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 BOUGONNER, v. a. et n. Gronder sans cesse et sans motif.

 BOUGRE, s. m. Homme robuste, de bons poings et de grand cœur,—dans l'argot du peuple, qui ne donne pas à ce mot le sens obscène qu'il a eu pendant longtemps.

Bon bougre. Bon camarade, loyal ami.

Bougre à poils. Homme à qui la peur est inconnue.

Mauvais bougre. Homme difficile à vivre.

 BOUGREMENT, adv. Extrêmement.

 BOUI, s. m. Prostibulum,—dans l'argot des voyous.

 BOUIBOUI, s. m. Marionnette,—dans l'argot des fabricants de jouets, qui ont probablement emprunté ce mot au cri guttural de Polichinelle.

On écrit aussi Bouis-bouis,—je ne sais pas pourquoi puisque c'est une onomatopée. Bouig-bouig serait plus exact alors.

Ensecreter un bouiboui. Attacher tous les fils qui doivent servir à faire mouvoir une marionnette.

 BOUIBOUI, s. m. Petit théâtre,—dans l'argot des comédiens. Endroit mal famé,—dans l'argot des bohèmes.

 BOUILLABAISSE, s. f. Confusion de choses ou de gens. Argot des coulisses et des gens de lettres.

Faire de la bouillabaisse. Arranger confusément des choses ou des idées.

 BOUILLANTE, s. f. Soupe,—dans l'argot des soldats.

 BOUILLIE POUR LES CHATS, s. f. Affaire avortée, chose mal réussie. Argot des bourgeois.

Faire de la bouillie pour les chats. Travailler sans profit pour soi ni pour personne.

 BOUILLON, s. m. Mauvaise affaire, opération désastreuse. Même argot.

Boire un bouillon. Perdre de l'argent dans une affaire.

 BOUILLON, s. m. Pluie,—dans l'argot du peuple.

Bouillon qui chauffe. Nuage qui va crever.

 BOUILLON AVEUGLE, s. m. Bouillon gras qui n'est pas assez gras, dont on ne voit pas les yeux. Même argot.

 BOUILLON DE CANARD, s. m. Eau.

 BOUILLON D'ONZE HEURES, s. m. Breuvage empoisonné.

Prendre un bouillon d'onze heures. Se suicider par le poison.

 BOUILLONNER, v. n. Perdre de l'argent dans une affaire, boire un bouillon.

 BOUILLON POINTU, s. m. Lavement.

 BOUILLON POINTU, s. m. Coup de baïonnette,—dans l'argot des troupiers.

 BOUILLONS, s. m. Livres ou journaux invendus.

 BOUIS, s. m. Fouet,—dans l'argot des voleurs.

 BOUISER, v. a. Donner le fouet ou du fouet,—selon qu'il s'agit d'un enfant ou d'un cheval.

 BOULANGE, s. f. Apocope de Boulangerie. Argot des ouvriers.

 BOULANGER DES AMES, s. m. Le diable,—dans l'argot des voleurs.

 BOULE, s. f. Foire,—dans le même argot.

 BOULE, s. f. Tête,—dans l'argot du peuple.

Bonne boule. Physionomie grotesque.

Perdre la boule. Ne plus savoir ce que l'on fait.

 BOULE DE NEIGE, s. f. Nègre,—par une antiphrase empruntée à nos voisins d'outre-Manche, qui disent de tout oncle Tom: Snow-ball,—quand ils n'en disent pas: lily-white (blanc de lis).

 BOULE DE SIAM, s. f. Tête ridicule, figure grotesque, ayant quelque ressemblance avec le disque percé de deux trous qui sert au jeu de quilles.

 BOULE DE SON, s. f. Pain,—dans l'argot des prisons.

 BOULE DE SON, s. f. Figure marquée de taches de rousseur,—dans l'argot des faubouriens.

 BOULENDOS, s. m. Bossu,—dans l'argot des voyous.

Ils disent aussi Bosco, Bossemar.

