule des honneurs, de la gloire et du million, sous lequel s'endorment—souvent pour toujours—une foule de jeunes gens trop paresseux ou trop découragés pour enfoncer la porte du Temple.
BOHÈME, s. m. Paresseux qui use ses manches, son temps et son esprit sur les tables des cafés littéraires et des parlottes artistiques, en croyant à l'éternité de la jeunesse, de la beauté et du crédit, et qui se réveille un matin à l'hôpital comme phthisique ou en prison comme escroc.
Ce mot et le précédent sont vieux,—comme la misère et le vagabondage. Ce n'est pas à Saint-Simon seulement qu'ils remontent, puisque, avant le filleul de Louis XIV, Mme de Sévigné s'en était déjà servie. Mais ils avaient disparu de la littérature: c'est Balzac qui les a ressuscités, et après Balzac, Henri Murger—dont ils ont fait la réputation.
BOIRE DU LAIT, v. a. Avoir un joli succès, dans l'argot des comédiens, assez chats.
BOIRE UNE GOUTTE, v. a. Être sifflé,—dans le même argot.
Payer une goutte. Siffler.
BOIS POURRI, s. m. Amadou, dans l'argot des voyous.
BOISSEAU, s. m. Schako,—dans l'argot des vieux troupiers.
BOISSONNER, v. n. Boire plus que de raison.
BOISSONNIER, s. m. Ivrogne.
BOIS-TORTU, s. m. Vigne,—dans l'argot des voleurs, qui ont emprunté ce mot aux poètes du XVIIe siècle.
BOITE, s. f. Théâtre de peu d'importance,—dans l'argot des comédiens; bureaux de ministère,—dans l'argot des employés; bureau de journal,—dans l'argot des gens de lettres; le magasin ou la boutique,—dans l'argot des commis.
BOITE A CORNES, s. f. Chapeau, coiffure quelconque,—dans l'argot des faubouriens.
BOITE AU LAIT, s. f. La gorge,—dans l'argot du peuple, qui se souvient de sa nourrice.
BOITE A DOMINOS, s. f. Cercueil, —dans l'argot des faubouriens.
BOITE A SURPRISES, s. f. La tête d'un homme de lettres. Argot des voleurs.
BOITE AU SEL, s. f. La tête, siège de l'esprit. Argot des faubouriens.
Avoir un moustique dans la boîte au sel. Être un peu fou, un peu maniaque.
BOITE AUX CAILLOUX, s. f. Prison. Même argot.
BOITE DE PANDORE, s. f. Boîte dans laquelle les voleurs renferment la cire à prendre les empreintes,—et de laquelle sortent tous les mots qu'ils ont avec la justice.
Boiter des chasses, v. n. Être borgne ou être affecté de strabisme,—dans l'argot des voleurs, qui se sont rencontrés ici dans la même image avec l'écrivain qui a dit le premier, à propos d'Esope, qu'il louchait de l'épaule.
BOLIVAR, s. m. Chapeau,—dans l'argot du peuple, qui ignore peut-être que c'est le nom de l'émancipateur des colonies espagnoles, et qui le donne indistinctement à tout couvre-chef, de feutre ou de paille, rond ou pointu, parce que c'est une habitude pour lui, depuis la Restauration.
BOMBÉ, adj. et s. Bossu.
BON, s. m. Homme sur lequel on peut compter,—dans l'argot du peuple, à qui l'adjectif ne suffisait pas, paraît-il.
BONBONNIÈRE A FILOUS, s. f. Omnibus,—dans l'argot des voyous, qui savent mieux que personne avec quelle facilité on peut barboter dans ces voitures publiques.
BON CHEVAL DE TROMPETTE, s. m. Homme qui ne s'effraye pas aisément, dans l'argot du peuple.
BON DIEU, s. m. Sabre,—dans l'argot des fantassins.
BONDY-SOUS-MMERDE, n. d. l. Le village de Bondy, à cause du dépotoir. Argot des faubouriens.
Autrefois on disait Pantin-sur-Merde.
BONHOMME, s. m. Saint,—dans l'argot des voleurs, et du peuple.
BONICARD, s. m. Vieil homme,—dans l'argot des voleurs.
Bonicarde. Vieille femme.
BONIFACE, s. m. Homme simple et même niais,—dans l'argot du peuple, auprès de qui la bonté n'a jamais été une recommandation.
BONIFACEMENT, adv. Simplement, à la bonne franquette.
BONIMENT, s. m. Discours par lequel un charlatan annonce aux badauds sa marchandise, qu'il donne naturellement comme bonne; Parade de pître devant une baraque de «phénomènes».
Par analogie, manœuvres pour tromper.
BONIR, v. n. Se taire,—dans l'argot des marbriers de cimetière.
BONIR, v. a. Dire, parler,—dans l'argot des voleurs.
