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XXIII.

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Ces réflexions m’attristèrent profondément en regardant la figure candide et souffrante de la pauvre Reine, âme altérée cherchant, en vain les sources où elle prît étancher cette soif naturelle à tous de connaître et d’aimer. Je lui dis:

— Mais, selon vous, Reine, quelle serait la bibliothèque qu’il faudrait composer pour les familles de votre condition? Voilà un catalogue; voyons, essayez de la choisir vous-même. — Nous essayâmes ensemble et nous ne pûmes jamais arriver qu’à cinq ou six ouvrages que j’ai déjà cités.

— Il faudrait les inventer, Monsieur, car décidément ils n’existent pas dans la langue. Il y a des centaines, des milliers de livres pour vous; pour nous autres il n’y a que des pages.

— Peut-être bien, lui répondis-je, que le moment de les écrire est venu en effet, car voilà que tout le monde sait lire, voilà que tout le monde, par une moralité évidemment croissante dans les masses, va donner au loisir intellectuel le temps enlevé aux vices et aux débauches d’autrefois; voilà que l’aisance générale augmente aussi par l’augmentation du travail et des industries; voilà que le gouvernement va être contraint de s’élargir et d’appeler chacun a exercer une petite part de droit, de choix, de volonté, d’intelligence appliquée au service du pays; tout cela suppose et nécessite aussi une part de temps, infiniment plus importante, consacrée à la leclure, cet enseignement solitaire dans l’intérieur de chaque famille. La pensée et l’âme vont travailler double dans toutes les classes de la société. Les livres sont les outils de ce travail moral. Il vous faut des outils adaptés à votre main.

— C’est encore vrai, dit-elle.

Geneviève

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