 BOULER, v. n. Aller, rouler,—dans le même argot.

 BOULER, v. a. Pousser quelqu'un brusquement, le secouer brutalement. Argot du peuple.

S'emploie aussi, au figuré, pour gronder, faire d'énergiques reproches.

 BOULE ROUGE, s. f. Fille ou femme galante qui habitait le quartier de la Boule-Rouge, dans le faubourg Montmartre.

Comme les mots ne manqueront jamais aux hommes pour désigner les femmes,—du moins une certaine classe de femmes,—ce nom, qui succédait à celui de lorette et qui date de la même époque, a été lui-même remplacé par une foule d'autres, tels que: filles de marbre, prè-catelanières, casinettes, musardines, etc., selon les localités.

 BOULES DE LOTO, s. f. Yeux gros et saillants,—dans l'argot du peuple, qui ne sait pas que Junon les avait ainsi, et à qui peut-être la chose est parfaitement indifférente.

 BOULET A CÔTES, s. m. Melon,—dans l'argot des faubouriens.

Ils disent aussi Boulet à queue.

 BOULET JAUNE, s. m. Potiron,—dans l'argot des voyous.

 BOULETTE, s. f. Bévue, erreur plus ou moins grave. Argot du peuple.

 BOULEUSE, s. f. Actrice qui joue tous les rôles, et principalement ceux dont ses camarades, les chefs d'emploi, ne veulent pas. Argot des coulisses.

 BOULINER, v. a. Voler,—quand cela exige qu'on fasse des boulins (ou trous) aux murs d'une maison ou aux volets d'une boutique.

Les escrocs des siècles passés disaient bouler.

 BOULINGUER, v. a. Déchirer,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi gouverner, conduire,—dans l'argot des vagabonds, qui savent si mal se boulinguer eux-mêmes.

 BOULINOIRE, s. f. Vilebrequin.

 BOULOTER, Assister un camarade,—dans l'argot des voleurs.

 BOULOTS, s. m. pl. Haricots ronds,—dans l'argot des bourgeois.

 BOULOTTER, v. a. Manger. Argot du peuple.

 BOULOTTER, v. n. Aller doucement, faire de petites affaires. Argot du peuple.

 BOULOTTER L'EXISTENCE, v. a. La mener heureuse et douce.

 BOULVARI ou Boulevari, s. m. Vacarme, tumulte excessif.

 BOUQUET, s. m. Accident heureux ou malheureux.

C'est le bouquet! Cela complète mon malheur.

 BOUQUET, s. m. Boni, prime de 25 pour cent accordée à L'homme de peine qui a voulu s'abstenir; chopin de la première affaire. Argot des voleurs.

 BOUQUET, s. m. Cadeau,—dans l'argot des voyous.

 BOUQUIN, s. m. Livre neuf ou vieux,—dans l'argot des gens de lettres.

C'est une corruption ou une ironie du mot anglais book.

 BOUQUINER, v. n. Faire la chasse aux livres anciens ou modernes.

 BOURBE (La). Nom que le peuple s'obstine à donner à l'hospice de la Maternité de Paris, malgré l'espèce d'infamie cruelle qui semble attachée à cette appellation.

 BOURBILLONS, s. m. pl. Filaments d'encre épaisse qui restent dans le bec de la plume. Argot des écoliers.

 BOURDON, s. m. Fille publique,—dans l'argot des voleurs.

 BOURDON, s. m. Mots oubliés,—dans l'argot des typographes.

 BOURGEOIS, s. m. Expression de mépris que croyaient avoir inventée les Romantiques pour désigner un homme vulgaire, sans esprit, sans délicatesse et sans goût, et qui se trouve tout au long dans l'Histoire comique de Francion: «Alors lui et ses compagnons ouvrirent la bouche quasi tous ensemble pour m'appeler bourgeois, car c'est l'injure que ceste canaille donne à ceux qu'elle estime niais.»

 BOURGEOIS, s. m. Patron,—dans l'argot des ouvriers; Maître,—dans l'argot des domestiques.

