Читать книгу En dialogue avec le monde - Andrea Franc - Страница 17
Extrait de l’introduction du rapport Bowring, 1836
ОглавлениеIt could not, indeed, but excite the attention of any reflecting person, that the manufactures of Switzerland – almost unobserved, and altogether unprotected, had been gradually, but triumphantly, forcing their way into all the markets of the world, however remote, or seemingly inaccessible. That such a remarkable result was not the consequence of geographical position is obvious, for Switzerland neither produces the raw material which she manufactures, nor, when manufactured, has she any port of outlet, except on the conditions which her maritime neighbours impose upon her. No one of her fabrics owes its prosperity to a protecting or interposing legislation; yet it is not the less true that without custom-houses to exclude or laws to prohibit the full action of foreign competition on her various industries, her progress has been almost unexampled in manufacturing prosperity. I anticipated, certainly, that Switzerland would exhibit a living and instructive example of the truth and importance of the great principles of political economy when brought into practical operation; but I scarcely expected to find that they had been instrumental in producing such a vast mass of content and happiness as I found existing in the manufacturing cantons, or that they would have raised so large a proportion of the labouring class to independence and comfort.
La Suisse est donc confrontée à des barrières douanières, mais aussi à un développement incertain du commerce avec les États de l’Union douanière allemande. Ceux-ci allaient-ils aussi céder à la tentation du protectionnisme ? Le commerce avec les territoires d’outre-mer s’affirme dès lors comme la bouée de sauvetage de l’industrie suisse. Dès le XVIIIe siècle, le réseau des entrepreneurs suisses couvre le monde entier, et ces contacts sont développés plus avant pendant le Blocus continental. À Genève et à Neuchâtel, le Blocus a raison des manufactures d’indiennes (toiles de coton imprimées en couleur), mais en Suisse orientale, Glaris en tête, l’industrie textile prospère au milieu du XIXe siècle. Grâce aux tissus de confection imprimés à la mode orientale, indienne ou africaine, l’industrie textile y retrouve un bel essor. Les indiennes et mouchoirs colorés de l’atelier de tissage manuel du Toggenbourg ainsi que les célèbres sarongs et étoffes en batik de l’indiennerie de Glaris voyagent via la Turquie jusqu’en Perse (aujourd’hui l’Iran) et en Indochine, aux îles de Malaisie, aux Philippines et au Japon tout comme à l’intérieur du continent africain. Le financement moderne des entreprises industrielles va de pair avec l’expansion moderne des transactions commerciales. Ainsi, le Directoire commercial de Saint-Gall finance une expédition à Shanghai afin de trouver de nouveaux débouchés pour l’industrie textile de Suisse orientale. D’autres expéditions conduisent les marchands suisses en Afrique de l’Est et sur l’île de Zanzibar. Aujourd’hui encore, composer des délégations économiques pour toutes les régions du monde relève de la compétence d’econonomiesuisse.
Au début de l’ère capitaliste, au XVIIIe siècle, la Suisse est le seul pays d’Europe à ne pas appliquer la politique commerciale mercantiliste qui, sous la houlette de la France, dissout lentement l’unité économique européenne initiale et donne naissance à une multitude de zones économiques plus ou moins fermées les unes aux autres. La Suisse est le premier, et très longtemps le seul, pays à opposer au protectionnisme du XIXe siècle sa tradition de libre-échange héritée de l’époque moderne. Du point de vue de la Suisse, la percée temporaire des idées de libre-échange au milieu du XIXe siècle – entraînée par la Grande-Bretagne – signifie que les tendances protectionnistes se rapprochent de la tradition suisse de libre-échange et non l’inverse.
Étiquette de la société Tschudi à Schwanden pour le marché ottoman, non datée, vraisemblablement fin du XIXe siècle.