BONISSEUR, s. m. Celui qui fait l'annonce, le boniment. Argot des saltimbanques.
BONJOUR (Vol au), s. m. Espèce de vol que son nom désigne clairement. Le chevalier d'industrie, dont c'est la spécialité, monte de bonne heure dans un hôtel garni, où on laisse volontiers les clés sur les portes, frappe au hasard à l'une de celles-ci, entre s'il n'entend pas de réponse, et, profitant du sommeil du locataire, fait main basse sur tout ce qui est à sa portée,—quitte à lui dire, s'il se réveille: «Bonjour, Monsieur; est-ce ici que demeure M.***?»
BONJOURIER, s. m. Voleur au Bonjour.
On dit aussi: Chevalier grimpant,—par allusion aux escaliers que ce malfaiteur doit grimper.
BON MOTIF, s. m. Mariage,—dans l'argot des bourgeois.
BONNE, s. f. Chose amusante ou étonnante, bonne à noter.
En dire de bonnes. Raconter des histoires folichonnes.
En faire de bonnes. Jouer des tours excessifs.
BONNE AMIE, s. f. Maîtresse,—dans l'argot des ouvriers.
Une expression charmante, presque aussi jolie que le sweetheart des ouvriers anglais, et qu'on a tort de ridiculiser.
BONNE-GRACE, s. f. Toilette de tailleur.
BONNET DE NUIT SANS COIFFE, s. m. Homme mélancolique,—dans l'argot du peuple.
BONNET D'ÉVÊQUE, s. m. Le train de derrière d'une volaille. Argot des bourgeois.
BONNET D'ÉVÊQUE, s. m. Petite loge du cintre. Argot des coulisses.
BONNETEUR, s. m. Filou qui, dans les fêtes des environs de Paris, tient des jeux de cartes où l'on ne gagne jamais.
BONNETIER, s. m. Homme vulgaire, ridicule,—dans l'argot des gens de lettres, qui méprisent les commerçants autant que les commerçants les méprisent.
BONNET JAUNE, s. m. Pièce de vingt francs,—dans l'argot des filles.
BON NEZ, s. m. Homme fin, qui devine ce qu'on veut lui cacher, au figuré, ou qui, au propre, devine qu'un excellent dîner se prépare dans une maison où il s'empresse d'aller—quoique non invité.
C'est l'olfacit sagacissime de Mathurin Cordier.
BONNICHON, s. m. Petit bonnet d'ouvrière,—dans l'argot du peuple.
BONO, adj. Bon, passable,—dans l'argot des faubouriens qui ont servi dans l'armée d'Afrique.
BON POUR CADET! Se dit d'une lettre désagréable ou d'un journal ennuyeux que l'on met dans sa poche pour servir de cacata charta. C'est l'histoire du sonnet d'Oronte.
BONSHOMMES, s. m. pl. Croquis,—dans l'argot des écoliers.
Ils disent Bonhommes.
BONSHOMMES, s. m. pl. Nom que, par mépris, les filles donnent à leurs amants, et les gens de lettres à leurs rivaux.
BORDÉE, s. f. Débauche de cabaret,—dans l'argot des ouvriers, qui se souviennent d'avoir été soldats de marine.
Courir une bordée. S'absenter de l'atelier sans permission.
Tirer une bordée. Se débaucher.
BORDEL, s. m. Prostibulum,—dans l'argot du peuple, qui parle comme Joinville, comme Montaigne, et comme beaucoup d'autres:
«Miex ne voulsist estre mesel
Et ladres vivre en ung bordel
Que mort avoir ne le trespas.»
dit l'auteur du roman de Flor et Blanchefleur.
BORDEL, s. m. Petit fagot de deux sous,—dans l'argot des charbonniers.
BORDELIER, s. et adj. Homme qui se plaît dans le libertinage.
Le mot a plus de cinq centsans de noblesse populaire, ainsi que cela résulte de cette citation du Roman de la Rose:
«Li aultre en seront difamé,
Ribaut et bordelier clamé.»
BORGNE, s. m. Le derrière de l'homme et de la femme,—dans l'argot des faubouriens.
BORGNER, v. a. Regarder,—dans l'argot des marbriers de cimetière, qui clignent un œil pour mieux voir de l'autre.
BORGNESSE, s. f. Femme borgne,—dans l'argot du peuple.
BORGNIAT, s. m. Homme borgne.
BOSCOT, BOSCO, s. m. Bossu.
Au féminin, Boscotte.
BOSSE, s. f. Excès de plaisir et de débauche.
Se donner une bosse. Manger et boire avec excès.
Se faire des bosses. S'amuser énormément.
Se donner une bosse de rire. Rire à ventre déboutonné.
BOSSOIRS, s. m. pl. La gorge d'une femme,—dans l'argot des marins.