On dit dans le même sens, au féminin: Bourgeoise.

 BOURGEOIS, s. m. Toute personne qui monte dans une voiture de place ou de remise,—à quelque classe de la société qu'elle appartienne. Le cocher ne connaît que deux catégories de citoyens; les cochers et ceux qui les payent,—et ceux qui les payent ne peuvent être que des bourgeois.

 BOURGEOISADE, s. m. Action mesquine, plate, écœurante,—dans l'argot des gens de lettres et des artistes.

 BOURGERON, s. m. Petite blouse de toile bleue,—dans l'argot des ouvriers dont, avec la cotte, cela compose le costume de travail.

 BOURGUIGNON, s. m. Le soleil, dans l'argot du peuple, qui croit que cet astre n'a été créé par Dieu que pour faire mûrir les vignes de la Côte-d'Or.

 BOURRASQUE, s. f. Coup de filet policier,—dans l'argot des voleurs.

 BOURRE-COQUINS, s. m. pl. Haricots,—dans l'argot du peuple.

 BOURRE-DE-SOIE, s. f. Fille ou femme entretenue,—dans l'argot des voyous.

 BOURRÉE, s. f. Bousculade brutale,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Bourrade.

 BOURRICHON, s. m. La tête,—dans l'argot des faubouriens, qui prennent les imbéciles pour des huîtres.

Se monter le bourrichon. Se faire une idée fausse de la vie, s'exagérer les bonheurs qu'on doit y rencontrer, et s'exposer ainsi, de gaieté de cœur, à de cruels mécomptes et à d'amers désenchantements.

 BOURRIQUE, s. f. Imbécile,—dans l'argot du peuple, qui calomnie l'âne.

Tourner en bourrique. S'abrutir ne plus savoir ce que l'on fait.

Faire tourner quelqu'un en bourrique. L'obséder de reproches ou d'exigences ridicules.

 BOURRIQUE A ROBESPIERRE, s. f. Animal aussi fantastique que la bête du Gévaudan, que le peuple se plaît à mettre à toutes les sauces, sans qu'on sache pourquoi. Quand il a dit: Bête (ou saoûl, ou méchant) comme la bourrique à Robespierre, c'est qu'il n'a pas trouvé de superlatif péjoratif plus énergique.

 BOURSICOT, s. m. Porte-monnaie et l'argent qu'il contient. Même argot.

 BOURSICOTER, v. n. Economiser, mettre de l'argent de côté.

Signifie aussi Faire de petites opérations de Bourse.

 BOURSICOTEUR, s. m. Courtier marron de Bourse.

On dit aussi Boursicotier.

 BOURSILLONNER, v. n. Contribuer pour une petite somme à quelque dépense commune.

 BOUSCAILLE, s. f. Boue.—Argot des voleurs.

 BOUSCAILLEUR, s. m. Balayeur.

 BOUSILLER, v. a. Faire vite et mal,—dans l'argot du peuple, qui sait avec quel sans-façon et quelle rapidité les maçons bâtissent les maisons des champs, avec du crachat et de la boue, ou mieux de la bouse.

 BOUSILLEUR, s. m. Ouvrier qui fait de mauvais ouvrage,—parce qu'il le fait trop vite et sans soin.

 BOUSILLEUSE, s. f. Femme qui gaspille volontiers ses robes et l'argent qu'elle gagne,—sans rien faire.

 BOUSIN, s. m. Vacarme, scandale,—dans l'argot du peuple.

Faire du bousin. Faire du tapage du scandale; se battre à coups de chaises, de tables et de bouteilles.

 BOUSIN, s. m. Maison mal famée; cabaret borgne. Argot du du peuple.

M. Nisard, à propos de ce mot, éprouve le besoin de traverser la Manche et d'aller chercher bowsing, cabaret à matelots. C'est, me semble-t-il, renverser l'ordre naturel des choses, et faire descendre François Ier de Henri II. Bowsing n'est pas le père, mais bien le fils de bousin, qui lui-même est né de la bouse ou de la boue. Pour s'en assurer, il suffit de consulter nos vieux écrivains, depuis Régnier jusqu'à Restif de la Bretonne.

 BOUSINEUR, s. et adj. Ami du bruit et du scandale.

 BOUSINGOT, s. m. Etudiant romantique qui portait des gilets à la Robespierre et était affilié à la Société des saisons: un type héroïque, quoique un peu théâtral, qui a complètement disparu.

 BOUSINGOTISME, s. m. Doctrines et mœurs des bousingots.

 BOUSSOLE, s. f. Tête,—dans l'argot du peuple, qui sait aussi bien que personne que c'est là que se trouve l'aiguille aimantée appelée la Raison.

Perdre la boussole. Devenir fou.

 BOUSSOLE DE SINGE, s. f. Fromage de Hollande,—dans l'argot des faubouriens.

Ils disent aussi Boussole de refroidi.

 BOUSTIFAILLE, s. f. Vivres, nourriture, en un mot ce que Rabelais appelait «le harnois de gueule». Argot du peuple.

 BOUSTIFAILLER, v. n. Manger.

 BOUT DE CUL, s. m. Petit homme,—dans l'argot du peuple.

On dit aussi Bas du cul.

 BOUTANCHE, s. f. Boutique,—dans l'argot des prisons.

On dit aussi Boutogue, Boucard.

 BOUTEILLE, s. f. Nez,—dans l'argot des faubouriens.

 BOUTEILLE, s. f. Latrines,—dans l'argot des matelots.

 BOUTEILLE A L'ENCRE (C'est la). Se dit, dans l'argot des bourgeois,—de toute affaire embrouillée ou de toute personne aux allures ténébreuses.

 BOUTEILLER, v. n. Se dit des globules d'air,—des bouteilles,—que forme la pluie dans les ruisseaux lorsqu'elle tombe avec abondance.

 BOUTERNE, s. f. Boîte carrée d'assez grande dimension, garnie de bijoux d'or et d'argent numérotés, parmi lesquels il y a l'inévitable «pièce à choisir», qui est ordinairement une montre avec sa chaîne, «d'une valeur de 600 francs», que la marchande reprend pour cette somme lorsqu'on la gagne. Mais on ne la gagne jamais, parce que les chances du jeu de la bouterne, composés de huit dés, sont trop habilement distribuées pour cela: les dés sont pipés!

 BOUTERNIÈRE, s. f. Femme qui dupe les simples avec la bouterne.

 BOUTIQUE, s. f. Ce que les petites filles laissent voir si volontiers,—comme dans le tableau de l'Innocence. Argot du peuple.

S'applique aussi à l'autre sexe.

Montrer toute sa boutique. Relever trop haut sa robe dans la rue, ou la décolleter trop bas dans un salon.

 BOUTIQUE, s. f. Bureau,—dans l'argot des employés; journal,—dans l'argot des gens de lettres.

Esprit de boutique. Esprit de corps.

Être de la boutique. Être de la maison, de la coterie.

 BBoutiquer, v. a. Faire à contre-cœur; arranger mal une chose. Argot du peuple.

 BOUTON, s. m. Passe-partout. Argot des voleurs.

 BOUTON, s. m. Louis d'or. Argot des maquignons.

 BOVARISME, s. m. Hystérie littéraire, réalisme ægypanesque dans le genre du roman de G. Flaubert, madame Bovary. L'expression a été créée par Barbey d'Aurevilly, à propos de son étude sur l'Antoine Quérard de Ch. Bataille.

 BOXON, s. m. Mauvais lieu habité par de jolies filles,—dans l'argot des faubouriens.

 BOYAU ROUGE, s. m. Bon buveur,—dans l'argot du peuple qui a emprunté cette expression à la Bourgogne.

 BRADER, v. a. et n. Vendre à vil prix. Argot des marchands de bric-à-brac.

 BRAILLANDE, s. f. Caleçon, braies. Argot des voleurs.