BOTTER, v. a. Plaire, agréer, convenir,—dans l'argot du peuple.
BOTTER, v. a. Donner un coup de pied au cul de quelqu'un.
BOTTES DE NEUF JOURS, s. f. pl. Bottes percées,—dans l'argot des faubouriens,—qui disent aussi Bottes en gaieté.
BOTTIER, s. m. Homme qui se plaît à donner des coups de botte aux gens qui ne lui plaisent pas.
On dit d'un artiste en ce genre: C'est un joli bottier.
BOUANT, s. m. Cochon,—dans l'argot des voyous, sans doute à cause de la boue qui sert de bauge naturelle au porc.
BOUBANE, s. f. Perruque,—dans l'argot des voleurs.
BOUC, s. m. Cocu,—dans le même argot.
BOUCAN, s. m. Vacarme; rixe de cabaret,—dans l'argot du peuple.
Faire du boucan. Faire du scandale,—ce que les Italiens appellent far bordello.
Donner un boucan. Battre ou réprimander quelqu'un.
BOUCANADE, s. f. Corruption d'un témoin,—dans l'argot des voleurs, qui redoutent le boucan de l'audience.
Coquer la boucanade. Suborner un témoin.
BOUCANER, v. n. Sentir mauvais, sentir le bouc,—dans l'argot des ouvriers.
BOUCANER, v. n. Faire du bruit, du boucan.
BOUCANEUR, s. et adj. Qui se débauche et hante les mauvais lieux.
Boucanière, s. f. Femme légère, qui vit plus volontiers dans les lieux où l'on fait du Boucan que dans ceux où l'on fait son salut.
BOUCARD, s. m. Boutique,—dans l'argot des voleurs.
On dit aussi Boutogue.
BOUCARDIER, s. m. Voleur qui dévalise les boutiques.
BOUCHER, s. m. Médecin,—dans l'argot des voleurs, très petites maîtresses lorsqu'il s'agit de la moindre opération chirurgicale.
BOUCHER UN TROU, v. a. Payer une dette,—dans l'argot des bourgeois.
BOUCHON, s. m. Acabit, genre,—dans l'argot du peuple.
Être d'un bon bouchon. Être singulier, plaisant, cocasse.
Bouchon, s. m. Cabaret.
On sait que les cabarets de campagne, et quelques-uns aussi à Paris, sont ornés d'un rameau de verdure,—boscus.
BOUCHON, s. m. Bourse,—dans l'argot des voleurs, dont les ancêtres prononçaient bourçon.
BOUCLAGE, s. m. Liens, menottes. Même argot.
BOUCLÉ (Être), v. pron. Être emprisonné.
BOUCLER, v. a. Fermer,—même argot.
Boucler la lourde. Fermer la porte.
BOUCLEZOZE, s. m. Pain bis. Même argot.
BOUDER, v. a. Avoir peur, reculer,—dans l'argot du peuple.
BOUDER AUX DOMINOS, v. n. Avoir des dents de moins,—dans l'argot des faubouriens.
BOUDIN, s. m. Verrou,—dans l'argot des voleurs.
BOUDINS, s. m. pl. Mains trop grasses, aux doigts ronds, sans nodosités. Argot du peuple.
BOUÉ, s. m., ou Bouée, s. f. Trou,—dans le même argot.
C'est un nom emprunté au patois manceau.
BOUE JAUNE, s. f. L'or,—dans lequel pataugent si gaiement tant de consciences, heureuses de se crotter.
L'expression est de Mirabeau.
BOUEUX, s. m. Celui qui ramasse la boue des rues de Paris et la jette dans un tombereau.
BOUFFARD, s. m. Fumeur,—dans l'argot du peuple, qui a remarqué, sans doute, qu'en fumant on enfle ou bouffe les joues.
BOUFFARDE, s. f. Pipe.
BOUFFARDER, v. n. Fumer.
BOUFFARDIÈRE, s. f. Estaminet, et, par extension, Cheminée. Argot des voleurs.
BOUFFE-LA-BALLE, s. m. Gourmet, goinfre,—dans l'argot du peuple.
Se dit aussi d'un Homme dont le visage est un peu soufflé.
BOUFFER (Se). Se battre—dans l'argot des faubouriens.
On dit aussi Se bouffer le nez.
BOUFFER, v. n. Manger,—dans l'argot du peuple, qui aime les mots qui font image.
BOUFFETER, v. n. Causer, bavarder. Argot des faubouriens.
BOUGIE, s. f. Canne d'aveugle parce qu'elle sert à l'éclairer. Même argot.
BOUGIE GRASSE, s. f. Chandelle. Même argot.
BOUGON, s. et adj. Bourru, grondeur,—dans l'argot du peuple, qui pourtant ne sait pas que les abeilles sont appelées bugones, par onomatopée sans doute.
On dit aussi Bougonneur.