 BRAILLARD, s. m. Mauvais chanteur. Argot du peuple, qui dit plutôt: Gueulard.

 BRAILLER, v. n. Chanter.

 BRAIRE, v. n. Pleurer.

C'est un vieux mot. On le trouve dans la Chanson de Roland.

 BRAISE, s. f. Argent monnayé,—dans l'argot des filles.

Abouler de la braise. Donner de l'argent à une fille pour être aimé d'elle, ou à un voleur pour n'être pas tué par lui.

 BRAISER, v. n. Payer, dépenser de la braise.

On dit aussi Braisiller.

 BRAISEUR, s. et adj. Homme riche, ou seulement en train de dépenser de l'argent.

 BRANCARD, s. m. Lorette hors d'âge, qui conduit les jeunes drôlesses dans les bons endroits, qui les traîne sur la route du vice. Argot de Breda-Street.

 BRANCARDS, s. m. pl. Les jambes,—dans l'argot des faubouriens, qui savent que c'est avec elles qu'on traîne le corps.

 BRANCHE, s. f. Ami, compagnon, ma vieille branche,—dans le même argot.

 BRANDILLEUSE, s. f. Sonnette,—dans l'argot des voyous.

 BRANLANTES, s. f. pl. Dents des vieillards,—dans le même argot.

 BRANLE-BAS, s. m. Vacarme, bouleversement; déménagement. Argot du peuple.

Faire du branle-bas. Faire du tapage.

 BRANLER DANS LE MANC, v. n. Se dit d'une chose ou d'une personne qu'on est menacé de perdre.

 BRANQUE, s. m. Ane,—dans l'argot des voleurs, dont les ancêtres, les gueux infirmes, étaient portés à l'hospice sur un cacolet, qu'ils appelaient brancard.

 BRAQUE, s. m. Original, homme à moitié fou, qui court de-ci, de-là, comme un chien de chasse,—dans l'argot des bourgeois, qui n'aiment pas les excentriques, et veulent qu'à leur exemple on marche à pas comptés et d'un air compassé.

On dit aussi Grand Braque,—même à propos d'un homme de taille moyenne.

 BRAS, adj. m. Grand,—dans l'argot des voleurs, qui exagèrent la longueur de la brasse.

 BRASSET, adj. m. Gros,—homme difficile à embrasser.

 BRAVE, s. m. Vieux soldat,—dans l'argot du peuple.

 BRAVE, adj. Beau, bien vêtu,—comme paré pour le combat.

Brave comme un jour de Pâques. Richement habillé.

 BREDA-STREET, s. m. Cythère parisienne, qui comprend non seulement la rue Bréda, mais toutes les rues avoisinantes, où s'est agglomérée une population féminine dont les mœurs laissent à désirer,—mais ne laissent pas longtemps désirer. Mœurs à part, langage spécial formé, comme l'airain de Corinthe, de tous les argots parisiens qui sont venus se fondre et se transformer dans cette fournaise amoureuse. Nous en retrouverons çà et là des échantillons intéressants.

 BRÉDI-BRÉDA, loc. adv. Précipitamment, avec confusion,—dans l'argot du peuple.

On dit quelquefois Brédi-bréda taribara.

 BREDOCHE, s. f. Liard,—dans l'argot des voyous.

Ils disent aussi brobèche et broque.

 BRELOQUE, s. f. Pendule,—dans l'argot des faubouriens.

D'où est sans doute venue l'expression: Battre la breloque, pour signifier d'abord chez les soldats: «Annoncer à son de tambour l'heure des repas;» puis au figuré, chez le peuple: «Déraisonner comme une pendule détraquée.»

 BRÊMES, s. f. pl. Cartes à jouer, dans l'argot des voleurs et des petites dames.

Brême de paclin. Carte géographique.

Maquiller les brêmes. Se servir, pour jouer, de cartes biseautées.

 BRÊMIER, s. m. Fabricant de cartes.

 BRIC-A-BRAC, s. m. Choses de peu de valeur,—ou d'une valeur énorme, selon le monde où on emploie ce mot: Vieilles ferrailles ici, vieux Sèvres là.

 BRIC-A-BRAC, s. m. Revendeur, petit marchand de débris, de bric-à-brac.

 BRICABRACOLOGIE, s. f. Science, métier du bric-à-brac, des bibelots de luxe.

Le mot est de Balzac.

 BRICARD, s. m. Escalier,—dans l'argot des voyous.

 BRICOLE, s. f. Mauvaise affaire, affaire d'un produit médiocre. Argot du peuple.

 BRICOLER, v. a. Faire une chose à la hâte et sans goût.

Signifie aussi faire des choses que pourraient réprouver la conscience et la morale. Dans ce sens, il a pour parrain Saint-Simon.

 BRICOLEUR, s. m. Homme bon à tout faire, les bons comme les mauvais métiers,—les mauvais surtout.

On dit aussi Bricolier.

 BRICUL, s. m. Officier de paix,—dans l'argot des voleurs.

 BRIDE, s. f. Chaîne de montre,—dans le même argot.

 BRIDER, v. a. Fermer,—dans le même argot.

Brider la lourde. Fermer la porte.

 BRIFFER, v. n. Manger,—dans l'argot du peuple, qui se souvient de la vieille et bonne langue.

«O! le bon appétit, voyez

comme il briffe!» dit Noël Du

Fail en ses Propos rustiques.

 BRIFFERRIGANTE, s. f. Perruque,—dans l'argot des voleurs.

 BrifferRIGEANTS, s. m. pl. Cheveux, dans le même argot.

On dit aussi Brigands,—à cause de la physionomie rébarbative que vous donnent des cheveux ébouriffés.

 BRIGETON, s. m. Pain,—dans l'argot des faubouriens.

 BRIMADE, s. f. Mauvaise plaisanterie,—dans l'argot des troupiers qui se plaisent à jouer des tours aux conscrits.

 BRIMAR, s. m. Briseur,—dans l'argot des voleurs.

 BRIMER, v. a. Faire subir à un conscrit des épreuves désagréables—qu'il peut toujours s'épargner en n'épargnant pas le vin à ses camarades.

 BRINDEZINGUE, s. m. Etui en fer-blanc, d'un diamètre peu considérable et de douze à quinze centimètres de longueur, dans lequel les voleurs renferment une lame d'acier purifié, taillée en scie, et à trois compartiments, qui leur sert à couper les plus forts barreaux de prison. Comment arrivent-ils à soustraire cet instrument de délivrance aux investigations les plus minutieuses des geôliers? C'est ce qu'il faut demander à M. le docteur Ambroise Tardieu, qui a fait une étude spéciale des maladies de la gaîne naturelle de cet étui.

 BRINDEZINGUES (Être dans les). Être complètement ivre. Argot des faubouriens.

 BRINGUE, s. f. Femme maigre, déhanchée,—dans le même argot.

On dit aussi Grande bringue.

 BRIOCHE, s. f. Grosse bévue, faute grossière,—dans l'argot des bourgeois.

 BRIOLET, s. m. Petit vin suret,—dans l'argot du peuple, que ce vin rend ebriolus tout comme si c'était du bourgogne.

 BRIQUEMON, s. m. Briquet,—dans l'argot des voleurs.

Signifie aussi Sabre de cavalerie.

 BRISER (Se la). Se retirer d'un lieu quelconque, qu'on s'y trouve mal ou bien. Argot des faubouriens.

 BRISEUR, s. m. Variété d'escrocs dont parle Vidocq.

 BRISQUE, s. f. Année,—dans l'argot des voleurs.

 BROBUANTE, s. f. Bague,—dans le même argot.

 BROCANTE, s. f. Chose de peu de valeur,—dans l'argot du peuple.

 BROCANTER, v. a. et n. Acheter et vendre toutes sortes de choses, des tableaux et des femmes, son talent et sa conscience. Argot des gens de lettres.

 BROCHE, s. f. Billet à ordre d'une petite somme. Argot des commerçants.

 BROCHES, s. f. pl. Dents. Argot des voyous.

 BRODANCHER, v. a. Écrire,—dans l'argot des voleurs.

On dit aussi Broder.

 BRODANCHEUR A LA PLAQUE, s. m. Notaire,—à cause de son écusson.

 BRODEUR, s. m. Ecrivain public—ou particulier.

 BRODEUSE, s. f. Individu appartenant au troisième sexe. Même argot.

 BROQUILLE, s. f. Rien, chose de peu de valeur. Argot des cabotins.

Ne s'emploie ordinairement que dans cette phrase: Ne pas dire une broquille, pour: Ne pas savoir un mot de son rôle.

 BROQUILLE, s. f. Minute,—qui est un rien de temps. Argot des voleurs.

 BROQUILLE, s. f. Bague,—dans le même argot.

Signifie aussi Boucle d'oreille.

 BROSSÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot du peuple.

 BROSSER, v. a. Donner des coups.

Signifie aussi Gagner une partie de billard.

Se faire brosser, v. réfl. Se faire battre,—au propre et au figuré.

 BROSSER LE VENTRE (Se), v. réfl. Se passer de manger, et coucher sans souper.

 BROUÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot des faubouriens, qui parfois se décousent ainsi les brouailles.

 BROUILLARDS (Être dans les). Être gris à n'y voir plus clair pour se conduire.

 BROUILLÉ AVEC LA MONNAIE, s. et adj. Pauvre, ruiné,—dans l'argot au peuple.

On disait autrefois Brouillé avec les espèces.

 BROUSSAILLES (Être dans les). Être en état d'ivresse, à en perdre son chemin et à en donner du nez contre les haies, au lieu de suivre le pavé du roi ou de la république.

 BROUTE, s. m. Pain,—dans l'argot des faubouriens.

Ne serait-ce pas par hasard une corruption du Brod allemand?

 BROUTER, v. a. Manger.

 BROUTEUR SOMBRE, s. m. Homme mélancolique, qui mange tout seul.

 BROYEUR DE NOIR EN CHAMBRE, s. m. Ecrivain mélancolique; personne qui se suicide à domicile.

 BRUGE, s. m. Serrurier.—dans l'argot des voleurs.

 BRUGERIE, s. f. Serrurerie, parce que cela se ronge vite βρυχω ([grec: bruchô]), dirait M. Lorédan Larchey dans son ardeur d'étymologiste.

 BRÛLAGE, s. m. Déconfiture générale de l'homme brûlé.

L'expression appartient à Balzac.

 BRÛLANT, adj. Délicat, scabreux, difficile.

Actualité brûlante. Actualité on ne peut plus actuelle, pour ainsi dire.

 BRÛLÉ (Être). N'inspirer plus aucune confiance dans les endroits où l'on était bien reçu, où l'on avait crédit sur sa mine. Argot des bohèmes et des escrocs.

 BRÛLÉ (Être). Être déjoué par la police, dans l'argot des voleurs.

 BRÛLÉE, s. f. Coups donnés ou reçus,—dans l'argot du peuple.

Foutre une brûlée. Battre lesennemis dans l'argot des troupiers.

Recevoir une brûlée. Être battu par eux.

 BRÛLE-GUEULE, s. m. Pipe très courte et très culottée,—dans l'argot du peuple et des artistes.

 BRÛLER, v. n. Approcher du but, être sur le point de découvrir une chose,—dans l'argot des enfants et des grandes personnes, qui devinent, les uns qui savent à quoi on s'expose en s'approchant du feu.

 BRÛLER, v. a. Dépasser une voiture,—dans l'argot des cochers qui se plaisent à ce jeu dangereux, malgré les conseils de la prudence et les règlements de la police.

 BRÛLER A LA RAMPE (Se). Jouer pour soi sans se préoccuper de la pièce. Argot des coulisses.

 BRÛLER DU SUCRE, v. a. Recevoir des applaudissements,—dans le même argot.

 BRÛLER LA POLITESSE, v. a. Disparaître sans avertir,—dans l'argot des bourgeois.

 BRÛLER LE PÉGRIOT, v. a. Faire disparaître les traces d'un vol. Argot des prisons.

 BRÛLER LES PLANCHES, v. a. Avoir l'habitude de la scène, jouer un rôle avec aplomb. Argot des coulisses.

 BRÛLER SA CHANDELLE PAR LES DEUX BOUTS , v. a. Faire des dépenses extravagantes,—dans l'argot des bourgeois.

 BRÛLOT, s. m. Petit punch à l'eau-de-vie.

 BRUTAL, s. m. Canon,—dans l'argot du peuple, qui a quelquefois à se plaindre de cet ultima ratio regum.

 BU, adj. Ivre,—dans l'argot du peuple.

 BUCHE, s. f. Bois à graver,—dans l'argot des graveurs.

 BÛCHE, s. f. Pièce à faire,—dans l'argot des tailleurs.

 BÛCHE, s. f. Imbécile,—dans l'argot du peuple.

 BÛCHE PLOMBANTE, s. f. Allumette chimique, dans l'argot des voleurs.

 BÛCHER, v. n. Travailler avec énergie, avec assiduité. Argot du peuple.

 BÛCHER, v. a. Frapper, battre,—dans le même argot.

Se bûcher. Echanger des coups.

 BÛCHERIE, s. f. Rixe populaire, souvent sanglante, quoique à coups de pied et de poing seulement.

 BÛCHEUR, s. m. Piocheur.

 BBULL-PARK. Le jardin Bullier,—dans l'argot des étudiants.

 BUQUER, v. n. Voler dans les boutiques sous prétexte d'y demander de la monnaie.

 BURELIN, s. m. Bureau,—dans l'argot des voyous.

 BURETTES, s. f. pl. Paire de pistolets,—dans l'argot des faubouriens.

 BUSARD, s. f. Niais; homme incapable, paresseux, impropre à quoi que ce soit. Argot du peuple.

On dit aussi Buse et Buson.

 BUSTINGUE, s. f. Garni où couchent les bateleurs, les Savoyards, les montreurs de curiosités. Argot des voleurs.

 BUTE, s. f. L'échafaud que doivent gravir ceux qui ont buté quelqu'un. Même argot.

 BUTER, v. a. Assassiner,—dans l'argot des voleurs, qui ont un salutaire effroi de la bute.

 BUTEUR, s. m. Le bourreau,—qui tue ceux qui ont tué, et bute ceux qui ont buté.

 BUTRE, s. f. Plat,—dans l'argot des voleurs.

 BUVAILLER, v. a. Boire peu, ou à petits coups. Argot du peuple.

 BUVAILLEUR, s. m. Homme qui ne sait pas boire.

 BUVETTE, s. f. Endroit du mur du cimetière par où passent les marbriers pour aller chercher des liquides prohibés à la douane du gaffe en chef.

 BYRONIEN, adj. et s. Homme fatal, style mélancolique,—dans l'argot des gens de lettres.

 BYRONISME, s. m. Maladie littéraire et morale, à la mode il y a quarante ans, aujourd'hui presque disparue.

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C

 CA (Être). Être parfait, comme il faut que ce soit—dans l'argot du peuple.

 CAB, s. m. Apocope de Cabotin,—dans l'argot des faubouriens.

On dit aussi Cabot.

 CABARET BORGNE, s. m. Mauvais lieu, cabaret de mauvaise mine.

 CABAS, s. m. Vieux chapeau d'homme ou de femme,—dans l'argot des bourgeois.

 CABASSER, v. n. Bavarder,—dans l'argot du peuple.

Signifie aussi Tromper, et même Voler.

 CABASSEUR, s. m. Faiseur de cancans.

Signifie aussi Voleur.

Dictionnaire de la langue verte

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